Mais qu'est ce qu'ils disent... (Alec)

Ainsi les deux scientifiques se lancèrent dans leur travail sans plus de cérémonie. Hécate fut appelé pour seconder. Une telle machine était d’une aide non négligeable, et le linguiste fut bien heureux en voyant tout ce que l’IA apportait comme information sur les pictogrammes terrestres. Pendant que le dossier grossissait sur l’écran, Mackenzie apporta quelques nouvelles déductions, sur un des symboles. Alec examina ce dernier un bref instant avant de répondre.

"C’est fort possible. Mais tant qu’on n’aura rien pour comparer, on ne peut que supposé. C’est comme un qui découvre un nouvel alphabet. Il ne peut qu’imaginer les mots et son."

Encore, on ignorait s’il s’agissait d’un alphabet comme celui des langues latines ou germanique, ou bien de mots entiers ou de son complexe comme par exemple le cas des anciens hiéroglyphes. En tout cas, le linguiste ne rejetait aucune hypothèse et l’idée proposée par l’astronome fut bien noté. Elle pouvait servir et pourquoi pas, devenir une première base. Duhamel exprima néanmoins son étonnement qu’un langage extra-terrestre puisse avoir une infime chance de s’approcher de celui des humains. Alec Freizsmuth lâcha un petit rire à travers un souffle court, trouvant cela tout autant incroyable. Il comprenait son étonnement dont il partageait.

"Pourquoi pas ? De nombreux peuples utilisent des symboles semblables pour désigner quelque chose de commun. Des formes de vagues pour l’eau, des très fort pour le feu, des cercles pour des astres à quelques différences prêt. On fait cela pour qu’on reconnait d’un coup d’œil ce qu’on veut représenter, ce dont on a besoin de parler et..."

Tout à coup, le linguiste eut comme un blocage. Son regard resta fixé sur la tablette, le visage figé, perdant son sourire pour adopter une posture plus sérieuse. Il était visiblement inerte, mais son esprit carburait au maximum, il ressemblait au défilé de Janeiro, aussi vivant et excité par une idée subite l’ayant traversé. Il se disait bien qu’il pouvait faire fausse route, qu’il s’emballait peut-être un peu trop vite, mais l’allemand exploitait chaque idée, chaque possibilité. Enfin, il pensait avoir justement sa première idée après des jours de travail, avoir quelque chose du premier coup serait trop beau. Quoi qu’il en soit, il en fit part à sa nouvelle collègue.

"Et si… Et si ces gens suivaient le même principe ? Déjà, je remarque qu’un symbole se répète plus souvent que les autres. Le cercle avec un point au milieu. Cela peut indiquer le début et la fin d’une phrase ou de ce qui s’approche d’une phrase. On peut rebondir sur votre idée de l’azote justement."

Plus Alec creusait cette hypothèse, plus elle lui paraissait juste et crédible. Cependant, rien n’était gagné et Freizsmuth ne voulait pas trop s’emballer s’il faisait fausse route. Cela n’empêchait pas son cerveau de tournait à son maximum et le poussé sur cette voie. Attrapant son PAD, il ouvrit une application sur les schémas qu’il glissa entre les mains de Mackenzie.

"Je peux faire totalement fausse route, mais tentons. Essayez de me dessiner des éléments que vous voyez autour de vous. Mais de façon symbolique bien entendu."

Un exercice bien simple, un peu trop sans nul doute. Malgré cela, il était utile pour confirmer une petite partie de l’hypothèse du linguiste. Bien que tous deux faisaient partie de la même espèce, chacun venait d’un pays et d’une coutume différente, voyant les choses à sa manière. Alec comptait jouer dessus pour valider ou invalider sa première idée. Pourtant, au fond de ses tripes, il sentait que ce n’était pas le cas, une voix intérieure qui disait de continuer, ca ne pouvait être que ça.
En tout cas, ceci eut le mérite d’occuper l’esprit du chercheur, lui faisant enfin oublier pendant plus de deux minutes, l’histoire de la fin de la Terre et qu’ils étaient perdu au milieu de l’espace, à la merci d’alien visiblement hostiles.

Alec attendait donc que Mackenzie termine. Après quelques petites minutes de patience, il put constater l’œuvre de sa collègue. Attrapant le Pad, il examina les propres symboles de cette dernière tentant de deviner leur signification. L’astronome posa bien la question à savoir si ce genre de test, suffirait à démontrer quoi que ce soit. Bien entendu, l’allemand fut le premier à reconnaitre les limites de cette idée, mais qui pouvait présenter quelques avantages.

"Pas forcément, cela reste bien entendu limité. Mais son but premier est de nous donner un bon début de piste. Alors voyons… On dirait que pour le premier, il y a comme une fenêtre… Et ce qu’il y a en dessous… C’est l’ordinateur je dirais. Le deuxième, une feuille de papier facile et le troisième… Un lit ? Un bureau ? Non un stylo !"

Le linguiste semblait bien content d’avoir réussis à deviner ces symboles coucher sur l’écran. Ceci restait bien maigre en effet, mais apportait l’espoir à l’expert qu’on pourrait réussir à déchiffrer ce « langage » extra-terrestre peut-être de la même manière. Encore, s’ils devaient jouer les Champollion, ils devaient avoir accès à une langue comparative pour traduire. Mais pour l’instant, c’était tout ce qu’ils avaient sous la main pour s’aider.
Quoi que… Quand Hécate fit son apparition, la donne semblait changer. L’IA apportait le fruit de ses analyses, les comparaisons donnés avec d’autres langues et l’ordinateur sans doute le plus puissant de l’humanité, eut réussit à faire plusieurs rapprochements entre ces symboles de l’espace, et ceux de peuples humains. Les yeux de Freiszmuth se mirent à briller. Hécate confirmait on dirait bien, une très grande partie de la théorie de l’expert. Ce dernier, bien que bien installer devant l’écran, prenant appuie sur son bureau, les yeux manquant de lui sortir du crâne, cru qu’il risquait de défaillir à tout instant.

L’excitation était à son comble, il n’en revenait pas qu’en si peu de temps, l’allemand et la Canadienne venaient de déjà traduire, du moins sans aucun doute, un bout de message alien. C’était la première fois pour notre ami, et on dirait qu’il frôlait la victoire. Et encore, ils bénéficiaient de l’aide de l’IA la plus poussée de leur civilisation. Sans elle sans doute, leur travail aurait pris des mois voire des années avant d’arriver à un semblant de résultat.
Duhamel semblait également aux anges, ces premiers résultats arrivées si vite furent si prometteuses.

"Oui, merci beaucoup Hécate. Vous nous avez été d’une très grande aide." Toujours penser à dire merci, même si c’était une machine qui faisait le travail non ?

"En effet… C’est un très bon début. Bien entendu, tout ceci reste avant tout théorique et tant qu’on ne l’aura pas confirmé pas des faits, on ne peut rien affirmer. Gardons déjà ce que nous avons et faisons donc ce qui est proposer, tentons de repérer des mondes dans le système présentant ces caractéristiques. Si on y arrive, je pense que nous arriverons à déchiffrer les symboles manquant après."

Tout ceci ressemblait à un immense puzzle. On avait devant soi de nombreuses pièces de différentes formes et couleurs. Au départ, on se sent perdu, ne sachant par où commencer, mais une fois des premières pièces identifier et mises en place, le reste venait petit à petit pour à la fin donner forme et sens. Alec avait cette impression, pensant qu’ils commençaient à recomposer une immense image qui devait ressembler à une carte spatiale ou quelque chose dans le genre. Il y avait de quoi donner le vertige non ? Car en plus, si tout ceci se confirmait, alors le Voyager disposerait à son bord de nouvelles données lui permettant de savoir vers où naviguer. Imaginons donc toutes les possibilités ? Un nouvel objectif, une planète colonisable ? Une où on pourrait trouver eau et nourriture en abondance, mieux que la recyclé du vaisseau. En parlant de ça… Alec se retourna vers Mackenzie tout sourire :

"Que diriez-vous d’aller manger un bout et boire quelque chose pour fêter ça ? On peut emmener du boulot avec nous ?"

Ainsi ils allèrent faire une petite pause au Venture. Le bar était encore si peu fréquenter, peu de monde réveiller, idéal pour se relaxer et réfléchir un peu. Alec se souvenait des nombreuses fois où il hésitait à franchir cette porte, avant de se décider. Il a pu faire de bonnes rencontres et il commençait à penser, qu’il pourrait faire de cet endroit, un de ses repères. Cependant, il n’était pas seul pour cette retraite temporelle, et loin de se détendre à cent-pour-cent, il comptait bien y travailler encore un peu.

"J'espère que cela ne vous dérange pas que nous fassions si vite une petite pause. En réalité, je pense qu'il est bon de faire des coupures régulières, afin de ne pas se fatiguer trop vite, et surtout après une si gros avancée prometteuse, prendre du recul pour ne pas partir facilement dans tous les sens."

L’allemand parlait avec expérience. Ses débuts, il passait tellement de temps le nez plonger dans les livres et à bosser sans relâche. Il fallait souvent le rappeler à l’ordre, lui montrer la dangerosité d’une telle pratique. Il avait fini par comprendre et constatait même, qu’en suivant ce principe, la qualité de son travail s’était grandement améliorée. C’était un des facteurs ayant permis une telle ascension pour celui qui allait devenir un des plus grands linguistes d’Allemagne, même si le principal intéressé, ne se reconnaissait pas derrière ce titre.
Prenant donc place à une petite table non loin, où le duo pouvait converser en toute intimité, boissons et amuses gueules furent commander. L’allemand n’avait pas oublier sa première fois au bar, le côté répugnant des boissons. Mais il fallait faire avec et puis, on arrivait à la longue par s’y habituer non ? Du moins, à mieux supporter ce breuvage mille fois recyclé. Il fallait garder la foi qu’un jour, l’équipage bénéficiera de mets digne d’un roi, de la nourriture fraiche et de l’eau pure en abondance. Juste une question de temps.

"Pour vous répondre tout à l’heure… Non, l’étude d’une langue extra-terrestre ne faisait pas partie du programme. Je pense qu’aucune personne de notre groupe n’avait envisager pareille chose. Le but initial, était d’étudier l’évolution de la langue ou des langues à bords du Voyageur et constater comment dans une communauté isolée aux origines variées, communiquera entre elle à la longue."

Alec pouvait comprendre la question posée. Il avait promis d’y répondre d’ailleurs une fois tout le monde installer ici. On pouvait se demander l’utilité d’un linguiste. Ce n’était pas la première fois qu’on le lui demandait, et certainement pas la dernière, car pour un tel voyage, on s’attendrait plus à des scientifiques du genre biologiste, mécanicien, informaticiens, des agriculteurs et du personnels de services par exemple. On ne s’attendrait vraiment pas à un linguiste à bord. Freiszmuth se faisait aussi la remarque, se sentant quelques fois de trop à bord, surtout en voyant les raisons de son voyages, réduites en fumée. Mais la découverte de ces pictogrammes, semblait être un signe de la providence qui redonnait une raison de s’accrocher, de plus, pour notre ami.

"J’avoue que si nos déductions soient bonnes, j’en serais aux anges. Une première langue extra-terrestre déchiffré avec succès, il y aurait de quoi donner le tournis. Avec tant de rapidité… Le mieux serait de trouver un de ces mondes dans le coin pouvant correspondre à notre découverte, ainsi nous devrions réussir à déchiffrer le reste."

Freiszmuth aurait penser que rien que déchiffrer un premier symbole ou deux, lui prendrait plusieurs semaines au minimum. Pourtant, il n’a fallu que quelques minutes pour arriver à une première déduction. Si tout cela se confirmait bien, la théorie mise en avant plutôt serait prouver, du moins en grande partie, à savoir que chaque langue aussi différente soit-elle, représentait les choses de manières semblables. Une racine commune serait à l’œuvre même entre humains et aliens ? Pourquoi pas, en tout cas cette idée réjouissait beaucoup à l’expert, qui y vit également un autre avantage avec cette trouvaille.

"Vous imaginez ce que cela pourrait signifier ? En dehors d’une découverte scientifique… Ce serait une carte, ou quelque chose y ressemblant, un guide touristique de l’espace. Avec, on pourrait découvrir des mondes propices pour trouver eau et nourritures, ainsi que du minerais pouvant être utile..."

Ceci donnait l’espoir. Alec était le réveiller le plus récent, il ne pouvait imaginer ce que ses camarades, plus longtemps que lui débout, pouvaient vivre. Pensaient-ils au triste jour où ils allaient manquer de ressources ? Qu’une fin atroce les attendait ? Alec y avait songé, et gardait espoir, sans doute comme tout le monde, qu’un miracle allait leur arriver. Il était possible que cette grâce leur fut accorder à cet instant, en leur montrant la voie.

Duhamel avait raison. Il y avait tellement de paramètre à prendre compte, de facteurs à étudier pour cette étude si singulière, que cela rendait le tout intéressant, surtout pour le principal concerné. Et comme elle venait de le dire, il existait déjà des cas sur Terre qui furent également soumit à étude et dont les résultats furent fascinants. Sauf que là, ils furent dans l’espace, et au lieu d’être une communauté fermée, elle était composée de gens de toutes horizons. Si cela se trouve, Alec ne verra pas la fin de ce travail titanesque, si leur voyage se révéla sans fin. Mais peut-être qu’à bord, de nouvelles générations verront le jour, et le linguiste pourrait avoir un successeur. Une histoire qui le fit bien sourire, d’autant qu’il comptait laisser son travail à Hécate pour qu’elle puisse aussi enseigner aux nouveaux, s’il y en a, une part de leur histoire.

Mackenzie touchait un autre point important. On ignorait d’où venait ce vaisseau, et si c’était bien un genre de carte qu’ils ont récupérer, elle pouvait concerner une autre partie de la galaxie. C’était un risque, un gros risque. Alec se montra honnête dessus également, mais se voulu en même temps rassurant et optimiste. Au moins, comme le disait bien l’astronome, ils auraient un élément de départ, cela restait gagner.

"Vous avez raison. Cela peut concerner n'importe quel recoin éloigner de notre univers. Après, ce n'est pas mon domaine, je ne peux qu'imaginer mais... Je suppose qu'il n'a pas dû s'écraser bien loin de la zone qui a étudié. Et s'il avait dévier avant, aurait-il en même temps étudier la zone pour se repérer ? Ça pourrait être une carte menant jusqu'à eux ou bien vers un endroit particulier."

Freismuth sentait comme une fièvre monter en lui. C’était comme si son corps, devenant chaud, s’élevait, emporté dans un nuage. Tout le poids qu’il pouvait ressentir s’était donc envoler et son rythme cardiaque semblait excité. Il se força à redescendre sur terre, façon de parler, et retrouver son calme.

"Désolé, je me suis un peu emballer. Voilà que je me voyais comme Indiana Jones qui pense avoir trouver la carte aux trésors de l’espace."

Le linguiste pouvait bien être du genre cartésien, laissant une place importante à la logique et la réflexion, mais il lui arrivait de temps en temps, se laissé aller à l’imagination et partir dans un monde quelque peu fantasmer. Se voir comme le héros avec chapeau et fouet pour retrouver un artefact alien au cœur d’une planète volcanique l’amusait quelque peu. Mais il savait que jamais pareille chose n’arriverait et si oui, il n’aurait rien de l’aventurier charismatique.

Tous deux donc, trinquèrent pour cette grande découverte. L’allemand aurait bien voulu proposer à Hécate de les rejoindre, car elle était en grande partie responsable de leur succès, mais est-ce qu’elle buvait, ou pouvait éprouver le moindre plaisir dans quelque chose ? Il se posait bien la question. Même si le Voyager était une invention cent pour cent humaine, tout ici lui paraissait encore bien étrange, dépassant les rêves les plus fous et ayant du mal à avoir pied ici. Enfin, il commençait tout juste à se faire des repères, ce qui était bon signe. Il demeura convaincu que dans peu de temps, tout cela lui paraitrait si normal.

"Je ne sais pas pour vous, mais serait-il préférable de taire, du moins en grande partie nos déduction ? N’en parler qu’au personnel minimum pouvait nous aider ? Tant que nous ne sommes pas sûr à cent-pour-cent, il serait sans doute avisé d’éviter de créer le moindre faux espoir si nous venions à nous tromper."

Les chances de s’être tromper justement, pouvaient bien être faibles, mais l’expert en langues ne voulait prendre aucun risque. Les habitants de ce vaisseau tenaient encore le coup, personne ne sombrant dans la folie ou piquait une crise. Mais une simple allumette pouvait suffire à tout faire exploser. Et puis, quand on promettait un beau cadeau, valait mieux s’assurer de l’avoir qu’attendre le dernier moment pour dire que non, on ne pourrait l’offrir.

Alec devait avouer qu’il fut bien tenter de s’amuser à établir une carte stellaire, même si elle risquait d’être fausse. Il n’était pas géologue, physicien, chimiste ou autre profession scientifique revendiquant d’étudier la nature et ceux qui composaient notre univers, il partait de l’idée que de nombreux éléments étrangers à la Terre restaient à découvrir, et c’était justement la curiosité de les découvrir qu’il l’anima. En reconnaissant certains éléments avec ces glyphes, allaient-ils identifier des nouveaux aux propriétés inconnues ? La fièvre de la découverte et de l’exploration le prenait petit à petit. Mais n’oublions pas que le plus important restait de trouver un monde où l’eau et la nourriture viendraient pour leur salut.
Jusqu’ici, l’équipage survivait grâce aux rations recyclé, mais cela durera pour combien de temps encore ? Le miracle les accompagnait, et avec un peu de chance, les guiderait vers une terre promise.

Freiszmuth ne put s’empêcher de lâcher un sourire amusé en entendant le nom de son bon vieil ami Cieran. Enfin ami, ils ne s’étaient croisés qu’occasionnellement, se connaissaient que peu, mais l’allemand appréciait déjà ce nouveau compagnon de bar qui allait se retrouver mêler une fois de plus aux travaux du linguiste. Si cela continuait, ils devraient travailler pour de bon ensemble.
Justement, Mackenzie interrogea le quarantenaire sur ses connaissances à bord, qui avait-il déjà croisé depuis qu’il fut sortir de son caisson. Peu de monde était débout sur le Voyager, mais Alec eut l’impression d’avoir vue une foule de personne. Il prit quelques secondes afin de se remémorer le nom de chacun.

"Eh bien pour essayer de les nommer dans l'ordre d'apparition... Il eut mon compagnon de chambré, Anatole Montgomery. Puis Frye Vakarian, suivit du docteur Zhao Ruiling. Et bien entendu... Cieran O'reilly." Voulu t’il conclure par le meilleur afin d’accentuer l’effet surprise.

Jusqu’ici, l’allemand avait apprécié chaque tête qu’il avait croisé. Anatole fut un colocataire accueillant et chaleureux. Frye, un militaire un peu froid, mais à la compagnie agréable dont il a trouvé plaisir à échanger avec lui, en plus de la visite guidée d’une partie du vaisseau qu’il lui a accorder volontiers. Zhao Ruiling… Cette femme lui faisait toujours un effet étrange. Quand il pensait à elle, Alec devenait tout chose et cherchait la grâce et l’attention de la jeune femme. Difficile à dire si cela marchait. Et pour leur ami commun Cieran, un bon vivant, un rigolo avec qui, Alec eut le plaisir d’échanger des idées et concepts à la fois philosophiques et loufoques.

Il aimait bien chacun d’entre eux, et l’astronome se tenait à ses côtés, semblait suivre la même voie. A croire qu’en plus des compétences mises en avant pour monter à bord, on avait opté pour les personnes les plus sociables et agréables, même en situation critique. Freiszmuth n’allait pas s’en plaindre, ceci rendait cette aventure plus agréable. D’ailleurs, ce dernier se souvenait justement de sa première conversation avec l’irlandais.

"D’ailleurs, Cieran O’reilly m’avait parler, le jour de notre rencontre, de l’expédition mener sur une autre planète et d’inscriptions découvertes. J’avoue que cela m’avait intrigué."

Ça ainsi que quelques petits ennuis visiblement pas si méchants que cela rencontrer. L’allemand fut tenté de voir de ses propres yeux ces inscriptions rapportés, mais il fallait croire qu’on l’avait devancé. Et puis, il se voyait mal venir demander une telle faveur, à peine sortie de son lit. Sans compter qu’il doutait d’arriver à traduire quoi que ce soit, étant juste un touriste venant regarder sans répondre aux possibles espoirs qu’on aurait poser sur ses épaules comme maintenant, mais dont il fut rassurer de voir qu’il redoutait le pire pour rien une fois de plus.

L’expression employé fut la suivante « Comme le monde était petit. » Oh combien vrai, surtout sur un vaisseau devant comptait une centaine de personne tout juste réveiller. Alec s’y attendait un peu que Mackenzie connaissait déjà depuis du monde à bord. Cieran était un homme très sociable que le linguiste appréciait beaucoup. Il n’était pas étonné alors que l’irlandais avait de nombreux noms dans ses contacts. Cependant, apprendre que Ruiling était la colocataire de l’astronome le rendit tout chose. Plus que de dire qu’elles étaient amies, la jeune femme se dévoila plus proche du médecin, ce qui donna l’impression à l’allemand que parlait à Mackenzi, c’était comme pouvoir parler plus rapidement, directement, à la belle chinoise. Concept étrange, mais c’était ce qu’il ressentait, au point même d’en rougir quand elle lui demanda les circonstances de leur rencontre.

"Oui..." Balbutia t'il, attrapant son verre et buvant d'une traite sans se soucier de l'infâme contenue.

Effectivement, c’était à l’infirmerie. Alec ne se sentait pas bien et il eut littéralement le coup de foudre dès qu’il aperçu le médecin. Son état s’était empiré, n’arrivant même plus à parler, marcher et même se tenir debout tellement Zhao le troublait. Se sentant gêner, le linguiste ne chercha pas à s’éterniser sur le sujet.
Heureusement pour lui, Duhamel aborda un autre sujet. Un disque de donnée rapporter par leur ami commun ? Alec fouilla dans sa mémoire pour se souvenir d’une quelconque mention de cet « artefact ». "Et nous avons ramené différents artefacts. Pas d'écrits au sens propre, ou alors, nous n'avons pas encore réussi à les décoder." Effectivement, l’irlandais les avait vite mentionnés, mais ayant enchainer sur les fameux pictogramme, l’intérêt d’Alec avait dévier sur ce second point, qui touchait directement son domaine. Après, la suite de leur conversation tournait beaucoup sur des questions philosophiques.

"Il m’en a parler oui. Mais il a mentionné nos fameux glyphes, ce qui ma plus intéresser vous comprenez. Et justement, il vous a mentionner, me conseillant de venir vers vous pour en parler et aussi, de vérifier leurs vidéos de l’expédition."

Alec fut ébahi devant les images. Il n’avait pas encore tout vu, mais se dire que ces plantes, ce paysage au complet n’était pas la Terre avait un petit quelque chose d’effrayant. Il enviait ces explorateurs de l’espace. Et quand il vit la carcasse du vaisseau et cet arrêt sur image des glyphes, c’était comme regarder ces films d’horreurs Found Footage. Au moins, il n’y avait pas eu de gros monstre venant dévorer le groupe. Et puis… Il fut déjà spoiler de la fin, sachant que tout le monde était revenu sain et sauf.
Spectacle mit de côté, l’allemand fut fasciné par ce qu’il avait vue, et de son côté, s’était amuser à faire ses propres notes et quand il pensait avoir quelque chose de sérieux, le partageait dans le réseau. Mais il n’y avait pas grand-chose au final.

"J’avoue que voir ces symboles avec vous fut plus évident que sur les captures qu’on voit un peu vite fait." En même temps, en regardant la vidéo le linguiste ne savait trop quoi étudier, il se sentait dépasser et n’était pas sûr de ce qu’il regardait. "Pour les données pourquoi pas. Cela dépendra de ce qui est contenu, et si Cieran a besoin d’un coup de main de ma part, il sait où me trouver."

L’irlandais connaissait bien le métier de son compagnon de bar, et s’y est montrer fort curieux. Il venait même occasionnellement voire comment cela évoluait. Donc, s’il tombait sur une langue inconnue, il savait qu’il pouvait comptait sur lui. Mais assez parler de ce brave pilote, Alec était curieux d’apprendre à mieux connaitre la jeune femme qui, mise à part son nom et sa fonction, et son pays d’origine, ne savait pas grand-chose d’elle.

"Et vous alors ? Qui êtes-vous donc ? Comment êtes-vous devenue la grande astronome du Voyager ?"

Une sacrée impression… Le mot était faible. Juste un bref aperçu de la jeune femme ou le fait de mentionner son nom suffisait à Alec de perdre tous ses moyens et de devenir tout chose. Il lui fallut un moment pour identifier ce mal qui le troublait tant et comme un petit enfant qui découvrait ce que c’était pour la première fois, l’allemand se sentait honteux. Cela ne s’expliquait pas, on avait pour habitude, et de manière générale nous parlons, à cacher ce sentiment. Pourquoi ? Chacun devait avoir ses raisons quand il ne le savait pas lui-même. Alec but une traite son verre, ignorant le goût de son « alcool » façon de parler, tellement il fut mal à l’aise.

Il crut bénéficier d’une échappatoire quand Mackenzie se confia sur sa place à bord. L’allemand l’écouta attentivement, trouvant tout ceci intéressant. Il aimerait surtout savoir ce qu’elle avait mis sur sa lettre de motivation pour convaincre de la prendre à bord. Sans doute quelque chose de plus intéressant que ce que lui, avait dû mettre. Cependant, il fut interloqué quand elle narra en quelque sorte, comment elle est devenue comme elle le disait « l’interlocuteur astronomie de voyageur. » Rien qu’à l’évocation de ces quelques mots, le cerveau d’Alec fut rempli d’un millier de question, vous en savoir un peu plus sur le sujet.
Mais l’astronome elle, semblait de son côté, trouver un subterfuge pour couper l’herbe sous le pied. La canadienne avait visiblement remarqué l’état de Freiszmuth quand on parlait du médecin de bord et elle devait être bien curieuse dessus, si elle n’était pas motivée par un quelconque plaisir sadique à tourmenter le pauvre linguiste.

"Mais... Pourquoi vous me dite ça ?" Le visage d’Alec devenait livide.

La remarque de Mackenzie pouvait paraitre innocente. On pourrait esquiver facilement la remarque. Mais l’allemand souffrait du syndrome de la « culpabilité de l’amoureux », un mot bien barbare, qu’on ne trouvera pas dans un livre médical, mais qui décrivait bien son état. Alec était conscient de ses sentiments pour la belle chinoise et chaque petite remarque dessus, le poussait dans une forme de paranoïa où il croyait que tout le monde savait, et formait une sorte d’accusation.
On pouvait trouver cela adorable, mais n’oublions pas un point important. La romance n’était pas forcément bien vue à bord. Les vivres se réduisaient à vue d’œil et si un enfant devait naître, car les moyens de préventions n’étaient pas éternels, on frôlerait la catastrophe. Le règlement était clair sur ce point et Freiszmuth, amoureux également des règles, se voyait mal d’en enfreindre une seule.

"Nous ne sommes pas obligé de nous croiser. Pas mêmes horaires sans doute et on est bien prit par notre travail."

Alec cherchait un peu à fuir, lançant quelques excuses. Mais il se sentait encore plus perdu après avoir entendu dire qu’il n’était pas loin du dortoir de Ruiling. Le voyager était grand, mais ce n’était pas New-York ou Berlin. Il aurait imaginé le médecin dormir à l’autre bout et que ce serait plus facile de la croiser à l’infirmerie. Maintenant, il était bien tenté de la voir, de passer dire un petit coucou à l’improviste. Mais ce serait déplacer ? Alec ressentait un puissant trac, sa timidité légendaire lui hurlait de ne pas le faire, de plutôt se cacher dans un coin et attendre que ça passe. Se sentant piéger, le linguiste voulu rebondir sur autre chose pour s’en sortir.

"Et si nous reprenions notre travail plutôt ? On doit attendre les premières conclusions, mais on peut sans doute trouver autre chose avec notre première théorie ?"