Perdus dans l'espace

J’avais vraiment besoin d’en avoir le cœur net. Cette masse noire qui nous avait foncés dessus, ce fameux jour, n’était pas qu’une illusion. Veronica l’avait vu à l’œuvre autant que moi et… C’était terrifiant. Depuis, je l’avais aperçue à plusieurs reprises déjà, par les hublots de la zone sécurisée. Comment était-ce possible ? Un alien intangible, capable de vivre dans l’espace, et de s’y mouvoir comme un poisson dans l’eau ? Toutes les théories à ce sujet défiaient l’entendement. Ca n’avait pas de sens, pas d’un point de vue humain en tout cas. Nous avions besoin d’en apprendre plus, si nous souhaitions pouvoir nous risquer à nouveau à l’extérieur.

Nous, les pilotes, nous étions comme des oiseaux privés d’ailes, à cause de cette menace qui engloutissait même les étoiles à l’horizon. Nous ne pouvions pas prendre le moindre risque avec les chasseurs, après ce qu’il s’était passé, si bien que nos sorties se limitaient au strict minimum. Je me sentais peu à ma place, à seconder Hassan à la sécurité, même si personne n’était inutile sur ce vaisseau. Nous étions bien trop peu de personnes éveillées pour avoir des bouches inutiles à nourrir. Pourtant, sécuriser l’extérieur était ma mission principale. A lui les murs, à moi l’espace infini.

Plutôt que de retenter l’expérience à bord d’une navette ou d’un chasseur, il me paraissait plus prudent de longer la coque en spacewalk. Nous avions besoin d’une petite équipe, discrète et silencieuse. Je songeais davantage à entraîner un éclaireur à ma suite, dans cette expédition périlleuse, plutôt qu’un de mes pilotes. Seulement, ils étaient excessivement peu sur lesquels nous pouvions compter. J’avais de suite pensé à Naël. Son sens de l’observation et ses capacités d’adaptabilité n’étaient plus à démontrer. Il s’était montré prudent et efficace quand nous nous étions retrouvés en terrain inconnu, dans la zone envahie par les aliens. Il nous avait remonté des informations précieuses et n’avait pas été un poids, loin de là. Et puis… Je ne me voyais pas demander à Meghan de m’accompagner. De façon pragmatique, elle était plus importante pour coordonner les expéditions qu’à risquer sa vie, là dehors. Je lui avais donc demandé l’autorisation de lui emprunter Naël, pour une mission à l’extérieur. Quant à lui ? Il n’avait pas vraiment eu le choix.

Et nous voilà tous les deux, un soir d’un quatorze février, à enfiler nos combinaisons pour nous jeter vers l’inconnu. Je vérifiais que sa combinaison était bien en place, ainsi que son jetpack à son dos, avant de l’inviter à en faire de même pour moi. Je tirai sur nos filins de sécurité pour en éprouver la solidité. Dehors, nous serions vulnérables. Aucune arme, et nos vies pendues au bout de ce fil… Je le regardai en retour, avec une lueur intense au fond du regard. « Prêt ? » L’était-on vraiment, pour un saut pareil ? Mais quelque chose me disait que Naël faisait partie des casse-cous, ceux qui ne se sentent vivre que lorsqu’ils frôlent la mort. Il était temps de le vérifier.

J’appuyai sur l’ouverture du sas, puis l’espace infini s’ouvrit à nous.

Il y avait un truc qui ne devait pas tourner rond chez moi quand même... Parce que si mes nuits étaient rythmées par des cauchemars que j'aurais souhaité oublier, il fallait quand même absolument que je comprenne les choses... En fait, il me fallait combattre mes propres démons. C'était la meilleure façon pour moi de passer à autre chose. Et depuis la sortie sur cette foutue planète et la mise en quarantaine, j'avais eu tout le loisir de réfléchir sans pouvoir faire quoique ce soit d'autre. C'était à devenir dingue. Sans compter l'inquiétude d'avoir attrapé un truc potentiellement mortel. pendant des jours, cela avait été l'incertitude alors ques les toubibs essayaient de se montrer rassurants, sans même savoir de quoi il retournait exactement, puisque tout leur était inconnu.

Alors forcément, après tout ce temps d'inactivité forcée, j'avais besoin de bouger et de me changer les idées. En cherchant à en savoir plus sur des trucs inconnus ouais... Mais bon, on ne se refaisait pas n'est-ce pas ? Alors quand Alejandra m'avait demandé de l'accompagner dans une mission de reconnaissance, j'avais accepté. Je n'avais même pas demandé und élai de réflexion en fait... j'avais dit oui quasiment aussitôt, surpris qu'elle pense à moi et plutôt flatté, bien évidemment. Elle aurait pu demander à sa consoeur, Meghan, mais c'était peut-être plus facile de partir avec moi, qui était d'un grade inférieur. Moins de prise de tête. Je n'avais qu'à obéir si elle l'exigeait. Pas de conflit d'autorité, quel qu'il soit. Même si, globalement, les chefs ne se disputaient pas trop à ce sujet et arrivaient à mettre de côtés leurs ego.

Je saluai Alejandra en la rejoignant, avec le sourire. J'étais quand même moins épuisé qu'il y a un mois. Les nuits étaient moins peuplées de monstres en tout genre. Je ne connaissais pas plus que ça Alejandra. Nous n'avions jamais eu l'occasion de nous retrouver juste tous les deux pour discuter et faire plus ample connaissance. Et là, ben, ce n'était pas spécialement le moment, surtout quand je voyais son visage fermé et concentré alors que nous revêtions les combinaisons et que nous vérifiions que tout était en ordre. Et si j'étais d'un naturel plutôt insouciant, quand il était question du boulot, je faisais gaffe. Je la dévisageais quand elle me demanda si j'étais prêt. "Bien sûr. M'envoyer en l'air avec une jolie fille... meilleure Saint-Valentin de ma vie depuis des siècles." Je lui décochai un grand sourire. Pas sûr qu'elle soit très sensible à l'humour, mais ce n'était pas grave. Je ne comprenais pas pourquoi il fallait forcément être hyper solennel en mission, on pouvait bien faire son taf tout en étant un peu léger, non ?

Je ne savais pas si l'excitation qui émanait de moi pouvait être perçue par Alejandra. Avec la combinaison et tout... Mais n'empêche que c'était le cas et quand le sas s'ouvrit, je ressentis ce mélange d'angoisse et de curiosité, cette décharge d'adrénaline alors que je m'apprête à risquer ma vie... "Je passe devant." C'était moi l'éclaireur non ? "Tu espères trouver quoi suite à notre petite excursion ?" Des réponses ? Pouvoir avoir une super observation aux premières loges ?

Contrairement à Cieran, Naël avait su garder le sourire après sa quarantaine forcée. Il avait l’air d’être même assez motivé pour remettre ça. Je le soupçonnais d’être fait dans le même bois qu’Adrian… A manquer de mourir, et le lendemain, déjà à en redemander. Des casse-cous fins finis. Je plaignais Meghan de devoir le gérer au quotidien, ce n’était pas toujours évident. Mais, dans l’immédiat, c’était exactement le type de personne qu’il me fallait pour cette mission risquée.

Et, pour couronner le tout, il prenait les choses avec un aplomb et un détachement certain. J’écarquillai les yeux, un peu sidérée par ce qu’il venait de dire, avant de partir dans un bref rire en réponse. Franc, spontané… Rare. J’avais oublié que c’était la fête des amours aujourd’hui. J’espérais ne pas lui avoir fait rater son coup avec une nouvelle conquête. Pour ma part, j’étais bien trop occupée par le boulot pour me laisser distraire. Je repris mon sérieux presque aussi vite qu’il avait déclenché mon hilarité. « Si on rentre sans accroc, tu pourras même t’en vanter. Allez, fini de plaisanter. » Je le laissais passer devant, puisqu’il semblait prêt à le faire. C’était lui, l’éclaireur, après tout. Autant qu’il ait le meilleur angle de vue possible… Et cette Saint-Valentin en tête-à-tête avait l’air de l’électriser tout particulièrement.

J’attrapai l’une des prises le long de la coque, le temps de prendre un peu mes marques en gravité zéro, et de vérifier qu’il en faisait de même. Il avait l’air assez à son aise pour continuer de parler, comme un vrai poisson dans l’eau. « Il nous faut d’autres clichés, d’autres vidéos, n’importe quoi qui pourrait nous en dire plus sur cette nouvelle forme de vie et son fonctionnement. On a besoin de savoir si elle est dangereuse, si elle est intelligente, pourquoi elle rôde aux alentours du Starship Voyager, si elle a un lien avec les arachnides métalliques… Et de façon plus pragmatique, il me faut savoir si je ne vais pas risquer la vie de mes pilotes à chaque fois que nous serons dans l’obligation de sortir les chasseurs ou les navettes. » Voilà, pour le résumé. « On doit se rapprocher de la passerelle, c’est la dernière position connue de cette… Chose. Tu n’as rien contre utiliser nos systèmes de propulsion ? » C’était un moyen moins conventionnel de se déplacer, mais plus rapide également. Pour le moment, tout était calme, alors nous pouvions en profiter. Moins longtemps nous resterions exposés, mieux ça valait. La prudence serait de mise une fois arrivés sur place.

Ma remarque, c'était quitte ou double. Je ne connaissais pas assez Alejandra pour prévoir ses réactions et savoir comment elle allait prendre ce genre de plaisanterie. Fort heureusement, elle en rit. Ah cool, elle n'était pas coincée. Cela aurait été moche de me faire rembarrer et de ne parler avec elle que pour des détails de la mission. c'était quand même plus sympa quand c'était un peu plus familier. Sans dépasser les bornes évidemment. "Ah voilà une excellente motivation de revenir sain et sauf." Outre le fait que je n'avais pas envie de mourir bien sûr. Mais faire la vanne que je m'étais envoyé en l'air avec Alejandra, ça allait faire grimper ma côté de popularité. Cela dit, je savais aussi quand il fallait être sérieux et je hochais la tête, me mettant en route et passant naturellement devant, même si ce n'était pas dans ces conditions que j'étais le plus à l'aise, ni le plus doué.

Mais c'était un excellent exercice, alors que je m'accrochais le long de la coque... Avec l'immensité de l'espace dans mon temps. Faudrait pas que quelque chose tourne mal, parce qu'une fois décroché de là... C'était la morte en dérivant. Ah, c'était plutôt badant ça en fait. Autant se concentrer sur la mission, alors que je demandais des précisions. Ah des clichés, et des vidéos... Si je n'avais pas perdu la go pro durant notre fuite... Je m'en voulais encore, même si rien ne m'avait été reproché. "Franchement, j'espère que ça a un lien avec ces aliens, parce que sinon, ça voudrait dire qu'on a potentiellement deux ennemis différents..." Et ce n'était pas très réjouissant. protéger ses pilotes était aussi une raison très valable. En fait, je ne m'étais pas posé toutes ces questions, cela me donnait matière à réfléchir. Mais pas maintenant. Fallait être concentré là.

J'hésitai à peine une poignée de secondes à sa proposition, évaluant les risques et les gains, avant de hocher la tête : "On y va." C'était appréciable qu'Alekandra ne soit pas une mauviette. Bon en étant à son poste, on pouvait espérer qu'elle ne le soit pas, mais elle n'était pas non plus prudente à l'excès. C'était le genre de truc qui me frustrait énormément. Je pris une profonde inspiration, avant d'évaluer la distance, de vérifier mes appuis et les câbles... Et je mis le système de propulsion en marche, afin d'aller plus vite vers la source du danger. Il fallait gagner du temps sur les choses les plus basiques. On ne savait pas ce qui nous attendait là bas après tout. Mon coeur battait fort, résonnant dans mes oreilles alors que j'approchais. Je me permis un coup d'oeil en arrière une fois proche de la brèche pour aviser Alejandra et l'attendre, observant les alentours en attendant, attentif et un brin tendu désormais.

J’avais comme l’impression que Naël risquait d’abuser un peu, si je le laissais faire… On allait vraiment me prendre pour une cougar après ça. Il serait peut-être temps de détromper quelques rumeurs, après qu’il se soit amusé une petite semaine. Sans doute que certaines persisteraient toujours, mais c’était aussi le jeu. Il valait mieux ne pas mettre trop d’énergie à les détromper, sinon on obtenait l’effet inverse. Entretenir le mystère, c’était tout un art.

J’appréciais assez l’éclaireur. Il avait beau être un petit plaisantin, l’égyptien prenait son rôle très au sérieux et en avait dans le crâne. Il ne me laissait pas prendre les devants, trouvant naturellement sa place en tête de notre duo improbable. J’étais aussi inquiète concernant ces deux types d’aliens. Si nous avions affaire à deux ennemis différents ? C’était possible, oui. A ce moment-là, l’un devait chasser l’autre, car les probabilités pour qu’ils se retrouvent tous deux par hasard à bord de notre vaisseau étaient extrêmement minces. Nous étions perdus dans l’immensité de la galaxie, littéralement.

Il avait de l’audace aussi. J’hochai la tête et activai le système de propulsion de mon jetpack juste après lui, pour nous rapprocher plus rapidement de la brèche de la passerelle. Nous arrivâmes sans encombre sur place. Je me cramponnai de nouveau aux prises le long de la coque pour évaluer la situation sur place. J’activai aussitôt la radio, en jetant un œil du côté de l’éclaireur. « Naël, tout va bien ? » J’observai les environs direct avant de reprendre : « Tu détectes quelque chose ? Nous devrions effectuer les premiers relevés d’ici avant d’entrer à l’intérieur. » J’avais une mauvaise expérience de la dernière fois, alors mieux valait ne pas se précipiter. Notre alien avait-il regagné l’immensité étoilé ou s’était-il fait un nid dans la brèche ? Je frissonnai à cette idée, privilégiant davantage de préparation. La dernière fois, nous avions eu plusieurs morts à dénombrer. Je préférais ne pas avoir la mort de Naël sur la conscience… Il n’en avait pas réchappé pour mourir maintenant.

"Niquel. Une promenade de santé." J'arborais un grand sourire alors que je répondais à Alejandra. C'était quand même tripant cette petite balade dehors. Et ce moyen de propulsion improvisé et dangereux. Même si on faisait gaffe quand même. J'avais pas envie de mourir maintenant et elle non plus. Nous prenions les décisions qui nous semblaient les plus judicieuses. Et là encore, on en avait une à prendre. Je regardais autour de moi à sa question. "Non." Je soupirais, moyennement convaincu et jetant de fréquents regards autour de nous. "Je sais pas, ici, on est vraiment exposés, alors qu'à l'intérieur, on a une plus grande liberté de mouvements et davantage de marge de manœuvre. Si il y a un truc qui nous attaque là, maintenant, on pourra pas se défendre." Ben hé, j'étais éclaireur, mais sur la terre ferme, pas dans le vide, accroché à des prises sommaires. Même si les trucs qui pullulaient à l'intérieur étaient rapides et mortels, même face aux armes hein. Mais si on avait l'espèce de gros machin noir qui se jetait sur nous, on aurait encore moins de chance de survie en fait.

Cependant, c'était Alejandra la chef de l'opération. Moi, je me contentais de lui exposer mon avis et mon point de vue. Les deux options se valaient. Celle d'Alejandra était peut-être un peu plus prudente. Il y avait probablement moins de risques de nous faire attaquer là maintenant, dehors, qu'à l'intérieur. La reconnaissance ne prendrait qu'une poignée de minutes et pouvait nous épargner de nous jeter droit dans la gueule du loup d'emblée. Voilà pourquoi j'étais content de n'être que soldat. Mes décisions n'avaient guère d'impact finalement. J'avais pas à vivre avec les conséquences d'un mauvais choix.

Alejandra hocha la tête, abondant dans mon sens et je poussais un petit soupir de soulagement. "On entre, on se met à couvert et on lance la détection avant de se lancer vraiment alors." Nous tombâmes donc d'accord à ce sujet, si bien que sans tergiverser davantage, nous entrâmes par la brèche, entrant sur la passerelle, mais sans nous avancer à l'aveuglette pour autant en lançant les instruments de détection.

Spoiler:

Les arguments de Naël faisaient plutôt sens, si bien que je me rangeais à son avis. « Ce qui a causé notre crash, la dernière fois, est peut-être encore à l’intérieur… Mais tu as raison, on aura une meilleure marge de manœuvre depuis la passerelle. On y va. » Je n’étais pas obstinée au point de ne pas écouter les avis éclairés de mes coéquipiers, sinon, je serais partie seule dans cette aventure et non accompagnée. Je me fiais à l’expérience de l’éclaireur qui avait déjà eu plusieurs fois l’occasion de montrer ses capacités ces derniers mois. Que ce soit à bord du vaisseau, les pieds sur une terre inconnue ou… Comme actuellement, balancé dans le vide intersidéral. Aucune situation ne semblait être capable de le dérouter. Faisait-il preuve d’inconscience ? Peut-être un peu. Sa tendance à l’humour me donnait surtout l’impression qu’il avait besoin de dédramatiser. Et encore, tout se passait relativement bien dans l’immédiat. « On a connu pire, non ? »

Je n’aimais pas l’idée de revenir sur les lieux qui avaient causé notre perte, sans prendre aucune précaution particulière… Enfin, la dernière fois que nous étions venus ici, les circonstances avaient été bien moins favorables. Nous nous glissâmes donc tous les deux par la brèche causée dans la passerelle sans perdre une minute de plus. « A partir de maintenant, on ne se sépare plus. L’ennemi peut-être tout proche… » Je préférais que nous progressions ensemble. Nous n’étions que deux, donc suffisamment discrets pour ne pas avoir en plus besoin de se séparer. Nous risquions seulement de prendre plus de temps que prévu à scanner les lieux, mais nous aurions deux paires d’yeux. « Couvre-moi. » Je me servais des murs pour me propulser lentement à l’intérieur, tout en activant les différents instruments pour procéder aux relevés.

C'était tellement calme... Dans l'espace, pas un bruit. Nous devions nous concentrer sur les relevés, et également notre vision. Je finis par réactiver la radio après quelques temps, alors que nous progressions. « Tu vois quelque chose ? »

J’exhalai un soupir alors que nous pénétrons à l’intérieur, comme si je relâchais la tension accumulée pour en arriver là. On avait réussi à arriver sans trop d’encombres. On était large en réserve d’oxygène, rien ne nous avait encore sauté à la gueule… On pouvait se dire que pour le moment, la mission était un succès. Mais on était là pour trouver des réponses et sur ce point là… Rien n’avait encore commencé. L’exploration commençait réellement. Et la zone me semblait bien trop immense pour y parvenir à deux, dans un temps limité. L’idéal serait de se répartir la zone, chacun d’un côté, tout en gardant un contact visuel par prudence. D’un autre côté… Il y avait un danger potentiellement mortel dans le coin et j’avais déjà pu voir que seul, c’était impossible de s’en débarrasser. Et qu’à plusieurs, ben, il y en avait un qui servait de casse-croute, quand les autres se tiraient. Je n’avais pas envie de servir de diversion. Et pas envie qu’Alejandra joue ce rôle non plus. « Ouais. Je serais pas contre une petite promenade de santé pour une fois. » Cela était peu probable, mais bon. Ouais, j’avais tendance à déconner beaucoup, c’était ma manière de tenir le coup en fait. De pas flipper pour rien. Cela ne me rendait pas inconscient pour autant.

Alejandra reprit la parole, décrétant qu’on n’allait pas se séparer dorénavant. « Hum… On serait plus efficaces si on allait chacun de notre côté… » Je répondis dans un murmure, avant de soupirer. « D’accord. On se couvre l’un l’autre. » Je me rangeais au côté rationnel et prudent pour le coup. Je hochai la tête à sa demande, avant de la suivre tranquillement, mais en regardant partout autour de nous. Les premiers scan ne semblaient pas donné grand-chose pour le moment. C’était le calme plat. C’était un coup à endormir notre méfiance et ça… ce serait une sacrée erreur quand même.

A sa question, je demeurais muet, déployant tous les moyens à ma disposition pour déceler quoique ce soit d’inhabituel.

Spoiler:

Je rendis un regard équivoque à Naël, alors qu’il voulait revenir une seconde fois sur mes directives. Non, pas cette fois. Il le comprit sans que je n’aie à lui préciser de vive voix, sans doute conscient que ça passait une… Mais pas deux fois. L’idée de se rendre directement sur la passerelle n’était pas mauvaise, mais nous étions fortement exposés à ce qui se trouvait à l’intérieur maintenant, et nous n’avions pas encore pu effectuer nos relevés.

Je le vis soupirer plus que je ne l’entendis, alors que la buée sur son casque se faisait plus dense. Je lui fis finalement signe, pour qu’au moins il reprenne sa place légitime. « Tu passes devant. Je couvre tes arrières. » C’était pour le mieux. C’était lui, l’éclaireur. Et moi ? J’avais été formée davantage au combat. Nous devrions pouvoir nous compléter relativement bien, en agissant ainsi. Je gardais un œil aux alentours quand Naël était concentré sur les relevés. Je le laissais ouvrir la marche, prudemment. Nous avancions forcément plus lentement à nous attendre l’un l’autre, mais nous n’étions pas trop de deux paires d’yeux pour vérifier les alentours. Le désavantage de la manœuvre était de perdre pas mal d’oxygènes. Nous avions été vite jusque là, et si nous l’étions à nouveau pour repartir, nous aurions tout de même largement le temps de finaliser notre petite affaire.

Je m’immobilisai en percutant lentement une des parois de la passerelle, au moment même où une lumière éclaira l’horizon. Je me retournai vivement, surprise. « Qu’est-ce que… » Une boule lumineuse semblait se diriger droit sur nous. « Naël, attention ! » Mais qu’est-ce que c’était que ce truc ?! Une boule d’énergie pure, dans l’espace ? J’avais du mal à comprendre ce qui se passait, mais elle était pile dans la trajectoire de Naël. Je n’eus pas le temps de le dégager de là. La décharge le projeta comme un beau projectile pour s’encastrer dans le mur, avec une grimace douloureuse. J’étais désolée pour lui, mais ce serait toujours moins pire que de se prendre… Ca, en pleine face. J'avais dû me cramponner pour ne pas être éjectée.

Un message m’alerta de la dégradation progressive de ma combinaison. C’était tentant de retourner mon arme contre cette forme noire et presque intangible que je croyais discerner, mais nous n’étions que deux face à un ennemi qui se déplaçait avec aisance en gravité zéro. C’était du suicide de chercher à riposter. « Naël ! » Je réussis à détourner le regard de cette chose pour me propulser, aidée du jetpack, vers l’éclaireur. Je l’attrapai au vol pour l’extirper de là, le serrant contre moi alors que mon jetpack nous entraînait rapidement vers l’une des coursives. Je le coupai, dès que j’aperçus un renfoncement, et m’agrippai à une poignée pour nous dissimuler à l’intérieur, le cœur encore battant. « Tu vas bien ? » Sa combinaison semblait plus endommagée que la mienne. Je tentais de la réparer rapidement avec les moyens du bord, fouillant dans les poches de ma combinaison pour trouver de quoi la colmater, mais c’était peine perdue. J'avais clairement l'impression d'empirer les choses. Je cessai subitement de bouger, craignant que l’alien ne nous repère.  

Spoiler:

"Parfait." Moi devant, la jeune femme un peu en retrait. C'était comme ça que c'était censé fonctionner, même si cela m'exposait un tout petit peu plus qu'elle au danger. Nous allions droit vers lui et nous le savions très bien. Mais c'était mon boulot de repérer la moindre trace suspecte et d'éviter de nous faire surprendre. J’avançais prudemment en compagnie d'Alejandra. Je détectai un mouvement, du coin de l’œil. Alejandra aussi. Elle me prévins, mais c'était déjà trop tard. Premièrement, j'avais vu. Et deuxièmement... Je ne pouvais pas éviter ça. Mais au moins, elle, elle n'était pas en danger. Je me préparais à encaisser l'impact autant que possible et me retrouvais projeté contre une paroi plus loin, le souffle un peu coupé. Merde... j'avais envie de rire nerveusement en songeant qu'on avait du la chance en fait, parce que c'était une espèce de boule d'énergie et pas une attaque physique de l'alien. De la seconde, je ne m'en serais pas aussi bien sorti, même si je sentais une douleur aiguë au niveau du poignet. Fait chier... Mais rien d'handicapant encore alors que je le bougeais lentement et surtout, essayais de me dégager de cette position bien trop exposée.

Fort heureusement, Alejandra vint à ma rescousse, tandis que je fixais l'endroit d'où avait émergé cette attaque. Je fermai les yeux un instant, en essayant de calmer les battements fous de mon cœur, tandis que la pilote arrivait à nous soustraire aux regards dans un renfoncement. "Ouais... Juste mal au poignet, mais ça va." Je la laissais vérifier l'intégrité de ma combinaison, qui avait souffert. Et je tentais aussi de ne pas paniquer en voyant mes réserves d'oxygène descendre un peu trop vite. Je détestais être tributaire de ce truc, ça m'angoissait profondément. "C'était quoi ? J'ai jamais vu ce genre de truc en vrai. Mais je suppose que j'ai de la chance, c'était moins dangereux que s'il m'avait sauté à la tronche... Je l'ai vue, mais impossible de bouger assez vite." Je soupirais et observais Alejandra. "Mais au moins, t'es indemne." Et ça c'était cool. Je tentais de rafistoler ma combinaison également, mais face à ma maladresse, je laissais tomber, n'ayant pas spécialement envie de réduire encore mes chances de survie. "Alejandra ? Vaut mieux rebrousser chemin..." Je n'étais pas gravement blessé, mais ma combinaison était endommagée, l'oxygène descendait dangereusement et on avait déjà été attaqués... Autant ne pas tenter le diable n'est-ce pas ? J'échangeais un regard avec elle et hochais la tête alors qu'elle était d'accord avec moi. Nous ne bougions plus, attendant que l'orage passe pour pouvoir nous éclipser.

Spoiler:

Naël faisait preuve d’un sang froid exemplaire, je devais bien le reconnaître. Il était un peu sonné, mais apparemment indemne ou presque. L’éclaireur m’indiqua seulement que son poignet devait être foulé ou cassé, mais à l’entendre, il parviendrait à supporter la douleur. J’hochai la tête, pour toute réponse. Je grimaçai à mon tour, alors que ni lui ni moi ne parvenions à rafistoler correctement sa combinaison pour lui permettre de tenir un peu plus longtemps. Le compteur d’oxygène allait finir par être dans le rouge, malgré toutes nos précautions initiales. « Le temps presse, on va devoir bouger oui. » Naël aussi en avait conscience.

Je relevai le regard vers lui pour le fixer longuement. Je ne savais pas vraiment pourquoi, mais l’entendre prononcer mon prénom comme ça me donnait encore plus l’impression que la situation était inextricable. « Je ne sais pas. Ca doit être l’alien qui avait percuté notre navette, la première fois, mais je ne l’avais encore jamais vu d’aussi près. » Qu’est-ce que c’était, exactement ? Je n’avais pas la réponse à cette question non plus. Malgré ce qu’il venait de vivre, avec une situation qui sortait complètement de l’ordinaire, il ne paniquait pas. Naël était même curieux d’en apprendre plus. Il m’étonnait vraiment. Je me surpris même à sourire un peu, alors qu’il se faisait du soucis pour moi. « Tu devrais plutôt t’inquiéter de ton état que du mien. » Oui, j’allais bien. Je pourrais sans doute l’aider à revenir en un seul morceau, même si je n’avais pas la moindre idée de comment aborder le problème.

Je poussai un soupir, qui forma un léger nuage sur mon casque. Je devais prendre une décision qui risquait de sceller notre sort à tous les deux. D’un coup d’œil, je vérifiai la coursive. L’alien rôdait encore tout proche. « Il ne va pas nous lâcher, Naël. » Je surpris une de ces tentacules qui tentaient de se frayer un chemin. Il me faisait penser à un petit chat curieux, qui tentait d’attraper une souris bien planquée sous le canapé. Je n’aimais définitivement pas cette comparaison, à peine après l’avoir formulée. Naël avait raison, nous devions rebrousser chemin… Mais ça signifiait devoir passer de nouveau devant lui. « Tu restes bien avec moi. » Je le fixai, vraiment sérieuse, avant de me décider à quitter ma cache pour ouvrir la marche. Il valait mieux que je passe en premier cette fois.

Je sortis de notre couvert rapidement. La verrière n’était pas si loin, si nous nous dépêchions… Mais impossible de rater l’alien qui s’était retourné vers nous. Pouvait-on dire ça, de quelque chose d’aussi… Inédit ? Si éloigné de l’être humain ? Tout me dictait de mettre le plus de distance avec lui, le plus rapidement possible, mais je préférais me comporter avec cette forme de vie inconnue comme avec un animal curieux. « Pas de gestes brusques… » Je passai lentement à côté de lui, dans une inspiration tremblante, jaugeant encore ses réactions. Il n’entendrait sans doute rien, mais si c’était le cas, peut-être qu’il comprendrait le ton de ma voix. « Laisse-nous partir. » Je me reculai déjà, dès que Naël m’avait rejointe.

J'ai beau aimer l'adrénaline et le danger, avoir ma réserve d'oxygène qui baisse drastiquement parce que ma combinaison est endommagée a de quoi m'angoisser et venir doucher toute mon impétuosité. On est repérés et si on n'a pas été tués directement, mieux vaut en profiter pour filer rapidement d'ici. Je sais pas si cette petite expédition nous permettra de ramener des trucs utiles, mais revenir en vie, je trouve déjà ça super utile perso. J'ai pas spécialement envie de passer pour une poule mouillée aux yeux de la jeune femme, mais faut aussi savoir battre en retraite quand il faut. A ma demande, elle me regarde un moment, réfléchissant aussi sans doute à ce qu'il vient de se passer et à ce qu'on a croisé. Tout est un peu confus dans mon esprit. Je hausse une épaule à sa remarque sur mes inquiétudes : "Je peux marcher et parler, je vais bien." un poignet blessé, ce n'est pas la mort. Une combinaison trouée, davantage cela dit. Mais paniquer ne sert à rien de toutes façons. Et après tout ce que j'ai pu vivre au cours de mon existence, péter un câble maintenant serait quand même stupide.

Sauf que quand elle reprend en disant qu'il ne va pas nous lâcher je me tend et mon sourire factice disparait. J'avale péniblement ma salive en voyant l'alien curieux alors que ce tentacule me répugne malgré moi. J'ai clairement pas envie que ce truc me touche. Je cille quand elle me dit de rester avec elle et commence à vouloir se dégager de cette cache... Repasser, à découvert, devant l'alien. Je crois que mon teint devient livide à cette éventualité. Mais on n'a pas spécialement le choix, quoiqu'on décide... tenter la retraite en douceur, ou en force. Et clairement, en force, nous ne sommes pas avantagés alors... Je hoche la tête en silence, avant de lui emboiter le pas, sans quitter du regard l'alien. Nous avons une vue inédite de ce specimen et au delà de l'horreur de la situation et de la peur de crever là, il y a quand même une part d'émerveillement et de fascination. Merde quoi, on est face à une autre forme de vie ! Voilà la réponse à des siècles de questionnements à ce sujet. Sauf que l'alien n'est pas un petit homme gris avec des grands yeux noirs. Je ne sais pas ce que j'aurais préféré en fait. Ni si je suis déçu. Et on s'en fout en ce moment.

Pas de gestes brusques... On est d'accord. Ce truc n'est pas ouvertement hostile en fait. Peut-on le comparer à un animal sauvage qui n'a jamais vu d'humain et qui attaque juste pour se protéger ou protéger son territoire ? Nous analyse-t-il comme on l'analyse ? Alejandra s'adresse alors à lui, calme et un peu suppliante. Je lui jette un regard surpris, alors qu'elle semble le considérer comme un animal craintif. OK. Doucement donc. Aucun de nous n'ose lui tourner le dos. Ni le quitter des yeux, alors que nous progressons vers la sortie. Encore quelques mètres... Quelques malheureux petits mètres et nous serons saufs. Et je me fige quand l'alien s'approche de nous, retenant ma respiration avec appréhension.

Spoiler:

Je soufflai ce qui s’apparentait presque à un rire, ironique. Naël considérait aller bien, s’il était capable de marcher ou de simplement parler. Inarrêtable, vraiment. Sa combinaison était fortement endommagée, on perdait de l’oxygène à grande vitesse, et il avait percuté la paroi assez durement… Ce n’était pas ce que j’appelais aller bien dans mon vocabulaire. C’était dans mon devoir de le ramener en un seul morceau, autant que possible. Et, pour réussir ce tour de force, nous n’avions qu’une seule issue possible.

Je ne m’étais pas attendue à ce qu’il soit aussi près. Nous avions quitté notre cachette précipitamment, avant que je ralentisse prudemment la cadence devant l’alien. Je craignais que tout geste brusque ne joue en notre défaveur, comme face à un petit animal craintif et curieux. Il n’avait pas bougé. Il n’était pas ouvertement agressif, cette fois. J’avais la nette impression qu’il nous jaugeait autant que nous le faisions en retour. En quoi était-il… Constitué ? Parmi ces brumes noires et épaisses, je discernais des tentacules qui devaient lui servir de bras. Je marquai un temps d’arrêt, quand je croisai subitement cet œil unique qui s’était révélé sous cette masse informe. Il me fixait longuement, au point que j’avais l’impression qu’il lisait en moi. Un frisson me parcourut, sans que je n’en comprenne l’origine. J’avais du mal à le quitter du regard, mes mouvements suspendus et la respiration absente. Je penchai la tête sur le côté pour mieux le détailler, avec une expression curieuse et interrogatrice. J’avais presque envie de m’approcher pour… Non.

Je secouai subitement la tête, pour revenir à moi. J’attrapai Naël d’une main impérieuse. « On doit y aller. Maintenant. » L’éclaireur paraissait aussi sonné que moi par ce qu’il venait de voir. Ce qui se passait ici même nous dépassait clairement. J’activai mon jetpack pour mettre un peu de distance avec l’alien, sans pour autant le quitter du regard. Il ne semblait pas nous suivre… Tout comme nous, il se contentait pour l’heure de nous étudier, sans doute dans un désir de comprendre nos intentions. Je profitais de l’ouverture pour rejoindre la brèche, incitant à Naël à se saisir d’une poignée à l’extérieur sur la coque du vaisseau. Un dernier regard en arrière, un ultime échange muet… Et je me détournai à mon tour pour le suivre.

Sur le trajet du retour, je n’appréhendais même pas qu’il cherche à nous suivre. J’étais trop… Perturbée, par ce que je venais de voir. Regagner la zone pressurisée ne parvint même pas à me rassurer. Une étrange impression persistante m’empêchait de réfléchir posément à ce qu’il venait de se produire sous nos yeux. Je défis mon casque, avant de lancer un regard confus à Naël. « Tu vas bien ? » Comme pour compenser mon air peu serein, je me bricolais un mince sourire à son adresse, avant de me fendre d’une simple remarque pour conclure cette expérience perturbante : « Drôle de Saint Valentin, n’est-ce pas ? »

Pas la peine de dramatiser ou se faire du mouron pour ce que je ne peux pas changer de toutes façons. Cela ne m'empêche pas de flipper quand même concernant ce qui vient de se passer, mais je préfère ne pas inquiéter Alejandra, afin qu'elle prenne ses décisions sans que cela ne vienne interférer. Je suis légèrement blessé, cette douleur au poignet est gênante, mais ne m'empêche pas d'avancer. Le truc plus embêtant c'est la combinaison. Là, ça risque de vraiment compliquer les choses. Il faut rentrer alors qu'elle n'est pas réparable. Sauf qu'il y a cet alien qui nous colle aux basques. Et si il attend je ne sais pas trop quoi pour attaquer, je ne suis pas rassuré pour autant concernant ses intentions. Nous demeurons silencieux avec Alejandra et dévisageons ce visiteur venu d'ailleurs. Qui nous dévisage nous aussi. Enfin, on le dévisage... Cela s'applique quand on a un visage. Là, c'est beaucoup plus abstrait, mais j'ai l'occasion de voir des tentacules... Et un œil. Je suis comme hypnotisé par cet œil, qui semble prendre soudain tout mon champ de vision.

C'est la poigne d'Alejandra qui me sort de cette contemplation et je hoche la tête à son ordre. Je suis surpris de constater que l'alien ne nous pourchasse pas, qu'il n'essaie pas de nous rattraper. Il se contente de nous regarder. Je me sens un peu bizarre. Sans doute parce que ce n'est pas tous les jours qu'on croise un alien et qu'on en sort vivants, surtout au vu de ce que nous avons déjà expérimenté depuis notre réveil.

Je longe de nouveau la paroi extérieure, mu par un sentiment d'urgence. Mais mon poignet me ralentit et je serre les dents tout en progressant plus lentement que je ne l'aurais voulu mais en sachant que faire autrement risquait de me coûter la vie par un décrochage intempestif. Et je ne me permet de respirer vraiment que quand je suis à l'abri dans la zone pressurisée et que je peux me défaire du casque, avec cette sensation de pouvoir avaler du bon air après avoir étouffé. La question d'Alejandra n'est pas anodine. "Je ne sais pas." Ma réponse est honnête. Physiquement ça va. Mais je suis mentalement ébranlé par ce qu'il vient de se passer. Et elle aussi. Et je me laisse aller à rire un peu à sa conclusion. "Mémorable en tous les cas." Clairement. "Le prochaine fois, je t'invite à boire un verre, c'est plus sûr." Il va me falloir passer à l'infirmerie, faire un check up, et un rapport. Ou je vais laisser Alejandra le faire, je suis sûr qu'elle est douée pour ça. J'essaie de continuer à sourire et être nonchalant, mais au fond de moi... je sais qu'il s'est passé quelque chose, alors que cet œil ne quitte plus mon esprit.

Je ne savais juste pas encore à quel point.