Yuxin Qi - Spécialiste Maintenance

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• 30 janvier 1977 Zhao Qi jeune mais ambitieux gouverneur de la province septentrionale du Hebei consomme son devoir conjugal car légèrement éméché lors des fêtes de la nouvelle année. Celui qui deviendra membre honoraire du comité central ne le sait pas encore, mais il héritera bien assez tôt d'une petite fille.

• 23 septembre 1977. Moi, Yuxin Qi, je nais. Extrait des fluides complexes qui lubrifient jusque là ma peau pour éviter la friction ou l'écrasement, mon tube d'alimentation ne tiendra pas longtemps à l'assaut conjoint d'un médecin de la clinique privée et de ses ciseaux. Je n'en garde aucun souvenir, il faudra attendre ma sixième année pour une analyse plus poussée de mon séquençage mémoriel.

• 30 septembre 1983 : Je viens de recevoir un cadeau "inadapté" : un ensemble de Legos et de Mécanos dans un meuble deux fois plus grand que moi. Bien qu'on ait pensé me le retirer, pour ne pas froisser l'offrant, je me suis retrouvée affublée à ma table à monter mes premières briques sagement pour ne pas déranger mon père sous la surveillance implacable de ma gouvernante.

• 10 octobre 1983 : Presque un mois après mon anniversaire, je ne décroche plus de ce cadeau parmi la pile de jouets. Mon père qui jusque là se contentait pour toute attention de m'exhiber comme un bijou y trouva un potentiel. En quelques secondes, ce fut chose décidée, sans l'avis de ma mère absente et encore moi du mien. J'excellerai en Mathématiques, Physique appliquée, et Ingénieurie. Je serais la fierté scientifique de la famille et il m'apprendra la politique indispensable pour avoir une indubitable place dans le parti.

• 20 Décembre 1989 : Depuis 6 ans, mon père n'a pas lésiné sur les moyens. A défaut d'attention de la part de mes parents, je reçois précepteur sur précepteur avec un accent particulier pour les sciences. Relations aidant, j'ai facilement rejoint le meilleur établissement privé de Baoding et je flotte avec amusement sur des études secondaires bien en deçà de mon niveau. Père supervisait jusque là mon enseignement politique, pourtant, depuis quelque temps, un événement à secoué le monde politique et il est plus distant. Son travail ininterrompu et son dévouement pour le parti lui vaudront deux ans plus tard sa place au comité central, mais depuis ce jour, je ne le verrais plus guère que lors des réceptions.

• 5 mars 1995 : A dix-sept ans, je fais une rencontre qui va bouleverser ma vie. Zong li, un jeune précepteur d'une trentaine d'année me propose de voir par moi-même un moteur et m'emmène dans le garage de ses parents pour me montrer la mécanique en dehors des planches. Le coup de foudre fut immédiat et je suis tombé amoureuse en quelques instants et pour la vie. Ses formes étaient parfaites, travaillées avec soin, et pourtant douce au toucher. L'allure fière, ronronnant comme un chat, je ne pourrais jamais oublier son odeur, celle de l'huile parcourant ses boyaux de métal mêlée aux lubrifiants et aux carburants qui donnaient vie à ses plaques, ses rouages et ses disques. Mon père veux que je rentre dans les sciences, ce sera l'ingénierie. Je veux tout savoir, thermodynamique, mécanique des solides et des fluides, résistance des matériaux... Je suis heureuse depuis ce jour.

• ? Septembre 1995 : J'entre à l'université Tsinghua pour ce qui sera trois ans. Mes cours m'indiffèrent, je réussis les examens haut la main. Lorsque j'entends parler en cours de dérivées partielles mon intérêt s'accroît, les équations de Navier-Stockes me sont encore impénétrables, mais plus pour longtemps. Avant décembre, j'aurai dégoupillé l'obstacle.

• Septembre 1998 : Initialement, l'université Tsinghua a été fondée pour préparer aux études universitaires occidentale. A la grande déception de mes professeurs, je suis envoyée au MIT pour finir mes études d'ingénieure . ce n'est que partie remise. J'obtiendrai facilement un diplôme qui débouchera sur un doctorat.  En dilettante je profitais de l'éloignement du giron familial pour mettre en application mon usage de la mécanique en travaillant en stage pour General Motors.

• 2000-2003 : J'obtiens un doctorat qui m'occupera pendant six ans. Un projet pour l'industrie aérospatiale, le groupe Thalès a proposé le sujet: "Influence des supraconducteurs pour l'efficience de la lévitation électromagnétique dans le cadre applicatif de l'industrie aérospatiale" Objectif du projet : remplacer les asservissements mécaniques de protection d'appareil orbitaux contre le tangage et le roulis lors du décollage de la fusée. Le projet est un succès en demi-teinte. La réactivité des supraconducteur est excellente, mais je propose finalement un système hybride plus fiable, capable de réagir à une vitesse bien meilleure que les systèmes traditionnels mais toutefois différents du projet initial.
Dans l'interlude ma mère s'éteint brutalement dans un accident de voiture. Mon père est courtisé avec suffisamment d'habileté pour qu'à peine quelques mois après son deuil indifférent, une femme tombe enceinte d'un petit garçon, Xian que mon père destinait à la politique seule.

• Juin-Septembre 2003 : J'ai failli être embauché par Thalès à la suite de mon doctorat. Mon père, soucieux de me garder en Chine pour représenter la famille s'y opposa et fit jouer ses relations pour me trouver dans mon dos une opportunité que je ne pourrais pas refuser. L'université Tsinghua se rappela à moi et me proposa un second doctorat précédé d'une année d'aptitude compte tenu de la proximité avec la physique moderne.
Avec l'assurance d'un doctorat, me voilà à nouveau plongée dans mes études. Pour être franche, le passage à la physique moderne ne s'est pas fait sans heurt. l'impossible conceptualisation de la mécanique quantique me fait à cet époque beaucoup de mal. Pour moi qui ai passé mes études les mains dans les embrayages afin de disséquer les secrets de leurs conceptions, cette approche semblait bien trop peu pragmatique. Je m'y applique et bat le fer autant que ce peut pour rattraper en un an mon retard sous l’œil sévère de mon père qui voit mes notes baisser sensiblement.

• 2004-2009 : Je peux enfin travailler sur du concret. Sujet de thèse : "Modulation et démodulation de fréquences gravifiques dans le cadre de la maîtrise des ondes gravitationnelles pour un passage de la physique quantique à une exploitation réelle" Commanditaire : CNSA, secteur ingénierie des systèmes. Pour faire simple, les ondes gravitationnelles ont été prévues par la mécanique Quantique dès Bhor et pourtant, aucune réalisation pratique n'aura été réalisée depuis. La Chine travaille pourtant sur le sujet depuis plusieurs décennies afin de mettre en oeuvre une technologie d'avant-garde dans une confidentialité relative. Dans le cadre de ce projet en particulier, l'objectif à long terme est de mettre en oeuvre une zone d'apesanteur pour l'entraînement des astronautes. Les travaux de dizaines d'autres m'ont conduite à l'aide d'une collaboration étroite à un prototype fiable exploitant les singularités de Planck pour entrer en vibration des quarks générant un flux non directionnel. J'était en charge de la partie applicative. le prototype n'était pas parfait mais fonctionnel. En générant un champ pesant dans la zone supérieur, l'addition des deux accélérations gravitationnelles résultait d'une somme nulle. La thèse fut validée et signa la fin de mon travail universitaire.

• 13 septembre 2009 : La CNSA embauche toute l'équipe nous mettant de fait au silence. Difficile à l'époque de savoir exactement à quoi nous en tenir quand à notre travail, nous avions pour objectif de perfectionner le prototype et de le rendre directionnel et moins énergivore. A l'époque, nous pensions travailler pour le compte de la futur station spatiale chinoise, mais je suis sûre d'avoir planché sur la station.
Ce travail m'enthousiasme peu, passé les premiers tests, les essais deviennent rébarbatifs, et je n'ai guère d'affection pour les scientifiques incapables de penser un système dans son ensemble qui m'entoure.

• 2 Juillet 2014 : L'ONU débloque officiellement ses fonds pour un projet de grande envergure ! Avec un pied dans la CNSA, je saute sur l'occasion et propose ma candidature pour la mise en opération des modules chinois! Fini les plans et les prototypes, des centaines de milliers de tonnes d’œuvres d'art de métal sont à envoyer dans l'espace. Mon excitation est sans borne, je peux enfin mettre les mains dans le conduit. On m'attribue une équipe, les bonnes mains sont toujours un atout si elles sont compétentes. Je m'extasie devant les millions de fluides, branchements, jointures, et autres systèmes électriques, je reconnais même quelques pièces que j'ai dessinées. Je me forme sur le tas à l'électronique pratique. J'apprends. Je vis.

• 3 Juin 2015 : En secret, depuis un ans, je pratique une activité sportive régulière, je travaille mon endurance et mon cardio. Mon père a depuis longtemps porté son giron à son fils qui prendra certainement un jour sa place, et pourtant il ne tolérerait pas que je parte. Pourtant, je ressens pour ce monstre de métal l'amour d'une mère. Il n'est pas encore né, et pourtant, je suis décidée à l'accompagner ou qu'il aille. Jamais l'humanité n'a produit ni ne reproduira pareille merveille. Je veux en être. J'ai été contactée par l'agence, pour un bilan physique, idéologique et d'aptitude. Aucune inquiétude pour les deux dernières, quand à la première, je me suis démenée pour acquérir un physique au dessus de la moyenne. Rien de transcendant, mais suffisant pour le personnel civil. La seule inquiétude de l'agence est une fort suspicion de stérilité. Ce n'est pas un critère pour ce genre de mission. Parmi des centaines de personnes, j'ai été sélectionné pour la maintenance du pinacle de l'humanité.

• 2018 : C'est le grand jour. Mon père m'a contacté, il sait que je travaille sur le chantier pour me féliciter. Après le décollage, je devrais suivre la voie qu'il m'aura tracé et faire honneur à la famille. Je ne lui ai pas annoncé mon départ. Je lui ai envoyé une lettre. L'honneur est sauf, je représenterai le parti dans les étoiles. Mao Zetung verra son héritage dans le ciel. Pas très convaincant, mais peu importe, je n'ai plus a attendre sa permission. Demain, lorsque la lettre arrivera, je serai cryogénisée pour un voyage de vingt ans. J’ai pris l’essentiel, ma trousse à outils, quelques activités de perçage différentes colles et du petit matériel de soudure. Tout avait déjà été prévu, mais on ne peut pas se fier à toutes les marques. Qu’importe, ses outils l’avaient accompagnés et cela durerait bien après son départ.