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 L'aube d'une relative année

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Message(#) Sujet: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyVen 3 Jan - 20:18

1.4
 
L'aube d'une relative année
Nous sommes intemporels
• Date : 31 décembre 2919
• Statut du RP : Privé
• Résumé : De toute manière, à quoi ça sert de fêter la nouvelle année ? Hassan est fermement décidé à ignorer les célébrations, comme à son habitude. Arrive une Tina tout aussi fermement décidée à le tirer loin des ses écrans retrouvés. Histoire de célébrer. Histoire de se rappeler qu'ils sont toujours en vie et réveillés, que pour eux le temps passe et qu'il faut bien, de temps à autre, s'en rendre compte pour mieux l'apprécier.
• Recensement :
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• [b]31 décembre 2919 :[/b] [url=http://starship-voyager.forumactif.com/t590-l-aube-d-une-relative-annee]L'aube d'une relative année[/url] - [i]Leontina Tavares & Hassan Jaafar[/i]
De toute manière, à quoi ça sert de fêter la nouvelle année ? Hassan est fermement décidé à ignorer les célébrations, comme à son habitude. Arrive une Tina tout aussi fermement décidée à le tirer loin des ses écrans retrouvés. Histoire de célébrer. Histoire de se rappeler qu'ils sont toujours en vie et réveillés, que pour eux le temps passe et qu'il faut bien, de temps à autre, s'en rendre compte pour mieux l'apprécier.


Dernière édition par Hassan Jaafar le Ven 3 Jan - 20:21, édité 2 fois
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyVen 3 Jan - 20:21

Allongé à moitié sur ses consoles en évitant de presser les gros boutons rouges clignotant qui couperaient les accès à plus de la moitié des caméras de la zone des couloirs des officiers – pas les plus utiles, mais tout de même – Hassan nettoie méthodiquement sa station de surveillance. Ici c’est une petite rayure presque invisible qui balafre gracieusement la porte du bureau autrefois inoccupé de la directrice Palmer, un poste occupé pour le moment par la directrice temporaire Zhao. Là, c’est une énorme trace de doigt d’un pignouf qui a visiblement pointé quelque chose dans la zone des caissons tout en mangeant l’espèce d’infâme bouillie qu’est leur quotidien et qui s’est joyeusement essuyé la mimine sur l’écran d’une valeur inestimable. Que peut-il y avoir d’intéressant à pointer, de toute manière, dans la zone de réveil, mis à part les clampins qui de temps à autre se réveillent et fondent en larmes ou passent dix minutes à discuter avec de parfaits inconnus venus les chercher ?

Le Libanais n’est pas maniaque pour deux sous : il vit dans un constant foutoir entre son bureau et sa chambre où s’amoncellent dossiers non-traités et livres, outils et caméras désossées. Il n’a rien contre le désordre ou le manque de rangement, ce qui est, pour un homme si à cheval sur bien des choses, presque une mauvaise blague. Ce qu’il ne tolère pas en revanche, c’est la crasse. L’univers métallique, glacial, aseptisé du vaisseau lui fait du bien et instaure en lui instinctivement une idée de bien-être, de sûreté et de confiance. C’est un univers où la maladie n’a pas lieu d’être et où l’air ne charrie pas les pires saloperies. Un univers sain.
Enfin, jusqu’à ce qu’un con mette ses doigts sur les écrans. Le directeur de la sécurité finit par se mettre à genoux pour aller explorer sous le bureau, vérifier l’état des câblages grossiers autant que en retirer des papiers et tousser.
Et râler. Il râle depuis deux semaines, découvre tous les jours une nouvelle raison de gueuler.

« Pilotes de mes deux. Pas foutus de faire un job de remplacement correctement. ** Et puis on se barre quoi, quinze jours, on manque de crever et ils foutent un bordel pas possible, *râle le quadragénaire en frottant de plus belle, passant d’un écran à l’autre. C’est pas comme si on pouvait les réparer ou les changer quand on voulait ** ces saloperies... » *Et ça continue. A cause de son récent confinement dû à l’empoisonnement dont il a été victime, d’autres ont du prendre le relais quant à la surveillance. Force est de constater que la charge de Big Brother semble bien lourde à porter.
(Ou que les autres ne sont pas foutus de faire quelque chose de simple correctement. Oui, ça doit sans doute être ça pense le militaire. )

Les yeux du chauve dérivent vaguement sur les écrans lorsqu’il ressort, son uniforme sali ici et là. Dans un coin clignote l’heure du vaisseau – il se demande encore sur quoi elle est basée, à dire vrai. Comment est-il possible d’encore calculer quand les repères ont disparu. Dans quelques dizaines de minutes l’année touchera à sa fin. Ils s’embrasseront ici et là, se serreront dans les bras, se souhaiteront une bonne année et autres… Et Hassan, comme à son habitude, fixera ça de loin. Il est de service, il ne peut pas quitter son poste pour aller célébrer une révolution d’une planète qui n’existe plus. Même si la solitude pèse de plus en plus lourd depuis qu’il a repris contact avec le reste de l’Arche, le Libanais ne peut pas négliger ses devoirs simplement car il a besoin de voir des gens.
C’est stupide.

Une silhouette bien connue trottine dans les couloirs avoisinant la porte de la salle. Hassan hausse les épaules. La porte est ouverte à tous, du moment qu’il se trouve dans ce coin du vaisseau, des fois que l’on ait besoin de le voir. Il doute vaguement que la petite chanteuse au chômage technique passe pour le voir… Car il doute plus encore qu’elle vienne voir les pseudo-cellules ou le placard à balais. Enfin. Tout est possible avec elle.
La porte chuinte et grince en se rouvrant, vestige d’une attaque sournoise du Visseur Fou il y a peu, et le directeur de la sécurité laisse un vague son qui ressemble au prénom de la brune s’échapper tandis qu’il se refocalise sur une zone particulièrement sale. Les gens sont dégueulasses avec les affaires des autres pour que, même après deux semaines, les traces restent.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyDim 16 Fév - 16:10

Une nouvelle année. Peut-on vraiment parler en ces termes, sachant le temps passé dans les caissons de cryosommeil, à traverser l’espace dans une course infinie ? Tu es sceptique sur le sujet. Tu n’y as pas encore vraiment réfléchi, mais la question revient régulièrement sur les lèvres de l’assistance rassemblée au Bright Venture pour fêter le Nouvel An. Le bar est bondé, d’ailleurs. Non pas que tu aies de l’alcool digne de ce nom à leur servir… La dernière cuvée de cidre est plutôt potable, et c’est tout pour le moment. Il n’y a pas d’ivrognes avinés en train de semer le bazar, pas de disputes, pas de bagarres, tu ne devrais pas te sentir mal à l’aise, et pourtant… c’est l’ambiance festive qui te dérange, étrangement. Ils sont tous là, à sourire, à plaisanter – bon, sûrement en se forçant un peu, d’accord – et toi, tu voudrais juste t’asseoir seule dans un coin désert, et boire à la mémoire de tous ceux qui ont péri sur Terre.

Tu aimerais bien que tes camarades de Sunrise soient là. Un câlin d’Alejandro, une plaisanterie affreuse de Ma’afu… Juste un visage familier, un peu de chaleur humaine, quelqu’un qui connaît les noms de tes chers disparus et qui comprenne l’ampleur du vide dans ton cœur. Mais ils dorment tous, tes compagnons de naguère, bienheureux dans l’oubli procuré par leurs caissons de cryosommeil. Et toi tu es là, poupée sans âme derrière ton bar, à étirer mécaniquement les lèvres dans un sourire mécanique qui n’en finit pas. Reprends-toi, Tina, il y a quand même des raisons de célébrer : tu es encore vivante, au mépris de toutes les statistiques. Tu es encore vivante. Un visage réjoui se tourne vers toi – et c’est la goutte d’eau de trop. Ton sourire se crispe, montrant des dents serrées – haussant la voix, tu gueules un « J’prends ma pause ! », avant de verrouiller la réserve d’alcool avec ton comlink et d’accrocher ton tablier au crochet prévu à cet effet.

D’une main, tu attrapes une bouteille ; de l’autre, deux verres. Et tu t’en vas. Tu as une bonne heure devant toi, loin du brouhaha et des chansons improvisées de l’assemblée, et tu sais exactement où tu veux la passer : dans le calme, en bonne compagnie, sans avoir à prétendre que c’est le plus beau jour de ta vie. Tu avances de couloir en couloir, en direction de ton objectif ; et quand tu te présentes devant la porte du QG de sécurité, elle s’ouvre devant toi sans que tu n’aies besoin de déployer de trésors de conviction pour qu’on te laisse entrer. Bien. Le maître des lieux est sûrement là, du coup – et vraisemblablement pas d’une humeur trop massacrante, sans quoi il aurait verrouillé la porte, non ? Elle s’ouvre dans un grincement torturé qui te tire une grimace – ça, c’est le Visseur Fou, à tous les coups. Qui continue à terroriser la population en toute impunité, visiblement. Poussant un soupir fatigué, tu entres dans la pièce aux mille écrans, ignorant délibérément le grincement signalant que la porte s’est refermée derrière toi.

« Bonsoir, chef. » énonces-tu en réponse à son salut grommelé. Il se tourne vaguement vers toi, et tu hausses un sourcil devant les traces de poussière qui maculent sa combinaison. « C’est jour de ménage ? » demandes-tu avec le premier sourire sincère de la soirée au coin des lèvres. Il faut bien avouer qu’imaginer Hassan en soubrette, époussetant amoureusement ses écrans avec l’un de ces volumineux plumeaux froufrouteux, c’est… réjouissant. Pour te donner une contenance et éviter de le vexer avec une taquinerie innocente, tu lèves la bouteille que tu as trimballée jusqu’ici. « J’ai amené à boire. J’avais pas envie de trinquer avec les autres, et il est bientôt minuit. » Inclinant la tête sur le côté, tu ajoutes une précision. « C’est du jus de pomme. Pressé ce matin. Zéro fermentation, garanti 100% sans alcool. » En espérant que ça le déride un peu – ses râleries depuis la sortie de la quarantaine ont fait le tour du vaisseau, et la plupart de l’équipage l’évite soigneusement depuis 15 jours.

Pas toi.
Ton sens de la survie a toujours été plus que discutable, de toute manière !
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyVen 21 Fév - 21:47

Elle n’aurait pas par hasard des talents cachés de femme de ménage, la jeune chanteuse ? C’est raciste, ça, note rapidement l’esprit bougon du directeur – ne parle-t-elle pas portugais ou un truc qui y ressemble ? Le sexisme inhérent à cette réflexion par contre lui passe carrément par-dessus : il n’est pas connu pour s’arrêter à ça. Le Libanais n’est pas le premier en ce qui concerne l’histoire de l’égalité des genres : il a bien du mal à se dire qu’Alejandra ou la directrice Rivers sont à son niveau, qu’une femme est même au-dessus de lui au poste de gouverneure… Et que la seconde, encore endormie heureusement, est, là aussi, une représentante du beau sexe. La question de prime abord bien innocente dans l’esprit d’Hassan se pare après quelques secondes de tout ces sous-entendus qui le font profondément suer. Heureusement pour lui, il n’est pas homme à s’encombrer de ces conneries : quand sa prudence lui dicte qu’il va parler de travers, il sait se taire pour éviter les remarques.
Enfin, la plupart du temps. Pour peu que le sujet ne l’ait pas énervé. Et que la personne en face ne soit pas une tête de con.

L’homme s’époussette vaguement avec un grognement, presque un gémissement de dépit. Il a eu du mal a déplier entièrement sa carcasse de là-bas, sous la lourde console salie par les doigts gars d’un foutu pilote : les effets d’une quarantaine forcée et de la maladie qui l’a causée se font sentir toujours aussi violemment, quoi qu’il fasse. « C’est jour de réparation de conneries des pilotes, surtout, bougonne-t-il. Sont pas foutus de garder un truc propre. Faut bien que quelqu’un s’y colle. » Et vu que le département doit contenir au plus trois pégus, donc aucun n’est expert en maniement de balai… (Et qu’il n’est pas question qu’un foutu aspirateur robot vienne traîner dans sa salle, non plus. )

Son regard tombe sur la bouteille à ses mots. Il s’apprête à lui faire remarquer qu’il ne touche pas à l’alcool, qu’il n’y a jamais touché – on a les convictions que l’on a, mais lui a été élevé dans un foyer sec et jusqu’à la fin de sa vie compte bien vivre ainsi. Il trinque d’ordinaire au soda, quelquefois à l’eau pour la nouvelle année. « C’est… Oh. » Un bref sourire surpris éclaire son visage, l’attention est sincère et le touche grandement.

« Soit. Cinq mniutes pour trinquer, si tu veux. » Il n’est même pas vraiment sur sa période de travail – tout du moins ne lui semble-t-il pas. Il a fait bricoler son horaire pour qu’il cesse de lui sonner les périodes délimitées il y a de cela bien trois mois. Il vit dans le flou, le quadragénaire. Un flou constant de travail et de périodes de sommeil bien courtes, dont certaines passées dans la pièce attenante où un lit de fortune quelquefois l’accueille. (Quelquefois.) Il pourrait prendre plus que cinq minutes.
« C’est sympa d’y avoir pensé. Tiens, pose-toi, au moins. » D’un geste il lui désigne une des chaises inoccupées, une table où débordent quelques dossiers – pas les siens – et lui-même reconnaît que sur ce coup il pourrait mieux l’accueillir.

« Y avait beaucoup de monde, ce soir ? Ou que des têtes de – des gens peu intéressants ? » Parce qu’il le reconnaît, Hassan en ce moment n’est pas la meilleure compagnie. Même là, tandis qu’il reste près d’elle, ne peut-il s’empêcher de jeter des coups d’oeil en biais à ses écrans où danse la vie de Voyager.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyMar 17 Mar - 21:39

Les grommellements de Hassan ne sont guère surprenants – il n’a pas arrêté, pendant la quarantaine, de rouspéter sur tout et n’importe quoi. Principalement sur les pilotes intérimaires chargés d’assurer la surveillance. C’était divertissant, en fait, de le regarder râler avec une belle régularité, et ton propre confinement s’en est trouvé moins fatigant. Vous avez beaucoup parlé, pendant la quarantaine, par pad interposé : toi du Brésil, lui du Liban. Tu lui as avoué combien tu te sentais coupable de ressentir un tel soulagement, d’être redevenue anonyme – il t’a assurée de sa compréhension. Il a parlé de la guerre, à phrases couvertes, à mots voilés. Rien de précis, rien de vraiment concret, mais tu comprends mieux à présent les expériences – les épreuves – qui ont façonné cet homme. À chaque histoire son lot de tragédies. Tu n’en as que plus de respect pour lui, et une tolérance grandement accrue à ses ronchonnements perpétuels.

Tu es bien moins habituée à ses sourires, encore qu’il semble t’en réserver plus fréquemment qu’au reste de l’équipage – sûrement causés par tes efforts ridicules pour arriver à viser droit avec ton arme pour enfant. Là en tout cas, c’est un vrai sourire qu’il t’adresse, content apparemment que tu aies pensé à venir partager ton jus de pomme. Content au point de t’inviter à prendre place – il devait vraiment s’ennuyer ! C’est d’un œil sceptique que tu considère l’amoncellement de dossiers en équilibre périlleux sur la table qu’il te désigne. Cinq minutes, dans un taudis. Oui vraiment, il doit être très content de te voir, pour te proposer… ça. Tu plisses légèrement les lèvres, fronçant les sourcils, avant de reporter le regard vers lui. « Tu es vraiment sûr que je dois m’asseoir là ? Si je fais tomber tout ça, il te faudra des heures pour tout reclasser, et tu ne pourrais pas surveiller tes écrans en même temps. »

Ses écrans. C’est sûrement la grande passion du directeur Jaafar dans la vie : scruter sans ciller les affichages des caméras de sécurité, pendant des heures. Tu ne juges pas. Même si c’est un peu vexant d’arriver après des couloirs vides sur son échelle de priorités. Tu es vivante, toi, quand même : quand il parle, tu réponds ! Un soupir fatigué t’échappe. « Ils sont tous là à se féliciter et à applaudir, mais moi je ne suis pas sûre qu’on ait vraiment de quoi se réjouir. Le Bright Venture est plein, en tout cas. Je suis mieux loin de la foule, j’arrive pas à faire semblant d’avoir la tête à rire… L’alcool est mauvais, de toute façon. Je me suis dit que je serais sûrement mieux ici, à essayer de te tirer de ton placard… même si tu n’as que cinq minutes à m’accorder. » conclus-tu sur le ton de la plaisanterie, arquant délicatement un sourcil faussement vexé.

Tu poses prudemment ta bouteille et tes verres entre deux piles instables de dossiers entassés. « Tu devrais sortir de là, un peu. Faire un tour dans l’Arboretum, une heure ou deux… Essayer de dormir, aussi. Tu as vraiment l’air fatigué, chef, tu sais ? »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyMer 18 Mar - 17:09

C’est une bien triste vision que celle qu’offre Hassan, actuellement l’œil à moitié focalisé sur les caméras, et un encore plus désolant spectacle que le lieu dans lequel il accueille la jeune barmaid. Outre la saleté (quelquefois grossie et très sérieusement imaginée par le Libanais, maniaque quand il s’agit des autres), le fichu désordre confidentiel et dérangeant est sans doute ce qui frappe le plus dans l’environnement. Ce n’est pas véritablement un foutoir, non. Ce sont juste… Des piles. Ici, là, à des endroits improbables : sur une table ou une chaise, encore, les deux piles sont logiques. Mais qu’on explique sérieusement pourquoi les manuels d’utilisation sont empilés sous la caisse à outils et le pot de fleurs – vide, on n’a pas la moindre idée de ce qu’il fait là.

Il est conscient que ce n’est pas vraiment ainsi que l’on reçoit les gens, à plus forte raison quand lesdits gens viennent avec l’envie de célébrer la nouvelle année – relative, l’année, il n’y a plus de planète en rotation pour assurer qu’ils sont dans les temps. « Parce que tu crois que c’est moi qui vais les classer ? ** fait le quadragénaire en espérant à moitié qu’elle ne comprenne pas. Je disais, se reprend-il, que ça va aller, niveau classement. Mais t’as raison. »
Non, à la limite, elle peut s’asseoir par terre.
Son soupir ne passe pas inaperçu. Le directeur daigne lâcher ses moniteurs pendant une poignée de secondes pour l’écouter… Avant de s’y replonger – là, un opérateur vient de provoquer un mouvement en rentrant dans un mur. Rien de bien excitant.

« Hm, j’en aurais même dix, à tout casser, allez. » Le ton est sérieux, mais, occupé à revérifier les dizaines d’écrans, le Libanais passe totalement à côté de tout ce que le visage de Leontina pourrait exprimer – ça vaut peut-être mieux. « Pi c’est pas un placard, quand même. » Il n’a pas besoin qu’on le sorte du placard, merci bien, il n’y était pas pour commencer.
On ne peut pas dire que les mots de Tina ne le touchent pas. Juste que, addict à ces écrans qui le narguent et l’attirent – et s’il se passait quelque chose ? – il n’arrive pas à la regarder.

L’irrespect qu’il lui montre finit par le frapper et, ironiquement, ne fait que faire grandir sa honte et l’empêcher de se tourner vers elle. On est con ou on ne l’est pas, mais on ne l’est jamais à moitié. « J’ai bien assez dormi pendant la quarantaine, grommelle le chauve dans son inexistante barbe. Je dors quand je peux. » Et quand il le peut, alors le sommeil se refuse à lui.
Enfin Hassan daigne-t-il relâcher ses écrans et même leur tourner le dos ! Porter son attention sur Tina, qui lui parle, qui tente désespérément d’établir un contact qu’il refuse de manière inconsciente. Il se masse mes tempes d’une main, son regard voilé un court instant. « Tu sais que c’est un vrai bordel à gérer si je pars. Surtout en ce moment. On me croise dans les couloirs et t’es sûr que j’ai le droit à des réflexions comme quoi je fous rien pour la sécurité à bord. A force, ils me font chier. » Compliqués passagers.

Le Libanais jette un regard vers la porte, en pleine réflexion. « J’sais que techniquement j’pourrais laisser quelques heures, y a un gars supposé me remplacer si je lui envoie un message. » Comprendre : le pauvre type est relégué aux patrouilles parce qu’Hassan lui pique son poste et ne veut rien entendre quant à ses propres horaires. « Mais c’est… Tu sais bien. » Il hausse les épaules sans rien ajouter, dévie plutôt le sujet de la conversation. « Tu m’accompagnes si je sors un peu ? Même pas loin, juste… Le directeur désigne la pile de dossiers. Eviter que ça te tombe dessus et t’ensevelisse. On aurait du mal à l’expliquer. »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyDim 22 Mar - 2:36

C’est sûrement du français, ce qu’il te répond – tu comprends un mot sur dix, mais tu n’essaies pas d’en capter plus : si c’était important, il t’aurait parlé en anglais. Il traduit, quand même, et un sourire en coin étire tes lèvres. Il a l’air d’humeur pas si ronchonne que ça, finalement. Est-ce que la nouvelle année s’accompagne de bonnes résolutions ? Va-t-il tâcher de se mêler un peu plus à l’équipage ? Mentalement, tu te reproches ce persiflage. Tu n’es qu’à peine plus sociable que lui : la personne avec laquelle tu parles le plus, c’est Siya, parce qu’elle partage ton dortoir ; et la personne que tu vois le plus souvent… après le personnel médical, eh bien, c’est Hassan. Tu tires presque droit, à présent. Quasiment.

La surprise te tire de ces pensées. Dix minutes ? Tant que ça ? Cette soirée renferme tant de surprises, décidément. Tu bats nerveusement des cils, un peu perplexe, pendant une poignée de secondes, tandis qu’il reste le dos tourné. Tu as du mal à le cerner. Il semble réceptif à ta présence (enfin, il ne t’a pas chassée en baragouinant en arabe quelque obscure imprécation), mais… dans le même temps… il ne t’adresse que quelques mots bougons, et ne te regarde même pas. Tu t’es faite jolie, pourtant. Enfin, tu t’es recoiffée d’une main en traversant un sas. L’intention est là. Il s’en fiche peut-être, mais tu veux faire l’effort : tes tantes t’ont toujours appris que dans les situations compliquées, la bonne éducation est toujours le début d’une solution. Non que Hassan soit un problème, bien sûr ! Pas un problème problème, en tout cas. Peut-être l’objet d’une prudente réflexion. Soumise à interprétation.

Tina, tu te poses trop de questions.

Il finit par se tourner vers toi – alléluiah, tous les saints en soient loués – et tu ne peux que constater la fatigue suprême qui alourdit ses traits. Il a l’air épuisé. Ereinté, même, et tu sais bien que son souci est plus d’ordre psychologique que vraiment concret. Il se met trop de pression, tu le vois bien – mais qui es-tu, toi la petite barmaid inutile, pour te permettre d’avoir une opinion sur le sujet ? Il ne t’a pas demandé ton avis et prendrait sûrement mal tout conseil de suivi thérapeutique que tu pourrais lui donner, même si vraiment, la jolie Ruiling est tout à fait affable et compétente. Non, tu te contentes d’une simple observation. « Remarques ou pas, là tout de suite… y’a personne dans les couloirs, chef. Juste moi. » Et l’alien, bon. Tu ne l’as pas croisé en venant. Il fête sûrement la nouvelle année en trinquant avec le Visseur Fou. On s’en fiche.

Oui, tu sais. Tu sais bien. Qu’il a du mal à admettre le besoin d’être secondé. C’est pourtant pas compliqué d’envoyer un message à son remplaçant – qui fait peut-être le boulot à sa façon, mais qui est là pour le faire, en tout cas, et qui peut contacter son directeur en deux gestes en cas d’urgence. Il finit par se décider – ô miracle ! Il veut bien quitter son repaire. Mieux : il te demande de l’accompagner. C’est tout à fait anodin, comme invitation, mais tu es contente. Toi, tu n’es pas sur sa liste personnelle de nuisibles. Toi, il te tolère. Tu sers au moins à ça. Un grand sourire éclaire ton visage, exhibant joyeusement la blancheur de tes dents, et tu hoches la tête avec élégance. « Monsieur le directeur, c’est un honneur de vous accompagner ! », lui réponds-tu avec un clin d’œil pétillant d’amusement.

Tu te tournes vers la porte pour scanner ton comlink devant le lecteur. Rttt-tt-tt, fait le battant. Fronçant le sourcil, tu assènes un coup de pied bien senti à la paroi, avant de réitérer le scan – et cette fois, ta méthode fonctionne : le battant coulisse et tu sors de la pièce. Avant de pousser un cri de surprise étouffé, et de reculer de plusieurs pas, obligée de t’arrêter quand tu heurtes Hassan. « Santa mãe de Deus… ! » exhales-tu dans un couinement pathétique. Un opérateur lévite à hauteur de ta tête, dans un vrombissement discret. « Qu-qu’est-ce qu’il nous veut ? »

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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyDim 22 Mar - 17:21

Il est fatigué, Hassan. Un peu trop pour être entièrement honnête, beaucoup plus que ce qu’il voudrait même admettre. Il est fatigué au point que quelques heures loin des consoles, juste sans les regarder, sans avoir les yeux qui le brûlent, lui semblent être une bénédiction impossible à obtenir. Quelques minutes, tout au plus, durant lesquelles il va aller se perdre dans les couloirs déserts d’une station qu’il ne connaît qu’entre deux coupures de caméra. Il ne les a pas arpentées souvent, les allées de la bête de métal fendant l’espace – dérivant dans l’espace. Il n’a pas le temps d’y exister, pas le temps d’être hors de cette salle où ses fonctions l’assignent pour éviter que le navire spatial ne parte totalement en cacahuète, sans supervision. Mais peut-être a-t-il intériorisé, après tant d’années, qu’une population surveillée est une population protégée qu’il ne sait pas se résoudre à les laisser. Peut-être que c’est de vivre, jour après jour, lui-même sous l’oeil fixe d’une nation surveillance qu’il a appris que le manque de vie privée succédant à l’anarchie violente d’une guerre peut être la solution à l’indiscipline et l’insécurité. Qu’il faut une présence armée, bienveillante mais forte, pour que la population ne se sente pas libre de foutre en l’air des efforts de paix.

Il est crevé, exténué, brisé par les courbatures du manque de sommeil, explosé, déchiré par les rêves qu’il n’a pas fait. Peut-être est-ce pour un peu de calme loin des écrans grésillants que le directeur accepte la proposition de Tina. Pour sa compagnie autant que pour le repos factice.  Et il faut avouer qu’être avec elle pour quelques poignées de minutes ramène un peu de douceur dans la grisaille des journées du Libanais. Elle apporte de la vie : joyeuse ou dépitée, même triste, elle est un des rares contacts humains qu’il pourrait avoir. (Idris n’aurait jamais pu parier qu’Hassan, si proche des autres, si enclin à se faire des amis, se retrouverait ainsi. Vacherie. Cruelle ironie. )

« Casse pas ma porte, j’en ai besoin ! Laisse échapper Hassan en la rejoignant en deux enjambées alors que celle-ci s’ouvre.Tu vois, fallait juste un peu de.. »
Sa phrase est coupée par la collision minime de Tina avec lui. Il baisse les yeux sur elle, avant de regarder en face d’eux alors que la petite brune semble terrorisée par la machine devant sa tête. Hassan soupire. « Et allez, c’est quoi cette merde encore. » Il lève le bras, et tente de chasser l’opérateur comme on chasserait une grosse mouche énervante vrombissant autour de nous. « Allez, ouste ! Barre-toi, t’as rien à faire là, truc. » De la poésie que les mots et le vocabulaire d’Hassan.

Non-content d’être complètement sourd à ses demandes, l’opérateur semble décider de le prendre pour cible. La machine s’élève à hauteur de son visage – Hassan se demande s’il pourrait lui mettre un coup de tête, là, comme ça –, monte encore, juste au-dessus d’eux. Lorsque le directeur tente de l’attraper, il grimpe à la verticale hors de sa portée.
« D’accord. Bon. Il te fera rien, Tina, il est juste totalement con, explique le Libanais avec tout l’aplomb dont il est capable. On y va, il va traîner un peu ici et repartir. Viens. » Avec délicatesse, il la décale de lui et fait un pas vers la porte, puis deux, qui s’ouvre à nouveau.

Le machin au-dessus d’eux les suit, pile-poil entre eux. Ok, il ne va peut-être pas rester sagement. Dans un cliquetis et un grincement discret, une petite trappe s’ouvre sous l’opérateur, faisant descendre un minuscule bout de gui en plastique auquel un fil de nylon pend, avec un post-it attaché.
« … J’vais buter les mecs de la robotique. » murmure Hassan.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyDim 26 Avr - 1:30

Évidemment, il FALLAIT que ça arrive le jour où tu arrives enfin à convaincre Hassan de sortir de son cagibi personnel. LE jour où le très reclus directeur de la sécurité consent à abandonner ses idées de reconversion en ermite misanthrope pour aller prendre l’air synthétique dans le couloir d’à côté ! Et c’est pile aujourd’hui qu’un opérateur déglingué se met visiblement en tête de vous séquestrer dans 3 mètres carrés remplis d’écrans dont la moitié ne fonctionne que les jours pairs, quand l’alignement planétaire est perpendiculaire et que la température est inférieure à 18,4°. Pourquoi toi ? Qu’est-ce que tu as fait au bon dieu, par tous les saints du paradis ? Pour une fois ! UNE. FOIS ! L’avant-bras de Hassan entre dans ton champ de vision quand il tente de chasser l’envahissante machine comme on le ferait d’un moustique un peu trop collant. Sans vraiment de résultat. Est-ce que ça existe, d’ailleurs, un insecticide pour opérateurs ? Un… opératicide ? Il faudra que tu poses la question aux gens de la robotique. Si cette machine infernale ne te tue pas pour te disséminer dans tout le vaisseau en mille tous petits morceaux.

Tu esquisses un demi-pas dans la direction indiquée par Hassan, mais non : l’opérateur en a décidé autrement et lévite au-dessus de vos têtes dans un vrombissement discret. Sur le côté du châssis, il y a un mot écrit au marqueur sur le rebord métallique. Cupid. Tu fronces un sourcil vaguement perplexe. Cupidon ? La réponse à cette question muette t’est apportée par un grommellement fort peu sympathique de Hassan. Tu tournes la tête : il y a quelque chose au bout du petit treuil dont sont équipés tous les opérateurs. Ça ressemble à une branchette. En plastique. Et il y a un post-it. Tu te dévisses le cou deux secondes, pour arriver à déchiffrer dans une écriture un peu brouillonne « Happy New Year! Mandatory kisses under the mistletoe! * »

Tu clignes des yeux.
Une fois.
Deux fois.
Trois fois.

Tu parviens presque à entendre la bordée de jurons franco-arabes qui défile sûrement dans la tête de Hassan en cet instant précis. Elle ressemble comme deux gouttes d’eau à la litanie d’imprécations en portugais de la favela que tu égrènes dans la tienne. L’opérateur ? Lui, il s’en fout, de votre manque de coopération. Il attrape la branchette dans son bras articulé, descend à votre niveau, et l’agite fermement devant ton nez. Et si vous le lui arrachiez, ce bras, hein ? Il ne pourrait plus vous enquiquiner et irait vzz-vzzter ailleurs, pas vrai ? Et tant pis pour le service robotique qui a dû passer des heures à programmer la machine infernale et à la munir de tous les accessoires requis pour sa mauvaise blague. C’est quoi, l’idée ? Répandre la gêne et l’embarras parmi l’équipage pour célébrer la nouvelle année ? Filmer des moments privés pour faire chanter les concernés plus tard ? Tourner en ridicule des personnes d’ordinaires hermétiques à toute tentative de dérision ?

Et bien sûr, tu rougis. Intensément. Rien qu’à l’idée. Non que tu y sois radicalement opposée, bien sûr. À dire vrai tu t’es déjà demandé si… Non, enfin, pas vraiment. Juste comme ça. Par curiosité. De manière très théorique. Tes mains tremblent légèrement, et tu les cramponnes l’une à l’autre, devant toi. Là où Hassan ne les verra pas. Tu déglutis une fois. Deux fois. Ta gorge reste desséchée. « … Si on part en courant, on arrivera à le semer, tu crois… ? »


(*) : Bonne année ! Baisers sous le gui obligatoires !
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyJeu 30 Avr - 20:40

Il faudrait tous les crâmer, ces robots à la con. Un grand feu en plein réfectoire. Avec un peu de chance, l’alien se planque dans la carlingue de l’un d’entre eux et il n’y a rien de mieux pour l’en faire sortir. C’est avec ce genre de pensées qu’Hassan accueille le machin flottant. Une autre pensée, encore plus hargneuse, lui vient alors qu’un petit post-it déglingué et écrit avec les pieds – sans doute – pendouille sous le nez du Libanais. La graphie lui dit quelque chose – mais il connaît bizarrement, bizarrement, la graphie de bien des gens sur le Voyager. Ca n’aide pas à grand-chose. Il lui faut quelques  secondes pour comprendre ce qu’il se demande.

On a tenté de lui expliquer il y a bien longtemps pourquoi certains pensent être obligés de se galocher sous un bout de gui. Il faut dire que le Libanais n’a pas vraiment chercher à comprendre : pour lui, la chose a toujours été un peu stupide.
Elle doit l’être aussi pour l’ancienne chanteuse qui, mal à l’aise, semble extrêmement incertaine de la démarche à adopter. Pour être franc ? Lui aussi. Le malaise entre eux – tendu, palpable, c’est certain – vient sans aucun doute du fait que l’idée est incongrue ! Stupide !
Qu’il y a déjà pensé.
C’est encore plus stupide, en ce cas.

Faut-il vraiment le blâmer alors qu’il le fait lui-même ? Chaque jour dans cette station où il s’échine, où chacun oscille entre la dépression nerveuse, l’énervement explosif ou l’apathie profonde, chaque jour où il se nique les yeux à fixer des bouillies de pixels en espérant voir une ombre noire sortie de ses souvenirs autant que de ses cauchemars, chaque jour il s’en veut un peu plus. Elle est sans doute la seule qu’il respecte, parmi les civils à bord, la seule qu’il apprécie. Les autres… Il leur est au mieux indifférent, au pire vraiment froid. Tina est ce qu’il pourrait rapprocher le plus d’une amie, depuis le temps.

Peut-être la seule qui lui rappelle qu’au fond de lui, sous le stress, la culpabilité, le besoin de prouver son utilité, quelque part sous tout ça et plus profond encore il reste Hassan. Le gars qui se marre et aime à profiter des dernières minutes de la dernière année à se foutre des gens bourrés ; celui qui dans son appartement minuscule de Beyrouth organise des soirées à faire exploser les murs de papier mâché, juste pour sentir le monde vibrer et l’unité. Celui qui croit et a besoin de la présence des autres comme d’autres ont besoin d’air. La créature sociale que tous piétinent et que pour tous il a condamné à l’exil.
Avec elle, il se souvient un peu de ce que ça fait que d’être lui. Alors le quadragénaire culpabilise d’autant plus de quelquefois avoir les pensées qui s’égarent à son sujet.

Son regard se fait fuyant. « Nan, il nous suivrait. Ces saloperies sont coriaces, crois-moi, je bosse avec. C’est une carlingue d’opérateur de secours, là. Les machins de l’infirmerie. Je peux essayer un truc... » Pas sûr que ça marche. Le directeur de la sécurité lève son comlink à hauteur du capteur destiné à cet effet – et décoré d’un petit nœud rouge pour l’occasion. Le capteur, pas le comlink.
« Directeur Hassan Jaafar. Lancement procédure... » C’est laquelle déjà, celle d’arrêt momentané et de redémarrage du programme ?  Il a du la retenir, pour les autres machins, là. « Procédure scriptée 1005 version finale. »
« Accès insuffisants. »
« Déconne pas.* Niveau d’autorisation ? »
« Ingénieurs, gouverneure, et Koala. »
…. Koala… ?

Après un regard vaguement éberlué vers la petite chanteuse, un profond soupir exaspéré, Hassan redescend son poignet en grommelant. « Je vais les buter, je te promets que je vais... » Il murmure dans sa barbe inexistante. Ils pourraient fuir...
Sauf que le petit démon de ferraille leur barre la route. Vzvztant et en colère, un énorme taon mécanique en recherche désespérée d’amour. Il a une mission et il n’en démordra pas.
Avec un soupir il se tourne alors vers Leontina. (Et sa gorge se noue, et il a l’impression d’avoir quatorze ans.)

« Je peux ? »
il demande doucement, avec une hésitation aussi palpable que sont visibles les cernes sous ses yeux. Il en crève d’envie. Mais il sait mentir.
Mais il ne veut pas perdre la seule amitié qu’il a ici.
« Ou je peux le réduire en charpie avec une lampe, mais on risquerait de nous en vouloir grandement. Il rajoute avec précipitation : juste la joue, Tina. C’est vraiment pour qu’il se barre. »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyJeu 7 Mai - 23:15

Il faut bien reconnaître que tu n’es pas vraiment pas sûre de la marche à suivre. Tu la connais, hein, la sacro-sainte coutume du gui : tu as suffisamment tourné dans le monde entier pour savoir qu’il y en a fréquemment une variante locale en fonction des croyances du coin et de l’obédience des habitants. Bon, certes, tu n’aurais jamais imaginé que les opérateurs de Voyager pourraient eux aussi s’y plier, mais plus rien ne te surprend plus réellement, ces derniers temps. Et pourtant, tu n’es pas convaincue. Vraiment pas convaincue de la pertinence de la chose. Tu subodores des complications. Rien que la lourdeur de la tension entre Hassan et toi, là, immédiatement… Si le malaise épaissit encore, tu pourras le découper au couteau et le revendre au marché noir contre un paquet de clopes ou un flacon de vernis à ongles.
Le pire – le pire du pire, dans ce plan absurde – c’est que tu y avais déjà pensé, bien sûr. Cette idée-là, tu l’avais envisagée, quand tu as chopé une bouteille et deux verres pour aller le rejoindre dans son antre. Et avant ça. Mais force est bien de constater que tu n’as pas beaucoup d’amis à bord ; et là tout de suite, tu as l’affreuse crainte d’avoir confondu une amitié tout à fait classique avec quelque chose d’autre.

Tu es peut-être juste fatiguée de te sentir aussi seule. Oh, tu vois défiler tout l’équipage au Bright Venture, tu trouves Siya très amusante, Cieran te fait rire, Ruiling est tout à fait charmante quand elle ne cherche pas à diagnostiquer ta névrose, mais… tu ne leur as pas dévoilé ton âme. Ils connaissent la Tina de Sunrise, la diva tombée du haut de son piédestal, la chrétienne en crise existentielle. Ils connaissent la toi superficielle. La jolie façade dorée, le masque résilient que tu te forces à porter pour ne pas perdre pied. Tes failles et tes faiblesses,  la laideur de ton tempérament, la mesquinerie dans ton cœur, la jalousie qui te dévore les entrailles, tes médisances et tes préjugés, ton égoïsme et ta prétention – tout ça, Hassan l’a vu, lui. Vous en avez passé, des heures ensemble, tandis qu’il essayait à t’enseigner ce qu’il faut pour survivre ; et vous avez parlé, beaucoup, entre deux chargeurs vidés de leurs billes de plastique. La vérité vraie, c’est qu’il sait que tu es une bien vilaine petite personne – et que cela ne l’empêche pas de te sourire. Est-ce insensé de vouloir y lire autre chose qu’une simple amitié ?

Dans le monde d’avant, tu ne lui aurais accordé aucune attention. Un foule-poussière de militaire, un plébéien tout juste bon à servir de chair à canon. Un inculte indigne ne serait-ce que d’une seule seconde de ton temps précieux. Aujourd’hui, tu as un peu honte. Aujourd’hui, tu lui dois sûrement la vie, et plusieurs fois. Aujourd’hui, tu t’es surprise à t’évaluer à l’échelle de ses valeurs. À rechercher l’approbation muette dans son regard, plus que les compliments vides des autres. Tu as gagné son respect, malgré tes défauts peu avouables. Et tu voudrais pleurer, là, à l’idée que cet opérateur de malheur soit venu saccager le secret fragile qui commençait, peut-être, à s’enraciner dans la profondeur de vos silences. Tu voudrais crier que c’est trop tôt, que c’est trop bête, que c’est trop bancal – tu voudrais crier que c’est pas juste. Tu voudrais prier, supplier qu’on te laisse un peu plus de temps pour songer à la situation. Tu es si dépitée, Tina, que ces imbéciles de roboticiens soient venus brusquer tes rêveries !

Hassan finit par capituler devant la machine qui refuse d’entendre raison, et il se tourne vers toi, la défaite au fond des yeux. (Et tes joues rougissent de la honte suprême du rejet, et tu as de nouveau seize ans.) L’humiliation est profonde. Juste la joue, dit-il. Bien sûr – évidemment, Tina. Tu t’es fait des idées, et c’est juste la preuve qu’il te fallait pour trancher net le fil de tes illusions. Un instant, tu es tentée d’accepter – mais c’est foutu, de toute façon, votre amitié elle se casse déjà la figure, tu l’entendrais presque dégringoler dans l’abysse ! Que reste-t-il à sauver ?
Ton regard se durcit. « Non. » Il ne peut pas.
Tu l’as énoncé clairement, ce verdict, comme un couperet. La machine se met à vrombir plus fort, mais tu t’en fiches : ton regard est rivé à celui d’Hassan, et maintenant que ta décision est prise, tu n’en démordras pas. Puisque tout est brisé, autant en profiter quand même, et te construire un souvenir qui viendra nourrir ta mémoire, quand tu peineras à trouver le sommeil le soir, non ? Si tu dois affronter l'humiliation et n'être embrassée que par charité, autant que cela en vaille la peine. Levant un index catégorique, tu jettes un rapide coup d’œil à l’opérateur. « Toi, tu bouges pas. » assènes-tu d’un ton ne souffrant aucune discussion. Puis, pointant le doigt vers Hassan, tu cherches à nouveau ses yeux. « Et toi, embrasse-moi. Juste cette fois. Comme si – comme si tu le voulais vraiment. » conclus-tu, le menton levé, l’air bravache, le défi gravé dans la carrure de tes épaules.

Est-ce qu’il te refusera ça ?
Un seul petit souvenir, de rien du tout, à chérir et à conserver. Comme un cadeau précieux.
Tu ne peux qu’appeler sa pitié de tes vœux.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyVen 8 Mai - 19:50

Instantanément après sa question Hassan se met à regretter de simplement l’avoir posée. Ce n’est pas le genre de choses que l’on demande à une personne, c’est encore moins la chose que l’on demanderait à une amie, et son ‘c’est juste pour qu’il se barre’ ajoute au pathétique et au malaise de la situation. D’aucun en l’entendant, si des gens passaient la tête par la porte du bureau de surveillance, jugeraient son comportement digne d’un de ces hommes un peu lourd qui sans vergogne poussent leurs envies et leurs demandes envers les femmes. Il n’aurait pas du. C’est clair, c’est certain.
Et son non est un point final qui ne fait qu’assurer le Libanais que, sur ce coup, il a merdé.

Ce n’est pas étonnant à bien y repenser : s’il est sociable et charismatique – ou tout du moins l’était, sous d’autres horizons – il n’a jamais vraiment su comment transmettre tout ce qu’il ressentait. Hassan ne sait pas l’expression de l’âme, il ne sait que les faits. Il n’a jamais eu les mots, dans la langue de l’amour comme dans la langue du sable, les mots exacts pour exprimer les confusions et les sentiments mêlés, perturbés, si violents, qui peuplent le coeur d’un être juste heureux d’exister encore chaque jour.
Alors non, ce n’est pas étonnant qu’elle le prenne si mal, que la chose foire et en beauté. Il a juste à se dire que c’est rien, bouffer ses sentiments et oublier d’être humain. Tout va bien se passer.

« Désolé. »
L’excuse est à demi-murmurée en voyant les traits de la jeune femme, empreints d’un mélange indescriptible de douleur et d’abnégation. Il l’a froissée. Bien sûr qu’il l’a froissée ! Entre eux le non est tombé, mais c’est sa question qui auparavant a brisé quelque chose. Le regret et les remords prennent son coeur et le font serrer à le faire éclater. Sa gorge s’assèche et se serre.

Aussi est-il vaguement surpris, le directeur, quand Tina lui demande de coopérer. Quand leurs yeux se rencontrent pour quelques instants sans qu’il n’arrive à y discerner la moindre chose. Evidemment que je le veux. Les mots ne sortent pas. Mais ce que je voudrais savoir, c’est si toi, tu le veux. Il reste muet et détourne le regard vers le robot immobile au-dessus de lui, qui vrombit tel un immense taon en colère à la recherche d’un couple à terroriser.
« Tu es certaine que c’est ça que tu veux ? » l’interroge Hassan en se rapprochant d’elle avec délicatesse. Dis-lui, putain, Hassan ! La voix qui le houspille au fond de son esprit ressemble à la sienne. Sa main se pose sur son épaule, incertaine. Dis-lui.
Les doutes en lui deviennent bien trop rapidement des reproches.
Il y a ce foutu opérateur, au-dessus de leurs têtes. Rappel constant qu’ils ne sont pas libres de leurs choix, pas maintenant.
« Pas tant qu’il est là. Pas s’il est là. »

Il ne recule pas, se penche seulement, attrape un lourd classeur à portée de main et d’un geste adroit sans doute pratiqué sur d’autres indésirables de fer envoie la machine valdinguer contre la porte. Elle bippe, clignote et finit par s’éteindre en glissant au sol dans un fracas incroyable, rendant d’autant plus étrange le silence ronronnant qui lui succède. Il n’y a plus qu’eux dans la salle de surveillance, un grand abruti qui pose sur une table attenante son classeur et elle, celle qu’il fixe d’un regard incertain et inquiet, prudent, dis-lui Hassan, la barmaid qu’il a plus souvent engueulé par amitié que par réelle colère, par affection plus que pour les reproches, la seule personne sur ce foutu vaisseau qui le connaît et accepte un peu le bordel qu’il est et garde pour lui.
Dis-lui, Hassan.
Mais Hassan ne dit jamais les mots qu’il faudrait.

« Tina. » Son prénom résonne dans la pièce soudainement étouffante.
Il n’a jamais les mots qu’il faut. Pas qu’il en ai besoin pour l’heure.
Il se penche sur elle avant qu’elle ne dise la moindre chose, dépose un baiser sur ses lèvres avec toute la délicatesse du monde. Quelques longues secondes où il s’attarderait volontiers, une petite éternité contre sa bouche. (Et il le voulait tellement qu’il y reste plus qu’il ne l’espérait, savoure secrètement ce moment avant que l’amère réalité ne le rattrape et ne teinte le souvenir. )
Dis-lui, Hassan.
Le libanais finit par se reculer sans même oser la regarder. Foutue pour foutue, brisée, il ne veut pas voir les reliquats de leur amitié brûler dans les yeux de Tina. « Je suis désolé. »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyVen 8 Mai - 21:14

Et tu restes là, campée à mi-chemin entre le caprice de dépit et les larmes de l’humiliation, presque statufiée dans ta gêne, les joues empourprées par ton courage bravache aux accents criants du désespoir. Tu restes là et tu attends, quelques secondes qui semblent durer une année, tandis que l’affreux petit robot mesquin est artistiquement déboulonné avec une maîtrise dans laquelle tu crois déceler, peut-être, un soupçon de frustration. Liée à ta demande, ou plutôt à la situation ? Tu ne sais pas trop. Tu as opiné du chef, presque timidement, quand il t’a demandé si c’était ce que tu voulais vraiment. Deux fois déjà qu’il te pose la question, de savoir s’il peut, si tu veux – deux fois qu’il montre une prévenance pleine de délicatesse, complètement saugrenue dans ce contexte insensé, mais néanmoins fort admirable. Dans d’autres circonstances, tu applaudirais. Le silence est lourd de mots qu’il ne prononce pas, et tu te demandes ce qu’il n’ose pas te dire. Qu’il n’a qu’une envie, prendre le large et te laisser là à te vautrer dans ton malaise ? Qu’il le fait uniquement parce que tu l’as demandé, parce qu’il ne veut pas te vexer ? Que tu commences à être franchement lourde à supporter, avec tes demandes incessantes ? Sûrement un peu des trois. Il n’y a que ton prénom, toutefois, comme début d’explication, et cela ne te suffit pas. Tu n’as pas le temps de poser la question : ses lèvres sur les tiennes s’en viennent te couper la parole, et quelques secondes s’écoulent. Tu as l’impression d’être de verre, et que si tu ne bouges ne serait-ce qu’un cil, tu vas te briser en mille morceaux acérés. Sa main sur ton épaule semble être tout ce qui te maintient entière, et c’est un peu comme si tout l’univers retenait son souffle, dans une attente solennelle de ce qui pourrait naître soudain. La caresse est légère, sur tes lèvres : jamais pesante, jamais étouffante, juste offerte, comme une main tendue, attentive et respectueuse.

Mais tout s’arrête avant d’avoir réellement commencé, et tout ce qu’il trouve à te dire, ce sont des mots d’excuse. Sans même te regarder. Impossible, Tina, en cet instant, de mettre un nom précis sur ce qui te déchire le ventre. Il y a … il y a de la déception, oui. D’avoir eu, en lieu et place de ce que tu demandais, un simple échantillon. Il y a de la reconnaissance, aussi, d’avoir obtenu un petit geste d’attention. Il y a l’angoisse, d’avoir tout cassé, dans cette tension épaisse qui te fait vaguement tourner la tête tant elle se fait pesante, tant Hassan te paraît gêné. Il y a le regret. Parce que tu as aimé ses lèvres sur les tiennes, la douceur de sa main qui te soutenait sans te retenir, la prévenance dans ses gestes. Tu sais que tu aurais aimé plus que ça. Et tu as peur, terriblement peur, d’avoir abîmé cette part de lui qu’il garde bien cachée. Son regard te fuit, et tu ne peux pas savoir ce qui s’y cache ! Son regard t’échappe, et tu peux reprendre le masque. Tourner en dérision ce moment étrange que vous venez de partager, prétendre que ce n’était rien de plus qu’une blague un peu maladroite. Tu pourrais.

Tu es presque persuadée qu’il te laisserait faire.
Qu'il en serait peut-être même un peu soulagé.

Tu pourrais, mais il y a dans tes veines mille échos silencieux d’un cœur qui tambourine à tes oreilles. Il y a cru, juste quelques secondes, ce cœur qui refuse de lâcher prise : parce que c’est le moment d’y croire, et que, peut-être, tu as le droit de te cramponner à cette idée. Ta gorge est aussi desséchée que le Sahara au mitan de la journée, mais tu forces ta voix à la légèreté. Tu as l’impression d’être de verre, Tina ; mais c’est lui que tu pourrais briser d’un simple mot mal ajusté, cet homme qui vient de t'embrasser presque par pitié. « Alors… c’est comme ça qu’on embrasse les filles, au Liban ? » demandes-tu à mi-voix, une factice insouciance gravée dans ton intonation. « Parce que, tu vois, au Brésil… c’est pas comme ça qu’on fait. » précises-tu, opinant même du chef une fois, deux fois, pour souligner tes propos, dans ton anglais chantant d’un accent que tu choisis de ne pas réprimer. « Chez moi, quand on embrasse une fille, c’est pour allumer la chaleur du soleil dans son cœur, tu vois ? C’est pour oublier un peu que le monde est froid et qu’on meurt toujours seul. C’est pour faire hurler le sang dans tes veines, c’est pour que ton âme vibre, c’est pour te sentir exister… J’ai écrit des chansons sur ça, ‘aimer à en mourir’, mais c’est des bêtises, tout ça, l'amour ça fait vivre, ça… » Tu interromps ta phrase sur un tt-tt agacé, dans le silence pesant que tu tentes de meubler, un peu affolée, incapable de trouver les mots en anglais. Tu pourrais le dire en portugais, mais il ne comprendrait pas. Et ton regard ne parvient pas à accrocher le sien, et tu perds pied – il n’a pas parlé, encore, tu devines qu’il cherche la bonne contenance, comme toi tu peines à établir la tienne.

Il faut peut-être juste baisser les bras ? Il y a la défaite, dans la ligne de tes épaules, la posture de la capitulation, mais il reste le baroud d’honneur à mener. Qu’on ne dise pas que tu as rendu les armes sans lutter ! Sur ça aussi, un jour, tu pourrais écrire une chanson. « Tu te rappelles, ce que je t’ai dit, au début ? Quand tu as commencé à m’apprendre les armes. Que si tu n’y crois pas, il faut me le dire, et j’arrête. Mais que, si tu y crois, alors, j’écoute et j’obéis. Tu te rappelles ? Aujourd’hui, c’est pareil. Si tu ne veux pas… tu me le dis, et je m’en vais. » La légèreté achoppe, ta voix vacille un instant. La brûlure de tes yeux indique que ta colère pourrait bien entraîner ta peine le long de tes joues, si l’instant s’éternise. Bientôt, peut-être. Pas devant lui, en tout cas. Il te reste, après tout, encore un peu de dignité à sauver. Tu inspires lentement, pour calmer tes nerfs malmenés, et tu cherches ce regard qui t’évite, qui virevolte et te fuit – et tu l’accroches. Oh, la terreur du rejet ! L’angoisse d’être humiliée ! L’appréhension du chagrin qui pourrait frapper ! Tu n’es pas courageuse, Tina, et une part de toi voudrait juste s’enfuir et se cacher. Si seulement le cadavre fumant du démon robotique ne bloquait pas la porte… Il faut finir ton discours, cependant, et tu convoques tout ton pauvre courage pour prononcer la phrase dont tu redoutes les conséquences. « Mais si tu veux bien… Hassan. Si tu veux de moi, alors je reste – et tu me montres comment on embrasse au Liban, quand on y met son cœur ; parce que, moi, je veux y mettre le mien, vraiment. »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyVen 8 Mai - 22:01

La pensée tambourine dans son esprit et menace d’éclater sa tête, d’envoyer sa cervelle repeindre les murs et son sang tâcher le sol. Dis-lui, Hassan, putain. Dis-lui que tu rêves d’elle quand tu fermes enfin les yeux, que derrière tes paupières closes – en tout bien tout honneur – tu peux la voir danser et rire. Dis-lui qu’elle est la seule à connaître tes failles, qu’elle hante un peu trop tes pensées quand tu te laisses à dire que ce vaisseau est foutu et que tous sont incapables de survivre. Dis-lui qu’il y a une amitié profonde et sincère entre vous, que tu ne veux pas briser ça pour un foutu baiser, que tu ne veux rien briser… Mais le fait est là, Hassan, dis-lui. Dis-lui que si ton coeur s’emballe et si tu n’oses pas la regarder, que si tu étais moins inquiet de la briser tu l’aurais déjà embrassée, dis-lui bien que c’est uniquement à cause de la foutue importance qu’elle a à tes yeux. Mais dis-lui quelque chose, ne la laisse pas ainsi croire qu’elle n’est rien, que tu l’embrasses pour échapper à une menace désormais éteinte. Dis-lui n’importe quoi, arrête d’excuser ce qui n’a pas lieu d’être excusé. Et si tu la perds, au moins auras-tu avoué ce que tu as au fond du coeur. Mais ne reste pas planté là à attendre qu’elle fuit. C’est la solution de facilité, ce n’est pas ce que tu es. C’est la solution qui vous fera du mal, à tous les deux.
Dis-lui, Hassan.

Partiellement car il ne saurait pas démêler l’imbroglio improbable de ses pensées actuelles et qu’il ne saurait pas non plus mettre des mots sur le sentiment qui noue actuellement sa gorge. Partiellement parce que, maintenant qu’il s’est reculé, que son regard empli des centaines de remords qu’il n’osera jamais formuler – il est devenu subitement muet, l’angoisse de la perdre bouffe sa voix – elle recommence, elle, à parler. Le libanais n’a pas besoin de la regarder pour imaginer ses traits tordus par le dégoût et presque la moquerie – la déception, aussi, sûrement. Il n’ose pas se dire qu’elle ne regrette pas. Sa voix est inaltérée. Ils pourraient deviser de la nourriture infâme de la cafétéria ou de la dernière tenue en date de la seule couturière du vaisseau qu’elle emploierait le même ton. Le ton des banalités. Résolument silencieux, son coeur tout prêt au rejet qu’il est certain d’essuyer, Hassan semble figé dans l’instant.
Non, c’est pas comme ça qu’on fait au Liban. Il y a de la chaleur, il y a de la volonté, il y a le rappel qu’aujourd’hui on est en vie malgré la mort autour de nous, malgré le monde qui s’effondre et la poussière qui s’envole, les canons en fond, les corps qui s’amoncellent, on peut s’aimer. Malgré la menace qui pèse sur les épaules de tous, malgré les religions qui se font la guerre depuis quatorze cents ans, malgré tant de douleurs et une terre déchirée, on peut s’aimer. Même juste le temps d’un baiser.
Mais ça, Hassan ne peut pas le partager avec Tina. Oh, il voudrait hurler, bouger, réagir ! Il voudrait tout dire. Il voudrait craquer, se craqueler, redevenir celui qu’il a du abandonner dès que la pression sur ses épaules a voulu qu’il soit un chef et non un homme. Il voudrait qu’elle sache.
Alors dis-lui.

Son regard reste fermement ancré sur le mur. Son visage est impassible, sa mâchoire serrée, serrée à lui donner mal aux dents. Nerveusement son poing se contracte et il secoue la tête. Tout son être semble figé. « Je veux pas que tu t’en ailles. » Un aveu de sa voix grave où roulent les r de manière aride. C’est ténu, c’est un espoir, mais il vit pour le sentiment absurde qui naît dans son coeur.
(C’est l’espoir qui le fait, un peu, bouger. )

L’homme n’ose pas croiser son regard – pas encore. Il a dans ses gestes toute la précaution qu’il a toujours à son égard. Il dépose ses mains sur sa taille pour l’attirer vers lui et pour la seconde fois de la soirée Hassan embrasse Tina.
C’est différent, cette fois.
La retenue est toujours là, en arrière-plan, mais elle se perd et se cache derrière la tendresse et la douceur. Derrière l’envie qu’il ne retient plus, ou juste assez pour garder une dose de pudeur, de la sentir proche de lui et d’enfin pouvoir acter sur ce qu’il ressent.
Et Hassan embrasse Tina.
Son coeur s’emballe, ses pensées se vident.

Et quand enfin leurs lèvres se séparent, que son souffle hésitant, un peu court, court sur les lèvres de la jeune femme, il n’a pas envie de reculer.
« Ca te va mieux, comme ça, Tina ? »
Son ton est doux et calme. Comme apaisé. Combler le silence, ne pas replonger vers sa bouche. Il n’aura pas le droit à un autre. Il se doute, vaguement, que la chose sera unique. (Mais il aime à penser que non. Foutue pour foutue, l’amitié… )
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptySam 9 Mai - 0:22

Tu as fini par tomber à court de mots : à toi seule, tu ne peux plus combler le silence. Alors, tu attends, nouant nerveusement tes doigts les uns aux autres devant toi, crispant tes mains sous la tension qui noue tes nerfs. Cela te rappelle tant de mauvais souvenirs ! De la petite Leontina de 16 ans, et d’une série de crushs désastreux, toujours sur le garçon qu’il ne fallait pas, toujours sur des gars clairement pas faits pour toi. Des souvenirs de la Tina superstar aussi, courtisée tout autant pour son argent que pour sa renommée, par des hommes aux ambitions pas toujours très nobles. Des souvenirs de flamme et d’épée, de cris et de larmes, d’une euphorie toujours brève et d’un chagrin ensuite qui semblait sans fin. De mauvais souvenirs – quelques cicatrices, pour la Tina d’aujourd’hui, hésitante et timorée, peu hardie à l’idée de se brûler encore les ailes au feu d’une illusion éphémère. Mais c’est ça, la vie d’artiste – c’est s’enflammer pour rien, c’est vivre ses émotions à toute allure, c’est sauter dans le vide sans filet. C’est constamment se mettre en danger, c’est danser perpétuellement sur une corde affreusement raide. Tu l’aimes, le frisson du danger, malgré tout – ça te fait te sentir forte. En possession de tes moyens. Vivante.

Hassan présente un danger d’un genre bien particulier. Tu peux te remettre d’une réputation salie, d’une rumeur désobligeante, d’un concert peu flatteur, d’une photo compromettante ! Tout ça, c’est la loi du milieu, c’est dans les règles du jeu. Mais ce danger-là, c’est plus insidieux, c’est moins flagrant, et ce n’est clairement pas évident à juguler. C’est le risque d’être rejetée, évidemment – c’est aussi le risque d’être trahie. Manipulée, utilisée, trompée. Et si, naguère, tu pouvais t’en remettre – tu es bien trop fatiguée aujourd’hui pour t’en donner la peine. C’est un risque, Tina, de placer ta confiance en quiconque. Mais tu as l’intuition qu’Hassan est peut-être digne de cette confiance. Il l’a déjà prouvé. C’est juste un pas de plus – et s’il ne veut pas de toi, pas comme ça, peut-être pourrez-vous préserver tout de même votre amitié ? Peut-être tout n’est-il pas perdu. Tu te prépares au rejet, dans le silence qui s’éternise.

Il n’en est rien. Il n’en est rien, et la surprise le dispute au soulagement, juste un instant. Juste le temps qu’il pose les mains sur ta taille, et qu’il t’attire vers lui : ton esprit se vide, tes pensées se taisent, et c’est tout un ballet de sensations qui vient cette fois meubler le silence tandis que Hassan embrasse Tina. Pour de vrai, cette fois, et tout est différent. Il y a d’abord ton cœur qui tambourine, le sang qui cavale fiévreusement dans tes veines et qui résonne à tes tempes – tu as l’impression qu’il s’en est venu battre jusqu’au bout des doigts que tu as posés sur les épaules de Hassan. Il y a la chaleur ensuite – au centre de tes paumes, le long de tes bras, au creux de ton ventre, qui hurle à la vie et défie la froideur tragiquement monotone de ton existence. Il y a les mains sur tes hanches, discrètes mais présentes, qui étreignent sans emprisonner, et dans ce contact empli de délicatesse, tu te sens autant désirée que respectée – voulue, et appréciée. Acceptée. Et lorsque ses lèvres quittent les tiennes, il te faut une seconde pour que ton esprit remette en marche tes pensées engourdies. Tu voudrais danser. Tu voudrais rire. Tu te contentes d’un soupir délicat, remontant les mains pour incliner son visage, attirer son front contre le tien, les yeux clos pour mieux te concentrer sur ce que tu ressens. Un instant de paix. Tu savoures. Tu graves chaque détail dans ta mémoire, pour t’en rappeler toujours. Le naturel de ses bras autour de toi. La tendresse de ses lèvres sur les tiennes. L’honnêteté de son désir. La prévenance de ses gestes. Tout cela, tu le retiens soigneusement, pour t’en souvenir plus tard, pour chérir ce moment comme il se doit. Tu soupires à nouveau, d’un souffle ténu où le soulagement et le contentement se mêlent à la surprise et à un timide brin d’émerveillement. Tu peines un peu à croire à la réalité de ce qui vient de se passer.

« Oui, » chuchotes-tu en redressant la tête, relevant les yeux vers lui, « j’aime mieux comme ça. Comment tu dis, déjà ? ‘Tu vas t’améliorer avec la pratique.’ J’ai confiance en tes compétences. » ajoutes-tu, un éclair de taquinerie au fond des yeux, un sourire malicieux au coin des lèvres. Et tu es bien évidemment totalement prête à te sacrifier pour son entraînement, cela va sans dire. La clé du progrès, c’est la régularité, t’a-t-il répété à plusieurs reprises : il ne manquerait plus que tu fasses preuve de négligence à ce sujet. L’espièglerie se dissipe toutefois, et le sérieux reprend le dessus. Tes mains sont venues se poser sur son torse, et tu sens son cœur qui bat contre tes doigts, sous la combinaison. Il faut quand même que tu lui poses la question. « Qu’est-ce qu’on fait, maintenant, Hassan… ? » Est-ce que tu voudras encore de moi, demain ? Et le jour d’après ? Et ceux qui suivront ?
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptySam 9 Mai - 19:27

L’année se termine en beauté. Ou peut-être commence-t-elle ? Franchement, pour être entièrement honnête, Hassan n’en a pas la moindre idée. Il n’a jamais été particulièrement bon avec le temps, de toute manière. Encore moins désormais que tout est strictement relatif, que tout se rattache à la notion vague de minutes et d’heures – calquée sur une planète qui ne tourne même plus.

Il n’ose pas la regarder. Hassan n’ose pas jeter un œil à Tina. Même maintenant que le baiser est rompu, que l’intimité du moment se prolonge dans une douce chaleur diffuse qu’il réchauffe son être d’ordinaire si glacé, il n’ose pas la regarder. Son regard reste clos aussi longtemps qu’il le peut : il savoure la sensation de sa présence si proche de lui, ses mots qu’il pourrait sentir sur ses lèvres, se réjouit du son de sa voix – si heureuse, bien plus que lors de certaines de leurs rencontres. Et si heureuse n’est pas le terme exact, peut-être peut-on au moins parler de joie. Il savoure et se souviendra, gardera précieusement toutes ces choses au fond de son coeur et de sa mémoire jusqu’à ce que les souvenirs ne soient plus que de pâles lambeaux effilochés et grisâtres, qu’ils aient été usés à force d’avoir été convoqués. Usés d’avoir été chéris.
Il ne la regarde pas. Il n’ose pas. Pourtant c’est un sourire, assorti d’un soupir amusé, qui font écho à sa remarque. « Tu as confiance en mes compétences ? Merci, mais je crois que je t’ai démontré plutôt brillamment tout ça juste maintenant. » Un peu d’arrogance masculine qui perce, toujours joueuse et bon enfant. Il hésite quelques légères secondes, un silence plus que confortable – confiant, aimant – se tisse entre eux. Juste pour lui ménager du temps, quand ses mains à elle se glissent sur sa combinaison. Personne ne l’a jamais vu sans. Même lui, des fois, oublie qu’il a emporté avec lui des vêtements de civil – quelques jeans, quelques t-shirts délavés aux couleurs grisâtres ou ternes. Des rangers, pas loin de celles qu’on lui a fournies. Ce n’est plus lui.

La question le prend de court. Il n’y a pas réfléchi – bien sûr que non ! Il n’avait même pas prévu que la chose se terminerait comme ça ! Confus, son regard s’ouvre enfin et dévie du visage de Leontina pour une poignée de secondes. Il a besoin de ne pas la voir pour se remémorer avant. S’il ne la regarde pas, il n’a pas tout foiré. C’est dingue cette culpabilité qui a essaimé son coeur alors même qu’elle hurle derrière ses mots vouloir recommencer, vouloir quelque chose de lui. C’est dingue de se refuser ainsi à exister avec elle. C’est dingue d’enfouir ce qu’il devrait lui dire au fond. « Qu’est-ce qu’on fait quoi ? » est sa première réponse, un peu bourrue, un peu perdue, typiquement Hassan.
Doucement il se saisit de ses mains, les redescend pour les écarter de lui avant de complètement les lâcher. « Ce n’est pas comme si ça avait changé quelque chose, Tina.  Les mots sont durs, sa voix ne l’est pas. Il y met toute la douceur dont il est capable. Il tente de faire sortir ce qu’il n’arrivera autrement jamais à lui dire. Rien n’a changé. »

C’est étrange, de lui dire ça. Enfin le directeur de la sécurité rencontre ses yeux, soutient son regard. Il pourrait s’y perdre – sans doute s’y est-il déjà perdu. Son visage, contrairement à celui de Leontina, ne retranscrit que peu ses émotions : celles-ci font pétiller son regard ou l’alourdissent, quelquefois ses traits se crispent, mais c’est à peu près tout. Il n’est pas expressif.
Aussi est-ce singulièrement dur de comprendre le sens derrière ses mots. Avec un effort surhumain – l’anglais ne lui vient plus, soudainement, il tente de rajouter pour s’expliquer. « Ca n'a rien changé à ce que j'ressens pour toi. Mais ça doit pas t'influencer... Je veux dire… On peut ne pas le reconduire. On peut oublier. Si tu… Si tu veux que ça recommence, si tu veux autre chose de nous… j’en suis. Je tiens à toi. » les derniers mots sortent presque trop lentement. Il voudrait déjà oublier.
(Il a peur, dans le fond, de n’être qu’une distraction.)
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyDim 10 Mai - 3:25

C’est dommage, tu trouves, de rompre le confort de ce silence qui s’est installé tranquillement entre vous, et qui résonne d’une tendresse qu’aucun de vous deux n’a encore exprimée. Ça te fait… du bien, en fait. Tu aimerais que l’instant se prolonge – qu’il n’y ait pas besoin de parler, que la chaleur entre vous puisse simplement exister sans qu’elle ne doive être façonnée. Il faut pourtant que vous en parliez : tu n’as pas envie de te faire des idées, de construire mille et une idées dans le secret de tes pensées, pour découvrir par hasard que tu t’étais méprise et tout voir s’effondrer, sans possible rémission. Et même si tu as peur de ce qu’il pourrait répondre à cette question…

Bien sûr, il est égal à lui-même. Un peu perdu, un peu confus, comme quand tu ne trouves pas les mots que tu cherches et que ton cerveau te les sort en portugais, et qu’il ne comprend rien à ton charabia musical. Il ne te regarde pas, mais tu vois l’expression familière, sur son visage. Il écarte tes mains de lui, et tu te crispes, légèrement – tu noues tes mains l’une à l’autre, serrant fermement tes doigts pour essayer de comprendre ce qu’il essaie de te dire. Ça ne change rien ? Comment ça, rien n’a changé ? Pour toi, ça a tout changé, ces quelques minutes – un seul baiser (le premier essai ne compte pas vraiment à tes yeux), et tout ton monde est sens dessus dessous. Mais pour lui, rien n’a changé ? Il a peut-être l’habitude d’embrasser les filles dans sa salle aux écrans… Non. Tu peines à l’envisager – cela ne colle pas avec… avec tout le reste. Alors, tu restes que le qui-vive, interrogative, vigilante. Perplexe, jusqu’à la racine de ton être. Il va sûrement t’expliquer ce qu’il entend par là. De toute manière, deux idiots qui tentent de parler de sentiments dans une langue qui n’est celle d’aucun des deux… Forcément, cela va accrocher quelque part. La patience, Tina ! La patience, et la tendresse qu’il y avait dans chacun de ses gestes. Ça voulait dire quelque chose.

Il explique. Tu ne comprends pas vraiment plus, mais sa dernière phrase est claire : il tient à toi. Tu hoches pensivement la tête. « Ce que tu dis n’a aucun sens, mais je pense que j’ai compris, quand même. » Un sourire sarcastique étire le coin de tes lèvres, un instant. « Si tu comprenais le portugais, je pourrais te l’expliquer, te le raconter, pendant des heures, sans tomber à court de mots – et si, moi, je savais l’arabe, ou le français, j’aurais sûrement compris depuis un moment, déjà. » Tu secoues la tête, cette fois, avec une dérision amusée par l’absurdité de la situation. Tu parles bien l’anglais, pourtant – mais pour les sentiments, c’est toujours plus compliqué. « Je ne veux pas oublier, tu comprends ? Ça, » ajoutes-tu, avec un geste de va-et-vient de lui à toi, « ce qu’il y a entre toi et moi, maintenant, je ne veux pas oublier. C’est… c’est important. Pour moi. Je suis… Je suis chrétienne. » Ce qui n’a aucun rapport de prime abord avec ce que tu lui disais avant – alors, tu développes. « Dans ma religion, on ne… mmmh… la proximité, la tendresse, ça ne peut pas exister à la légère, tu comprends ? C’est mal, pour une fille, de… de vouloir que… Ah. » Un soupir gêné t’échappe, et tu sens la rougeur sur tes joues, révélatrice et indiscrète. « C’est mal, quand je veux que tu… » Tu fermes les yeux. Tu serres les dents. Allez, Tina. Il a fait l’effort de te dire les choses ; à ton tour ! « Je veux que tu me touches ! » Tu as presque hurlé, toute nouée de tension comme tu l’es. Passant une main dépitée, consternée, mortifiée, sur ton visage, tu poursuis à un volume sonore plus raisonnable. « Je veux tes baisers. Et, et tes mains. Sur moi. Et-et tout le reste. » Si tu rougis plus, tu vas sûrement prendre feu. Ou t’évanouir. Option qui te semble fortement intéressante, là, tout de suite. « Et c’est mal pour moi de penser ça, je n’ai pas le droit. Et pourtant, depuis… des semaines… Quand je vais à l’église, après la messe, j’essaie de me confesser mais… c’est sûrement parce que le prêtre, c’est un opérateur en soutane, mais ça ne marche pas. Alors je me suis dit, que peut-être, ce n’est pas mal ? Que Dieu n’est pas fâché, et que peut-être, j’ai le droit. »

Tu te forces à rouvrir les yeux. Tu n’as pas les mots, pour lui dire que tu lui dois sûrement ta vie. Que c’est son amitié un peu bourrue, sans concession mais sans jugement, qui a réchauffé ton âme, dans le froid glacial de l’espace. Qu’il t’a fait confiance, qu’il a cru en toi, et que c’est l’esquisse de complicité dans son regard qui t’a donné envie d’y croire aussi. Que tu vas dormir dans sa cabine quand tu sais qu’il n’y sera pas, parce que l’illusion de sa présence près de toi est la seule chose qui tient à distance tes cauchemars. Tu le regardes, et tu vois bien que ton explication ne fait guère plus de sens que la sienne. Un sourire gêné, plein d’auto-dérision et d’un amusement discret, est un peu ta manière de lui faire tes excuses. « Ce que je dis n’a aucun sens. Hassan, je vais dormir dans ton lit, depuis des semaines, parce que quand tu n’es pas là, il y a… » Tu agites la main, dans un geste circulaire, cherchant les mots justes. « Il y a un vide. Ça manque. » Et tu tapotes ton cœur, du bout des doigts. « Tu es important. Je veux que tu sois là. Et je veux être importante, pour toi ? » Tu l’as formulé comme une question. « Je veux plus. Je veux être… » De nouveau, ce geste équivoque, de lui à toi, de toi à lui. « … avec toi. »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyDim 10 Mai - 12:22

Quelquefois Hassan est un peu lent. Peut-on vraiment lui en vouloir, au vu de la froideur du monde dans lequel il évolue ? Jour après jour, nuit après nuit caché derrière des écrans, les situations en viennent lentement à échapper au quadragénaire. Toute la dynamique sociale bien particulière qui s’est mise en place au sein du vaisseau qu’il a sous sa surveillance – évoluant sous l’oeil averti d’un Libanais irascible – lui est étrangère. Il ne sait plus grand-chose des codes sociaux, des liens spécifiques qui se tissent entre les uns et les autres. Il vit de son côté dans une paranoïa bien à lui. Il s’est isolé, seul, pour ne pas faire sombrer le tout.

C’est peut-être un peu pour ça qu’il ne comprend pas vraiment Tina. Peut-être sans doute pour ça qu’il ne sait pas plus qu’elle comment exprimer ce qu’il ressent. En plus de son inaptitude naturelle à ne pas savoir parler de ses sentiments, bien entendu. Mais en plus… En plus il y a le fossé infranchissable de leurs passés, entre elle et lui. S’ils ont connu la misère, s’ils ont connu la peur, s’ils ont connu ce qu’ils ne mentionnent qu’à mots couverts, ils n’ont pas quitté la Terre dans le même état. Elle en est partie riche, adulée, aimée par les foules et par des milliers d’hommes se jetant à ses pieds. Elle est montée à bord légitimement, au prix fort ! Mais sa place sur le Voyager est méritée.

Lui, il a depuis son réveil le syndrome de l’imposteur : il est le second choix depuis le début. Il a quitté leur planète sans trop y croire, inquiet de décevoir, laissé derrière lui trente mètres carrés d’une vie trop ordonnée malgré les menaces bombardant son existence. Alors quoi qu’elle lui dise, Hassan a bien du mal à y croire. Une distraction. Une peluche, à la limite.
Et elle parle. Elle s’emmêle dans les mots, ne semble pas plus s’en sortir que lui. Dérive sur la religion, ce qui le fait doucement soupirer.
Parce qu’en plus il fallait qu’il développe des sentiments pour ceux qui toujours lui ont mené la guerre. Pour l’ennemi de son enfance.

La suite, quant à elle, l’empêche de respirer. Les joues de Tina se teintent de rouge quand ses mots trébuchent les uns sur les autres, et le souffle du quadragénaire se bloque au fond de sa gorge. Peut-être que ça, il n’avait pas forcément besoin de le savoir là, de suite. (Mais il faut qu’il avoue que son orgueil et une part profonde de son cerveau se réjouissent d’apprendre qu’elle pense à lui en ces moments. ) Vu tout le mal qu’elle se donne, vu la hauteur de sa voix, elle y tient. Mais Hassan est certain qu’il ne lui dira pas, de son côté, qu’il la voit dans ses bras quand il peut s’autoriser à se laisser aller seul. Même ça, son corps semble l’avoir oublié. Sa libido est devenue quasiment inexistante depuis qu’il est réveillé – jusqu’à ce qu’elle réveille en lui des envies oubliées.
Définitivement, il ne peut pas lui dire. Sinon elle va mourir de honte : la voilà déjà suffisamment rouge ! Doucement il pose sa main sur sa joue en silence. Pour la rassurer. Pour qu’elle se calme, juste un peu, de s’ouvrir sur le sujet. « Tu n’étais pas obligée de me le dire, si ça te met si mal, Tina. »

Ses doigts tressaillent sur sa joue, légèrement. Ses yeux s’écarquillent et il cherche vainement à donner du sens à ce qu’il vient d’entendre. Pas uniquement quant au fait qu’elle réussisse à duper Hécate et à se glisser dans ses draps – et qu’il lui manque, dans son propre lit, elle ne devrait pas dire ça, elle n’a pas idée de ce qu’elle dit – mais également car elle veut de lui.
« Je veux être avec toi aussi, murmure-t-il doucement. Et que tu sois là, et que tu sois importante et... »  Il n’arrive pas à le formuler et reprendre ses mots serait stupide.  Sans réussir à regagner une grande contenance, il dépose un léger baiser sur ses lèvres. Délicat, chaste et hésitant. Les barrières ne tomberont pas ce soir entre eux. Pas entièrement. « Par contre il faut que tu m’expliques cette histoire de lit. »
Un léger silence passe.
« J’veux dire, que tu viens dans mon lit. »
C’est pas mieux. Il lève les yeux au ciel, réfléchit à la meilleure formulation pour ça. « J’veux dire que tu réussisses à… A rentrer dans ma cabine. Tu devrais pas avoir l’accès. Ca devrait pas être possible, pas que j’me plaigne que tu passes du temps dans ma chambre c’même l’inverse, mais ça devrait pas être possible que tu passes la porte sans que je le sache. » Se raccrocher aux faits et aux choses les plus terre-à-terre, parce que, définitivement, il n’est pas fait pour s’épancher sur ses sentiments.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyMer 27 Mai - 15:00

Tu as écrit des chansons qui célébraient l’amour – en plusieurs langues. Tu as répondu à des dizaines, des centaines d’interviews ; tu as été la figure de proue d’œuvres caritatives pour lesquelles tu as prononcé moult discours. Tu es censée être sûre de toi, à la limite de l’impertinence ; tu es censée savoir manier les mots.
Et pourtant. Et pourtant, Tina !
Tes phrases se télescopent, ta grammaire s’affole et ton vocabulaire ne se présente qu’en portugais : alors, tu recours aux gestes, pour expliquer ta pensée. Primitif, mais suffisant : visiblement, Hassan comprend, et prend même un peu pitié de ta gêne, à en croire la douceur avec laquelle il effleure ta joue. C’est le choc sur son visage qui met un terme à tes bredouillements sans suite : la surprise semble sincère. N’a-t-il donc pas remarqué tes allées et venues ? Un cheveu tombé ici ou là, les signes de présence étrangère, une chaise déplacée.
L’odeur du shampoing, dans la salle de bains.
Non, visiblement pas : un petit rire incrédule t’échappe, et un large sourire vient chasser la rougeur inconfortable de tes joues. Il a oublié ! Le tout-puissant observateur invisible de Voyager – pris sur le fait.
La fatigue ne lui réussit pas.
Ça n’empêche pas son baiser d’être tout à fait recevable : comme un accord conclu, comme une promesse scellée – pas celle de réussir, mais au moins d’essayer, et ça te convient très bien comme ça. Il veut bien de toi, en tout cas, et cela te réchauffe le cœur – c’est comme une étreinte réconfortante, là, à l’intérieur.

« C’est toi qui m’a donné accès. Ça fait des mois, tu ne te rappelles pas ? On terminait un entraînement, et tu as été appelé en urgence à cause du Visseur Fou. Tu m’as demandé de te déposer des affaires dans ta cabine, et tu as autorisé mon comlink à ouvrir ta porte. J’ai directement repéré ta douche… et quand j’ai vu que tu ne me retirais pas l’accréditation, j’en ai profité, vu que tu y es rarement. Et puis, tu as un vrai lit, toi… pas une espèce de boîte de conserve. J’ai pris l’habitude d’emmener mon oreiller. » Ton peignoir, ta serviette de bain, et ton oreiller. Sous le bras, pour traverser les coursives, comme quand tu avais 12 ans et que c’était soirée pyjama à la favela, dans la baraque d’à côté. A bien y réfléchir, tu n’es pas certaine que les caméras dans ce secteur-là de la coursive des cabines fonctionnent toutes, peut-être n’a-t-il réellement pas remarqué tes allées et venues ? C’est vrai que tu as l’habitude de raser les murs pour éviter d’être prise par surprise par un opérateur surgi d’on ne sait où, comme ils en ont le secret. Horribles machines ! « C’est pas tout le temps. Juste une, deux fois par semaine, quand je dors mal… » Quand tu réveilles Siya par tes hurlements. La pauvre a même pris l’habitude de caler son cycle de travail pendant ton cycle de sommeil autant que possible, pour pouvoir dormir en paix quand toi, tu n’es pas là. Tu te sens affreusement coupable. « J’ai bien fait attention à ne croiser personne à proximité de ta cabine. Je ne voulais pas qu’ils s’imaginent… des choses. » La rougeur est plus discrète, cette fois.

Tu ne diras pas que, toi, tu as imaginé tout un tas de choses.
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyJeu 28 Mai - 19:48

Hassan tente de se souvenir alors que Tina lui décrit la situation, ainsi que la raison pour laquelle la Portugaise arrive sans mal à se faufiler dans sa chambre sans que l’homme qui voit tout, l’oeil de la station, ne soit au courant. A sa décharge, il ne surveille pas plus que ça la caméra qui pointe presque grossièrement sur sa porte, tout d’abord car elle ne montre quasiment rien et ensuite simplement parce que cette merveille de technologie – foutaises – est bien plus souvent en panne que fonctionnelle. A un moment, il simplement… Arrêté de vouloir faire des efforts à ce niveau-là. Lorsqu’on lui fait remarquer qu’une de ses caméras est éteinte – même si ce n’est pas la seule, même si plusieurs de ses moniteurs clignotent régulièrement et affichent un signal lost assez équivoque – il se contente simplement d’hocher la tête avant d’aller, par lui-même, la réparer. Il n’a qu’une confiance limitée en la maintenance pour ce genre d’opérations.

Des fois qu’on lui bidouille son flux vidéo…
« T’exagères, j’y suis quand même pas mal. Tous les soirs. » Une expression vaguement inutilisable désormais qui se réfère, d’un commun accord au sein du vaisseau, à ces périodes de sommeil. Un concept de soir tout aussi relatif que le reste. (Mais sans repères, oh, comme le monde tangue ! ) Tous les soirs. Quand son pad quelquefois se débloque et lui signale qu’il est l’heure de dormir, qu’il devrait être enregistré dans sa cabine et non dans l’annexe de la salle de surveillance.

Non, Hassan ne passe pas tous ses cycles de sommeil dans sa chambre. A peine un sur six. Peut-être deux sur six, les fois où il peut confier ses caméras à des subalternes en qui il a confiance, mais guère plus. Et puis de toute manière, pour quoi faire ? Pour regarder le plafond de ce cercueil de métal volant, finir claustrophobe et se dire qu’ils sont à jamais perdus ? Pour se souvenir d’un passé qui n’existe plus et lui boufferait le coeur s’il y pensait ? Dormir n’est pas une option : si la fatigue n’est pas intense, le Libanais sait qu’il ne pourra jamais dormir correctement.
(Même si elle est là. Surtout si elle est là. )

« J’suppose que ça fait sens, bougonne-t-il à moitié avec un air pensif. J’pensais pas oublier. » Quel con, franchement. Il pensait quoi, qu’elle allait hacker la porte ? Tina ? L’homme secoue légèrement la tête : au moins, il n’a plus à s’inquiéter de certaines anomalies qu’il a pu croiser dans sa chambre auparavant, et qu’il a attribué à cette saleté d’alien. Il a retourné la pièce de fond en comble plus d’une fois.

Un sourire joue sur ses lèvres, plus qu’étonné, un peu nerveux. « Ouais, je comprends. Faudrait pas les laisser imaginer... des trucs. » Ni eux, ni lui, ni elle. « Je voudrais pas que des histoires à la con courent sur toi, clarifie le directeur d’un air visiblement embêté. Ca ne le gênerait pas, lui d’imaginer des trucs. Autant de mon côté j’suis paré, y en a une pléthore déjà, autant… Pas toi. » Il ne veut pas qu’elle se retrouve la cible d’histoires malsaines, qui la mettraient mal à l’aise. Lui, ça lui va : tant que ça ne touche que lui, il s’en fout. Il a toujours raison, il est convaincu du bien-fondé de sa propre pensée… Mais son estime de lui-même, on ne peut guère dire qu’elle soit si haute que ça. Et les échecs successifs de ces derniers mois n’aident en rien.

Il finit par faire un pas en arrière pour remettre entre eux une fausse distance. « Quoi qu’il en soit, du coup. J’vais te laisser l’accès. Pour que tu puisses te reposer ! » Ajoute-t-il précipitamment. Qu’elle n’aille pas se faire des idées, interprète mal son offre. « Si ça peut… T’aider à dormir et… Enfin, voilà. »
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Message(#) Sujet: Re: L'aube d'une relative année L'aube d'une relative année EmptyMer 17 Juin - 1:17

Tu hausses un sourcil quelque peu sceptique. Non, il n’y est clairement pas tous les soirs – sans quoi Hassan se serait aperçu de son squat clandestin de lui-même, sans que tu n’aies à lui confesser tes méfaits. Mais c’est plus fort que lui, il refuse d’admettre la fatigue qui exige visiblement un dû bien plus important qu’il ne consent à le reconnaître. C’est un peu inquiétant que votre directeur de la sécurité soit un homme aussi épuisé, qui continue à repousser ses propres limites constamment ; mais ce n’est pas à toi de lui en faire la remarque. Il est bien assez grand pour savoir ce qui est bon pour lui, pas vrai ?

Il n’a pas l’air fâché, en tout cas, et tu comptes ça comme une victoire. Non seulement tu vas pouvoir continuer à utiliser ses installations personnelles, clairement plus luxueuses que les tiennes ; mais en plus, il t’invite officiellement à le faire. Implicitement. Dans son langage à lui. Quelque chose comme ça. (L’intention est là, et ça te suffit largement : vous avez déjà prouvé que votre communication est presque plus claire quand vous ne vous débattez pas avec des mots compliqués.) Tu inclines la tête pour manifester ta gratitude, et c’est un sourire timidement complice qui se dessine sur tes lèvres. « Merci. J’essaierai de ne pas déranger ton sommeil, quand… Quand tu seras là aussi. En même temps que moi. » La roseur sur tes joues t’est devenue presque habituelle, mais cela ne te dérange pas autant qu’auparavant. Il a bien compris que tu tentais d’effacer ces barrières – et tu ne vas pas te presser. Chaque chose en son temps. Un pas à la fois. Et votre entrevue, qui s’est révélée bien plus intense que tu ne l’avais envisagé, doit malheureusement s’achever : on t’attend, au Bright Venture.

Désignant d’un signe de tête la carcasse grésillante du malheureux Cupid, tu hausses un sourcil malicieux. « À présent, monsieur le directeur, est-ce que vous pourriez m’aider à dégager cette chose de la porte ? Je dois aller terminer mon service… »

Et peut-être que ce soir, ton service terminé, tu iras dormir dans un lit qui n’est pas le tien.
Peut-être même qu’il y sera aussi.



Sujet terminé


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