Safe and sound

(#) Sujet: Safe and sound Sam 24 Aoû - 22:04

1.2	Safe and sound En toute sécurité

• Date : 24 septembre 2919
• Statut du RP : Privé
• Résumé : C'est l'heure de l'entraînement au tir de Tina, sous la tutelle du directeur de la Sécurité.
• Recensement :

Code:

• [b]24 septembre 2919 :[/b] [url=http://starship-voyager.forumactif.com/t415-safe-and-sound#6160]Safe and sound[/url] - [i]Leontina Tavares & Hassan Jaafar[/i]
C'est l'heure de l'entraînement au tir de Tina, sous la tutelle du directeur de la Sécurité.

(#) Sujet: Re: Safe and sound Sam 24 Aoû - 22:05

Des crampes. Des courbatures, plus précisément – fourbes et perfides, qui crispent les muscles de tes bras. Cela ne fait que quelques jours, pourtant, que ton entraînement spécial a commencé, sous la tutelle du directeur de la Sécurité, mais ton corps proteste contre ces gestes auxquels il n’est pas habitué. Deux entraînements privés, déjà – tu as été fort surprise que l’homme se soit souvenu de ta demande, et plus encore qu’il te demande d’être son sujet-test. Bon, après, sa logique est imparable : si son programme fonctionne sur une bonne à rien comme toi, il y a de grandes chances que ça donne de superbes résultats sur le reste de l’équipage ! Alors tu y mets tout ton cœur, forçant tes muscles fatigués par ta journée de travail au Bright Venture à exécuter les mouvements inhabituels que tu leur demandes, prenant sur toi pour te montrer réceptive et efficace. Il est trop tôt pour juger de tes réels progrès, mais si le directeur Jaafar continue à te solliciter pendant tes heures de loisir, c’est bien que tu n’es pas un échec total !

Tu es sur place avec quelques minutes d’avance, et il est déjà là. À la porte du pas de tir improvisé – le pas de tir officiel, près de la passerelle, étant inaccessible, un autre de rechange a été installé tant bien que mal – tu t’annonces poliment par ton comlink, attendant patiemment qu’il vienne t’ouvrir ; car cet endroit-là aussi est réglementé.
À croire que vous ne pouvez vous voir que dans des lieux interdits ! Au temps d’avant, les tabloïds s’en seraient donné à cœur joie.
Aujourd’hui, tout le monde s’en fout.
Au moins un aspect positif de cette débâcle insensée…

(#) Sujet: Re: Safe and sound Sam 24 Aoû - 22:26

Ils ne sont pas tous encore morts, explosés par le simulateur transformé en bombe du pilote O’Reilly. Etonnant. Hassan n’aurait jamais parié. (Il garde un œil ouvert sur tout ce qui se trame de ce côté-là de la station. Et des autres, également. Mais la plupart des autres passagers bricoleurs, eux, n’ont pas demandé expressément un accès non-restreint aux archives de Voyager. ) Ils ne sont pas, non plus, encore morts à cause d’un machin volant dans l’espace, astéroïde ou autre foutu caillou volant – il n’était pas des plus attentifs, il faut l’avouer, à l’explication des potentielles menaces extérieures. Rien non plus au niveau des formes de vie extraterrestres encore confinées à la zone scellée : celles-ci savent apparemment se tenir plus que tranquille.

Par contre, un jour ou l’autre, ils risquent bien de douiller à cause de ce qu’il s’apprête à faire. Il s’est levé à «l’aube », l’aube de son groupe en tout cas, pour aller porter la caisse contenant les armes d’entraînement jusqu’au stand de tir improvisé dans les entrepôts – on fait avec ce que l’on a. Le directeur de la sécurité expérimente, dans le plus grand secret. Mais avec son propre accord, donc tout n’est pas totalement illégal, pas vrai ?

La caisse dans un coin, les lumières blafardes jetant sur l’environnement une lueur presque clinique, le chauve s’autorise un long soupir et un moment de calme. Il profite. Son comlink vibre. Une respiration de plus, que la quiétude envahisse son corps avant de donner l’ordre d’ouvrir la porte à la jeune dame. « Leontina. » salue-t-il. Un léger sourire, un signe de tête. Quand il le veut, le chef de la sécurité peut être sympathique avec les autres, il ne faut pas croire.

(#) Sujet: Re: Safe and sound Sam 24 Aoû - 22:46

La porte s’ouvre, et un visage familier apparaît, te scrutant attentivement comme pour s’assurer que tu n’es pas un alien déguisé venu l’étrangler. « Directeur Jaafar. » réponds-tu poliment à son salut – tu n’en es pas encore à l’appeler par son prénom, cet homme environné de l’aura d’autorité conférée par l’insigne doré épinglé sur sa combinaison. Il s’efface pour te laisser passer, et tu entres dans l’entrepôt remanié en pas de tir improvisé, avec ses cibles mobiles de fortune – RIP, affichettes en carton censées décorer le couloir d’accès du cinéma de Voyager ! Le directeur a les traits un peu tirés, et tu lui tends prudemment ce que tu as transporté avec toi depuis le Bright Venture : une travel mug remplie à ras bord d’un café encore chaud, pile celui qu’il prend quand tu le vois passer en route pour le travail au début de son cycle d’activité. Un sourire presque amical traverse brièvement ton visage – pas trop longtemps, tu ne tiens pas à te montrer familière avec ton instructeur ! On pourrait presque décrire ce trafic de café comme une tentative de corruption ; mais ce n’est qu’une manière de remercier l’homme pour le temps qu’il daigne t’accorder.

« J’ai fait les exercices de musculation que vous m’avez conseillés. » expliques-tu très sérieusement. La coach a bien eu l’air un peu étonnée de ce que tu lui as demandé, au gymnase, mais elle t’a montré comment faire travailler tes bras pour renforcer ta force, et tu t’y appliques avec une grande détermination.
Bon, pour l’instant, tes bras te font l’effet d’un sac de nœuds, mais tout ça finira forcément par porter ses fruits un jour. « Quel est le programme d’aujourd’hui ? »

(#) Sujet: Re: Safe and sound Sam 24 Aoû - 23:05

On ne dira pas qu’Hassan a dormi dans la salle de surveillance, encore une fois. Plus simple pour lui de garder un œil sur la sécurité et sur les portes closes de la zone inhabitée. On ne dira pas, non plus, que depuis un mois il n’a pas du bien voir son lit ou même sa cabine : il sait vaguement que celle qui occupe la cabine à ses côtés est réveillée, mais rien de plus. Il ne la connaît qu’uniquement par l’intermédiaire des caméras. Le café est acceptée avec un sourire en retour et un geste de tête. « C’est parfait, merci. » Un café noir, amer, brûlant – qui décape l’intérieur de la bouche, engourdit les papilles pour deux jours et permettra à Hassan d’avoir le coup de fouet dont il a forcément besoin.

La porte se referme sur eux et le stand de tir de fortune. Il ne faut pas oublier que tout ceci n’est qu’un test. Une bêta d’un entraînement qu’il pourrait proposer aux autres si cela fonctionnait bien avec l’enthousiaste Tina.
Pourrait.

« Bien. » Il n’en attendait pas moins d’elle. Elle est plutôt motivée, même si moyennement douée. Le libanais avale une longue gorgée de café, sa gorge hurle, son corps prend feu de l’intérieur à la brûlure du liquide qui le traverse. En d’autres termes, un café plus que parfait. « Aujourd’hui, juste un peu de tir. » Il combat à chacune de leurs séances et de leurs discussions son instinct qui lui hurle que filer un flingue à une civile ouvre la porte à la guerre interne. Il pose devant elle une boîte de cartouches orange en mousse fluorescente, avant de pêcher le petit pistolet en plastique qui va avec. «On débute avec ça. »

(#) Sujet: Re: Safe and sound Sam 24 Aoû - 23:30

Il a l’air tout chiffonné de l’homme qui n’a pas nécessairement dormi à son aise, et tu le soupçonnes de n’avoir pas passé son cycle de repos dans son lit. Tu as entendu quelques rumeurs, au comptoir du Bright Venture, dans la bouche de personnel militaire qui auraient aperçu leur directeur émerger de la salle de surveillance à des heures où il est censé dormir. Visiblement, il prend son rôle très à cœur, et tu te promets de tâcher de trouver un moyen de rendre son activité plus confortable. Peut-être en soudoyant la miss décoration du bord, là, l’Autrichienne avec un nom étrange que tu peines à prononcer, la spécialiste Aménagement ? Elle sait peut-être où tu pourrais trouver un fauteuil douillet – ou mieux, un canapé inutilisé – à installer dans le QG de la sécurité.

Quoique, peut-être pas.
Il te tend un pistolet en plastique.
Et des balles en mousse.
Finalement, il peut tout à fait continuer ses siestes qui lui tatouent le clavier sur la joue – tu saisis l’arme en haussant un sourcil sceptique, observant d’un air dubitatif le mécanisme de chargement. Si ces trucs spongieux couinent en touchant la cible, tu ne répondras plus de rien. Sans te permettre de commentaire, tu suis attentivement ses consignes, chargeant les cartouches orange avant de viser avec ce qui ressemble définitivement beaucoup trop à un jouet pour que tu arrives à le prendre au sérieux.

« Il faudra que je teste mes compétences dans une partie de paint-ball géante – ce sera l’occasion d’évaluer un peu tous les civils, non ? » demandes-tu très sérieusement. Quitte à manier des jouets, autant le faire en s’amusant, n'est-ce pas ?

(#) Sujet: Re: Safe and sound Dim 25 Aoû - 0:01

Peut-être qu’il aurait pu faire l’effort de lui filer la version plus moderne, celle qui ressemble actuellement à une véritable arme – et non la version employée par les développeurs et autres membres des équipes qui préfèrent faire fonctionner leur cerveau en se tirant dessus et en s’insultant légèrement. On a les stimulations que l’on a. Il aurait pu. Mais il n’en avait pas sous la main, et il s’est dit que de s’amuser pourrait lui permettre de comprendre la chose plus efficacement. Juste la tenue, la compréhension même de l’arme. Avant de lui expliquer le recul, le stress, les balles qui volent, il veut au moins qu’elle comprenne.

Visiblement, cependant, elle n’en a pas grand-chose à foutre. Elle prend la chose pour ce qu’elle est originellement : un jouet. Un frisson parcourt Hassan à l’idée d’un paint-ball géant dans les couloirs. Il y a eu un laser game, ça suffit. S’il apprécie l’exercice, il ne veut pas voir les civils avec ses armes y prendre part. « Nous verrons. » Synonyme de non. Il n’est pas extrêmement chaud. « Je t’avoue ne pas être pour. Pas pour l’heure. » Il s’approche de Tina, pose son café à proximité et doucement corrige le placement de sa main. Il est presque délicat. (Presque. )

« Là. Ton doigt sur la gachette doit être affirmé mais sans que tu ne le bloques. Il ne faudrait pas qu’il ripe. Essaye au moins de viser devant toi. »
Le libanais pousse un soupir. « ne prends pas la chose à la légère. C’est un entraînement. Ce n’est qu’un jouet. Il n’a pas la légèreté ou la tête d’une vraie arme, mais je vais pas te foutre un vrai de suite. »
Son langage naturel reprend lentement le dessus : elle n’aura qu’à slalomer entre les jurons pour le comprendre.

(#) Sujet: Re: Safe and sound Dim 8 Sep - 1:02

Il refuse – et tu t’y attendais, Tina. Ce n’est pas une surprise, et une moue boudeuse anime brièvement tes traits. Tu n’es pas particulièrement adepte des courses débraillées en équipe, mais une partie de paint-ball t’aurait permis d’évacuer un peu de la tension nerveuse colossale que tu traînes sur tes épaules depuis ta sortie de cryosommeil. Tu as bien envisagé de te mettre à la boxe, pour cogner sur quelque chose de concret – mais le seul coach sportif que vous avez, c’est une joueuse de tennis, et tu es à peu près sûre que les règles d’utilisation de la raquette ne préconisent pas d’en faire un instrument contondant. Le tir est une possibilité intéressante ; mais ces cartouches en mousse, sérieusement… Allons, contre mauvaise fortune bon cœur : émettant entre tes dents serrées un juron bien senti dans ton portugais natal, tu te concentres sur les instructions de Hassan. Si tu te montres à la hauteur, peut-être qu’un jour…

Il corrige le placement de ta main, avec ses gestes précis de militaire, sans douceur, mais sans brusquerie non plus – il ne te traite pas comme un bibelot fragile, au moins, et rien que ça, c’est beaucoup. Tu clignes des yeux un instant à ses remontrances (force t’est d’admettre qu’il a raison). Tu te mords la lèvre pour ravaler ta contrariété, profitant de quelques secondes de silence pour chercher tes mots. « Je veux apprendre. Pour de vrai. Si tu me dis que j’ai un jouet pour enfant parce que tu ne me penses pas capable d’en avoir un vrai, un jour, je pars maintenant. Je ne suis pas une enfant, et les femmes aussi peuvent tirer pour se défendre. Si tu me dis que j’ai cette arme en plastique parce que c’est la première étape, je te crois et j’obéis. Je reste, si tu te moques pas de moi, si tu m’apprends. » Tu as posé l’arme. Ta main tremble trop. Ta voix tremble un peu aussi, d’émotion contenue, avec toute la fougue de la Tina de quinze ans qui tape du pied dans la poussière, pour se faire entendre, parce qu’elle ne veut plus se taire. C’est un anglais fragmenté par l'émotion qui sort de tes lèvres, mais tu penses qu’il pourra comprendre. La prière au fond du regard que tu rives au sien est éloquente. « Ils pensent que je suis juste la fille qui chante. Qui sait que chanter. Un joli corps du Brésil qui sert le café. Je les entends, quand je travaille au Bright Venture. Je vois leurs yeux. Je suis elle, c’est vrai, je suis Tina la chanteuse ; mais je suis aussi… plus que ça. Leontina. La menina de Manaus, la gamine qui courait dans la poussière et qui s’est forgé son courage dans la misère. C’est cette fille-là qui pourra survivre. Alors, tu me dis, Hassan, et tu me dis maintenant : est-ce que tu m’apprends, vraiment ? »

TRADUCTION:

(#) Sujet: Re: Safe and sound Dim 8 Sep - 12:01

Peut-être que, tout de même, il aurait dû lui expliquer plus en détails les raisons de ses choix. La pensée traverse l’esprit du Libanais en la voyant si simplement se renfermer, lorsque la contrariété se met à habiller son visage. Il réalise qu’il a fait une connerie. Jusque là, elle a obéi – et c’est ce qu’il attendait d’elle. Qu’elle laisse à l’homme expérimenté le soin de mener son entraînement sans questionner. Il le sait, il en est conscient, ses choix sont réfléchis. Il ne lui a pas filé n’importe quoi juste pour l’occuper comme on occuperait une gamine !
Elle tremble de plus en plus lorsque les mots passent ses lèvres.
Hassan a foiré en beauté. Il n’est pas homme de longues phrases et d’explications fournies – il va à l’obligatoire en sacrifiant quelquefois l’essentiel de ses discours. C’est bien là tout ce qu’elle lui reproche.
Un mot s’apprête à passer ses lèvres mais il se ravise : elle a besoin de parler, son apprentie. Des doutes sur ce qu’il ne lui apprend pas, du possible ridicule de la situation. L’arme est déposée par ses mains tremblantes, Hassan n’a pas bougé. Le directeur reste stoïque : la compassion et l’intérêt peuvent bien briller dans son regard, ce n’est pas toujours aisé de déceler chez lui une forme d’émotion quand il se retient ainsi.

Le silence s’étire entre eux. Leurs regards s’affrontent : elle est blessée, elle a peur, elle veut exister, c’est cette foutue lueur de la vie qu’il voit dans ses yeux. (Il l’a vue si souvent dans le regard de ses pairs depuis qu’il est gamin. )
« Je ne me suis jamais moqué de toi. » Curieusement douce et posée, sa voix. Hassan est plein de défauts : impatient, trop prudent, trop autoritaire avec bien des gens, mais il n’est certainement pas moqueur. Il a des principes et des valeurs. Un peu trop. « Je t’apprends, Tina, et avec plaisir. »
Il baisse le regard sur l’arme, la prend en main. Le poids le déstabilise à peine – la sensation est bien trop différente, même si les pistolets à munitions de caoutchouc et de mousse ont le mérite de ne pas être aussi légers que les armes à eau. « Mais tu n’es pas une militaire. Tu n’en auras pas l’entraînement, je te l’ai dit. J’comble, j’fais comme je peux. Je veux pas te filer une arme réelle et voir comment tu t’en sers au risque de te blesser ou de blesser les autres : t’as pas grandi avec une carabine à plomb dans les mains, t’as pas piqué avec le flingue caché sous l’oreiller de tes parents pour te défendre. » T’as pas à cinq ans pointé cette arme sur le militaire venu te sauver des cons qui voulaient vous faire péter et vous tenaient dans une terreur sans nom. Oh, le visage de la petite, minuscule derrière l’arme qu’elle peinait à manœuvrer hante encore Hassan.
T’as pas ramassé le fusil tombé là de ton père un soir où les chrétiens ont décidé de venir épurer la zone où tu vivais, qu’on a frappé à ta porte déjà défoncée avec un son bien trop lourd pour être celui d’un allié.
Ca, le Libanais le tait.

« Ca a rien à voir avec ton sexe ou c’que je pense, reprend-t-il après avoir soupiré légèrement, chassé les souvenirs d’une terre morte. Tenir une arme n’est pas naturel. J’fais ce que je peux pour que ton corps et ton esprit l’apprennent. »
L’homme lui tend l’arme à nouveau. « Je te promets que tu pourras en tenir des vrais. Bientôt.
Mais je veux mettre toutes les chances de notre côté. Puis pour l’heure, je peux pas me permettre de nous faire gaspiller plus de munitions, même à blanc. La poudre n’est pas illimitée. Mais t’en auras en temps voulu, si tu me laisses être le juge. » Un sourire léger, presque effacé, presque invisible. « Tu me fais confiance ? »

(#) Sujet: Re: Safe and sound Mer 18 Sep - 22:27

Il t’en a fallu, des couilles, Tina, pour tenir tête au directeur de la Sécurité – il te fait un peu peur, cet homme toujours si sérieux, toujours si concentré, comme si l’univers allait cesser de tourner s’il s’arrêtait de réfléchir une seule seconde. Tu t’obstines pourtant – et même si tes mains tremblent, même si ta voix achoppe, même si tes yeux voudraient bien fuir les siens, tu convoques fermement les quelques bribes de ton courage pour t’en parer comme d’une armure, tapant très métaphoriquement du pied sur le sol de métal. Elle est là, la vérité vraie, la vérité toute nue placardée au fond de ton regard : tu veux exister. Tu veux être vivante, tu veux te battre jusqu’au bout, et tu n’admettras que la mort comme seule défaite : hors de question qu’on te relègue dans un placard. Tu veux servir, tu veux contribuer, tu veux avoir ta putain de place à toi, à part entière, sans magouille, sans réserve.
Et ceux qui ne sont pas d’accord peuvent bien glorieusement aller tous se faire foutre.

Et tu la sens frémir en toi, Tina, la toute petite étincelle qui s’obstine à mener son discret tapage pour être remarquée, cette rage de vivre aiguisée par la colère et la révolte que tu caches derrière ta façade de diva - tu es la diva, c’est incontestable, vaine et évaporée parce que ton parcours te le permet, mais tu es aussi la gosse qui cavalait pieds nus dans la poussière, et à laquelle ta tante a offert un couteau l’année de ses onze ans pour qu’elle puisse se défendre sur le chemin de l’école. Cela faisait des années que tu n’avais pas senti la hargne brûler dans tes veines – du temps de Sunrise, la célébrité te donnait des ailes suffisamment grandes pour que tu n’aies plus besoin d’elle. Mais maintenant, tout est différent ; c’est à l’instinct de survie que tu fonctionnes, et Hassan semble, étonnamment, se poser en allié dans ce combat.

Si tu avais dû parier sur la personne à bord qui saurait comprendre tes angoisses et t’aider à y pallier, au lieu de te surprotéger ou de te laisser pour compte, tu n’aurais certainement pas misé sur le Libanais. Encore une leçon bien méritée, Tina : ne juge jamais un livre à sa couverture. Tu devrais le savoir, pourtant – tu es bien placée pour le comprendre… Hochant gravement la tête, tu réfléchis sérieusement à la question – est-ce que tu lui fais confiance ? « Sim. Eu confio em você. », finis-tu par décider. Il ne parle sûrement pas portugais, mais la solennité de l’instant est suffisamment éloquente. Tu n’accordes pas facilement ta confiance, mais il l’a méritée. Le fantôme d’un sourire s’esquisse sur tes lèvres, tandis que tu ramasses l’arme, ta main encore un peu tremblante. « Tu as l’habitude de ça, non ? D’enseigner le tir ? » Il a l’air à l’aide dans cette posture d’entraîneur. Peut-être était-il instructeur, avant… ?

TRADUCTION:

(#) Sujet: Re: Safe and sound Mer 18 Sep - 23:22

L’instant semble s’éterniser. Ce moment où, dans l’air, flotte la possibilité que tout s’arrête. Est-ce que tu me fais confiance ? C’est un véritable tu, là. La langue anglaise ne lui permet pas d’exprimer complètement ce qu’il veut faire entendre : tu, toi, c’est déjà lui prouver intrinsèquement que de son côté il a confiance. C’est appuyer sur la proximité qu’il veut mettre entre eux, sur l’échange, la certitude qu’il ne fait pas simplement ça parce qu’elle lui a demandé et n’a pas voulu lâcher l’affaire. Ce tu, c’est lui promettre qu’ils feront quelque chose ensemble, quelque chose de fantastique. C’est déjà lui dire que même si elle n’a pas foi en lui, il a foi en elle.

Peut-être qu’à défaut de l’entendre dans les mots de cette langue qu’ils ont en commun, elle le comprendra dans la manière dont il l’a formulé, dans le faux détachement de sa voix qui cache l’espoir. Est-ce que tu me fais confiance ? La douceur de la question.

Et le poids des mots qu’il ne comprend pas résonne dans l’air en se heurtant à son sourire à elle. (La chose n’est vraie et totale que prononcée dans sa langue maternelle. ) Hassan se détend. Ils vont faire de grandes choses, si elle se donne le temps d’apprendre afin que la folie des armes ne vienne pas la saisir en plein coeur comme beaucoup d’autres avant elle.

L’instructeur improvisé ne répond pas tout de suite, le regard posé sur sa main tremblante autour de l’arme. « Reconcentre-toi. » souffle-t-il au vu des agitations de ses doigts. « Prends le temps qu’il faut, mais souffle. Tu es encore agitée. C’est pas bon. Tu perds ta prise. » Le Libanais se décale un peu, jauge du regard la pièce et la cible encore intacte, là-bas, au bout de l’entrepôt. « Pour te répondre… Pas vraiment, avoue-t-il avec un haussement d’épaules. J’ai de l’expérience, c’est tout. J’ai plus l’habitude d’ordonner que d’enseigner. »
Le masque de calme est de retour sur le visage du directeur de la sécurité à ces mots,. Regard profond, perdu, masque lisse qui empêche toute interprétation de cette expression impénétrable qui orne ses traits. Concentration sans faille. «Essaye quand tu te sens prête. » Un geste du menton vers la cible, sans vouloir la presser. Ils ont le temps.
Quand elle sera prête.

(#) Sujet: Re: Safe and sound Lun 23 Sep - 1:10

Et tu te concentres, Tina, très sérieusement focalisée sur les consignes d’Hassan, bien décidée à suivre les instructions qu’il te donne. Tu as bien compris que ta coopération et le soin que tu mettras à suivre les consignes énoncés vont déterminer le succès – et la durée – de ce cycle de formation spécial dont tu as le privilège de bénéficier. Tu t’imagines bien qu’on ne va pas te confier un fusil d’assaut demain matin ; mais faire les premiers pas sur le long chemin menant à la maîtrise de cette discipline, c’est déjà pas mal… Alors tu souffles profondément, focalisée sur ta respiration pour calmer un peu les battements encore désordonnés de ton cœur – et voilà que les tremblements de ta main s’apaisent quelque peu. Tu es en sécurité : la présence d’Hassan est rassurante, et tu t’en remets entièrement à son jugement. C’est un militaire expérimenté, et même s’il te dit ne pas avoir tant que ça l’habitude d’enseigner, il n’en reste pas moins environné d’une aura d’autorité à laquelle tu es particulièrement réceptive – cette aura acquise grâce à une compétence aiguisée au fil des années, et que tu respectes profondément.

Tu veux être digne de sa confiance, et honorer le temps qu’il te donne – il en a sûrement bien peu, au vu de ses responsabilités, et ce serait bien mal le remercier que de ne pas t’engager à fond dans cet entraînement !
Un jour, peut-être même te laissera-t-il manier une vraie arme.
Un jour.

(#) Sujet: Re: Safe and sound