Quand on arrive en ville

Cela fait quelques petites semaines qu'il est de retour parmi les vivants. Oui, c'est comme ça qu'il le voit. Après tout, il a dormi bien trop longtemps, c'est comme un retour à la vie et vu ce qu'il est advenu de la terre, se voir comme une sorte de pseudo zombie survivant, c'est le côté comique de la situation. Certes, il n'est jamais mort, juste resté endormi pendant des siècles pendant que sa planète d'origine a tiré sa révérence sans crier gare.

Cette mission, elle avait un but, trouver une planète similaire à la terre et pourquoi pas de la vie. C'était une source d'avenir, d'apprentissage et d'espoir pour le futur sombre de la terre. A l'époque où il l'a quitté, les problèmes de pollution et climatique étaient un sujet courant. Non pas que la planète bleue était au bord du gouffre, mais les esprits commençaient à prendre conscience que les générations futures pourraient se retrouver dans le pétrin. A présent, en sachant que l'humanité n'est plus qu'un lointain souvenir, que doivent-ils faire ? Est-ce qu'il y a encore une raison à toute cette mascarade ? On dirait que la vie leur à faire un "putain" de pied de nez pour se moquer d'eux. Ils auraient pu mourir, ne rien savoir et l'humanité serait morte aussi sans que qui que ce soit puisse s'en soucier. Mais il faut faire avec la vie. Le suicide n'étant pas un penchant attirant pour Frye.

Marchant dans les couleurs du Voyager, il remarque quelque chose de nouveau et la nouveauté ce n'est pas ce qui cours le vaisseau. Le Bright Venture, ce qui semble être l'un des seuls bars du "coin" était ouvert. Super ! Tout le monde va enfin pouvoir se bourrer la gueule. En fait, c'est ça qu'il manquait, un endroit ou pouvoir boire pour oublier et accepter cette nouvelle vie afin d'être prêt pour le futur. Qu'importe l'heure, de toute manière dans l'espace est-ce que le temps à de l'importance ? Matin ? Midi ? Soir ? C'est un concept de l'ancien temps. Levant une épaule pour se convaincre que c'était une bonne idée, il finit par entrer dans le bar qui était actuellement vide, si on ne comptait pas la barmaid. Une jeune femme, plutôt jolie, mais n'étant pas dragueur, il ne risque pas de lui sortir la sérénade. Les relations amoureuses n'ont jamais rien donné, il finit toujours par fuir pour éviter l'abandon. Sans un mot, il traversa l'espace entre les tables pour s'asseoir directement sur l'un des tabourets du bar. On ne peut pas dire qu'il n'a pas l'embarra du choix. "Bonjour ! Qu'est-ce qu'on peut boire ici ?" demande-t-il. Ce n'est pas parce que la fin du monde a eu lieu et qu'ils sont limites en plein remake de "Alien" qu'il ne peut pas boire un verre. "Dites-moi que vous avez de l'alcool ? J'aimerais bien boire quelque chose de fort, histoire de me convaincre que je suis vraiment vivant et que tout ce merdier est réel." ajoute-t-il en laissant courir ses doigts sur le comptoir pendant quelques secondes.

L'alcool n'est pas une drogue pour lui, il n'a jamais ressenti le besoin de faire tourner sa tête pour avoir l'impression de s'amuser. En fait, s'amuser est un terme qui ne correspond pas trop à Frye. Ce n'est pas le genre d'homme à se mêler aux autres dans une soirée ou la musique bat son plein et ou les corps se déchainent sur la piste de danse. Déjà, il ne sait pas danser et ne voit pas du tout l'intérêt de devoir mouvoir les membres de son corps en rythme, de toute manière, il n'est pas gracieux, alors autant éviter ce spectacle ridicule aux yeux des inconnues. La musique n'est pas non plus une chose qui l'attire, ou du moins dans les fêtes ce sont toujours des styles musicaux qu'il qualifie de "nul". Alors, autant rester dans son coin et ne pas perdre son temps. Frye a toujours préféré passer son temps à faire du sport ou se perfectionner dans les domaines qu'il affectionne, en soit quelque chose d'utile. De toute sa vie et d'aussi loin qu'il s'en souvienne, il n'a jamais connu les effets d'une gueule de bois et dieu merci ceci ne le tente absolument pas. Certes, un verre par-ci, par-là ne l'a jamais tué. Disons qu'il connait ses limites et qu'il ne les dépassera pas. C'est peut-être à cause du rôle qu'il avait dans l'armée avant, c'était un gradé et il s'est toujours dit que s'il doit montrer l'exemple, il devait être exemplaire.

Aujourd'hui, c'était peut-être le seul à penser ça encore parmi les humais. De même qu'il était le seul client présent dans l'unique bar du vaisseau. Sur terre, les gens se seraient méfiés de ne voir aucun pèlerin accoudé au bar ou assit à une table avec une bonne bière entre les mains. Sauf que vu la population du Voyager, il n'y a rien d'étonnant à ce que personne ne traine ici. Ceci ne le fit pas reculer, il s'installa et demanda ce qu'il pouvait avoir à boire. La serveuse semblait un peu perdu, à moins que ce soit pour elle la surprise de voir enfin quelqu'un débarquer, ce n'est pas comme si les couloirs étaient noirs de monde. Visiblement, l'alcool allait être une denrée rare pour le moment à son grand désarroi. Qu'est-ce qu'il aurait donné pour un bon Whisky qui lui arrache le gosier et lui rappelle la vérité : il est vivant." "Est-ce qu'on peut vraiment appeler un bar sans alcool, un bar ?" dit-il comme une plaisanterie légère. "S'il n'y a pas d'alcool, qu'est-ce que vous me proposez de boire ? Du café peut être ? Je crois que je ne serais pas contre !" Bien qu'il ne soit pas un amateur de café, le goût fort de ce dernier pourrait avoir le même effet qu'un verre de Whisky, alors pourquoi ne pas tenter ? "Vous êtes réveillée depuis longtemps ?" ajoute t-il par curiosité. Depuis son réveil, il n'a pas parlé à grand monde, hormis les hommes qui travaillent avec lui. Cela serait une bonne idée de parler aux autres et de voir ce qu'ils pensent de tout ça.

Alors, ce sera un café pour Frye, à défaut d'avoir de l'alcool pour se déshydrater et entendre par la suite Hécate dire que ce n'est pas bien. Ceci n'est qu'une supposition. Cette I.A à l'air de gérer absolument tout sur ce rafiot et elle doit surement se prendre pour plus intelligent qu'un être humain et c'est probablement le cas. A présent, il faut juste espérer qu'elle ne se transforme pas en Skynet et ne tente pas d'éliminer tout le monde à bord. Il faudra qu'il se renseigne s'il n'y a pas de John Connor à bord, on sait jamais que ça donne des idées malsaines à cette boite de conserve intelligente. La première "boisson" digne de ce nom qu'il allait bord serait donc du café, on peut dire qu'il y a plus terrible, mais également mieux. On fait avec ce qu'on a !

Pendant qu'elle préparait le breuvage, il lui demanda par simple curiosité depuis quand elle était de retour dans le monde des vivants. Un peu plus d'une semaine et tout ceci à cause d'une erreur. Frye ne sait jamais demandé s'il avait été réveillé pour une raison ou si c'était une erreur de calcul. Est-ce bien important ? Au final est-ce que ça va changer quelque chose ? La terre sera toujours dans le même état et les derniers survivants de l'humanité seront toujours ici dans l'espace. Elle ajouta n'avoir aucune qualification que ce soit au niveau scientifique ou technique et elle n'était surement pas une militaire. Du coup, la place du bar lui avait été attribué par défaut. Elle se dévalorise, il ne faut pas penser qu'elle ne "sert" à rien. Tout le monde à une utilité. "Je suis sûr que vous avez des qualifications que tous ces intellos de scientifiques ou que nous les abrutis de militaires n'avons pas. Et puis, servir un bon cocktail ou un café préparé dans les règles de l'art, ce n'est pas donné à tout le monde," indique t-il simplement. Tout le monde à une place, peut-être qu'elle ne sait pas encore quel est son talent en particulier, mais il sait qu'elle trouvera. Vu la situation, beaucoup de personnes risquent d'apprendre des choses sur eux-mêmes. La demoiselle répondait au nom de Tina, un prénom qui sonnait carrément bien. "Moi c'est Frye. Mais si vous me croisé avec d'autres militaires, ce sera Vakarian." Militaire de carrière, il a toujours eu l'habitude de cette forme de respect assez particulière et du fait qu'on l'appelle par son grade ou son nom de famille et jamais par son prénom. Son regard se porta sur la tasse de café pleine, le liquide aussi noir que de l'encre, pour le moment c'était prometteur, ça avait la couleur et l'odeur du café. "J'espère que c'est pas un truc synthétique fabriqué par l'I.A !" lance t-il plus pour plaisanter que pour critiquer. Puis il se lança, prenant la tasse et dégustant ce café. Il s'attendait à découvrir un goût de chiotte, mais finalement c'était une bonne surprise. Bien qu'il ne soit pas un connaisseur et encore moins un expert en café, il en retrouvait toute la saveur et l'amertume. C'était clairement un café, il dirait même du café fraichement moulu. "Le café est buvable, enfin une chose potable dans cet endroit !" souligne t-il en reposant la tasse sur la sous-tasse. "Qu'est-ce qui vous a poussé à prendre une place sur le voyager ?" Une simple question, il se demande pourquoi un civil voudrait partir aux confins de l'univers. C'est compréhensible pour des scientifiques qui veulent en apprendre plus, les militaires aussi, ils sont là pour défendre en cas de besoin. Mais des civils ? C'est assez mystérieux pour lui.

Militaire, donc, à ce qu’il t’en dit, et tu acquiesces gravement. Tu éprouves un profond respect envers ceux qui choisissent de défendre leur pays pour honorer leur drapeau – pour ces hommes, parfois même ces femmes, qui se battent au nom de leur pays. Tu es un peu rétrograde, toi Tina la Brésilienne, à estimer que la place des femmes n’est pas vraiment dans un contingent armé, mais plutôt dans d’autres domaines moins risqués ! Même si le courage des spécimens féminins du contingent de Voyager te semble évident et que tu ne peux que les en féliciter. Tu n’aurais pas pu faire ce genre de métier, toi, c’est sûr ! Tu n’as pas la rigueur nécessaire, et tu es éloignée du Brésil depuis bien trop longtemps pour que tu aies une envie, même légère, de défendre son gouvernement. Soigneusement, tu graves son nom dans sa mémoire – Vakarian. Officier Vakarian, d’ailleurs, à en juger par la couleur du badge épinglé sur son uniforme. C’est tout aussi bien que ton premier client soit haut placé dans la hiérarchie à bord ; cela ne fera pas de mal que tu connaisses quelques-uns des dirigeants, vu ta situation délicate. Peut-être est-ce la première pierre d’un réseau de connaissances qui te servira de filet de sécurité !

Ah, Tina. Comme tu t’en veux, d’en être venue à ne plus penser qu’en termes de survie, à ne réfléchir que par succession de calculs méticuleux. De ne plus voir en chaque rencontre qu’une occasion de survivre un peu plus, de n’évaluer les gens que par leur utilité et leur influence. Tu ressembles à ces politiques fielleux et hypocrites qui sabotent les tentatives du Brésil se secouer sa misère, avant votre départ de la Terre… et tu t’écœures un peu plus chaque jour, de constater que tu es décidément tombée bien bas. D’autant que cet homme, là – Frye – se montre d’une cordialité chaleureuse qui te fait honte. Tes mains tremblent un peu, sur la porcelaine qui s’entrechoque quand tu termines de la ranger derrière le comptoir, et et tu opines sagement du chef aux commentaires de ton client. « J’espère pouvoir servir rapidement du meilleur café que ça, quand même. » signales-tu avec un sourcil levé. Tu sais parfaitement que ce café synthétique est tout juste passable, et que pas mal de tes (futurs) clients attendent avec impatience que les premiers alcools soient distillés. Il faudra sûrement, d’ailleurs, que tu en touches deux mots au responsable de l’Arboretum, pour avoir une estimation des délais…

Plus tard. Pour le moment, la question de Frye te ramène brutalement à la réalité, et un soupir désabusé sert d’introduction à ta réponse. « Je… me suis fait avoir. Je n’avais pas vraiment envie de venir, à la base, mais je me suis laissé convaincre, et… je regrette un peu. Beaucoup. Je me dis que mourir sur Terre, ça aurait pas forcément été si terrible, parce que me réveiller ici sans possibilité de retour, sans ma famille… » Tu hausses avec dérision une épaule fataliste. « Je ne suis pas à ma place, ici. Je suis chanteuse, moi, je gagnais ma vie en vendant des albums avec mon groupe, et là… je suis vraiment pas équipée pour la survie sur Voyager. Tout ça – » poursuis-tu en englobant les alentours d’un ample mouvement du bras, « ce n’était qu’un gigantesque coup de pub pendant cinquante ans. Le premier groupe à enregistrer sa musique dans l’espace… et finalement, ceux qui voulaient absolument venir dorment tous encore, et moi je me retrouve là. Sans savoir trop quoi faire de moi. »

Allez, tais-toi maintenant, Tina. Il est là pour se détendre à ton comptoir – pas pour entendre la litanie de tes griefs. Tu es la barmaid, pas une de ses amies !

Quand on est militaire, on se contente facilement de ce qu'on a. Ce café, bien qu'il soit plus ou moins infecte se buvait mine de rien assez bien. Sans être un grand amateur, il avait déjà bu bien pire sur le terrain. Essayé du café dilué dans trop d'eau pour que tout le monde puisse en avoir un peu quand c'est la rupture de stock à l'autre bout du monde. Il est évident, que ce n'est pas à la supérette du coin, en terrain ennemi, que vous pouvez trouver du café. "C'est toujours meilleur que le jus de chaussette que j'ai bu quand j'étais en opération. D'accord, ceci ne va pas ravir les experts en caféine, mais si ce sont des accros, ils s'en contenteront !" explique t-il pour la rassurer. Ce n'est pas comme si tout le monde avait le choix. Ici il faut apprendre à se contenter de ce qu'il y a. Alors, s'il faut prendre du plaisir avec ce café rabougris, qu'il en soit ainsi.

Par simple curiosité, il lui demanda pourquoi elle était venue sur le Voyager. Lui, il est militaire, c'était une occasion assez spéciale alors il a tenté. Mais il se demande ce qui peut pousser un simple civil à quitter la terre et tout ce qu'il connait pour une mission qui aurait pu être une mission suicide. Tina lui expliqua son histoire, le fait qu'elle était venue pour avoir la chance de faire une chose que personne n'aurait pu faire avant : de la musique dans l'espace. L'idée était originale et il peut comprendre que ceci puisse séduire un musicien ou un chanteur. C'est comme être le premier homme qui a marché sur la Lune, ça marque les esprits et ça reste gravé dans l'histoire. Dommage qu'il n'y ait plus d'histoire à marquer... Bon d'accord, c'est faux. Tant qu'il reste des humains, il y a toujours des livres d'histoire à remplir. Sauf qu'avec l'extinction de la Terre, il doute qu'enregistrer un album devienne une priorité. C'est fou ce que le karma peut être une belle merde bien moisie ! A présent, la jeune femme s'en veut, du moins c'est ce qu'il pense comprendre et surtout elle se sent inutile. Ce n'est pas vrai, elle vient de servir le premier café du Voyager, c'est pas rien quand même ! "Ne vous pensez pas inutile. Peut-être que pour le moment, vous n'avez pas trouvé votre place. Tout ça, c'est nouveau pour tout le monde. Dans un moment, peut être que vous aurez trouvé votre place. Et être la barmaid ce n'est pas rien. Sans vous, je serais retourné dans mon dortoir, boire un pauvre verre d'eau avant de m'allonger et surement dormir." Frye reprit une petite gorgée de se café, c'est vrai qu'il était pas "ouf", mais au moins ça avait un petit gout de café. "On a tous perdu la même chose, nos familles, nos amis et notre maison. Il n'y a pas de personne inutile ici. Nous avons tous des savoirs différents et je pense que nous pouvons tous apprendre de tout le monde et reconstruire quelque chose ensemble. Ça sera difficile, mais nous sommes les derniers représentant de l'humanité, alors nous devons au moins nous battre pour ça."
Ce n'est pas forcément son genre les discours motivant, mais il ne veut pas que la jeune femme se sente inutile. Elle est chanteuse, ce n'est pas si mal que ça après tout. Tout le monde à besoin de musique pour s'échapper, pour s'abandonner et c'est aussi un très bon moyen pour raconter l'histoire des derniers humains, non ? Alors, finalement, elle a un rôle très important, sauf qu'elle ne l'a pas encore comprit. "Quel genre de musique vous faites ?" demande t-il histoire d'en apprendre plus.

Il y a certainement un fond de gentillesse en cet homme affable qui te fait tranquillement la causette, et tu admires l’effort qu’il fait pour prétendre que tout est normal – que c’est simplement un café pris dans un bar, comme il en a sûrement pris des centaines d’autres dans sa vie d’avant. Pour toi ce n’est pas vraiment la normalité, tu ne travailles plus dans ce type d’établissement depuis qu’un vieux juge au sourire un peu grivois t’a déclarée Miss Brésil ; mais pour tâcher de maintenir la bonne humeur dans cette conversation, tu feras comme si. Ton passé de serveuse n’est pas si lointain que ça – et cela fait du bien, de discuter avec quelqu’un qui ne te place pas d’office sur un piédestal de poupée fragile. Oh, tu ne te fais pas d’illusions, il te faudra longtemps avant de pouvoir réellement te sentir à ta place sur Voyager, mais c’est un premier pas. Si tu poursuis tes efforts, peut-être que tu serviras vraiment à quelque chose, un jour !

Frye parle et ton sourire se réchauffe, se fait plus franc, empli d’une gratitude discrète aux antipodes de ton comportement habituel. Tu es si fière, Tina ! Qu’accepter le réconfort d’autrui te semblait déchéance, auparavant, comme un aveu de faiblesse. Mais les règles du jeu ont radicalement changé quand tu avais les yeux fermés – les lois de l’univers ont basculé, et ton passé est resté prisonnier d’une petite planète bleue, inaccessible hors de ta portée. C’est encore délicat de faire une croix dessus, de renier tout ce que tu as été ; mais tu commences à te faire l’idée. C’est une nécessité pressante, et il ne faudrait pas que tu sois reléguée au rang des bouches inutiles… !

La question de Frye te tire un sourire presque nostalgique. « Notre musique… Notre musique est vraiment variée. Le répertoire d’origine de Sunrise, c’était à peu près moitié pop et moitié rock ; mais au fil des années, avec le départ des membres d’origine et l’arrivée des nouveaux, nos influences se sont considérablement étendues… J’ai apporté mon registre latino, Ezra est plutôt folk, on a même parfois du jazz – ça dépend vraiment de ce qu’on veut chanter, et de qui écrit. On est six à faire vivre le groupe, sept si on compte la manager, on essaie de pas rester coincés dans une case, ce serait trop triste. » Puis le pincement de ton cœur te rappelle la réalité, et ton sourire qui s'était fait rêveur se nimbe de tristesse. « Enfin, on était. Je suis un peu seule au monde maintenant. Y’a des moments où ils me manquent, et d’autres où je suis tellement en colère contre eux que je suis contente qu’ils dorment encore… » Tu es monstrueusement égoïste, Tina Tavares, mais au moins tu l’admets complètement. Personne n’est parfait, toi comme les autres. Secouant la tête, comme pour chasser ces souvenirs évocateurs de tant de regrets, tu recentres la discussion sur Frye, qui te semble bien plus intéressant et porteur de possibilités que ta pitoyable petite personne. « Et vous, alors ? Vous êtes militaire, de ce que vous m’avez dit, mais dans quelle branche au juste ? Vous êtes monté à bord de Voyager pour faire quoi exactement ? »

De la musique, ça fait un moment qu'il n'en a pas écouté, en fait depuis son réveil. Ce n'est pas comme s'il y avait une radio ou il suffit d'appuyer sur le bouton "on" pour avoir un peu de son. Ici, il n'y a que le silence glaçant de l'espace. Le slogan du film Alien prend tout son sens ici "personne ne vous entendra crier dans l'espace". Quelle vérité effroyable. A bien y penser, avec les créatures qui rodent dans une partie du vaisseau, on est pas si loin que ça du scénario du film. Bref, la demoiselle lui répond et lui explique le genre de musique qu'elle faisait autrefois. N'étant pas un expert, il n'est pas certain de voir le genre, mais il l'imagine, peut être le genre de musique qu'on entendant sur les radios les plus populaires. Ce devait être sympa, bien que ce ne soit surement pas son style, il a toujours été plus branché Hard Rock, vous savez, du genre AC/DC, Metallica et même certain groupe de Metal. Chacun son style, n'est-ce pas. Mais la pop rock s'écoute également. Les influences de son groupe de musique n'ont pas cessé d'évoluer, Tina expliquant qu'en fonction des idées et des membres présents les influences pouvaient changer. C'est bien de ne pas rester enfermé dans un même style et d'évoluer vers d'autres horizons. "Les autres membres de votre groupe sont également à bord ?" demande t-il. Ceci peut faire un peu d'animation et changer les idées aux gens se trouvant à bord d'avoir un groupe. Bien que la musique ne soit pas sa passion, il ne dirait pas non à un peu de spectacle, juste pour avoir l'impression que tout est normal l'histoire d'un petit moment.

Tina lui pose alors une question, elle veut en savoir plus sur lui. "Je suis le spécialiste tactique ici, bien que je trouve la désignation un peu étrange. Sur terre, ma spécialité c'était le pilotage : avion de chasse, hélico, avion cargo, je me suis intéressé à tout ce qu'il vol. Mais je suis un bon tacticien aussi. En général, on m'envoyait beaucoup sur des opérations de sauvetage ou d'autres missions dangereuses dont je ne peux pas parler... enfin je ne sais même pas si on peut parler de mission secrète à présent." Frye gardera le silence en bon professionnel, mais il doute que la police militaire vienne à présent l'arrêter pour avoir parlé d'un secret d'état qui n'aurait jamais dû être entendu par qui que ce soit, hormis les hauts gradés et le président de son pays ou d'autres pays. "Les histoires de mon boulot sont loin d'être intéressante vous savez. J'ai servi mon pays, aidé mes collègues, mais croyez bien que le monde se serait bien mieux porté sans armée." Sans armée il n'y a pas de guerre et sans guerre il n'y a pas de conflit. Hors, l'homme n'est pas une créature pacifique, capable d'aimer tout le monde et de vivre dans la paix.

Parler de Sunrise a ravivé le souvenir de votre passé commun, et ta gorge se noue un peu. Tu sais qu’ils sont là, ces compagnons de tournée, ceux qui ont enregistré avec toi en studios, ceux qui sont montés sur scène à tes côtés, ceux qui ont enchaîné les interviews sur les plateaux de télé et dans les cérémonies officielles où vous avez amassé une respectable quantité de récompenses. Tu sais qu’ils sont là, mais ils dorment, ces bienheureux ignorants – ils dorment, et c’est toi qui dois affronter la situation. Seule. Toi, la seule qui ne voulait pas vraiment venir. L’univers a un sens de l’humour déplorable. Une vague de tristesse agite tes pensées, tandis que les visages défilent dans ta mémoire – Ma’afu, Ezra, Alejandro, David, Diego. Même Rosy. Tous endormis – tous ignorants. Sereins dans l’oubli. Tu te mords la lèvre, fort, pour tirer leur souvenir de tes pensées, et recentrer ton attention sur Frye. Le passé est acté, tes choix ne peuvent plus être défaits, Tina. Tu n’as prise que sur ton avenir, et ce que tu vas décider d’en faire. « Oui, nous sommes montés à bord ensemble. » réponds-tu d’une voix sans âme. Et je ne chanterai plus, songes-tu fugacement sans mettre de mots sur ton malaise. L’humanité n’a plus besoin d’une chanteuse latino, tu en as la conviction ; et l’état de semi-terreur perpétuelle dans lequel tu vis depuis ton réveil a soufflé la flamme de ta créativité. Elle est loin, oh, si loin ! cette Tina à peine adulte qui chantait sur scène avec un plaisir sensuel, et qui se délectait des regards posés sur elle, de l’engouement du public. Elle a été fauchée par un cataclysme irréversible, et ne reste plus à sa place qu’une barmaid maussade et muette. Chanteras-tu encore un jour ? Rien n’est moins sûr – même sans idée de carrière, même juste pour le plaisir – cela te rappellerait trop un passé définitivement révolu.

Il y a une certaine amertume, dans les paroles du militaire, et tu te concentres sur ce qu’il te raconte. Tu n’as jamais vraiment eu d’opinion sur l’armée ; mais les membres du groupe viennent, pour certains, de pays pas très sécurisants – une pensée rebelle te rappelle le visage tourmenté d’Ezra, alors qu’il te racontait l’attentat qui a décimé sa famille ; ou la voix rauque de Ma’afu, quand il évoquait le coup d’état de 2006 aux îles Fidji. Les armes et la dévastation qu’elles laissent derrière elles… Tu hoches pensivement la tête, songeuse devant le mal que l’humanité a pu se faire, à elle-même, sur cette Terre qui n’existe plus que dans vos mémoires. Sur Voyager en tout cas, l’accès à l’armement est étroitement surveillé, t’a-t-on dit, même si tu as dans l’idée de tâcher d’obtenir un moyen de te défendre, de quelque manière que ce soit. « Je ne sais pas si nous serons capables de faire mieux ici, » réponds-tu dans une confession désabusée, « l’homme réagit mal au stress, de manière générale… » Et si toi, petite chanteuse tombée de ton piédestal, tu te sens stressée, qu’est-ce que ce doit être, pour les grands organisateurs de l’expédition, pour ce cortège de directeurs dont une partie est déjà sortie de caisson…

Inutile de déprimer en pensant à ça maintenant. D’un effort de volonté, tu arraches tes pensées à leur cours morbide, recentrant ton attention sur Frye encore une fois. « Votre pays… L’Australie… ? » hasardes-tu après avoir observé le drapeau sur sa combinaison, tentant de replacer l’Union Jack et les étoiles qui l’accompagnent. « Qu'est-ce qui vous a donné envie de postuler sur Voyager ? »

Le jeune homme voit qu'elle n'a pas l'air totalement convaincu par sa présence à bord. C'est vrai que c'est étrange d'être parti de la terre, de se dire que plus personne ne pourra la revoir, en fouler le sol et en respirer l'air. Cette planète appartient a présent au passé et ceci est un point commun pour tout le monde. Il n'y a pas de retour en arrière, pas de  carte joker à sortir de sa manche pour feinter la destinée. L'avenir est le même pour tout le monde : l'incertitude, la survie. Quelque part, Tina peut se réjouir d'avoir ces amis à bord, les membres de son groupe. Ici, il ne doit pas y avoir beaucoup de personne pouvant se targuer d'avoir ami ou famille dans le coin. Frye a embarqué seul, abandonnant ses parents d'adoption et ses quelques amis sur terre. A présent, il sait qu'il ne les reverra plus jamais et qu'il est seul. Certain pourrait dire que les derniers survivants de l'humanité pourraient former une famille, mais c'est une chose qui n'est pas forcément facile pour tout le monde, notamment pour le soldat. "J'espère un jour pouvoir entendre ce que vous faites comme musique," dit-il. Ce n'est pas un moyen de la rassurer, juste la vérité. Et il n'est certainement pas le seul à vouloir pouvoir écouter une mélodie pouvant le transporter ailleurs.

Tina avait l'air de voir en l'être humain une sorte de monstre ou du moins des êtres capables du pire. C'est la vérité, Frye pourrait être le premier à le dire pour avoir servi dans l'armée et vu des choses horribles. S'il avait du boulot, c'est parce qu'il y avait des gens assez con sur cette putain de planète bleue pour se faire la guerre et s'entre tuer. L'homme n'est ni plus, ni moins un animal, un animal avec une intelligence supérieur, du moins en théorie, car vu ce qu'il s'est passé dans le passé, entre les génocides, les catastrophes écologiques... c'est à croire que les humains étaient finalement de vrai idiot sans cervelle. "L'avenir nous le dira ! Nous sommes liés par la même destinée, nous n'avons plus de "maison", il va bien falloir qu'on agisse ensemble pour s'en sortir." Le militaire n'est pas un utopiste, c'est vu quelqu'un qui est réaliste. Pour survivre, ils vont devoir travailler main dans la main, sinon c'est la mort assurée.

Un peu après, la serveuse changea de sujet en demandant s'il venait d'Australie. C'est marrant à quel point son drapeau peut être trompeur. Les gens ont souvent tendance à confondre la Nouvelle Zélande avec l'Australie, alors que les deux pays n'ont rien à voir. Il suffit de voyager dans les deux pour constater la différence, que ce soit en terme de paysage, climat ou même la grandeur du pays. "Nouvelle Zélande,"
corrige t-il en montrant bien son écusson ou est dessiné son drapeau. "J'ai été contacté par le Commandant Sheridan avec qui j'ai travaillé conjointement sur terre. Il a appuyé ma candidature pour ma venu sur le voyager. Du coup, me voilà ! Je dois dire aussi que l'idée de partir dans l'espace vers l'inconnu ça avait un petit côté tentant. Je suis surtout là pour mes capacités de pilote. Une sorte d'évolution dans ma carrière professionnelle." Hélas, Sheridan n'est plus de ce jour, il aurait bien aimé pouvoir travailler avec lui à bord, mais les choses sont ainsi faites. "Je n'aurais jamais imaginé devenir un voyageur de l'espace. C'est pas vraiment ce que j'imaginais, mais on fait avec, n'est-ce pas ?" Personne ne se serait douté que les choses allaient mal se passer. Il faut voir le bon côté des choses, au moins ils sont encore vivants.

Tu ne sais guère quoi penser de l’optimisme affiché par Frye. Il semble croire réellement que l’équipage a une chance de survie – que les circonstances actuelles pousseront tout le monde à coopérer. Comme s’il était envisageable, tout simplement possible, que tous les petits travers de l’humanité disparaissent – comme si, d’un revers de la main, vous pourriez parvenir à balayer les mille insupportables petits défauts de l’être humain. C’est louable, comme manière de penser, et cela dénote une personnalité sûrement très positive, tu n’en doutes pas un seul instant. La morosité ambiante t’a quand même chargée d’un assez lourd pessimisme. Les vivres sont rationnées, le danger est omniprésent, la proportion de passagers conscients est ridicule, et les priorités de réveil d’Hécate sont plus que discutables… alors, à y ajouter les aliens qui ont gaiement envahi la passerelle en toute impunité, tu es dans ton bon droit d’afficher la légère grimace sceptique qui est ta seule réponse aux paroles de Frye. Tu préfères ne pas t’exprimer sur le sujet : l’objectif premier d’une barmaid n’étant pas de faire fuir sa clientèle… et il est agréable, comme premier client. Ce changement de profession est une dégringolade assez violente de ton piédestal de star internationale, mais ce retour aux sources est étrangement rafraîchissant. Tu as commencé ta carrière en servant des cocktails dans le cabaret de ta tante, après tout – avant de monter sur scène pour lever gaiement tes chevilles en faisant voltiger une quantité saugrenue de jupons froufroutants. Cela te manque un peu, parfois, cette vie de ton adolescence, tes premières années d’adulte – si simples, si tranquilles, avant que les prémisses de la célébrité ne viennent te trouver.

Tu n’aurais certainement jamais pensé, dans la poussière du Brésil, que tu arpenterais un jour les étoiles, neuf siècles après la destruction de l’humanité.
Frye non plus, apparemment, n’aurait jamais imaginé pareil destin, et tu lui adresses un sourire de connivence, hochant légèrement la tête pour approuver ses propos. Et dans ce qu’il dit, tu as presque l’impression d’entendre les vestiges des rêves de ton enfance – les rêves irréalistes d’une gamine des bidonvilles, qui s’imaginait conquérir le monde. C’est tout de même incroyable, d’être venus si loin dans l’univers, même dans ces conditions ! C’est inimaginable, c’est étourdissant, c’est complètement fou, et ça te fait un peu tourner la tête, quand la panique reflue et que l’inquiétude n’a pas encore pris le relais. C’est extrêmement périlleux, le danger te guette à chaque instant, tu vas sûrement périr à plus ou moins court terme, et les statistiques ne sont vraiment en faveur de l’équipage de Voyager – mais tu vis un rêve, Tina, et tu t’autorises quelques secondes de jubilation incrédule, comme si ton cœur avait perdu tout espoir de ressentir de telles émotions à nouveau. Là, en tête à tête avec Frye dont la sérénité apaise tes sens, tu fermes les yeux un instant, inspirant à fond – tu vis. Contre toute attente, tu vis. Rouvrant les yeux, tu adresses un sourire un peu rouillé à ton premier client.

« Oui, on fait avec. » Certains avec plus de panache que d’autres, mais tu vas t’en sortir, Tina. Il le faut, tu n’as pas le choix. Hors de question de rester un poids pour la communauté ! « Ce bar, le Bright Venture – je n’aurais jamais imaginé, en montant à bord, que je me retrouverais derrière le comptoir. Mais finalement… c’est pas si mal que ça. L’endroit est élégant, et peut-être que je vais rencontrer d’autres personnes comme vous. » D’un geste de la main, tu désignes Frye devant toi. « Des personnes plus optimistes que moi. Je me sens un peu isolée, sans le reste du groupe, je… J’ai plus l’habitude de me faire des amis. Et on est tout tellement différents, à bord ! On vient de tant de pays… Ça m’angoisse un peu. L’idée qu’il puisse y avoir des conflits culturels, vous comprenez… ? » Vous n’avez vraiment pas besoin de dissensions au sein du groupe… !

Personne n'avait imaginé ce qui suivrait en signant le contrat pour faire parti de l'aventure Voyager. Les choses sont ainsi et il faut faire avec. Certes, il n'y a plus d'humanité là d'où ils viennent. Leur condition de vie, de survie même sont certainement inférieur à 50%. Peut-être qu'il devrait demander à Hécate, elle aura une réponse plus précise, mais à quoi bon ? Est-ce que les statiques ont gagné des guerres ? Non. Tout peut être possible, il suffit d'y croire, de travailler ensemble et de trouver des solutions. Si chacun vient y mettre du sien, Frye est persuadé de la survie des derniers humains. C'est peut être pour deux semaines, dix mois, trois ans... qu'importe ! Le fait d'y croire et d'essayer c'est ça le plus important. Il peut comprendre que c'est déstabilisant, que c'est effrayant même pour certain, mais la peur n'a jamais fait avancer quoi que ce soit. C'est peut-être parce que la vie n'a pas été clémente avec lui dès le début qu'il a réussi à trouver un peu de positif quelque part. En même temps, on peut dire que commencer en étant abandonné le jour de sa naissance, c'est une sacrée claque dans la gueule que lui à fait le destin ou quoi que ce soit d'autre. Il sait qu'il faut s'accrocher et encaisser, il n'y a pas d'autre solution que ça. Broyer du noir ça n'aide pas, autant essayer de trouver le bon côté de tout ça... Ils sont encore vivant c'est comme si on leur avait accordé à tous, une deuxième chance. Une unique chance de sauver leur espèce et peut être de racheter les défauts de l'humanité en prouvant que les humains, qu'importe la couleur de peau, le sexe, l'âge, la nationalité, la religion et bien plus encore, est capable de s'unir pour le meilleur !

Vous savez, il ne pensait pas redonner spécialement le sourire à Tina, il ne pensait pas être si optimiste que ça. Mais dans le pire, il peut y avoir du bon. "Je pense qu'on a bien mieux à faire que de penser aux conflits. On est tous dans le même bateau. On survivra uniquement avec notre entraide commune. Ce qui fait notre force, le fait de s'allier, j'en suis persuadé." L'union fait la force, c'est un vieux dicton qui finalement veut tout dire et il a un sens encore bien plus important aujourd'hui. "On est réveillé depuis peu, on doit tous se faire à ce nouveau mode de vie, cette nouvelle réalité. On doit juste l'accepter, s'habituer et trouver nos repères. Quand ça sera fait, on aura déjà passé un cap important." Il sourit, chose qui n'est pas la plus commune chez Frye, mais il voulait donner du courage à la jeune femme.

L’optimisme de Frye te tire une moue sceptique – tu ne portes pas forcément le reste de l’humanité en très haute estime, mais tu ne tiens pas à gâcher sa bonne humeur. Tu ne peux pas t’empêcher d’éprouver une certaine admiration pour ce type de personne. Tu n’as pas l’énergie, toi, de rester positive dans ces circonstances. Il y a tellement de manières dont ça pourrait virer à la catastrophe ! Tu traverses l’espace dans une boîte de conserve géante plus qu’à moitié délabrée ; et tu n’as nulle part où rebrousser chemin. Ah, tu les envies, tes camarades de Sunrise encore endormis – ils ne savent rien du péril qui vous guette tous, et tu aurais préféré rester inconsciente du danger omniprésent. Ton courage n’est pas de celui requis pour faire face à ce genre de situation.
Peut-être que, dans quelques temps, une fois la routine installée, une fois ta petite personne convenablement endurcie, tu te sentiras mieux. Peut-être que tu souriras. Peut-être même que l’on t’entendra rire, tout aussi ubuesque que cette idée puisse te paraître.

Hochant solennellement la tête, tu aperçois du coin de l’œil une autre potentielle cliente entrer dans le périmètre du Bright Venture. « Merci de vos efforts pour me remonter le moral. La compagnie était agréable et je vous suis reconnaissante de vos mots – et de votre sourire. Revenez me voir. Bonne journée, soldat ! », conclus-tu avant de te diriger vers la scientifique qui hésite devant le bar.