Rencontre autour d'un "vert"

Cela va faire un mois et demi qu’elle est réveillée et tous les matins Mary ne cesse d’observer ses mains qui tremblent. Quand est ce que cela cessera ? Elle aimerait bien récupérer un peu d’aplomb pour affronter les nouvelles difficultés. Il est temps pour elle de se faire une place au sein de cet équipage aussi compliqué cela s’annonce. Mais elle est déterminée elle y arrivera tôt ou tard, elle n’a pas le choix après tout. Parallèlement, Mary a pris ses quartiers, remplit ses missions les unes après les autres et tente par tous les moyens de trouver quelque chose qui l’apaise.

En ce qui concerne l’alcool que certains tentent elle le sait ce n’est pas une solution en soit, elle le savait déjà sur Terre et disons que ce n’est pas sa tasse de thé dans un sens. Si elle veut garder un tant soit peu d’intelligence et ses quelques neurones autant avoir l’esprit clair. Elle continue de s’abreuver par d’autres liquides moins dangereux pour ses neurones.

Elle continue ce qu’elle a découvert sur Terre à écouter de la musique. Certes c’est bien mais à un moment – et ce malgré le fait que son MP3 ait une capacité de mémoire hors normes – elle en a simplement ras le bol. Peut-être est-ce sa curiosité naturelle qui la pousse à chercher autre chose ? La musique la pousse à être seule, à s’isoler du monde une solution loin d’être pérenne dans un vaisseau – à type de nouveau monde – où tout doit être reconstruit civilisation comme liens.

C’est pourquoi, Mary s’est essayée à la salle de sport. Cela lui a permis d’ailleurs de commencer à retrouver une taille svelte. Dormir 900 ans - même si son état était surveillé - n’a pas permis à ses muscles de s’entretenir.

Mais ce matin elle n’a pas envie de musique ou de sport. Elle s’étire sur sa banquette se retourne dans un sens dans l’autre avant de s’asseoir bien décidée à occuper son début de journée à une activité changeante qui pourrait lui varier son ordinaire. Sortant de son dortoir, la jeune étudiante se dirige d’un pas décidé vers l’Arboretum. Elle est passée quelques fois depuis son réveil devant cet espace sans oser vraiment y pénétrer. Elle n’a jamais eu la main verte sur Terre donc s’imaginer prendre soin des quelques plantes qui y sont cultivées, entretenues et créées comment dire… Elle va pour poursuivre son chemin mais l’envie se fait trop forte aussi elle pénètre dans ce lieu qui symbolise la Terre dans son ensemble.

Elle reste subjuguée par l’immensité, par les baies vitrées sur l’espace. Elle se rapproche de l’une d’elle avant de se retourner pour observer ce qu’il se passe autour d’elle. Il ne voit personne pour l’instant dans les serres dont elle ne voit réellement pas le bout. Ele hausse les épaules se disant qu’après tout qui ne tente rien n’a rien. Elle cherche du regard quelqu’un, une aide providentielle pour la guider parmi ces mètres de verdure.

Imprudente, elle se trouve un peu trop proche d’une plante et manque de la faire tomber quelque peu tremblottante. Ses réflexes lui permettent d’éviter la chute de cette dernière. En revanche, la seconde n’échappe pas à son sort et Mary rougit jusqu’aux oreilles au moment où le pots s’étale par terre jonchant le sol de terre et de verdure.

Elle a l’impression que tout le monde la regarde. Elle commence à faire marche arrière ayant envie de courir se réfugier dans sa chambre mais elle sent dans son dos une présence. Tout bien réfléchi ce n’est pas que la présence elle est même rentrée dans l’individu qu’elle a probablement percuté – bien entendu involontairement - en voulant fuir devant sa propre bêtise. Encore plus contrite Mary fait un pas en avant et se retourne osant à peine regarder le nouveau venu.

« Euh excusez-moi… pardon… je cherchais zut… » oh puis zut elle n’a qu’à jouer franc jeu une bonne fois pour toute. Pour une fois sois courageuse Mary, tu l’étais sur Terre, redeviens le tu en seras un peu plus adroite avec tes mains après tout tu étais douée sur Terre non ? « Mary » dit-elle en tendant la main à l’homme tentant un sourire un peu bancal « Je suis désolée pour… euh… la plante, je suis un peu comment dire maladroite et très mal à l’aise là techniquement à l’instant présent mais j’aimerais vous aider un peu » elle sent qu’elle devient écarlate « Je n’y connais pas grand-chose mais j’aimerais vraiment vous aider si vous le permettez ? »

Oui voilà c’est ainsi qu’elle reprendra confiance en enfonçant les portes ouvertes et ce malgré le fait que sa main reste pour l’instant inexorablement tendue dans le vide… un moment de honte est si vite passé !

Il y a plus d’un mois, depuis la recherche de volontaires pour prendre soin des serres et de l’Arboretum, et plusieurs passagers désoeuvrés se sont proposés afin de participer. La plupart des néophytes, autant que lui, qui n’entendent absolument rien aux plantes et encore moins au jardinage, mais tous ont de la bonne volonté. Dans la situation, c’est parfaitement suffisant pour Theodore. Une des serres médicinales a été la première à être remise à neuf, suivie de deux serres de fruits et légumes. Principalement des légumes racines, qui se conservent longtemps, à défaut d’être très palpitants. Cela dit, tout est mieux et meilleur que la bouillie protéinée du réfectoire, et il est prêt à manger des navets pour le reste de l’année, si c’est pour éviter de manger davantage ce gruau à rien du tout.

Deux mois, depuis son réveil, et Teddy n’a pas vraiment l’impression d’avoir vraiment dormi à nouveau, depuis. Il a été forcé de prendre du repos, au retour de la mission dans la zone scellée (pour sa main brûlée, si superficiellement, et pour son esprit tourmenté, bien plus), mais il n’a pas vraiment chômé. La fatigue commence à se voir, non seulement dans ses traits, mais dans sa patience proverbiale un peu au bout du rouleau.
Surtout quand il est question des plantes. Encore, et toujours, ces foutues plantes.
Le travail du jour est de vider une des anciennes serres, où quelques pousses seulement sont encore vivantes, afin de la remettre en état. Donc, déterrer les plants, les mettre en pot et ensuite les remettre en terre, dans un endroit plus approprié, le temps que le sol desséché soit arrosé, drainé et traité convenablement. L’Américain a bien hâte que du bétail soit sorti de cryo, afin qu’ils aient du fumier à étendre sur la terre (il n’est pas un spécialiste, mais ça, il sait) ; en attendant, c’est une affaire d’engrais et d’analyses quasi quotidiennes du sol et de son acidité. Un charme.

Et en parlant de bétail, le directeur est sur le chemin pour s’éclipser en direction de sa mare aux canards (oui, la sienne) afin de se retrouver en tête-à-tête avec sa passagère préférée (Daisy) et se détendre loin des damnées plantes, lorsqu’on lui fonce dedans. Une jeune femme (probablement plus vieille que lui), debout juste à côté d’un pot. Cassé. Tombé. La plante écrasée sous la terre cuite cassée et le terreau meuble. Et vu l’expression coupable de l’inconnue, sans parler de son visage rouge tomate… Il n’est pas bien difficile de deviner qui est la responsable. Le Noir serre les dents, en silence, inspirant longuement pour garder son calme. Il veut seulement aller voir son canard. « Euh excusez-moi… pardon… je cherchais zut… » A-t-elle vu le badge doré sur son torse ? A-t-elle reconnu sur son visage les cernes épuisés et les traits typiques d’un directeur qui n’a pas suffisamment de personnel pour abattre tout le travail qu’il a sur la planche (cf. Hassan Jaafar) ? « Mary. Une main tendue, qu’il regarde sans la prendre. Je suis désolée pour… euh… la plante, je suis un peu comment dire maladroite et très mal à l’aise là techniquement à l’instant présent mais j’aimerais vous aider un peu. Je n’y connais pas grand-chose mais j’aimerais vraiment vous aider si vous le permettez ? » Elle veut aider. Tout simplement. Il ne va quand même pas refuser, si ? Tout ça pour un accident ? Theodore prend sa main dans la sienne et la serre protocolairement, avec un sourire tout à fait emprunté sur le visage. « Directeur Campbell, je suis en charge de l’Arboretum. Ainsi, elle comprendra très rapidement qu’elle a embêté la mauvaise personne (et c’est bien mesquin, comme façon d’agir, mais il ne s’en soucie pas trop, à l’instant). Nous avons toujours besoin d’aide, c’est très apprécié, Mary. Que savez-vous faire, en termes de jardinage, ou d’entretien d’un potager ? Même la plus petite expérience peut faire la différence. » Il a débité son petit discours comme un robot (épuisé), le même qu’il répète à peu près à tout le monde qui vient proposer son aide. Avec un peu de chance, elle lui donnera une réponse simple et il pourra l’affecter à quelque part… et aller à sa mare.

Elle est honteuse d’avoir agi de la sorte encore plus lorsque sa maladresse cause la chute de cette plante. Si Mary pouvait se jeter dans un trou de souris pour s’échapper elle le ferait. Il lui semble bien que cet incident est passé inaperçu d’autant qu’elle ne voit pour ainsi dire personne dans les serres à l’heure actuelle mais c’est sans compter sur sa mauvaise étoile – oui bien mauvaise dans ce cas-là c’est cet astre qui lui porte la poisse jusqu’au bout – qui la fait percuter un inconnu. Elle se retourne balbutiant, bégayant surtout au moment où son regard accroche le badge doré sur le torse de l’homme noir qui lui fait face. C’est bien sa vaine décidément. Toutefois, qui d’autre que cet homme n’est pas le mieux placé pour la recruter dans ses serres ? Peut-être que finalement la bonne étoile l’a guidée dans sa maladresse ?

Elle ne peut réprimer un sourire étouffant un soupir de soulagement losqu’il daigne serrer sa main. Elle hoche la tête à son nom l’imprimant afin de ne pas l’oublier ce serait vraiment inconvenant de manquer de respect à un des Directeur. D’accord Mary calmes toi, restes toi-même ; s’il avait voulu te hurler dessus peut-être l’aurait-il déjà fait non ? Un regard rapide à gauche à droite, sur les côtés du responsable pour lui assurer qu’aucune échappatoire n’est possible lui confirme qu’elle doit décliner son identité à son tour après tout elle est polie et courtoise cela a toujours été son fort :

« Baker, Mary je suis étudiante astrophysicienne réveillée depuis à peine un mois et demi j’avoue que je m’acclimate à peine à ce vaisseau et à tout ce qu’il s’est passé » taisant volontairement le malaise qu’elle ressent depuis son éveil. Une sensation infime de se sentir inutile a « J’essaie de saisir la moindre occasion de me rendre utile à côté des missions que je dois moi-même remplir » Ainsi elle reste polie et ne se trahit pas.

En revanche, elle se justifie et n’aime pas ça. L’homme ne semble pas du tout suspicieux encore moins agressif. Elle cherche simplement à se convaincre elle-même de son utilité à bord de ce vaisseau à côté d’autres personnes bien plus qualifiées qu’elles. Initialement sur liste d’attente, elle a ensuite reçu ce courrier – comme un sorcier reçoit sa lettre d’admission pour Poudlard – et tout s’est accéléré. Tout est allé trop vite et maintenant elle se trouve ici, face à un Directeur, face au destin qu’elle se choisit.

Elle réfléchit un instant à son expérience sur Terre avec les végétaux et s’éloigne ce faisant du Directeur. Son regard se tourne vers d’autres plantes, un horizon vert, des étendues de variétés toutes plus différentes, enivrantes les unes que les autres qui n’attendent que de bons soins. Elle se remémore ses souvenirs quand elle allait chez ses grands parents en métropole britannique bien loin de la pollution parisienne.

« Les connaissances que j’ai remontent plus à mon enfance voire adolescence lorsque mes grands-parents m’accueillaient pendant les vacances. Ils tenaient une serre et je les aidais avec les jeunes pousses, je désherbais, je plantais, je surveillais leur croissance » elle se retourne vers une autre rangée semblant reconnaître quelques variétés terrestres « Celle-là on dirait de la chicorée non Monsieur le Directeur ? Je ne me trompe pas ? Ses fleurs sont bleues il y en avait beaucoup autour de la maison de campagne » elle s’éloigne un peu plus ne se souciant pas d’être suivie ou pas « Bien sûr à côté de ces plantations je devais désherber avec eux, des bambous, ils en étaient envahis je me rappelle d’une fois cela nous a pris plus d’un mois une vraie catastrophe » la faute à une mare située sur le terrain même de la maison des ses grands parents.

Mary se laisse aller contant son histoire sans même se soucier de ce que l’autre pense et se retourne posant sa main sur ses lèvres rougissant de nouveau

« Pardon Monsieur le Directeur je me suis laissée emportée par mes souvenirs ; disons qu’après en grandissant à la mort de mes grands parents je n’ai guère eu l’occasion d’expérimenter tout ce qu’ils m’ont appris et les plantes en pot que je tentais de faire vivre dans la pollution de la banlieue britannique ont fort souvent péri par manque de temps de ma part de m’en occuper… je regardais plus les étoiles que les signes avant coureurs de mort imminente ».

Se rapprochant dudit Directeur elle baissa le ton qui s’était un peu élevé en poursuivant

« J’espère sincèrement pouvoir vous aider dans cette étendue pour le moins immense… et oserais-je vous demander une visite je suis vraiment curieuse de voir tout ce que cet Arboretum recèle Monsieur le Directeur » les yeux pétillants elle n’a pas pu réprimer cette envie qui s’est emparée d’elle depuis qu’elle a osé franchir le seuil de cet espace.

Une étudiante en  astrophysique - une des ouailles de Mar, égarée dans son besoin de se rendre utile. Teddy est bien en mal de la condamner, lui qui a si cruellement besoin de volontaires ! Il aurait seulement préféré quelqu’un de plus attentif à son environnement, disons (mais il paraît qu’il ne doit pas faire la fine bouche). « Je comprends, le réveil est difficile pour tout le monde », glisse-t-il avec un sursaut d’empathie pour l’Anglaise, comprenant que bien trop la difficulté à s’acclimater à leur nouvelle vie.
Il regrette toutefois bien vite ce moment de sympathie, alors que la femme s’éloigne un peu de lui… et débute un monologue nostalgique à saveur d’enfance, sur fond de campagne bucolique, d’envolées lyriques et des Hauts de Hurlevent (suppose-t-il)(pour ce qu’il connaît de ce pays). Le directeur essaie même de l’interrompre, ou de répondre à sa question à propos des fleurs, mais plus elle s’éloigne, plus il se sent ridicule. Il n’a pas besoin que l’étudiante lui fasse la genèse de ses capacités de jardinière : il voulait uniquement savoir si elle avait quelques connaissances, ou si elle commençait avec rien du tout. Theodore ne sait pas que faire de ce flot de paroles qu’il n’a pas le temps d’endiguer - et si le bavardage de Mary pourrait lui rappeler Rhiannon, qui dans sa nervosité est toujours partante pour l’inonder d’informations pas toujours pertinentes, son humeur actuelle le rend beaucoup moins réceptif et clément que lors de sa rencontre avec la spécialiste I.A.

Puis, du bambou en Angleterre ?
Il n’y connaît pas grand chose, en plantes, ni en Royaume-Uni, mais il est plutôt certain que ce n’est pas le climat idéal.
Veut-il vraiment la laisser s’approcher de ses plantes ?

La goutte qui fait déborder le vase est sa tentative (vaine de complicité, en clôture de son monologue : J’espère sincèrement pouvoir vous aider dans cette étendue pour le moins immense… et oserais-je vous demander une visite je suis vraiment curieuse de voir tout ce que cet Arboretum recèle Monsieur le Directeur. » L’Américain est tellement surpris du toupet de Mary qu’il ne répond pas, d’abord, incapable de savoir quoi vraiment lui répondre. Abasourdi, même ! Quoiqu’il ne peut pas non plus reprocher sa franchise. « Je n’ai pas tout bien compris… l’accent, vous voyez, feint-il avec un air innocent, auquel il est difficile de prêter de mauvaises intentions, ou la sournoiserie réelle. Après tout, vous les connaissez, ces Américains tellement centrés sur leur propre pays qu’ils en oublient l’existence des autres et pensent que le Canada est un état ! Et vous savez, la majeure partie de l’Arboretum est ouverte au public. Les sections restreintes le sont pour d’excellentes raisons. » Son ton est devenu sévère, alors qu’il réagit à sa requête. Elle n’est pas directrice de quoi que ce soit de pertinent, ni spécialiste d’une branche potentiellement utile à ses besoins, et elle n’a aucun caneton mignon susceptible de l’attendrir : aucune bonne raison, donc, qu’elle ait accès aux aux serres médicinales, ni aux enclos. « Suivez-moi, je dois avoir quelque chose pour vous. Vite, l’éloigner de la serre. Il l’entraîne plus au fond de l’Arboretum, là où quelques bosquets décoratifs sont en attente d’être remis en terre, avec des fleurs saisonnières. Je crois que ça convient à ce que vous savez faire. Il faudra replanter les buissons, puis les fleurs, et les arroser ensuite. Pour la disposition… vous avez votre pad, que je vous transmette le plan ? » Plans de fortune conçus avec la spécialiste Hofer, qui est encore la personne avec le plus de sens artistique et d’arrangement des choses, mais ça ne concerne pas Mary.

Maintenant qu’elle se trouve dans l'Arboretum Mary ne peut plus faire demi tour. Après tout n’est ce pas ce qu’elle voulait faire rencontrer un des responsable et espérer obtenir ne serait-ce qu’une minime mission pour se sentir utile sur ce vaisseau qui les emporte vers dieu sait où ? D'ailleurs en parlant de ce dernier il semble avoir oublié ses ouailles qui divaguent dans un univers sans aucune limite. Alors qu’elle conte son histoire, son passé e jardinière pour le moins plus que débutante elle se met à tourner et retourner sa médaille accrochée autour de son cou seul souvenir de feu ses parents sur Terre.

Elle est catholique, la pratique elle l’a vite arrêtée à force de travailler. Aller se recueillir dans des lieux de culte elle se le permettait quand le doute l’assaillait malgré tout. Là bas on ne la jugeait pas. Elle était allée demander conseil juste avant d’envoyer son dossier pour ce projet, elle y était retournée quand on l’avait contactée pour lui dire qu’elle ferait partie des sélectionnés. Elle a un chapelet également dans sa chambre et formulent des prières fort probablement destinées au vide sidéral plutôt qu’à une personne malheureusement aux abonnés absents.

A la fois perdue dans ses propos et ses pensées elle s’arrête. Elle émet même une demande pour le moins audacieuse se disant qu’elle est certainement allée trop loin dans ses questions. Elle n’est qu’une personne lambda et comme toute personne sans rôle pour le moins important à bord du vaisseau elle n’est pas dans son droit de poser de telle question. Mary n’ose même pas regarder son interlocuteur. Elle s’attend presque qu’en guise de réponse il ne lui montre la sortie. Ce serait tout à son honneur après tout non ?

Quand il prend la parole à nouveau elle ne peut réprimer un sourire. L’homme est poli mais il n’est pas stupide cela se voit sur son visage. Sur celui de Mary l’on peut y lire le soulagement alors que le rouge s’empare de nouveau de ses joues jusqu’aux oreilles. Il lui fait une fleur de la guider et elle opine de la tête aux informations qu’il lui divulgue.

« Je me doute mais la peur de me perdre vous voyez ?  J’ai bien des fois perdu le chemin de ma chambre et je ne pense même pas avoir visité ne serait-ce 1/3 du vaisseau tout semble tellement irréel vous voyez ? » ce n’est vraiment pas la personne avec qui s’entretenir de cela elle le sait mais elle ne peut contenir ses confidences ; il lui inspire confiance sans savoir pourquoi. Peut-être regrettera-t-elle plus tard de tels propos mais quoi qu’il en soit elle s’est ouverte à quelqu’un.

« Je vous suis » des mots accompagnés du mouvement de la jeune étudiante qui est de plus en plus fébrile évitant à nouveau de justesse la chute d’une plante. Il avance un peu plus vite qu’elle et elle doit presser le pas pour ne pas le perdre. Prise dans son observation elle s’arrête juste à temps pour ne pas le percuter de plein fouet – de nouveau – et sort son Pad à sa demande. Elle sourit quand il lui explique le travail qu'il compte lui confier… oui ça elle sait faire et elle n’a déjà qu’une seule hâte commencer.

« Vous êtes réveillés depuis longtemps ? ». Elle est contrite à nouveau d’une telle audace elle se met à bredouiller de vagues excuses « Oubliez ma question cela ne me regarde pas… c’est très inconvenant de ma part d’agir ainsi ».

Il faut vraiment qu’elle s’occupe l’esprit pour calmer sa nervosité. Celle-ci lui joue bien trop de tour et sa maladresse risque de lui causer des torts à force. Cet homme semble ma foi fort sympathique mais ce ne sera peut être pas le cas d’autres personnes à bord.

La jeune femme (de son âge) est peut-être un peu boulette, mais elle semble de bonne foi. À son contraire, en ce moment, alors qu’il s’empresse de transférer le plan des jardins et aménagements paysagers de l’Arboretum à son Pad, sans vraiment attendre sa réponse. Il mène le chemin à travers les petits sentiers soigneusement aménagés, où les quelques volontaires sont en train de travailler.

« Vous êtes réveillés depuis longtemps ? Teddy regarde l’Anglaise par-dessus son épaule. Oubliez ma question cela ne me regarde pas… c’est très inconvenant de ma part d’agir ainsi. » Il ne répond d’abord pas, mais après quelques secondes, alors qu’ils arrivent devant le bosquet qu’il destine à Mary, il hausse la voix : « Ça va. Depuis début juin, un peu avant vous, je crois. » Réveillé par erreur par une Rhiannon qui tente encore depuis d’apprivoiser Hécate et de l’amadouer afin d’avoir le technicien initialement demandé… pour l’instant sans trop de succès. Puis, il pense qu’au final, la spécialiste IA n’est pas trop déçue de son éveil. Un petit sourire, un peu incertain, pour qui le connaît un peu.
Parfois, souvent, il se demande pourquoi lui et pas un autre. Que cette erreur d’éveil n’a pas nécessairement payée, alors qu’il fait un chef de département… actif, certainement, appliqué, consciencieux, mais pas du tout taillé pour cela.

Le moment passe, le doute balayé dans un sourire plus franc. « J’ai tellement de travail, depuis mon réveil que j’en oublie que ça ne fait que deux mois. Ça me semble irréel, moi aussi, parfois. Si ça peut l’aider. Alors, ces buissons. Prenez votre pad, je vous explique tout. »