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 Hey, wake up !

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Message(#) Sujet: Hey, wake up ! Hey, wake up !  EmptyMer 5 Juin - 20:19

1.1
 
Hey, wake up !
Maybe it's just a nightmare...
• Date : 24 mai 2919
   • Statut du RP : privé
   • Résumé : Peter essaie de se remettre de son réveil, incapable de quitter son caisson pour le moment. Il digère tant bien que mal les différentes annonces alors que sa voisine de sommeil se réveille à son tour.
   • Recensement :
   
Code:
• [b]24 mai 2919[/b] [url=http://starship-voyager.forumactif.com/t92-hey-wake-up]Hey, wake up ! [/url] - [i]Siya Chavan & Peter Rosewood[/i]
    Peter essaie de se remettre de son réveil, incapable de quitter son caisson pour le moment. Il digère tant bien que mal les différentes annonces alors que sa voisine de sommeil se réveille à son tour.
         


Dernière édition par Peter Rosewood le Mer 5 Juin - 20:21, édité 1 fois
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Message(#) Sujet: Re: Hey, wake up ! Hey, wake up !  EmptyMer 5 Juin - 20:20

Ouvrir le poing.

Le refermer.

L’ouvrir de nouveau.

Je me demande depuis combien je suis en train de regarder mes mains, depuis combien de temps je me concentre sur chaque phalange, chaque articulation. Mon regard s’attarde même sur les veines que je devine, mon sang qui circule sous ma peau.

Depuis plus de 900 ans donc.

Neuf siècles.

Quand j’ai fermé les yeux, je me suis demandé si j’allais rêver durant les quelques années de notre stase. J’étais même curieux en vérité. Et là, en sachant combien de temps nous avons passé dans ce sommeil j’ai plutôt l’impression que j’ai la tête qui tourne, que je vais perdre l’équilibre, m’écrouler pour ne plus jamais me relever.

Enfin, je suis encore assis sur mon caisson, mon pad entre les mains. J’ai été bien incapable de bouger après l’annonce de notre situation. Et de celle de la Terre.

J’avais déjà eu du mal à me réveiller, à émerger de là. Comme si sortir de la phase de stase avait été l’exercice le plus difficile que j’ai jamais eu à faire de toute ma vie. Et pourtant, se souvenir comment respirer après avoir appris que le Terre n’était plus qu’une planète sans vie est bien plus compliqué, autant le dire tout de suite. Alors, je me suis concentré sur mes mains. L’exercice est plutôt efficace au final, j’ai échappé à la crise de panique. Je suppose. Reste à voir si ce sera suffisant, si mon esprit a réellement assimilé l’information ou si tout reviendra de plus belle d’ici quelques heures.

En attendant, j’essaie de respirer convenablement. C’est déjà pas mal. Je n’essaie plus de me relever pour le moment, mais j’arrive à détacher mes yeux de mes doigts pour me perdre dans la contemplations des autres capsules. Certaines sont ouvertes. D’autres non. J’ai du mal à comprendre pourquoi. Une autre défaillance ? S’il est tout à fait légitime que je n’ai pas été parmi les premiers réveillés suite à l’incident, pourquoi maintenant ? Pour que quelqu’un puisse être témoin de ce qui va se passer ? Peut-être. Sûrement même.

Je sens mon souffle se couper à cette pensée et j’essaie de me focaliser sur autre chose. N’importe quoi. Je n’ai pour le moment pas envie de bouger de là, de me rendre à l’infirmerie ou d’avoir un briefing plus approfondi de ce qui a pu se passer ou de ce qui nous attend. La situation est plutôt assez claire et autant dire que nos chances de survie doivent frôler le néant. Pas besoin d’être un pro des chiffres pour le savoir. Même si les chiffres et moi on a jamais été très copains. Je me frotte la nuque, essayant de faire le point sur quelque chose et mon regard s’attarde sur le caisson à côté de moi qui vient de se mettre à bipper.

Tiens, on dirait que je vais avoir une nouvelle petite camarade. La première qui se réveille autour de moi en tout cas de ce que j’en vois. Je ne sais pas si on a été parqués en fonction de nos rôles ou pas du tout. On a probablement dû nous le dire mais, cette information n’étant pas particulièrement essentielle au moment où j’ai du l’entendre ou la lire, autant dire que je n’y ai pas vraiment fait attention. Enfin, peu importe au final, on est tous dans le même bain.

Je suppose que je ne devrais pas fixer son caisson avec autant d’attention. J’avoue que j’aurais moi-même moyennement apprécié d’ouvrir les yeux et de voir un type qui doit avoir l’air un peu halluciné me fixer. Sauf que j’ai du mal à faire autrement. C’est ça ou repenser à ce qui s’est passé, à toutes nos vies qui ont basculé. Je me demande quand même comment les autres ont pu réagir à cette nouvelle, si je ne devrais pas trouver d’autres qui se sont réveillés et qui ont déjà du digérer tout ça.

Mais je me rends compte que la silhouette qui est en train d’ouvrir les yeux m’est vaguement familière. Je crois qu’on s’est entraînés ensemble. Et qu’on avait discuté. Cinéma ? Ouais, je crois. Ca m’avait d’ailleurs amusé de voir ce qui m’avait semblé être une petite jeune être aussi calée dans ce domaine, avant d’apprendre ce qu’elle faisait dans la vie. Sauf que bien évidemment, je suis incapable de m’en souvenir dans l’immédiat. D’autant que l’idée de me rappeler d’un truc qui pour moi est arrivé la veille ou presque alors que c’était il y a plusieurs siècles me donne presque la nausée et je m’accroche au rebord du caisson alors qu’elle finit de son côté par se relever. Je ne peux pas m’empêcher de souffler, d’une voix douce. « Bienvenue parmi les vivants. » Je suppose qu'il y a pire comme façon de dire bonjour. On va attendre deux minutes avant de lui annoncer les drames de la journée hein. De toute façon, elle aura aussi droit à son petit message. De quoi bien démarrer le retour au monde réel.
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Message(#) Sujet: Re: Hey, wake up ! Hey, wake up !  EmptySam 6 Juil - 23:59

Il y a des matins plus difficiles que d’autres, pense Siya alors qu’elle essaie désespérément de faire répondre ses paupières. Une voix lui parle mais elle n’écoute pas pour le moment. Elle se visualise se lever de son lit, aller aux toilettes, se faire chauffer du thé… Raté, elle est toujours dans… Eh mais ce n’est pas son lit ! « …gouverneur du Starship Voyager… » Ah oui. Ca. Elle ferait mieux de commencer à ouvrir grand ses oreilles et se concentrer un minimum.

Oui, elle se souvient s’être inscrite et avoir été très surprise d’être convoquée à l’entretien puis à la formation. Elle se souvient de ce qu’elle a appris, plus ou moins… Mais bon sang qu’est-ce qu’elle a mal au crâne… Il s’est vraiment passé vingt ans depuis tout ça ? Remarque, normal que le réveil soit douloureux. C’est long vingt ans dans un congélateur. Vingt ans… Non attends… Neuf-cents ? Neuf-cents quoi ?

Neuf-cents ans. Cataclysme. Plus de terre. Collision… Survie ? Bien, tout ceci semble prometteur. Un bon début de film de science-fiction comme on les aime. Avec une petite scène de danse après ce beau discours, on pourra détendre l’atmosphère, mettre une petite touche d’humour. S’il vous plaît ? Après un effort qui lui semble surhumain, elle ouvre ses yeux sur son fameux pad, puis entreprend de s’extirper de son caisson, toujours un peu embrumée.

« AAH ! » s’écrie-t-elle, surprise au son de cette voix étrangère, après plusieurs minutes à être bercée par celle de la gouverneure.

« Pfiou tu m'as fait peur. » Les traits de l’homme en face d’elle lui reviennent en mémoire. Il fait partie de ses rencontres de la formation… Un Britannique… Oui ça lui revient… « Peter ! » sort elle spontanément alors que son nom se projette dans sa tête. « …Désolée je… je me sens pas très bien. » Sa tête est à la fois trop vide et trop pleine et le monde se mélange autour d’elle. Elle a une de ces migraines. Son corps glisse le long du caisson duquel elle vient de sortir pour s’écraser au sol où Siya se rattrape gracieusement et s’assied en tailleur. Après quelques secondes avec la tête dans ses mains, elle inspire un grand coup, regarde à nouveau Peter et lui demande : « Toi aussi t’as eu le message de la gouverneure ? »

Question idiote. Sans doute que oui. Elle n’est pas privilégiée. Jusqu’à il y a peu – enfin façon de parler – elle n’était même pas censée être là. « Qu’est-ce qu’on va faire ? »  


Dernière édition par Siya Chavan le Mar 6 Aoû - 10:02, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: Hey, wake up ! Hey, wake up !  EmptyJeu 18 Juil - 19:47

Je suppose que je devrais m’estimer heureux. D’être en vie, éveillé, d’être en mesure de comprendre ce qui se passe. On va dire que ce sentiment viendra plus tard. Beaucoup plus tard, lorsque tout le reste aura été accepté, digéré, que je pourrais me regarder dans un miroir sans me dire qu’il n’y a plus que nous, perdus aux confins de l’univers, avec un espoir de survie qui n’a pas l’air fameux.

Je continue de fixer mes mains, la mine pensive, comme si mes articulations étaient, en cet instant présent, la chose la plus fascinante du monde. Ou quelque chose dans ce goût-là. Le cri de Siya me fait pourtant sursauter. J’avoue, je m’attendais à autre chose. D’un peu moins vexant probablement. Mais je peux difficilement lui en vouloir j’imagine. J’aurais probablement réagi comme elle à sa place. Ou pire encore. « Désolé de t’avoir fait peur, c’était pas vraiment le but de la manœuvre. Et c’est Peter oui… c’est Siya toi, c’est bien ça ? Je t’avoue, mes neurones ne sont pas totalement connectés et... » A la voir glisser le long du caisson, je sens mes propres mâchoires se contracter et je me relève, non sans tanguer un instant alors que mon équilibre est passablement mis à mal.

Je bats des cils quelques instants, sursautant alors que mon caisson fait un mouvement en arrière et commence déjà à être démonté. « Ah ouais d’accord. » Parfait, c’est tout simplement parfait. Et je vois celui de Siya qui fait de même alors que, pour ma part, je finis par m’assoir par terre à mon tour, genoux repliés contre moi. Laissant échapper un profond soupir, je hoche la tête à sa question. « J’étais pas sûr que tu l’aies entendu… en fait, pour être parfaitement honnête, j’aurais bien aimé que ce soit une hallucination. Ou un cauchemar. N’importe quoi plutôt que… la réalité. Enfin, avec un peu de chance, c’est quand même bien ça. Sauf qu’au moins, je le partage avec quelqu’un. » J’ai un piètre sourire avant de reprendre, fixant de nouveau mes mains, comme si c’était le seul moyen de me raccrocher à la réalité. Enfin, quelle réalité, ça c’est une autre question. « J’en sais rien du tout Siya. Je suppose que je devrais te dire qu’on doit se lever, faire face, rejoindre ceux qui sont déjà réveillé. Quelque chose dans ce goût-là. Sauf que… je sais pas pour toi, mais en ce qui me concerne, j’ai du mal à assimiler. A accepter que ça fait neuf cent ans. Et qu’il n’y a plus que nous. »

Que nous.

Pour un peu ce serait le début d’une histoire effrayante, triste, horrible ou je ne sais pas quoi. Je finis par tendre le bras et par effleurer l’épaule de Siya, dans un geste familier que je n’aurais probablement jamais eu en temps normal, quand bien même on se connaît un peu. Mais la réserve britannique, cette façon de ne jamais vraiment faire part de ses sentiments, cette volonté de toujours garder une contenance… ce n’est pas un mythe. Pour autant, dans l’immédiat, les clichés sur l’anglais que je suis ont totalement volé en éclat. Je fronce les sourcils avant de reprendre, non sans lui relâcher l’épaule. « Désolé c’est… ridicule. Mais je crois que j’avais besoin de m’assurer que tu étais bien réelle. Bien là. Que je ne suis pas seul au monde au pire des moments que je pourrais jamais vivre. » Et bien, que d’optimisme, pour un peu, je serais presque épaté.
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Message(#) Sujet: Re: Hey, wake up ! Hey, wake up !  EmptyMar 6 Aoû - 10:37

La douleur est envahissante et rythmée, comme si un troupeau d’éléphants dansait l’odissi dans la tête de Siya. Et au milieu de tout ça, les mots du Britannique se font bousculer, ils ont du mal à se faire une place. Elle, qui déjà d’ordinaire n’est pas une étoile de la concentration, voudrait mettre le monde qui l’entoure sur pause le temps de pouvoir composer avec celui qui l’habite. Une fois à terre, elle ne pourrait pas tomber plus bas, et pourtant le mouvement de recul de son dossier la déséquilibre. Elle se voit avoir le réflexe de poser ses mains pour se rattraper et se retourne pour savoir ce qu’il en est. Alors toute la réalité lui revient vivement. Elle est toujours dans ce vaisseau, où tout se recycle, on leur a expliqué, ils ont eu une formation. Puis ils ont dormi longtemps… Trop longtemps. C’est difficile à concevoir ce bond dans le futur. Ça l’était déjà quand il était moins conséquent.

A présent assis lui aussi, Peter lui répond et elle l’écoute cette fois. Il a raison, il y a quelque chose de rassurant à avoir quelqu’un à ses côtés dans un moment comme ça. Elle se souvient bien de lui, des discussions qu’ils ont eues. Il lui avait paru très intelligent, il parlait bien. C’est toujours le cas. Même s’il est bouleversé par la tournure des événements, mais qui ne le serait pas ? « Oui… Moi aussi. La migraine aide pas mais même quand ça ira mieux, ça changera rien, on sera toujours ici et… maintenant. » Et toujours autant dans la galère. Mais ça elle ne le dit pas. Elle avait essayé de l’impressionner au début, avec sa culture, comme pour justifier ce qu’elle faisait au milieu de tous ces gens qualifiés, diplômés, talentueux. Ce manque d’assurance se fait ressentir de nouveau, alors qu’elle commence à se demander pourquoi elle a été réveillée et ce qu’elle apporterait à une situation de crise.

La main de son camarade passe sur son épaule et elle sourit légèrement. Même si ce geste la surprend venant de lui, elle comprend. Peter détaché d’elle et justifiant son attitude, Siya lui saisit la main à son tour avec délicatesse, comme pour le rassurer ou le consoler. « Je suis bien là. » Puis après un bref regard pour la galerie de caissons toujours bien fermés, elle lui dit sur un ton plus léger : « Ne t’en fais pas, je le dirai à personne. » en libérant sa main.

Son regard s’attarde un peu plus sur les personnes qui l’entourent et elle commente : « Il y a beaucoup d’endormis encore… » . D’ici elle ne peut pas distinguer de qui il s’agit mais elle se demande si elle les connaît, si elle leur a déjà parlé. Combien sont réveillés des passagers qu’elle a pu rencontrer en formation ? Elle peut déjà s’estimer heureuse d’en avoir un qu’elle aime bien avec elle. Elle se souvient avoir été très intéressée par son métier d’historien et avoir eu envie de collaborer avec lui, pour que les documentaires qu’elle était chargée de réaliser soient les plus pertinents possibles alors qu’ils vivaient un moment historique. Mais maintenant, les conditions ont changé. Si c’est toujours sa mission, c’est maintenant que Siya doit se mettre au travail et pas quand tout ira bien. Pour le moment cependant, elle n’en a pas le courage. Son public est resté là-bas, sur Terre, elle leur a dit adieu.

Puis… « …ils sont morts » pense-t-elle tout haut avant de se retourner vers Peter avec un air épouvanté, car elle vient de réaliser « Peter, les gens sur Terre ils sont tous morts ! »
Il lui en aura fallu du temps.
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Message(#) Sujet: Re: Hey, wake up ! Hey, wake up !  EmptyMar 20 Aoû - 11:05

Je me souviens qu’on m’avait parlé, il y a bien longtemps, des différentes phases de deuil. Quand j’avais perdu ma mère. Et, sans bien savoir pourquoi, en cet instant précis, j’ai le sentiment qu’on est en plein dedans. Reste à savoir à quelle étape. J’avoue, je suis partagé entre le déni et la colère. Ou n’importe quoi qui ne me fasse pas ressentir ce sentiment de vide qui commence à prendre le pas sur mon hébétude du réveil. Je ne peux même pas songer à la négociation, je ne vois pas trop avec qui je pourrais tenter l’exercice. Pour autant, j’aimerais tout de même bien trouver quelqu’un capable de m’expliquer pourquoi.

Je sais, ce n’est vraiment pas gagné. Et je me retrouve au sol avec Siya, alors que nous essayons tous les deux tant bien que mal d’émerger, de comprendre ce qui nous arrive. Au fond de moi, tout au fond, j’espère encore que c’est une mauvaise plaisanterie, la pire du siècle voire de l’histoire de l’humanité. Mais je me rends bien compte que ce n’est pas possible. J’ai un bref soupir alors que je me frotte les yeux et que je bloque une nouvelle fois sur mes propres mains. « Je ne sais pas toi, mais entre mon état physique et ce qu’on vient de nous apprendre… j’ai l’impression que c’est totalement irréel. » Mais elle a raison, ça ne changera rien. Une fois le mal de crâne passé, le pourquoi ne sera toujours pas résolu, si tant est qu’il le sera un jour. « Il va falloir qu’on se concentre sur ça. Sur le maintenant. » Plus facile à dire qu’à faire. Au moins, je me retrouve avec quelqu’un que j’ai apprécié dès le début, dès qu’on s’est retrouvés en formation. Elle a toujours un truc différent des autres, que j’avais trouvé charmant quand on discutait et qu’on échangeait. Et même si je suis à mille lieues d’y penser dans l’immédiat, je sais que, plus tard, je serais heureux de la savoir réveillée. Même si je suis incapable de savoir pourquoi.

Je me fige un instant quand, en réaction à mon geste inhabituel, elle me prend la main. Et j’ai un sourire penaud avant de hocher la tête. « Merci de ne pas me prendre pour un fou donc. Ou de le cacher assez bien pour ne pas que je m’en rende compte. » Et je ne cherche pas à retenir sa main alors que je reprends, levant un sourcil. « Déjà un secret alors qu’on vient à peine de se réveiller ? C’est du joli. » Je ne suis évidemment que le pâle reflet de mon détachement et de mon humour pince-sans-rire qu’elle a déjà eu à supporter durant notre formation. Pourtant, ces quelques mots me font du bien, comme s’ils me permettaient de reprendre pied dans la réalité. Dans cette nouvelle réalité qui est la nôtre désormais et que j’ai bien du mal à assimiler.

Je l’imite alors que mon regard se pose aussi sur les autres caissons et je suis incapable de retenir une grimace alors que je hoche la tête. « Oui. Il manque quelques caissons et je suppose que certains sont réveillés depuis plusieurs jours. Mais c’est loin d’être la majorité. J’ai du mal à comprendre pourquoi nous le sommes. » Et pas d’autres, qui pourraient être plus utiles. Pour être là dès le départ et noter, consigner tout ce qui sera fait ou dit par les derniers représentants de l’humanité ? Possible. J’ai encore du mal à me pencher sur cette question qui implique bien trop de choses, que ce soit sur le rôle qui sera désormais le mien ou le peu de fragments d’humanité qu’il reste encore à bord du vaisseau.

Et puis, il y a plus important. Siya vient de comprendre, de percuter ce que le message veut vraiment dire. Quelque part, j’aurais préféré que ce ne soit pas le cas. Pas comme ça en tout cas. Ou que les gens sur Terre aillent bien et qu’on soit perdus à l’autre bout de l’univers mais qu’ils aient encore une chance de survivre. Ce qui n’est pas le cas donc. J’ai un soupir silencieux alors que j’essaie d’accrocher le regard de la jeune femme. « Je sais Siya. Je… c’est arrivé il y a longtemps. Tellement longtemps. Il n’y a plus que nous maintenant. » Une poignée d’humains, si dérisoire face à ce que nous avions été avant. D’un échantillon de la population qui se voulait un tant soit peu élitiste, nous sommes devenus tout ce qui restait, de bon comme de mauvais. « … que nous. » Et j’écarquille les yeux à cette pensée qui submerge tout le reste, une fois de plus.
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