Direction le fin fond de la station

Meghan était quelqu’un de très routinier ; elle avait déjà pris ses petites habitudes à bord. Planifier sa journée, son travail lui permettait de garder la tête froide et les pieds sur terre. Elle essayait d’ordonner sa vie afin de garder un certain contrôle et de ne pas sombrer dans la panique face à cette situation totalement désespérée. On ne pouvait manger comme on voulait, victime d’un rationnement strict. Beaucoup de ressources n’avaient pas survécu aux 900 ans de voyage et les stocks de nourriture étaient à refaire.

Elle avait un fort tempérament, elle le savait, elle avait besoin de canaliser ses émotions. La solution qu’elle avait trouvée était de faire du sport. Alors, dès qu’elle commençait sa journée avec son cycle de repos, elle se levait plus tôt : préparation, réfectoire et footing tranquillement dans l’Arboretum. De loin son lieu préféré à bord de Voyager comme beaucoup à bord certainement. La nature, les arbres, la vue sur l’espace rappelaient un peu la Terre. Meghan trouvait que c’était la partie “la plus humaine” du vaisseau. Il y avait là peu d’emprise des machines et de la technologie c’était appréciable pour une vie en permanence connectée.

C’était comme ça qu’elle commençait chacune de ses journées. Une fois, son footing terminé, elle rejoignit  Veronica pour une longue balade à travers toute l’Arche. Elles avaient pour mission de partir en exploration jusqu’aux entrepôts. Le lieu le plus reculé de la station. Certaines caméras ne fonctionnaient plus et même si Hécate avait assuré que tout était clean, il était important d’en avoir le cœur net, de voir le secteur de nos yeux humains afin de diagnostiquer les réparations à effectuer sur la route et voir la situation là-bas.  

Faire le point sur toutes les ressources allait être une tâche fastidieuse et longue, pour le moment le job de Meghan et Veronica était de s’assurer avec le soutien d’Hécate qu’il n’y avait aucun danger imminent. Hassan avait étudié toutes les images et rien d’anormal n’avait été détecté. Meghan avait quand même pris deux tasers et si elle partait avec Veronica aujourd’hui, ce n’était pas un hasard : cette dernière savait piloter des drones et ça serait bien utile.

Meghan était devenue un peu méfiante face à cette Arche qui se révélait bien plus hostile que ce qu’elle avait pu imaginer, alors… on n’était jamais trop prudent. « Prête ? » dit-elle à Veronica avec un sourire. Meghan savait qu’elle était quelqu’un de très froid. Alors,  elle essayait de faire attention, mais ce n’était pas toujours très évident.  

« Tenez ! J’ai pris ça, au cas-où. Voyez… »  Elle lui lança gentiment le taser. « Vous êtes bien chaussée j’espère, on a un peu de route à faire ! » Les entrepôts n’étaient accessibles qu’à pied puisque le tramway n’était plus opérationnel, il y avait donc une petite marche avant d’atteindre les soutes de Voyager.

« On croisera surement quelques opérateurs en chemin. » Meghan regarda la réaction de Veronica, en effet, on avait relevé plusieurs « agressions » de la part des opérateurs défectueux qui représentaient une réelle plaie à bord. Alors, Meghan voulait être sûre que Veronica n’avait aucun souci avec eux.  Les opérateurs continuaient à arpenter le secteur, piochant dans les diverses ressources des entrepôts pour alimenter les besoins de la station.

« En route ! »

Meghan était sportive, marcher jusqu’aux entrepôts ne la dérangeait pas, mais elle espérait que le tramway soit vite remis en fonctionnement pour faciliter les transactions avec les entrepôts. On ne pouvait pas y aller à pied tous les jours et revenir avec les ressources, ce n’était pas possible et pourtant c’était ce qu’il faudrait très certainement faire. On attendait le « OK » de Meghan et Veronica pour que des petites mains accompagnent les opérateurs et remettent les entrepôts en état. Un état des lieux devait être fait. Refaire le bilan des ressources présentes sur Voyager et surtout ceux qui a survécu à 900 ans de dérive dans l’espace.

Un autre sourire sur le visage de Meghan, à la fois un peu moqueur et gêné par rapport à Hassan. Hécate n’avait rien détecté jusqu’aux entrepôts, en théorie il n’y avait aucun danger, mais la spécialiste restait extrêmement méfiante c’est pourquoi elle s’était préparée en conséquence.  « Ca reste entre nous.  » petit clin d’œil et les voilà partit pour une longue marche à travers la station.  Meghan et Veronica ne se connaissaient pas encore, mais avec cette expédition, elles auraient l’occasion de faire connaissance. «Oui, probablement plus tard. Dans les zones totalement inexplorées, il serait peut-être préférable de lancer le drone en premier, qu’en pensez-vous ? »  Meghan resta silencieuse, elle prit quelques instants pour réfléchir à la question de Veronica. Elle ne voulait pas lui raconter n’importe quoi.

« Rien à signaler depuis plusieurs jours. Nous avons terminé de réhabiliter la salle de contrôle auxiliaire dans la zone scellée, le début de la zone est sécurisée et sans alien. Il faudrait réussir à aller plus loin pour gagner encore plus de terrain. C’est pour cela qu’en attendant de pouvoir, nous avons décidé d’aller explorer les entrepôts. C’est plus sûr ! » Cela devait faire un mois qu’il n’y avait rien eu sur les caméras. Cela en devenait presque stressant de savoir que potentiellement des ennemis sont à bords et qu’on ne peut pas faire grand-chose pour le moment pour les vaincre. Alena Rosenthal, spécialiste en communication extraterrestre n’avait pas pu tirer grand-chose des images filmées pendant l’expédition.  On ne savait pas grand-chose des extraterrestres et cela inquiétait un peu Meghan.

« J’ai entendu dire que vous construisez un simulateur de vol, ça se passe bien ?  »

C’est certain autant se servir du drone que Véronica ne l’ai pas emmenée pour rien. « Je comprends, moi de même !  J’aimerais que l’on reprenne le contrôle de la situation assez rapidement. » Les choses ne vont pas assez vite pour Meghan ! Elle comprend que la situation soit compliquée, délicate et inédite, mais il faut de toute urgence reprendre le contrôle de Voyager. On ne s’en sortira pas, sans ça. Elle craint le pire si on n’agit pas au plus vite.

Meghan est admirative des initiatives prises par chacun des passagers. Cela met du baume au cœur et prouve que la vie continue à bord de Voyager !  « J’assisterais à la présentation publique avec grand plaisir ! » La spécialiste hausse les sourcils lorsque Veronica évoque le pilote Cieran O’Reilly, ses paroles traduisent bien toute l’admiration qu’elle lui porte.  Le moment est presque mignon de l’entendre parler de son collègue et ami de cette manière. Dans un moment pareil, il faut rester soudé et du côté pilote, cela semble être totalement le cas ! C’est rassurant !

« Vous êtes bien entourée alors, c’est bon à savoir. Je connais très peu Cieran, si mes souvenirs sont exacts, nous nous sommes juste croisés lors de l’expédition sauvetage d’urgence en juin dernier. Et avec la directrice Vargas, tout se passe bien ? » Meghan n’a pas d’arrière-pensée en posant cette question, elle veut juste être agréable et faire la conversation. Elle sait et elle a eu l’occasion de voir qu’Alejandra a un très fort caractère, elle n’est pas directrice pour rien, elle sait ce qu’elle veut, elle sait mener ses troupes et peut parfois paraître assez stricte et sûre d’elle, d’où la question de Meghan.

« Mmh. Si ça ne tenait qu’à moi, vous semblez tellement motiver et passionner par la construction du simulateur de vol que je dirais oui, tout de suite !! Toutefois, vous devriez plutôt demander l’autorisation à Alexander Lee, le spécialiste robotique, je pense que c’est à lui de vous donner son autorisation ou non sur la question. Si jamais, ce dernier refuse : revenez me voir, on s’arrangera. » Petit clin d’œil pour Ronnie. « Mais… Vous êtes peut-être déjà allée lui demander ? » Cela ne ressemble pas trop à Meghan d’enfreindre le règlement, mais Véronica l’a touchée en parlant de Cieran et du simulateur. Elle sait que c’est signe d’espoir s’ils terminent sa construction, etc. donc si la spécialiste peut être utile d’une quelconque manière, c’est avec joie ! Elle a dans l’idée, si jamais Alexander Lee refuse la demande de Véronica, de faire disparaître un drone tout simplement, le perdre en  mission ou le déclarer égarer dans un coin.

Pas de preuve.
Pas de délit.

Pas de délit.
Pas de sanction.