Alix | Make the impossible possible

• 14 mars 1984 : C'est à San Francisco que tu as pu voir le monde pour la première fois. La beauté des paysages, la chaleur ambiante, la magnificence de ce monde qui s'étale sous tes yeux. Rapidement, tu te développes une curiosité. Tu veux toucher à tout, tout voir, tout sentir. Tu veux tout apprendre jusqu'à refuser d'aller dormir lors de tes cinq ans afin de pouvoir voir ce que tes parents regardent à la télévision. Connaître la fin du film ou l'impatience de ce qui jouera ensuite, par exemple. Puis, plus tu grandis et tu te découvres une nouvelle fascination: Les étoiles, le ciel. Toujours en train d'embêter ton père afin qu'il puisse dresser la tente afin de dormir sous les étoiles. Toujours en train de demander un télescope pour ton anniversaire jusqu'à ce que tu l'obtiennes réellement. Se mêle à ça une créativité et une imagination sans fin, en plus de rapidement devenir une touche-à-tout.

• Avril 1996 : Assise sur les genoux de ton père qui travaille au sous-sol sur des plans. Tu ne comprends pas tout, Alix, mais ta curiosité te fait poser plein de questions. Ce sont des plans de réparation, de la maison comme pour le garage qu'il possède. Il t'en faut peu pour commencer à l'accompagner, véritable passionnée. Des tâches simples comme lui donner les outils dont tu apprends rapidement leurs noms ainsi que d'offrir des solutions majoritairement loufoques et insensées afin de réparer des problèmes. Si tu le fais rire et qu'il te rappelle chaque fois cette fois-là, où tu voulais réparer une fuite d'huile avec du liquide pour faire des bulles afin de faire envelopper l'huile qui coule dans des bulles en suspension pour ainsi partir en exploration, ça l'aura amené parfois à se repositionner et parfois même, l'aider à trouver la solution. Tu bricoles sans arrêt, Alix. Tu tentes de réparer cette petite voiture téléguidée et dieu sait le nombre de grille-pain que tu as sacrifié dans des tentatives de réparations. Puis, il y a les antennes de télévision que tu auras enveloppées de papier d'aluminium afin de tenter d'avoir un meilleur signal. Oui, celle dehors. Tu t'es fais engueulée assez rapidement pour avoir osée monter sur le toit sans que personne ne sache. Pourtant, qu'importe le nombre de fois où tu l'aidais dans ses réparations, tout te ramenait toujours vers la même chose: l'espace qui vous entoure. Dès le bas âge, tu voulais devenir astronaute. Tes parents ont bien rigolé, se disant que ça te passerait en grandissant, te laissant aller à ces petits space camp pendant l'été. Pourtant, ça ne t'aura que fait tomber encore plus amoureuse de ce que l'univers vous cache. Ce n'est pas pour rien que du haut de tes treize années d'existence, tu auras tenté de créer une petite radio de tes dix doigts afin d'entrer en contact avec de possibles aliens, afin de tenter de capter un signal ou un visuel sur ce qui se passe "plus loin". Le plus loin que tu auras réussi à capter, ça aura été la conversation sur CB d'un camionneur en repos deux rues plus loin. Un exploit impressionnant, certes, mais bien loin de ce que tu avais comme objectif.

• Septembre 2005 : Tu y es parvenue. Ce n'est pas ton rêve ultime, mais c'est quelque chose qui te tenait à coeur. Pouvoir servir le pays, aider à défendre l'humanité et venir en aide aux plus démunis. Tu as toujours eu un coeur sur la main, Alix, malgré ton comportement parfois discutable. Parce que du caractère, tu en as. Pourtant, tu comprends étrangement bien le concept de hiérarchie et de discipline. Loin de là la jeune femme qui était en train de lever le ton sur un connard qui a mis sa main de travers à ton postérieur, tu te retrouves droite dans tes bottes face à ton supérieur, attentive aux ordres. Tu sais te ranger quand tu es sous la bonne autorité, après tout. Rapidement, on t'envoie en mission en vue du besoin, afin d'aider d'abord une ville en Amérique qui aura subit une catastrophe naturelle. Tu te souviendras toujours de cette première mission. Le coeur qui se brise alors que tu ne peux te permettre de te laisser affecter par les visions d'horreur qui s'offrent à toi, avec les enfants qui pleurent la disparition de leurs parents et les mères qui se voient incapable de se décrocher du cadavre de leur bébé. Puis il y a les bâtiments, ravagés. La douleur et la mort partout autour de vous. Le monde se veut pourtant encore actif, entre les pleurs et les cris de rage face aux débris et votre aide qui n'est jamais assez suffisante. Pourtant, malgré cela, tout te semble silencieux. L'absence de vie habituelle, des conversations qui se font dans le rire et la gaieté, vient se mener en contraste avec le portrait dressé devant toi. Pourtant, il y a davantage de blessés que de morts. Ce n'est rien, ça, que ton officier supérieur t'explique. Qu'il a vu bien pire dans ses missions précédentes. Bien plus de sang, bien plus de corps à déplacer, à retrouver. Et pourtant, rien que ça aura été suffisant pour changer ta vision du monde, des dangers qu'apportent la vie et ainsi, renforcer ton opinion sur le métier que tu as choisi. Ce n'est pas ton rêve d'être astronaute, mais tu aides l'humanité et c'est tout aussi grandiose.

• Août 2013 : C'est grâce à ta dernière mission que tu as pu postuler. Cette mission en Iran qui aura été assez complexe et demandant en terme d'énergie. Tu as été envoyée là-bas afin de faire de la réparation et de la maintenance sur une base. Chose relativement simple, à priori. Tu secondais l'officier en charge pour la mission comme tu n'as pas spécialement cherché à monter en grade. Tu te plais bien, au stade où tu es actuellement. Tu observes d'où tu es les divers fonctionnements et ça te permet d'apprendre continuellement sans avoir le gros rôle sur les épaules. Tu admires les hauts-gradés, d'ailleurs, qui ont sans doute vu des immondices sans fin pour les amener jusque là. Tout du voyage était fait pour bien aller, bien se faire, malgré la dangerosité du pays dans lequel vous alliez. Sauf que c'est lorsque vous vous rendez à la base, l'officier et toi, que tu comprends que les choses ne seront pas si douces. Parce qu'il est là, l'officier, à faire si peu de réparations entre trois gorgées de sa gourde. Gourde que, tu l'auras rapidement compris, ne contiens pas de l'eau, sans même que tu saches comment il aura réussi à s'en apprivoiser. Rapidement, c'est toi qui se retrouve à faire le plus gros du boulot en plus de rattraper quelques erreurs que cet idiot aura commis.

Ça aura duré des mois, à ne rien dire, à encaisser le boulot parce que vous n'aviez franchement pas de temps à perdre à vous dénoncer l'un à l'autre. L'important, c'était de faire la maintenance, c'était de se défendre en combat, c'était de survivre dans ce pays plein de dangers et de risques tout en faisant votre boulot. Étrangement, tu t'es même retrouvée à te dire que mal prise, dans le pire des cas, il allait foutre le pied sur une possible mine et simplement crever à la suite de son incompétence. Et si le commandant pouvait être considéré tel une mine, alors on pourrait croire que c'est plus ou moins la fin que tu t'étais imaginée. Le corps défait en moins.

La voiture se ramène jusqu'à votre base afin de faire débarquer votre commandant pour un rapport, histoire de savoir où vous en êtes dans vos réparations qui commencent à se faire de plus en plus urgentes. C'est là que le voilà pris sur le fait, le voilà pris dans le pire des états à se voir incapable de faire son débriefing de la situation. Tu hésites un instant, dans un soupire des plus discrets face à son incompétence, pour finalement décider de prendre les devants. Tu demandes permission pour parler, sachant très bien que tu es la plus bas gradée à l'actuel et que d'interrompre l'un ou l'autre se veut mal vu. Pourtant, on te permet, le commandant sans doute tout aussi agacé que toi d'ainsi voir l'officier incapable d'agir comme il se doit. C'est désormais toi qui parle et qui ose, malgré le coeur qui se déchaîne à ta poitrine par peur de te faire recaler, de te faire dire que tu manques de respect, mais tu persistes. Tu expliques les diverses réparations effectuées et celles à venir. Il en faut peu de plus pour le commandant à se questionner sur l'efficacité de son officier et ainsi, comprendre, que tu auras dû travailler davantage face à son manque de fiabilité. Tu auras fais le gros du boulot pour ce lâche, ce qui se sera vu en ta faveur puisque ces simples gestes auront prouvés une loyauté incorruptible face à ton dévouement, face à ton pays et la mission.

• Mars 2014 : Voyager. Le projet d'une vie, une situation exceptionnelle. Une opportunité de mettre en réalité ce que tu auras rêvé depuis des années. Tu en auras parlé longuement avec Ethan, l'homme avec qui tu auras décidé de partager ta vie malgré qu'il soit bien conscient de ta situation. Chaque fois, depuis le début de votre relation, il aura été là pour t'accueillir à ton retour de mission. Généralement avec un bouquet de fleurs en main, d'ailleurs, et une petite pancarte écrite à la main avec des mots simples tels que "Bon retour, Alix". Chaque fois, sans exception, tandis qu'il gardait cette loyauté implacable. Vous communiquiez généralement par lettre, tant est que tu le pouvais. Sans quoi tu les écrivais à temps perdus puis tu les gardais avec toi jusqu'à ton retour afin de les lui donner. Face à sa fidélité, à l'amour que tu éprouves pour lui, tu auras pris soin de discuter à ta possible candidature pour le programme. Si tu voyais dans son regard l'hésitation, il pouvait voir les étincelles provoquées dans les tiens à la moindre mention du voyage. Le projet d'une vie, ce dont tu auras toujours rêvé. Il ne pouvait pas te retenir, incapable de brimer tes rêves. Alors tu auras postulé, lorsqu'il aura dit oui, bien qu'à contre-coeur. Tu auras postulé et par chance, tu auras eu des recommandations directes de ton commandement qui auront mis de l'avant ta candidature afin d'être sélectionnée pour les prochaines étapes.

• Décembre 2017 : Tu persistes à mener ta vie telle qu'elle est. Tu es en couple depuis quatre ans et demi malgré les complications que t'apporte ton métier et tu as un avenir relativement sécurisé si tu venais à ne pas passer la dernière étape de ce tirage au sort.  Vous avez votre maison, également, depuis peu. Tu te bâtis une vie parce que ça te semble si peu probable encore d'atteindre ton but, ton rêve, malgré les recommandations. Partir en exploration dans l'espace dans un vaisseau créé par la NASA. Ça ne pouvait que mener à des déceptions de dernière minute, n'est-ce pas? Plutôt, tu as persisté sur ton avenir, acceptant les diverses missions proposées, revenant chaque fois vers ton amoureux. Tu continuais d'espérer, pourtant. Ethan aura d'ailleurs été le cobaye de premier choix, malgré lui, malgré toi, pour subir tes petits moments d'anxiété causés par cette crainte de voir ce rêve se défaire sous tes doigts. Il parvient à tout surmonter, avec toi. Ton côté brusque, ta tête de mule, ta rancune facile comme tes cauchemars lorsque tu rentres de mission. Il accepte tes mauvais côtés comme les bons. C'est ton roc pour t'épauler dans ces quelques longues années d'attente, à endurer tes inquiétudes de "Et si le projet s'annule?", "Et si je ne suis pas assez douée?", "Et si ils font une erreur?" Chaque fois il t'aura réconforté en te serrant dans ses bras et te disant de te taire avec tes sottises, posant un baiser à ton front.

« I did it, I did it, I did it, I fucking did it! » C'est exclamé avec force alors que tu sautes dans les bras d'Ethan, encore la lettre en main et les larmes aux yeux. C'est un rêve qui se réalise. Tu as passé par toute la gamme d'émotions entre rêver de ce jour jusqu'à croire que tu n'y arriverais jamais. Même en sachant que ton commandement aura aidé à mettre ton portrait de l'avant, tu étais mitigée, incapable de savoir si ça se voulait suffisant en sachant qu'il y avait probablement bien d'autres avec plus d'expérience encore. Puis, après tout, tu es une femme dans un milieu où le même portrait, avec un sexe masculin, se voit souvent plus aisément choisi de par son sexe. Et pourtant, tu quittes dans un mois. Un mois à peine et tu as tant à faire. Et Ethan, il te fait une promesse. Comme si tu n'étais pas déjà assez chamboulée par cette nouvelle, il te fait la promesse de t'attendre et t'épouser, à ton retour. C'est une promesse faites tout bas, dans la douceur du moment, dans l'intimité de votre étreinte et de vos baisers, car il y en aura eu de nombreux ce soir-là.

• Janvier 2018 : Le début de la formation. Autant dire que ça te prend un temps d'adaptation afin de changer ce mode de vie que tu avais depuis quelques années. Ce côté où vous êtes certes groupés, mais si loin de tout le monde. Te voilà pourtant confiné avec une quantité énorme de gens, de tout type. Bien loin du rapprochement militaire que tu auras eu l'habitude. Ça te prend du temps et tu te concentres à fond sur les formations, sur ton organisation. Même qu'une fois dans tes quartiers, il n'est pas rare de te voir avec des bouquins en main afin de réviser les théories. Tu as pu élargir bon nombre de connaissance dans ton métier, mais tu ne connais pas tout et tu ne veux pas échouer. Tu ne veux pas gâcher ton rêve et retourner à la maison, qu'importe à quel point Ethan te manque. Tu communiques avec lui, d'ailleurs, chaque soir avant d'aller dormir. Tu te rends cependant peu à peu compte qu'il s'est pris de déni. Il a dit qu'il t'attendrait, qu'il te marierait à ton retour. Pourtant, tu le vois bien qu'il ne réalise pas ce qu'une différence de trente ans fera sur vos corps, lorsque l'un de vous deux aura été endormi pendant un long moment, sans vieillir. Il ne prend pas conscience que dans la réalité, c'est impossible. Pourtant, tu ne tentes pas de le contredire, pas réellement. Tu lui rappelles sans cesse ce qui se passera à bord du vaisseau comparé à la Terre, de lui faire voir que trente années, seul, c'est long, mais tu ne veux pas lui faire de mal et tu aimerais que lui aussi se voit plongé dans ce sommeil cryogénique afin que vous puissiez réellement vous rejoindre à la toute fin. Chose impossible, mais si seulement. Tu communiques avec tes parents, aussi, chaque soir. Ceux que tu n'as pas vu depuis quelques années déjà par vos vies respectives et la distance imposée par ta vie à Seattle et maintenant ce projet d'une vie. Ils te manquent, mais ils persistent à te dire qu'ils sont fiers de toi, de ne pas regarder vers l'arrière, d'aller vers l'avant et qu'ils viendront te voir avant que tu embarques sur le Voyager.

• Juin 2018 : Une journée de plus à bord de la formation pour le long voyage. Après une journée assez épuisante, te voilà à ce moment que tu attends parfois avec trop d'impatience. Tu retournes à tes quartiers, tu retires tes petites bottines et tu t'installes sur le lit afin de prendre tes messages sur ton téléphone. Tu en profites autant que tu peux, sachant que tu ne sauras plus communiquer avec eux d'ici quelques mois à peine et tu perdras sans doute une bonne partie de ton entourage par le temps passé. Sauf que rapidement, ton petit sourire de satisfaction habituel s'éteint rapidement pour laisser place à un regard qui s'humidifie de seconde en seconde.

« As-tu vu les dernières nouvelles? Je suis désolée pour toi. »
« Toutes mes condoléances ma chérie. »
« Est-ce que ça va aller? Je suis là, si besoin. »

« As-tu vu les dernières nouvelles par rapport à la fusillade? Appelle-moi quand tu peux. Je suis désolée pour toi. »

Ton coeur tombe alors que les messages défiles sur ton téléphone et que tu constates les divers appels manqués. Il y a quelques heures à peine, un tireur fou aura envahis les lieux d'une banque, là où travaillait Ethan. Ton petit ami, en bon héro ou bel idiot qu'il aura toujours été, aura tenté de sauver les autres en confrontant l'envahisseur. Il aura à peine eu le temps de faire quelques pas qu'il s'est écroulé dans sa tentative pour rejoindre les nombreux corps au sol. Une fusillade qui laisse un goût amer en bouche et un trou au ventre, au coeur. Tes doigts jouent distraitement contre la bague qu'il t'avait donnée, en quittant pour le centre de formation. Les larmes roulent sur tes joues, lentement, incapable de croire à ce que tu vois, à ce que tu lis. Des vidéos sont déjà diffusées des gens sur les lieux, posté par les quelques survivants. Tu l'entends lui imposer d'arrêter le massacre, tu le vois faire quelques pas, à peine, et se faire tirer. Aussitôt les cris, la panique, et le corps qui tombe, inerte, avant que la vidéo ne parte en tout les sens, sûrement en tentative de fuite, pour ensuite s'éteindre. Ton corps glisse lentement du lit afin de t'assoir au sol, pressant ton dos à ton lit et tu contactes tes parents. Tu pleures, tu leur demandes des détails, tu leur demandes une possibilité quelconque qu'il puisse ne pas être décédé et amené par les ambulanciers. Mais non, il est parti, loin, bien plus que toi. Autant admettre qu'il t'aura fallu quelques jours afin de te remettre sur pied, de te concentrer dans la formation. Au final, l'apprentissage, l'envie de mener ce projet à terme, aura été ta source de motivation pour passer par-dessus ton deuil. Plus tu étudiais, plus tu t'ancrais dans ta formation, moins tu parvenais à penser à Ethan. Fatalité obligatoire, te confrontant plus d'une fois à ton reflet afin de prendre conscience de la réalité: Tu allais perdre des gens, louper des moments importants, prendre du retard sur la vie et l'avenir de tout tes proches en quittant sur le Voyager. Mais c'est ton rêve, tu veux l'exaucer et tout ça, ça fais parti des conséquences de mettre à terme ce que tu souhaites réellement. Ça fais parti des sacrifices.

• Août 2018 : Un évènement dont tu ne t'attendais pas te prend réellement par surprise. Tu étais censée, tout comme à ta dernière mission en Iran, seconder quelqu'un à ton poste. Le spécialiste maintenance, pour être exacte. Tu te retrouvais donc indirectement comme une touche-à-tout, comme tu l'auras toujours été, afin de l'aider lorsqu'il se voyait absente. Pourtant, il vient te voir ce jour-là, Josef, alors que tu te reposais, avec les larmes aux yeux et le regard plein de bonheur au travers des traits tirés de l'âge qu'il porte sur son visage jusque dans sa crinière grisonnante. « Ma femme est enceinte. » Qu'il te dit, la voix étreinte par des sanglots de joie et que tu le félicites alors, le serrant dans tes bras. Sauf que ça complique tout, qu'il t'explique. Il ne veut plus quitter, il veut rester sur terre, avec sa femme et son futur gamin. Il veut pouvoir en profiter et être là à l'accouchement. Il ne peut pas partir, qu'il te dit.

Il est là, avec ses bagages, tandis que tu le salues une dernière fois. Des adieux touchants comme il était bien appréciés de tous. Il te serre une dernière fois dans ses bras alors que vous vous souhaitez mutuellement bonne chance dans vos projets et le voilà qu'il te parle tout bas, à l'oreille. « Tu feras de grandes choses, je le sais. » Touchée, tu le remercies, malgré un peu de confusion sous ses paroles. Pourtant, tu apprends rapidement ce qui en est puisque à peine est-il en train de quitter les lieux que l'on te convoque dans un bureau. Et il te regarde, avec ce fameux sourire en coin qui en dit long, alors qu'il traverse les portes du bâtiment. Ce que tu ne sais pas, c'est qu'il t'aura recommandé afin que tu assures son poste, à son départ. Tu auras déjà servi plus tôt avec lui, par le passé. Il t'a vue à l'oeuvre, il sait ta loyauté et ton caractère, tout comme ta maîtrise d'émotions face aux situations de crises. Une complicité sera née entre vous deux et ça aura été suffisant, semble-t-il, pour monter ton poste d'un cran.

• Fin Décembre 2018 : L'embarquement. La dernière étape. Tu t'es rendue si loin, tu es arrivée jusqu'ici. On a cru en toi quand tu ne le faisais pas, quand tu doutais de tes capacités, assez pour te former à celui-ci et ne pas te recaler, te faire quitter le projet à la dernière minute. Voilà le dernier jour passé sur Terre, à serrer tes parents dans tes bras et leur dire au revoir. Car qui sait s'ils seront là à ton retour? Tu délaisses la bague qu'Ethan t'aura donnée à ta mère, afin qu'elle la garde précieusement. Un souvenir de toi, tandis qu'eux t'auront partagé nombreuses photos à faire mettre dans ton Pad une fois sur le vaisseau. Des adieux touchants, comme ceux de tous et chacun. On vous prépare, vous désinfecte, on fait les derniers tests et voilà qu'on t'amène à ton caisson où tu t'y installes, avec cette nervosité au ventre, mais cette excitation au coeur. Tu fermes les yeux, te basant sur chacun des doux souvenirs apportés par la Terre, par les gens près de toi. Par le sourire d'Ethan désormais défunt, par la chaleur des étreintes et baisers de tes parents. Mais surtout, leurs paroles, murmurées tout bas alors qu'ils avaient du mal à te laisser partir.

« Nous sommes fiers de toi et de tout ce que tu accomplis, Alix. On t'aime, ne l'oublies jamais. »