Un premier contact

Vakarian avait fini de bosser sur une navette, il aidait les autres pilotes à leur entretien et faisait en sorte de perfectionner leur entrainement en leur faisant faire quelques simulations. Tout le monde doit être prêt, à n'importe quel moment, les services de leurs équipes peuvent être demandées et c'est tout à fait normal que tout le monde reste d'une manière ou d'une autre sur le pied de guerre. C'est pour ça qu'il veille à ce que tout le monde reste en forme et s'entraine. Il a même demandé des entrainements collectifs histoire de resserrer les liens entre chaque pilote. Mais il faut savoir prendre une pause aussi, car le repos fait partie intégrale de "l'entrainement". Un soldat fatigué, ça ne sert à rien. L'homme était donc parti au réfectoire pour y manger quelque chose. Sur terre, il aurait été heureux, même s'il aurait eu dans son assiette cette vieille semelle toute dure qui aurait dû faire guise de steak. Là... les repas... en fait la plupart du temps il préférait ne pas trop savoir ce que c'était. On est loin du restaurant gastronomique français ou d'un bon cinq étoiles. Mais il faut s'en contenter, alors il mange sans vraiment faire attention à ce qu'il y a dedans. Généralement, il va sur son comlink pour faire abstraction de l'apparence de sa nourriture et avoir ses pensées focalisées sur autre chose. Il consultait des dossiers et des rapports, ça fait de la lecture à défaut d'avoir une télévision sous la main.

Un homme vint s'asseoir à sa table ce qui ne le perturba pas, c'est un self, n'importe qui peut s'asseoir où il veut, surtout avec les grandes tables qu'on trouve ici. L'inconnu s'adressa à lui, ce qui lui fit lever la tête avec un léger air surpri dans les yeux. C'était un "nouveau", quand il dit nouveau ça veut dire réveillé depuis peu de temps en fait. C'était quoi son nom déjà... arf il l'avait entendu... Floyd, Dwight... Lloyd ! Oui c'était ça, un certain Monsieur Lloyd, pour le reste son prénom lui échappait. Le gars se présenta, au moins ça lui rafraichit à la mémoire. Il voulait lui parler. Pendant quelques secondes, il eut envie de regarder à gauche et à droite, se demandant ce que ce type pouvait lui vouloir. Généralement, on ne lui parle jamais. "Que puis-je faire pour vous Monsieur Lloyd ?" demande simplement le militaire. Frye n'est pas le plus bavard du monde, il essaie de se soigner, d'être un peu plus sociable, mais ça marche mieux avec ses collègues et bizarrement avec Jerry qu'il apprécie et qu'il protège. "Sans vous offenser, je me suis toujours demandé ce qu'un diplomate faisait à bord ?" Frye n'a jamais compri leur rôle sur terre. Ce sont des hommes politiques mystérieux...

Le militaire n'avait aucunement l'intention de vexer ou blesser cet homme avec ses paroles. C'est juste... qu'il se demandait à quoi peut servir ce genre de personne à bord. Cela ne voulait pas dire qu'il le pensait inutile, c'est juste que même sur terre, il n'a jamais compri leur tâche. Tout ça... c'est très politique et la politique n'a jamais été la tasse de thé de Frye Vakarian. Lui, c'est un militaire, il a appris à obéir, bien qu'il sache désobéir si les ordres ne lui conviennent pas ou que ça va à l'encontre de la sécurité des personnes qu'il a sous ses ordres. C'était une simple question, peut-être pas "réellement" correcte, mais c'est un soldat, on ne va pas lui en vouloir de ne pas y aller avec des pincettes quand même ! Stephen lui expliqua en quelques mots ce qu'il faisait, mais il ne doutait pas qu'il y avait surement d'autres choses. "En gros... vous êtes une sorte de médiateur," dit -il en réponse comme pour signifier qu'il avait compris, même si ça reste flou. Mais ce n'est pas le plus important.

Lloyd allait en venir au fait, il n'était naturellement pas venu voir Vakarian pour parler chiffon (ça l'aurait étonné quand même). Fraichement réveillé, il voulait en savoir plus, voir comment ça se passait au niveau de l'ambiance et tout ce qu'il va avec. En gros, il était en train de faire le tour du terrain pour voir comment ça se passe. C'est toujours mieux de faire ça en parlant aux gens, les rapports ça peut être long et barbant. Vu son rôle au sein du Voyager, le pilote lui semblait tout indiqué pour exercer cette tâche de "conteur". Bien entendu, il y mettait les formes pour brosser le militaire dans le sens du poil. Frye n'était pas dupe, ça fait longtemps qu'il est sur le circuit et il sait quand quelqu'un tente de vous mettre dans sa poche. En soit, ça ne le dérangeait pas. Pour l'heure, Stephen Lloyd le diplomate n'est qu'un inconnu à ses yeux. Il va entrer dans son jeu, il verra bien ce qu'il en ressortira. "Je pense que vous avez certainement sentit l'ambiance tendue. Tout le monde est à cran où presque. Les derniers évènements ont été traumatisant pour beaucoup et nous avons perdu des hommes." Le Néo-zélandais commençait à expliquer d'une manière globale l'ambiance, il allait détailler un peu plus après. "Je fais partie de ceux qui ont été réveillés au début. J'ai donc pratiquement tout vécu ici. Apprendre que la terre n'est plus a été un coup dur pour tout le monde. Puis on a appris qu'une chose vivante inconnue était à bord. Une première expédition est partie explorer pour revenir avec des personnes en moins. J'ai fait partie de la seconde expédition qui c'est déroulé tout aussi mal. Et l'une de ces choses se balades librement à l'intérieur... Vous imaginez la paranoïa que ça provoque." La plupart des civils étaient à bout, ayant l'impression au moindre bruit ou mouvement que l'alien va apparaitre pour leur sauter dessus et les tuer. Frye est un homme entrainé, il sait garder son sang froid et il n'est pas plus effrayé que ça par cette chose. S'il commence à céder à la peur, ça sera le début de la fin. "Nous, les militaires, on essaie d'être calme et rassurant pour réconforter les civils et les rassurer. Mais c'est loin d'être facile." Comment calmer des gens quand ils ont peur de la mort ? C'est presque impossible, surtout quand le danger peut être n'importe où. "Tout le monde fait de son mieux, ça je peux vous l'assurer. Nous avons tous nos tâches et tout le monde s'applique à les faire... en même temps c'est le seul moyen d'avoir un but et de ne pas sombrer dans le désespoir face à la nouvelle qu'on a plus de maison... même si on l'aurait surement jamais revu." Tant de choses se sont déjà passé... Cette nouvelle vie fait peur à beaucoup, pourtant il faut l'accepter et continuer à vivre. Certes la terre n'est plus qu'un lointain souvenir, ce n'est pas une raison pour baisser les bras. Il y a encore de l'espoir. Tant qu'ils sont vivants, tout est encore possible. "Vous avez peut-être des questions plus spécifiques ? Des choses que vous voulez savoir en particulier ?" interroge Frye, curieux de savoir ce qui peut bien intéresser un diplomate.

Le soldat s'était exécuté, expliqua d'une manière assez résumé, mais précise sur la situation. Il parla assez grossièrement de tout ce qui était arrivé jusque là. Et bien qu'il ne fasse pas des premiers à avoir été sorti du sommeil, il doit avouer ne pas avoir raté grand chose. D'ailleurs, c'est un certain avantage d'être là depuis un moment, ça fait de lui une sorte de pilier, quelqu'un -il l'espère- sur qui on peut avoir confiance. En plus de ça, il pense avoir montré qu'il était fiable, même si certaine personne font encore la tête à ce sujet. Ses relations avec Alejandra restent quelque peu tendues et ça ne va pas être facile de lui faire comprendre qu'elle peut avoir confiance et lui laisser prendre des initiatives. Tout ça parce qu'il a prit les devant une fois... Ce n'est pas comme s'il avait fait courir tout le monde vers une mort certaine... Mais il s'est déjà expliqué à ce sujet avec elle, ils doivent apprendre à travailler ensemble et se faire confiance. Certes, c'est plus facile à dire qu'à faire, personne n'a le choix ici. Les derniers survivants de l'humanité n'ont d'autres choix que de s'allier pour survivre, encore plus quand une bande d'alien inconnue ont décidé de prendre possession de leur dernière "chez eux".

Frye avait donc demandé à Stephen s'il avait des questions ou des points qu'il voulait éclaircir. Le politicien voulait savoir s'il y avait une sorte de césure encore les civiles et les militaires. Oui et non... Disons que les militaires restent là pour protéger les civils et c'est toujours eux qu'on envoient au casse pipe en premier. De ce côté là, ça reste similaire à la terre. "Je pense que tout le monde s'entend, mais les militaires restent des militaires monsieur. Nous sommes là pour protéger les civils. Alors, d'une certaine manière nous sommes un groupe à part. Mais, il n'y a pas tellement de division. Quand nous sommes parties en exploration, nous avions quelques civils avec nous. Nous sommes encore assez peu réveillé et on est loin d'être une armée. Alors nous travaillons également de paire avec des civils ayant les compétences requises pour ce que nous demandons." C'était une réponse tout à fait honnête et logique. De plus, c'était la vérité. D'ailleurs, certains ne voudront peut être plus jamais partir en mission après les horreurs et la peur qu'ils ont du vivre. Pour Frye, c'est son boulot, alors il ne peut pas rechigner et d'un autre côté, il n'a pas peur.

Stephen voulu savoir si la discipline était respecté du côté militaire. Là, il se demanda si ce dernier était au courant du malentendu avec Alejandra... Est-ce qu'il a déjà vu la jeune femme et qu'elle lui en a parlé ? Aucune idée. "Ici, la plupart des gens réveillés ne se connaissaient pas avant. Les militaires n'ont pas forcément travaillé ensemble, alors oui, il y a quelque couac et c'est normal. Nous devons tous apprendre à nous connaitre et nous faire confiance. La situation est assez inhabituelle pour tout le monde. Et nous avons tous un rythme différent pour nous adapter. Je peux vous assurer que tout le monde fait de son mieux. De mon côté, je fais mon possible pour que mon équipe se connaisse et parvienne à se faire confiance pour travailler efficacement ensemble." C'était une proposition qu'il avait fait à Alejandra et elle avait approuvé. Que ce soit eux d'eux ou les autres pilotes, il fallait à tout prit une cohésion de groupe. "Auriez vous ouïe dire qu'il y a des problèmes à bord ?" demande t-il. Frye va apprendre beaucoup de chose à l'homme, alors si lui aussi peut glaner quelques informations... pourquoi se gêner !

Parfois, il y a des questions qui peuvent intriguer et attirer une certaine méfiance. On ne peut pas dire que Frye soit totalement méfiant. Stephen voulait savoir s'il y avait des problèmes à bord entre les gens. Peut être qu'on peut facilement résumer qu'ils sont des humains et que quoi qu'il arrive, il y aura toujours des problèmes. C'est comme ça, l'être humain ne peut pas vivre en paix et en harmonie, du moins c'est une chose que pense notre soldat. Ceci n'a pas forcément vocation à aller jusqu'à une guerre, un meurtre ou un bagarre. Mais de simples tensions entre deux personnes ou tout un groupe reste possible. Il suffit que l'un pense jaune et que les autres pensent bleu pour qu'un désaccord se crée et que ça puisse aller loin. D'une certaine manière, c'est un peu ce qu'il s'est passé entre Alejandra et lui. Le problème est réglé et il met ça sur le dos que les gens ne se connaissent pas et entre collègue, surtout militaire, il faut atteindre un certain niveau de confiance pour laisser un second prendre des décisions. Alors, il fait son possible pour apprendre à connaitre sa supérieur et vice versa. Frye ne pensait pas que recevoir des ordres pourraient l'ennuyer autant. Sauf que quand ça fait longtemps que vous étiez un gradé qu'on écoutait... ça fait bizarre de se retrouver plus ou moins en bas de l’échelle.

Au vu de la situation, il y a forcément des problèmes à bord du Voyager. Que ce soit entre civil, entre militaire ou même les deux. Il ne faut pas oublier que tout ce beau monde vient de se réveiller au milieu de l'espace et qu'une violente réalité c'est heurté à eux : la terre et l'humanité ne sont plus. Même si chaque passager l'encaisse, ça n'empêche pas à certaine personne de craquer. On peut ajouter une bonne couche, en parlant des aliens, dont un qui se ballade parmi eux, pour ajouter une paranoïa. "Monsieur Lloyd, je crois qu'il vous suffit simplement de regarder la situation en face pour avoir la réponse. Nous sommes des humains, à bord d'un vaisseau, au milieu de l'espace, sans possibilité de revoir la terre et sa famille. De plus, une race alien se ballade sur ce qui reste de notre "seul et unique" maison. Vous imaginez bien que ça crée des tensions, qu'on le veuille où non. Je ne suis pas plus au courant que ça de tout ce qu'il se passe à bord. Surtout si ce sont des broutilles. La plupart des gens ne se connaissaient pas, tout le monde doit trouver sa place et certain le feront en écrasant les autres si besoin. Est-ce que ça répond à votre question ?" S'il y a de plus gros problèmes, ils sont étouffés avant qu'ils n'explosent au grand jour. Vakarian aurait pu parler de son altercation avec Vargas, mais à quoi bon ? Ce n'était pas si grave que ça et c'était réglé depuis plusieurs semaines déjà.

Le politicien le questionna un peu sur son passé. Ce passé lointain ou la terre avait encore de la vie. "Oui, monsieur. J'ai toujours été pilote. C'est l'ancien gouverneur du Voyager qui a appuyé ma candidature. J'avais eu l'occasion de travailler avec lui sur une d'opération. Sans son appuie, je n'aurais jamais pu faire parti du projet étant donné que j'étais légèrement trop vieux. Finalement... je suis là. Je me demande toujours si c'est une chance ou pas..." Le soldat ne se plain pas d'être en vie. Mais personne ne sait ce que réserve leur avenir. Est-ce qu'ils vont survivre ? Est-ce qu'ils vont tous se faire anéantir par les aliens ? Le voyager va t-il résister à ce long voyage  dans l'espace ? Auront-ils assez de vivre ? Il y a tellement de question au sujet de leur avenir qui est incertain. Du coup, difficile de savoir si la mort sur terre était un choix plus facile et moins douloureux que ce qu'ils vont vivre dans le futur. "J'ai toujours eu un certain intérêt pour tout ce qui se rapporte au pilotage et je suis un vrai couteau suisse dans le domaine. J'ai commencé par piloter des avions chasses. Mais je me suis aussi formé sur Hélicoptère et avion cargo. Et à présent... les navettes du Voyager !" Ceci lui fait penser qu'il aimerait un jour trouver un engin alien pour apprendre à le piloter. Il a soif d'apprendre et d'en savoir toujours plus ! "Est-ce que vous avez fait l'armée ?" demande t-il sachant que ce n'est pas rare qu'un politicien fasse ces classes avant de retourner dans la vie active faire ce qu'il veut.

A la réponse de l'homme politique, il était content d'être militaire et d'avoir un rôle différent de son interlocuteur. Traiter un conflit quand il est là est une chose, le faire avant qu'il n'apparaisse... c'est totalement différent. Frye n'aurait surement pas la patience d'écouter tout le monde, de devoir comprendre les différents problèmes pour essayer de régler ça à l'amiable. Son rôle à lui en tant que militaire c'est d'intervenir là où le danger est bien réel. Se battre pour arrêter une guerre, se battre pour libérer des otages et bien d'autres situations. Il faut croire que c'est une question de goût et de compétence et il sait qu'il n'a pas celle de son interlocuteur.

Vakarian avait parlé de lui, du fait qu'il était pilote depuis toujours, c'était une vocation bien qu'il ignore pourquoi. Son père n'était pas militaire, il ne pilotait pas non plus, un homme parfaitement ordinaire. Quant à ses parents biologiques, il ignore tout d'eux et sait très bien qu'il n'aura jamais l'occasion d'apprendre quoi que ce soit à présent. Ce sont juste des fantômes d'une vie qu'il n'a jamais vécue. Et puis, à quoi bon vouloir en savoir plus sur eux, alors qu'il a été lâchement abandonné dans la rue alors qu'il était un nourrisson fraichement né ? C'est une attitude qu'il a toujours trouvée cruelle. Quel genre de mère est capable d'abandonner un bébé ? Même s'il n'est pas désiré... celui lui a toujours donné l'impression qu'il ne vaut pas mieux qu'un pauvre chien vu comment ces personnes se sont comportées. A tout cela, il y a surement une ou des raison(s). Une femme qui était battue par son mari ? Un déni de grossesse ? Une famille trop pauvre ? Une femme malade ? Frye a eu mille fois l'occasion d'y réfléchir et ce n'est que torture d'essayer de trouver une raison. Ses vrai parents sont cet homme et cette femme l'ayant adopté et aimé comme si c'était leur propre fils.

Face à lui, Stephen, n'avait pas eu l'occasion d'aller dans l'armée, un choix qui lui était propre. Plutôt que de devenir un militaire, il avait préféré la politique, une décision qui lui appartient. Frye n'a jamais aimé la politique. D'après lui, ces personnes-là ne font qu'envoyer de la poudre aux yeux, faire des réformes qui font gronder le peuple et surtout ils s'enrichissent toujours sur le dos des plus pauvres. "A chacun sa vocation ! Je serais un très mauvais homme politique. Devoir parler dans le but de satisfaire tout le monde, dire ce qu'ils souhaitent entendre, alors que la vérité est différente... C'est quelque chose que j'ai beaucoup de mal à apprécier. Mais ça vient peut être du fait que je suis un soldat et que pour réussir des missions, il faut connaitre tous les points importants, comme ceux qui peuvent sembler futile. Et puis... je n'aime pas le mensonge." On pourrait croire que sa dernière phrase signifie que tous les politiciens sont des menteurs. Ce n'est pas aussi extrême que ça. Car parmi tout ce monde, il doit forcément y avoir des gens intègres... mais ça semble être une légende urbaine. "Ne croyez pas que je vous traite de menteur Monsieur Lloyd. C'est juste mon point de vue d'après ce que j'ai vu sur terre dans la majorité des cas. J'espère que vous serez bien meilleur que tous vos prédécesseurs. Car ici, je pense que vous allez avoir pas mal de boulot. On est encore peu à être éveillé, donc ça reste assez facile, mais le jour ou ça ne sera plus le cas... Ça va être un véritable festival. L'idée du Voyager est bien, mais il ne faut pas oublier qu'il y a tout un tas de personnes avec des nationalités et cultures différentes. Ça peut être un choc pour tout le monde de devoir changer ses habitudes et se confronter à des façons de penser et de faire différentes." Le soldat ne veut pas avoir l'air désagréable, mais il n'est pas non plus du genre à cacher ce qu'il pense. Il préfère largement l'honnêteté que les non-dit.

Cette conversation était des plus intéressantes et étonnantes. Sincèrement, il ne pensait pas un jour parler avec un politicien pour lui c'était une espèce morte avec la terre. L'homme avait simplement oublié qu'il y en avait forcément à bord, mais vu qu'aucun n'était réveillé avant... c'est un détail qu'il avait retrouvé. La politique n'a jamais été un sujet qu'il a apprécié, en fait, il s'en fichait et n'aimait pas ça. Les élections... autant dire qu'il avait tendance à les fuir comme la peste et s'il devait voter, la plupart du temps c'était un vote blanc. Que ce soit un parti ou un autre, ça a toujours été la même chose, de belles paroles pour très peu d'action au final. Alors à quoi bon perdre son temps à les écouter et les choisir ? C'est surement à cause de son père qu'il pense comme ça, il n'a jamais aimé les hommes politiques et les à toujours traité de menteur et d'idiot qui ne fait que de vendre de la paillette, mais au final c'est juste un tas de merde qu'ils apportent. Cette vision des choses à toujours beaucoup amusé et convaincu Frye. A croire que les chiens ne font pas des chats... même quand votre père est un père adoptif.

Le soldat peut comprendre que ce qu'il dit est maladroit et pourrait même être mal interprété par le politicien. Frye est diplomatique, mais pas forcément doué dans la communication. Et là... il se peut qu'il s’emmêle les pinceaux. Lloyd peut dire ce qu'il veut, c'est peut être vrai que ce n'est pas un menteur... comment pourrait-il le savoir ? Il veut bien le croire, mais en vérité c'est le futur qui lui dira. "Vous savez, mes connaissances en politique c'est assez maigre et je ne m'y suis jamais vraiment intéressé. Tout ce que je sais, c'est qu'une grosse partie des hommes politiques sur terre étaient pourris. Mais ici les choses seront peut être différente. Il n'y a pas de moyen de s'enrichir et l'argent n'a pas de valeur. On est tous dans le même bain, j'imagine que ça peut faire changer les choses. Travailler pour le bien du peuple et non pour son épargne déjà bien rempli." Ici pas de risque d'avoir un scandale financier, de détournement d'argent et compagnie. Ceci peut retirer ce qu'il y a de mauvais en politique en fait... Et les personnes intègres pourront enfin trouver leur place et montrer de quoi elles sont capables. "Le problème c'est que dissimuler la vérité n'est jamais bon. C'est le genre de chose qui vous fait perdre la confiance d'un peuple une fois que celle-ci éclate."

Stephen demanda au spécialiste s'il avait été officier, ce qui était le cas. Et même en ayant un grade élevé, il n'a jamais menti. En fait, il n'a jamais eu de raison de mentir et de détourner la vérité ou de la cacher. Certes, s'il devait bosser sur une mission confidentielle, il n'allait pas en parler à un civil ou quelqu'un de non habilité. Mais c'est différent et ça concernait des opérations. "Au risque de vous décevoir Stephen, je n'ai jamais eu à mentir à mes hommes. Et même en devant encaisser la vérité, ils ont toujours donné le meilleur d'eux même. Je pense que c'est plus une question de confiance que de mensonge. Ils ne se sont jamais senti trahi ou abusé par que j'ai toujours été juste et loyal envers eux. Après, c'est ma vision des choses, mais je ne suis pas un politicien. S'il y a des choses à cacher, c'est surement bien différent de tout ce que j'ai pu voir ou entendre durant ma carrière." Leurs professions sont totalement différentes et il aura toujours du mal à comprendre un homme politique. "Vous savez... mon père avait une sainte horreur des politiciens. c'était d'homme à ignorer le maire et les élus. Si je vous parais un peu rustre, je m'en excuse. Disons que j'ai reçu une éducation qui m'a toujours fait comprendre que la politique c'était... de la merde, comme dirait feu mon père." Il disait ça sur un ton léger et avec de l'humour. Loin de lui l'envie de se mettre à dos l'homme assit devant lui, mais juste de lui faire comprendre que c'est loin d'être sa tasse de thé. Ceci ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas s'entendre, juste que ça sera un éternel débat, un peu comme les gens qui disaient "PC" et ceux qui disaient "Mac".

Lloyd se défendait, du moins il défendait son point de vue face à Frye. C'est un débat qui n'aura jamais vraiment de fin car l'un et l'autre resteront campé sur leur position. Certes, le soldat ne connait pas forcément le système politique aussi bien que son interlocuteur. C'est même sûr, ses connaissances sont maigres et il n'a jamais été très intéressé par tout ce qu'il pouvait se dire. Ce n'était pas un sujet qu'il aimait et les rares fois ou on en parlait dans les journées ou à la télévision s'était de manière négative. C'est donc une raison suffisante pour laisser ça loin de lui. D'après le militaire, les politiciens ne sont que des menteurs qui cachent la vérité et sortent des bobards pour essayer de rassurer ou juste rallier le peuple à ce qu'ils disent. C'est une manière de faire qu'il n'aime pas, trouvant que c'est de la manipulation, voir même une sorte de lavage de cerveau. Au final, le peuple est esclave de la politique, il doit faire et accepter en fermant sa gueule. Cela a toujours été ainsi, comment est-ce que ça aurait pu changer ? Surtout quand l'argent entre en jeu dans la balance. L'argent, l'envie d'en avoir plus, le pouvoir, la puissance... tout ça vous transforme en requin, même la personne la plus intègre. En fait, la politique était le poison de l'humanité. "Qu'importe... je ne trouve pas que mentir soit honnête. Pourquoi vous vous auriez le droit de savoir et pas le peuple ? Le système était pour moi défaillant depuis le début. Mais de toute manière, il n’existe plus, non ? La terre et la quasi totalité de l'humanité est morte il y a bien longtemps. On devrait repartir sur des bases saines pour que tout ce passe bien. Vous allez devoir vous mettre à la page, Monsieur Lloyd, j'espère que vous êtes prêt à évoluer et changer pour le bien de tous." conclut tout simplement Frye. Oui, il faut changer, il faut oublier le vieux système politique et ne pas donner tout le pouvoir à une seule personne. De toute manière, comment ça pourrait marcher face à des personnes aux origines différentes. Une coalition pourrait refuser d'en voir une autre au pouvoir. Ce qu'il faut c'est une alliance, une sorte de table ronde des pays, qui vont essayer de voir comment aider les survivants. "J'espère que vous ferez le nécessaire." Frye afficha un sourire sympathique, il ne veut pas faire croire à Stephen qu'il va être pénible ou quoi que ce soit. Ce n'était qu'une discussion tout à fait normal et chacun a défendu son point de vue, rien de plus normal. "J'espère que la prochaine fois, on parlera d'autres choses que de politique car c'est loin d'être mon point fort," dit-il pour détendre l'atmosphère, bien qu'elle n'était pas forcément tendue. Mais c'est histoire de montrer qu'ils peuvent parler d'autres choses une autre fois.