I'm made of more than air

Voyage #1, Phase #6 ☾ Les jeux sont faits    Diego De Leon & Alejandro Escobar

• Date : 14 Aout 2920
   • Statut du RP : Privé
   • Résumé : Le lendemain de la seconde vague de suicide, l'empathie et l'hypersensibilité d'Alejandro prend enfin le dessus sur lui. Lui qui s'est efforcé de garder son sang froid autant que possible se retrouve à encaisser de plein fouet tous ses sentiments face à la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Voyager. Craquant à l'abri des regard dans le dortoir A-24, Diego retrouvera son ami submerger par tout ça.
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• [b]14 Aout 2920 :[/b] [url=http://starship-voyager.forumactif.com/t765-i-m-made-of-more-than-air]I'm made of more than air[/url] - [i]Diego De Leon & Alejandro Escobar[/i]
    Le lendemain de la seconde vague de suicide, l'empathie et l'hypersensibilité d'Alejandro prend enfin le dessus sur lui. Lui qui s'est efforcé de garder son sang froid autant que possible se retrouve à encaisser de plein fouet tous ses sentiments face à la situation catastrophique dans laquelle se trouve le Voyager. Craquant à l'abri des regard dans le dortoir A-24, Diego retrouvera son ami submerger par tout ça.

   

Quelques jours pour vivre... C’était tout ce qu’il leur restait. Le destin avait été cruel à le réveiller juste pour se voir mourir lentement d’un manque d’eau ou d’oxygène. Bien qu’il en était incapable, il comprenait parfaitement pourquoi 10 passagers, la veille, avait prit la décision irrémédiable de s’enfermer dans ce dortoir pour y attendre patiemment la mort par manque d’oxygène. Il avait été appelé, comme toutes les personnes capables de prodiguer des premiers secours, de faire un massage cardiaque, mais c’était trop tard lorsque d’autres membres d’équipages réussirent enfin à ouvrir la pièce, il n’y avait plus personne à sauver.

Il s’était réveillé dans un véritable cauchemar et le plus dur ne fut pas tant les morts, mais au contraire, les vivants. Les survivants du Voyager qui restait, continuaient d’espérer, sombraient parfois à un moment de folie pour une ration d’eau supplémentaire ou un soupire jugé trop important. C’étaient ces personnes-là qu’Alejandro redoutait le plus. Pas tant pour la possible violence dont certains pouvaient faire preuve, mais parce que presque tous avaient un point commun : le désespoir.
Il pouvait le lire sur leur visage, dans leurs yeux, et avec son métier, il pouvait même l’entendre dans leur voix lorsqu’il les soignait, leur racontait... Certains allaient même jusqu’à dire qu’ils étaient désolés pour lui, désolé qu’il se soit réveillé pour voir ça.

L’éponge qu’il était encaissait, emmagasinait et stockait tout cela dans le fond de son cœur. Tant qu’il ne travaillait pas, il gérait moralement la situation, mais lorsqu’il se retrouvait seul. Cela était une tout autre histoire. Il avait pourtant tenté de faire des heures supplémentaires, mais on lui avait clairement signifié qu’il devait rentrer, le manque d’eau était déjà un problème et tous devaient trouver un équilibre fragile entre se rendre utile et ne pas gaspiller des ressources. C’est donc à contre cœur qu’il retrouvait la cabine A-24, il avait espéré y voir Diego, mais tout ce qu’il trouva pour l’heure fut leur dortoir désespérément vide malgré le désordre de leurs affaires.

Alejandro n’avait pas trouvé le courage de faire le moindre rangement, le moindre effort d’organisation. À quoi bon s’ils allaient mourir ? Et face à son propre désordre, il craqua. Le trop-plein d’émotion qu’il avait conservé jusqu’à présent vint violemment l’étrangler et il retint un premier sanglot alors qu’il prit son visage entre les mains. Il ne fut même pas capable de rejoindre sa propre couchette, s’agenouillant bêtement à l’entrée du dortoir. Il lutta, il essaya de toutes ces forces de reprendre le contrôle sur lui-même et sur ses sentiments, mais le barrage avait cédé. Il se sentait tellement démuni, tellement en colère aussi, mais il n’avait personne contre qui gueulé. Même Rosy était encore dans son caisson ! Et malgré la rage qui l’animait, il n’avait pas spécialement envie de lui faire vivre le même cauchemar que la petite moitié éveillée du Sunrise.

Alors il maudissait quelqu’un d’autre, un Dieu en qui il avait perdu toute confiance lorsqu’il avait commencé à découvrir l’amour. À l’époque, déjà, il n'avait pas réussi à trouver l’équilibre entre ses croyances et qui il était. Maintenant, il était plus encore que ce même Dieu se montre aussi cruel gratuitement.

Il avait besoin d'une putain de douche. Malheureusement comme beaucoup de chose dont il avait voulu depuis son réveil, il n'y aurait pas le droit. Pas d'eau. Il avait cru au début que cela signifiait qu'il n'avait plus qu'à se tourner les pouces, étant pompier, et croiser les doigts pour que rien ne prenne feu en attendant que les réserves se refasse. Oui, biensûr, il savait bien que même sans eau, le meilleur moyen d'éteindre des flammes étaient de les étouffer et ça tombait plutôt bien finalement, parce que l'air aussi commençait à manquer à bord du Starship Voyager.
L'aventure semblait ressembler chaque jour un peu plus à un running gag d'enchainement de mauvaises nouvelles et trop peu de temps pour les avaler. Diego s'était embarqué dans l'aventure pour devenir quelqu'un, plus encore qu'il ne l'avait été sur Terre, et au lieu de ça voilà six jours qu'il avait complètement oublié qui il était. On ne lui avait accordé que juste assez de temps pour lui montrer sa chambre et son poste de travail et au delà de ça, il avait a peine eu le temps de parler à qui que ce soit ou même à réfléchir à la situation. Chaque alerte, chaque incident l'arrâchait à la possibilité d'un peu d'introspection et à vrai dire, il n'en était pas mécontent. L'heure n'était plus vraiment à la réflexion et rien ne servait de se poser des questions maintenant. Les choses étaient plutôt simple finalement. Il leur fallait de l'eau, de l'air, des vivres. Il ne leur restait plus qu'à survivre jusqu'à ce qu'ils en trouve. Et sinon...

Diego ne se laissait jamais assez de temps pour se poser la question et il eu la preuve parfaite aujourd'hui qu'il vallait mieux pour tout le monde d'en faire de même. Il savait qu'une vague de suicide pouvait facilement en entrainer d'autres, comme un incendie qui se répand lentement à travers tout un bâtiment sans qu'on ne parvienne à l'arrêter malgré tout les efforts pour éteindre le gros des flammes. Il sembla pourtant assez imperméable à ce risque. Il fit son travail, et même s'il ne s'attendait pas à ce que cela implique de constater et récupérer les corps d'une dizaine de personnes asphyxiées de leur plein gré, il s'executa sans trop broncher ou se poser des questions. C'était peut-être pour ça qu'il faisait un bon pompier, même si d'autres y verraient un manque d'empathie ou un esprit simple. Diego n'avait pas le profil parfait pour être un sauveur, mais pour survivre en revanche et faire de son mieux pour que le plus de personne survivent avec lui, c'était plus son style et ça semblait tomber plutôt bien.
Bien sûr après une journée pareil, l'ancier clavieriste ne tirait pas son meilleur sourire. La mine sombre, il traina les pieds jusqu'à sa cabine en se demandant si c'était vraiment necessaire. Il ne pourrait pas prendre de douche pour se débarasser de l'odeur de la mort et son repos n'était garantie qu'à condition qu'il n'y ai pas d'autres incidents dans la nuit. En réalité, il s'attendait déjà à récupérer d'autres corps similaires à ceux d'aujourd'hui dès le lendemain matin. Comme un foutu incendie... Mais il rentra quand même, parce que c'était ce qu'il était sensé faire.

A son arrivée, son esprit était si fixée sur la douche à laquelle il n'aurait pas droit qu'il ne vit pas la masse que formait son collègue au sol et faillit trébucher sur lui. Pendant une seconde, il cru avoir oublié d'avoir ramassé un corps et ne pensa même pas à la possibilité qu'il puisse être celui de son ami. Blamez cela sur le manque de sommeil, ou d'oxygène. Ce ne fut lorsqu'il entendit les sanglots étouffé de l'ancien saxophoniste qu'il se rappela de qui était son colocataire.

¡Sho aguas! Qu'est-ce que tu fais par terre cerote j'ai failli tomber.
 

Il n’avait pas du tout l'envie de mourir, il n’avait pas accepté cette aventure pour finir de la sorte et pourtant, en cet instant bien précis. Il aurait tout donner pour que ça s’arrête, ne serait-ce qu’une minute. Il s’était même demandé si tout ça n’était pas qu’une vaste caméra caché élaboré et particulièrement cruel. Qu’on les filmait tous, et qu’ils étaient actuellement la risée de la planète. C’est bon maintenant ? Montrez-nous les caméras en nous annonçant le prank le plus cher jamais mis en place !
N’y avait-il pas eu une émission de ce genre ? Qui avait fait croire à des monsieurs et madames tout le monde qu’ils allaient aller dans l’espace ?

C’est tant bien que mal que l’esprit fatigué d’Alejandro essayait de se rattraper aux branches pour ne pas plonger trop loin dans une possible dépression. Déjà trop enfoncé pour entendre la porte du dortoir s'ouvrit, il se prit un léger coup de tibia lorsque son colocataire manqua de peu de trébucher directement sur lui. En plus de tristesse, la culpabilité et la honte s’ajoutèrent à ce mélange et il tenta de se redresser sans regarder Diego.

"P-P-Pa-" et le voilà qu’il butait à nouveau sur les syllabes, venant ajouter un peu plus de ridicule.

Il se sentait si nul, incapable de parler, incapable de tenir le coup. La tristesse laissa bientôt place à la colère alors qu’il chassait les mots qu’il voulait prononcer d’un geste de la main furieux. Poussant un soupire de frustration, il chassa également les larmes qui coulaient sur son visage avec la même hargne. Ne se relevant pas spécialement, il se traîna plutôt du côté de son lit. Ramenant ses genoux contre lui, il les entourant de ses bras et posa son front sur ceux-ci. Essayant de contrôler le rythme de sa respiration pour trouver un peu plus de calme.

Quelques minutes passèrent dans un silence de plomb, la présence de Diego l’obligeait à retrouver un minimum son calme, mais lorsqu’il reprit la parole, il fut incapable de poser ses yeux sur lui.

"Désolé."souffla-t-il avec tant de difficulté qu’il fut suivi d’un soupir de soulagement de ne pas avoir une nouvelle fois accroché une syllabe. "¡Es la mierda! Gracias, Rosy."
     

Il ne fit pas vraiment attention à Alejandro, son bégaiement habituel ou même son chagrin, bien trop focalisé à atteindre sa destination qu'était son espace personnel. En fait sa destination était plutôt la douche mais comme il ne pouvait pas en prendre, il se trouva assez bête une fois devant son lit sans rien de particulier à faire à part se changer.
Il entendit Alejandro s'excuser et pester contre Rosy et ce n'est qu'alors qu'il remarqua que son ami semblait particulièrement boulversé. Il eu un petit sourire amusé face à la frustration qu'il partageait.

Oh aller, c'était une idée de merde mais elle pouvait pas savoir que ça allait tourner à la catastrophe. S'efforça-t-il de nuancer, plus dans un effort de calmer la colère d'Alejandro que par conviction. Il s'assit sur son lit en soufflant un coup. Quelle journée quand même...
Personne n'était préparé à ça. Et apparemment, une dizaine de personne avait préféré annuler la mission que d'essayer de faire avec la nouvelle main qu'on leur distribuait. C'était loin d'être la façon de faire de Diego, à tel point qu'il n'essayait même pas de comprendre car il savait qu'il n'y arriverait pas.
T'es pas... En train de te dire que tu vas faire la même chose hein ?
Il grimaça discrètement. Même s'il savait qu'il ne risquait pas de faire la même bêtise, il savait que ce genre de tendance suicidaire pouvait être contagieux. Et qui de mieux placé pour récupérer ce genre d'idées noires que leur cher Alejandro, si sensible et fragile d'esprit. Même en tournée, la moindre pression et la moindre engueulade l'affectait toujours énormément, même s'il n'était pas directement concerné. C'était d'ailleurs en partie en remarquant ça que Diego avait dû se rendre compte que ses piques et ses engueulades constantes avec Tina n'aidaient pas à la bonne ambiance au sein de Sunrise.
Et si c'est le cas, est-ce qu'au moins tu pourrais choisir une autre chambre ? Je sens déjà assez le mort comme ça. Ne put-il s'empêcher de plaisanter dans un effort de dédramatiser la situation.
 

Effectivement, elle ne pouvait pas savoir, et même si cela aurait dû diminuer sa colère envers leur manager, il n’y arrivait pas. Dans le fond, la catastrophe qu’était ce projet était juste un prétexte de plus pour lui en vouloir. Ca avait toujours été compliqué entre eux, elle n’était pas méchante, mais il n’arrivait pas à oublier que la veille de leur départ, elle avait encore fait... Sa Rosy. Il poussa un soupir, ne pouvant au final que donner raison au pompier. Oui, personne n’était préparé à ça, pas même Rosy. Adosser contre son lit, faisant face à Diego, il releva la tête et la posa contre le grillage derrière lui. Heureusement pour les futurs colocataires, les deux musiciens n’avaient pas accès aux lits des autres. Nulle doute qu’ils s’en seraient servi pour y étaler un peu plus leur bordel.

Ses yeux s’écarquillèrent de surprise à la question du claviériste. Faire la même chose ? Avait-il sérieusement envie de faire la même chose ? Il savait qu’il voulait un peu de paix, mais de cette façon ? Il secoua la tête négativement plutôt que de tenter de parler, craignant que la surprise ne le fasse bégayer de plus belle. Il pensait que ça en resterait là, mais c’était sans compter sur le pompier qui avait l’art et la manière de tout dédramatiser avec une pointe de cynisme. Même si c’était pas très bien, Alejandro éclata de rire et plaqua rapidement une main contre sa bouche pour étouffer son hilarité.

Il ne put s’empêcher de récupérer le premier objet à portée de main pour le balancer au visage de Diego. Il s’agissait d’un de leur dernier t-shirt pour ce foutu projet dans l’espace. Au moins, ça faisait un bon t-shirt de sport ou de pyjama.

"Id-d-diot." Commenta-t-il "Faut pas p-pl-p-plaisanter de nos morts !" Bien qu’il n’était plus trop croyant, il n’en restait pas moins qu’il avait grandi avec la culture de son pays. "Je ne veux pas que notre dortoir soit hanté par leurs ajayus à la prochaine Toussaint."

Malgré l’air faussement choqué, le petit sourire qui avait persisté sur les lèvres d’Alejandro trahissait que le pompier avait au moins réussi à extirper le violoncelliste de ses sombres pensées. Effaçant les dernières traces de ses larmes sur son visage avec ses deux mains. Al’ inspira profondément, finissant par tendre le bras vers le lecteur de comlink pour ouvrir le rideau de fer de son lit et se glisser à l’intérieur.

"Non j’ai pas envie de faire la même chose... Pas du tout" rassura-t-il lorsqu’il retrouva un peu plus de sérénité. Fixant les photos de leurs anciens quotidiens qu’il avait accrochées au-dessus de son lit. "C’est juste... Ca fait beaucoup d’un seul coup." Il fallait le dire, entre le jour de leur réveil et aujourd’hui, ils avaient eu le droit à une guerre civile et donc pas mal de blessé, à l’annonce qu’ils allaient également manquer d’oxygène bientôt et à cette dizaine de personne qui avaient décidé de mourir.

Le pire dans tout ça, c’est qu’au fond, le geste de ces personnes avaient légèrement augmenter le décompte pour leur vie.

"Et toi ? Comment tu vas ?" Ne put-il s’empêcher de demander. Il était certain que Diego n’avait aucune pensée suicidaire, mais en même temps, c’était rarement noter sur le front des gens. Tournant la tête vers son ami, il esquissa un sourire, même si c’était la merde ici, il était plutôt content de la vivre avec le pompier.

     

Et pourquoi pas ? répondit-il ravis malgré tout d'avoir réussi à faire rire le secouriste. Il réceptionna le T-shirt et en profita pour ouvrir sa combinaison et l'enfiler. Ce n'était pas le sien et quelque part, il espérait que le parfum naturel d'Alejandro l'aiderait à avoir l'impression de sentir autre chose que le macchabé. Il savait que son camarade ne lui en tiendrait pas rigueur, pour avoir longtemps vécu dans le bordel de chacuns pendant leurs longues tournées à travers le monde, il était fréquent qu'ils s'empruntent des choses et d'autres. Il jeta sa combinaison dans le couloir menant à la salle de bain et enfila un de ses propres pantalons en lin avant de se laisser retomber sur son lit.

Ils ont eut ce qu'ils voulaient. Una salidà. Je ne vois pas pourquoi ils reviendraient sur ce vaisseau de malheur pour nous hanter.

On ne l'aurait pas cru en écoutant cette conversation mais Diego était pourtant le plus croyant des deux hommes dans la cabine. Simplement Diego ne pensait pas que Dieu ou les esprits était aussi regardants au point de juger la moindre parole. Il fut soulagé d'entendre Alejandro lui assurer qu'il n'avait pas l'intention de se tuer et il s'allongea à son tour. Il n'avait pas accroché quoi que ce soit dans son compartiment contrairement à Alejandro. Déjà par manque de temps mais aussi d'inspiration. Vu la situation actuelle à bord, il ne se sentait pas vraiment de s'adonner à de la déco. Peut-être aussi, il n'avait pas envie de se rappeler de sa vie d'avant, sa famille, sa carrière, ses fans, et toutes les choses qui n'avaient plus aucun sens à présent.

Fatigué. Et je pue.

Il en profita pour se sentir et fut assez satisfait de sentir Alejandro plus qu'autre chose. Il soupira en se demandant combien de temps il aurait le droit de dormir aujourd'hui, et s'ils ne risquaient pas de manquer d'oxygène pendant la nuit et de ne jamais se réveiller. C'était probablement ce que ces personnes qu'ils avaient récupéré aujourd'hui avait espéré, de s'endormir paisiblement pour ne jamais avoir à se réveiller et affronter la réalité. Lui n'aimait pas du tout cette idée et plus qu'autre chose, ça ne lui donnait pas du tout envie de dormir. Après tout ça faisait déjà 900 ans qu'ils dormaient et ils n'étaient réveillés que depuis quelques jours. Malgré tout, ça ne lui empêchait pas d'être épuisé et le manque d'oxygène n'aidait pas.  
 

Là où beaucoup pouvaient voir une certaine insensibilité chez Diego, Alejandro lui y trouvait quelque chose qui calmait ses propres angoisses et insécurité. Absorbant un peu de son flegme et de son petit côté jemenfoutiste. Cela reposait son cœur pour quelque temps et c’était loin d’être un mal, surtout en ce moment.
Le gardant dans son champ de vision alors qu’il se changeait, une part de lui tentait de lui rappeler que ce n’était pas bien ce qu’il faisait, une autre part quant à elle venait lui rappeler que de toute façon, ils en avaient peut-être plus pour longtemps alors... Pourquoi se gêner ? Il détourna les yeux avant qu’on ne remarque quoi que ce soit ceci dit, fixant son petit plafond de photo.

C’était étrange de ce dire que ces images avaient plusieurs siècles derrière elles maintenant alors que lui avait l’impression que certains de ces moments s’étaient passé il y a une semaine à peine. Il eut une pensée pour ces hommes et ces femmes qui avaient prit cette fatale décision de prendre une porte de sortie. Certains avaient des photos sur eux et en cet instant, Alejandro mesurait sa chance d’être au moins ici avec les gens qu’il aimait. Même s’ils n’étaient pas tous éveillés, ils étaient tous ici et vivant. Peu importait pour combien de temps au fond... Il n’était pas seul et ne partirait pas seul.

Reposant ses yeux clairs sur le claviériste, il avait besoin de cette conversation un peu banal de savoir comment lui, il se sentait. Le voir renifler son propre t-shirt avec une certaine satisfaction le troublait assez pour qu’il détourne à nouveau les yeux en masquant sans gêne derrière un rire amusée.

"C-c-c’est vrai que tu p-pue" confirma-t-il, plus pour la plaisanterie que pour la véritable remarque.

Se tortillant un peu dans sa combinaison, il en ôta la partie haute. Il détestait cette couleur jaune qu’ils avaient attribuée au médecin. Loin de comprendre ce choix. Il était plutôt habitué au blanc, au rouge, au bleu, parfois à certaines teintes de vert, mais le jaune. Il préférait de loin la combinaison de Diego.

"Tu devrais passer à l’infirmerie..." Lui conseilla-t-il "même pour un mal de crâne ou une alguna mierda du genre" Il savait pas à quel point il pouvait donner ce genre de conseil mais il supposait que ce n’était pas si mal que ça. "Tu es obligé de passé par un couloir de décontamination pour entrer" expliqua-t-il par la suite alors qu’il retirait le t-shirt qu’il portait sous sa combinaison pour le lancer également en direction de la salle de bain.

Tina les tuerait peut-être si elle voyait déjà l’état de leur dortoir en moins d’une semaine de temps.

"Ce n’est pas une douche, mais ça a le mérite de stériliser les vêtements. Ca limite un peu les odeurs."

 

Il siffla cyniquement quand Alejandro se permit de confirmer qu'il puait. C'était de bonne guerre, il l'avait vu pleurer comme un bébé après tout.

Ils ont eut ce qu'ils voulaient. ¿De Verdad? Huh, c'est bon à savoir. dit-il avec grand intérêt. Il était tenté d'y faire un tour directement mais c'était probablement malvenu de se pointer sans raison alors que les lieux étaient vides. Dans tout les cas il était content d'être pote avec le secouriste de l'équipage et d'avoir au moins une raison en plus de passer par le sas de stérilisation pour lui rendre visite. Ce n'était peut-être pas la même chose que prendre une douche mais après avoir manipulé des cadavres, la stérilisation ne semblait pas de trop pour se débarasser de ce sentiment de malaise qui lui collait à la peau.

J'espère qu'on en retrouvera pas plus demain. A ce rythme même si on arrive à se ravitailler il y aura bientôt plus personne pour faire fonctionner le vaisseau. Il s'étira longuement. J'ai hâte que mon job consiste à éteindre des feux. Je suis pas légiste joder.  
 

"Si on te pose la q-q-question, je n’ai rien dit !" Lui intima-t-il, pas certain qu’on apprécie qu’il donne des astuces pour éviter de sentir le cadavre ambulant surtout quand ses astuces consistait à profiter du couloir de décontamination du secteur médical.

Mais bon, il s’agissait de Diego et Alejandro n’était pas vraiment du genre avare sur ce type de petites astuces pour pouvoir rendre cet affreux cauchemar un poil plus vivable. C’était comme lorsqu’il profitait d’une plaie ouverte et donc d’avoir de la gaze et de l’alcool pour inviter ses patients à se nettoyer un peu plus que de raison avec celle-ci avant de la jeter. Il n’y avait pas de petite économie de toute évidence et la moindre petite astuce lui semblait importante.

Il fronça les sourcils à l’idée de devoir faire face à une nouvelle vague de suicide. Ce genre d’idée se répandait comme une trainée de poudre et il n’était effectivement pas impossible qu’ils aient à nouveau à faire à des morts prochainement. Cette idée le terrifiait à vrai dire et pourtant, il devait s’y préparer. La situation était assez alarmante pour que des membres de l’équipage perdent tout espoir et s’il ne partageait pas ce désir, il pouvait le comprendre. Sa gorge se serra un peu malgré lui.

"Y aura toujours les opérateurs" remarqua-t-il, ayant une petite pour celui de l’infirmerie, Chancey, dont il s’était rapidement attaché. Il ne put s’empêcher de rire à la remarque de Diego. "J’ai hâte que tu passes plus de temps à glander qu’autres choses... Au moins ça voudrait dire que tout va bien. Désolé, j’ai moyennement envie qu’un incendie se déclare dans le vaisseau."

Il soupira de plus belle, prenant son pad pour simplement fouiner un peu plus sur les informations auquel il avait accès et ainsi occuper ses mains.

"On aurait dû renommer notre groupe Crescendolls...Avec un peu de chance, on aurait eu un fan extra-terrestre, avec un vaisseau guitare -très important le vaisseau guitare-, qui serait venu sauver nos fesses pour les beaux yeux de Tina."

Oui, comment ne pas penser à Interstella 5555 lorsqu’on était un groupe de musique coincé au milieu de l’espace ?
 

Il ne fallait pas lui dire deux fois. Il était peut-être capable d'être très généreux quand il voulait, ce n'était pas non plus une quête de tout les instants que de rendre la vie des autres plus facile. Contrairement à Alejandro qui avait bien sa place en tant que secouriste. Si cela impliquait qu'il pourrait profiter de la stérilisation en toute discrétion et sans convoitise autre, il ne voyait pas la nécéssité d'en informer les autres. Mais pas certain qu'Alejandro parvienne à vraiment tenir sa langue. Il était comme ça, trop gentil tout le temps et avec tout le monde. Enfin, tant que je peux en profiter le temps qu'on retrouve de l'eau...

Il souffla du nez lorsque son camarade lui rappela que même si les humains venaient à manquer, il resterait toujours les machines. Pour Diego, avec chaque vie humaine en moins cette mission perdait de son sens. Tant mieux si les opérateurs pouvaient prendre la relève pour maintenir le vaisseau dans l'espace, mais s'il n'y a plus aucun humain a bord ou trop peu pour faire en sorte que ce voyage ait une quelconque utilité, à quoi bon ?

Je peux que être d'accord avec toi. Diego n'était pas un flemmard, loin de là, mais être pompier n'était pas non plus sa passion dans la vie. Moins de temps à sauver des vies, plus de temps pour la sienne, même si à l'heure actuelle il n'était pas sûr de comment il prévoyait de passer son temps libre s'il en avait.

Il éclata de rire en écoutant Alejandro. [i]Aaah Interstella 5555... Qu'est-ce qu'on leur en avait parlé. Un groupe de musique dans l'espace, aussi incongru que palpitant, juste ce qu'il fallait pour conquérir le coeur de leurs fans et du monde entier. La comparaison n'allait pas loin car contrairement à l'histoire du film, on ne les avait pas kidnappé mais ils étaient bien partis de leur propre chef.
Un vaisseau-guitare... Je continue à croire que ça aurait été possible, si les ingénieurs avaient un peu d'humour. Et d'imagination. Comme toi cerote. Mais désolé, je crois pas qu'un chevalier servant va venir nous sauver. Va falloir s'en sortir tout seul. Cette bonne dose de rigolade, de rêverie et la certitude qu'une longue aventure les attendait fut juste ce qu'il fallait pour que Diego commence à se faire happer par le sommeil. Toujours l'homme d'action qu'il était, il ne lui fallu pas plus d'une minute pour se mettre à ronfler.  
 

L’image du vaisseau guitare lui revenait en mémoire, dès le moment où on leur avait fait le parallèle avec Daft Punk, l’idée lui avait traversé l’esprit. Dans le genre communication marketing, ça se serait posé là, mais bon... Le projet Starship Voyager n’était pas uniquement pour eux et leur groupe (et en y pensant aujourd’hui, heureusement).

"Ca aurait été trop classe…" Avec le sourire, laissant son imagination faire le reste dans son esprit. "On s’est tous toujours débrouiller tout seul alors... Ca devrait le faire."

En l’écoutant l’appeler une nouvelle fois cerote, son sourire s’intensifia. Se souvenant qu’au départ, ce surnom l’avait terriblement choqué, il avait rapidement appris que pour le Guatémaltèque, ce mot n’avait pas du tout la même connotation vulgaire et insultante que pour lui. Détournant le regard pour observer à nouveau ses photos, il hésita à revenir sur leur dernier souvenir sur terre... Ce dernier repas...Les discours des uns et des autres, mais surtout le sien, qui avait été interrompu par Rosy.

"D-d-di-diego ?" Appela-t-il sans quitter son pad des yeux mais lorsqu’il n’eut que pour seule réponse un ronflement, il étouffa de ses mains un rire pour ne pas réveiller son ami. Peut-être arriverait-il un jour à trouver le courage de l’avouer, et peut-être même trouverait-il le moment opportun pour le faire, mais de toute évidence, ce ne serait pas ce soir.

Maintenant qu’ils étaient ici et que leur survit n’était pas du tout garanti, son envie de le dire à chaque membre du Sunrise ne cessait de grandir. S’ils devaient vraiment mourir ici dans les semaines à venir, une part de lui souhaitait partir en étant réellement lui-même aux yeux de ceux qui comptaient pour lui.
Profitant que le claviériste se soit endormi pour l’observer, il y avait quelque chose de particulièrement reposant à regarder quelqu’un dormir. C’était également fascinant de bien des manières et amusant. Impressionner par la rapidité avec laquelle le pompier s'était endormi, il en profita pour se changer également avant de s’allonger à tour.

"Buenas noches hermano"

Dit-il avant de plonger leur dortoir dans la nuit. Retrouvant sa couchette, il resta encore un moment réveiller à écouter la respiration profonde de son colocataire jusqu’à ce qu’à son tour, il soit emporté par Morphée.