[INTRIGUE 1.5] Dans les dédales de l'esprit

Six semaines, ça fait six semaines que deux membres du Voyager sont confinés et observés pour trouver de quel "mal" ils souffrent. Yasin et Vargas sont les malheureux enfermés. A cause de tout ça, c'est Vakarian qui doit s'occuper des pilotes durant l'absence prolongé de la directrice. Ceci ne le dérange pas, mais ça ne lui fait pas plus plaisir que ça. Vous savez, ça lui donne l'impression de lui voler sa place et qu'elle ne reviendra peut être jamais. Les docteurs semblent dans l'impasse, ils ignorent de quelle maladie ils souffrent, si l'on peut nommer ça "maladie". Ce sont des absences étranges qui les prend en même temps et tout ceci serait lié à l'alien. Frye à plus ou moins été témoin du comportement étrange d'Alejandra lors d'une mission qui avait tourné au vinaigre. En compagnie de Mackenzie, il avait retrouvé la directrice devant le monstre, le "caressant" et ne voulant pas le quitter. C'est tout simplement inexplicable et il est certain que quelque chose ne va pas. Si seulement il pouvait aider... Hélas, il n'a pas de connaissance scientifique. Quoi qu'il y a peut être une solution simple pour arrêter tout ça... tuer l'alien ? On le prendre surement pour un fou ou juste un foutu militaire qui ne pense qu'à tirer sur tout ce qui bouge. Mais si une sorte de lien, un contrôle quelconque existe entre les deux humains et l'alien, le seul moyen de le détruire serait peut-être la mort de la chose. Enfin, ce n'est qu'une supposition, au vu des maigres résultats actuel, personne ne peut dire si c'est la solution.

Ruiling l'avait informé que pour une expérience, les docteurs auraient besoin de sa présence, une sorte de sécurité au cas où. Frye avait naturellement accepté, si ceci peut aider à trouver une solution, c'est tout ce qui compte. L'expérience allait commencer avec Naël. Lors d'une absence, la porte de sa "chambre" fut ouverte et le but était de voir sa réaction. Le spécialiste était là pour la sécurité, armée d'un tazer qui pourrait surement l'arrêter si besoin. Sincèrement, il espérait ne pas avoir à s'en servir. Pour ne pas qu'il se sente menacé, il avait gardé son arme baissé, mais prêt à intervenir au besoin. Le comportement du jeune homme était étrange, il semblait presque "animal" à le voir renifler les docteurs et observer. Toutefois, peut-être qu'il était capable de sentir la menace, car il lui sembla que la vue de l'arme le fit reculer. Ceci mit davantage Vakarian sur ses gardes. Sa main était à sa ceinture, posée sur l'arme, prêt à dégainer et tirer si besoin. Mais il restait calme dans l'ensemble. Jusque là, ni Naël, ni Alejandra n'avait montré de signes d'hostilités pendant leur absence, non ? Pourquoi est-ce que ça devrait commencer aujourd'hui ?

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Six semaines en cage… Il y avait de quoi devenir fou. Bien sûr, j’en comprenais les raisons, mais le temps n’en paraissait pas moins long derrière cette immense baie vitrée. Qui avait pensé la disposition de ces cellules ? J’avais beau apprécier l’éclaireur, le voir en permanence face à moi H24 avait quelque chose de fortement perturbant. Nous manquions tous deux d’intimité, que nous ne trouvions qu’une fois sous la douche et encore… J’émettais des doutes là-dessus. Je levai le regard vers la caméra qui était braquée sur moi en permanence, avec le personnel médical certainement derrière, à guetter le moindre signe de ces « absences ».

Naël et moi avions tous les deux subis une belle batterie de tests, mais les médecins ne nous cachaient pas que leurs progrès restaient maigres, sur ce phénomène. Bien entendu, il manquait des spécialistes en éveil pour les épauler efficacement… Mais combien de temps comptaient-ils nous garder sous surveillance étroite avant d’avouer que la situation les dépassait complètement ? Ils feraient mieux de nous laisser sortir démêler la situation nous-mêmes auprès du premier concerné… Le Telepath, comme ils avaient fini par l’appeler. Ses compétences particulières avaient de quoi les faire paniquer, mais je n’éprouvais pas du tout la même appréhension qu’eux. Oh, bien entendu, je comprenais parfaitement pourquoi on ne pouvait pas me laisser sortir. J’avais été la première à dire que je ne pouvais plus exercer à mon poste de commandement dans de pareilles circonstances… Mais en y réfléchissant, je n’aurais pas agi différemment. Nous avions besoin de comprendre à quoi nous étions confrontés. Leurs craintes envers le Telepath n’étaient pas justifiées. Il n’était pas hostile envers l’humanité, seulement curieux comme nous l’étions.

Naël disparut rapidement de mon champ de vision alors qu’il venait de terminer ses exercices du jour, sans doute pour se désaltérer. Je commençais à connaître ses petits rituels matinaux par cœur. L’éclaireur avait la bougeotte et supportait encore bien plus mal que moi l’isolation. Il fallait dire que ce n’était pas sa première fois, bien au contraire… Je tentais, la plupart du temps, de l’occulter alors qu’il tournait comme un tigre en cage. Je divisais mon propre temps en deux, tour à tour sur mon pad à regarder des films ou jouer à des jeux, dans une certaine tranquillité, avant de rompre avec cette oisiveté pour me remettre à l’exercice afin de garder la forme. Ce matin, je n’avais pas spécialement envie de bouger. Je poussai un profond soupir, avant de revenir à mon pad, où je venais de lancer un nouveau film de science-fiction… Une histoire d’invasion de la planète Terre, encore. Ca manquait un peu d’originalité. Je me calai entre les coussins sur mon lit, le regard fixe sur l’écran, quand les médecins nous firent l’honneur de leur présence. Une nouvelle batterie de tests, peut-être ?

Je relevai la tête de mon pad, le film tournant en fond sans plus que je ne lui accorde de l’importance. J’étais attentive à ce qu’il se déroulait subitement sous mes yeux. La porte de la cellule de Naël s’était ouverte, contrairement à la mienne… Et si toute son attention était fixée sur les médecins, la mienne l’était sur mon ancien collègue… Frye. Je ne bougeai pas, mais ne le quittai pour autant pas du regard. Je descendis mon regard à son arme, vigilante. Les médecins ne l’avaient pas fait venir sans raison… Le militaire était là si la situation dégénérait. Je laissai la vidéo sur mon pad tourner en fond, alors que je quittai mon lit pour me rapprocher de la baie vitrée. J’observai ce qui se passait autour, adossée au mur, l’expression neutre.

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J’avais posé ma tête contre la baie vitrée, dans une attitude plutôt calme et vigilante. Mais, quand le message d’avertissement parvint sur leur comlink, l’action fut immédiate. Il avait suffi d’un moment d’inattention de leur part pour que Naël déverrouille la porte de ma cellule, à distance. Ils n’étaient pas en mesure de comprendre ce qu’il venait de se passer, si bien que personne ne fit réellement attention à moi. Tous, autant qu’ils étaient, me pensaient inoffensive en cage.

Je me ruai aussitôt sur le seul militaire de la pièce, dans l’intention ferme de lui subtiliser son arme à impulsion électrique. Le choc fut soudain, alors que je prenais Frye par surprise, mais il ne se démonta pas pour autant. D’un geste adroit, il parvint à repousser ma tentative pour conserver l’arme en main. Celle-ci était maintenant braquée sur moi, ce qui m’incita aussitôt à changer de stratégie. Je n’avais pas besoin de vérifier ce que faisait Naël pour savoir qu’il avait, lui aussi, échoué. C’était regrettable, mais nous n’avions pas dit notre dernier mot.

J’entendis quelqu’un parler, ou plutôt appeler quelqu’un. Je ne comprenais pas exactement ce qu’il disait, mais il attira aussitôt mon attention. Lui, il ferait un bouclier de choix. C’était une cible moins coriace que celui qui me faisait face, avec son arme en main, et il était sans doute le plus proche de moi actuellement. En quelques pas de course, je réduisis la distance entre nous à néant. Je donnais un premier coup à la tête pour le sonner un peu et l’empêcher de se défendre, rompue par des réflexes parfaitement militaires, avant de le bloquer d’une clef de bras dans son dos et de m’y placer. Je le maintenais fermement contre moi, pour lui empêcher tout mouvement, alors que je me retournais vers Frye, comme pour le défier d’user de son arme maintenant que j’avais un otage pour me servir de bouclier. Il n’oserait pas lui tirer dessus pour m’atteindre… Si ?

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Les choses ont rapidement dégénéré. Tout se passait bien, si on peut dire ça. Naël était sorti de sa chambre comme prévu, son comportement était étrange, mais il n'y avait aucune réelle agressivité, bien qu'il l'avait vu lorgner sur son taser, ceci avait poussé Frye à être plus vigilant, heureusement. Puis le bordel débuta. Son comlink émit un message, on l'informait que l'alien était en train de venir de leur coté. Quoi ? Mais qu'est-ce que ce truc fou ? Merde, quand il pensait qu'il fallait buter ce truc, il avait peut être raison depuis le début. Ce truc est d'une manière ou d'une autre lié aux deux "malades" ici présent. Il les contrôle ou partage un lien étrange avec eux. C'est suffisant pour Frye pour lui donner envie de zigouiller ce Telepath à deux balles. Dans les films et le livres, les contrôles mentaux sont en général stoppé via la mort du marionnettiste, non ? A moins qu'il faille juste leur foutre un casque à la "magneto" sur la tête pour empêcher que le lien passe ?  S'il en vient à penser aux solutions qu'on voit dans les films, autant dire qu'ils ne sont pas dans la merde. Sauf que la situation est inédite.

Alejandra s'échappe de sa cellule pour foncer sur lui, alors qu'en même temps Ruiling se fait attaquer par Naël. Putain de merde ! Frye n'a pas l'intention de se laisser faire et encore moins l'envie de laisser l'arme à sa collègue. Finalement, il reste maitre de l'arme et elle recule, la docteur à même réussi à s'échapper. Bon, ils gardent l'avantage ! Enfin... Jusqu'à ce que Vargas attrape Anatole pour qu'il devienne son bouclier. "Vargas, reprenez vous ! Est-ce que vous vous rendez compte de ce que vous faite ? Vous avez un otage ! Vous êtes humaine ! Si ce truc vous contrôle, essayez de lutter. Car si vous lui faite du mal, je serais obligé de faire de même !" Peut-être que la raisonner pourrait aider ? Peut-être que sa conscience reprendra le dessus ? Encore une fois, ce ne sont que des suppositions. Qui ne tente rien n'a rien. D'un autre côté, les deux sont hostiles et il faut agir. Dans l'espoir de ralentir et mettre H.S Naël pendant quelques minutes, il vise se dernier pour lui tirer dessus. Malheureusement l'arme à dû subir un dérèglement ou quelque chose dans ce genre là durant son combat contre Alejandra à moins que ce truc était déjà défectueux au départ. Plutôt que de taser son ennemi, c'est lui qui se prend la décharge électrique. L’épaisse combinaison réduit l'impact, mais ça reste douloureux et le fait tomber à terre pour quelques minutes au moins.

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L'occasion est trop belle et je ne la laisse pas échapper, alors que je déverouille la prison d'Alejandra. Ils ont été négligeants. Leurs petites expériences vont se retourner contre eux. Tout se joue en une fraction de secondes. J'attrape la femme pour la soustraire au reste du groupe, mais rencontre une résistance imprévue, alors que la douleur explose au niveau de mon visage et que je me vois forcé de la lâcher. Je grogne, mécontent que cela ai raté et je ressens la même frustration chez Alejandra. Je n'ai pas besoin de la voir pour savoir ce qu'elle fait. Pour savoir à quelle cible elle s'en prend.

Si on a joué de malchance au premier essai, le sort nous est davantage favorable alors que je vois la cible première d'Alejandra pointer son arme vers moi et que j'échappe par miracle à une éléctrocution de premier ordre et que c'est son instigateur qui en subit les frais. Il s'écroule alors, inconscient. Tandis que ma consoeur attrape un des hommes, je me précipite pour ramasser l'arme de celui qui git sur le sol. Autant maximier nos chance de nous en sortir n'est-ce pas ? Et c'est par réflexe que j'appuie dessus en direction de l'homme noir... sans succès. Je le secoue, mais cela ne change rien. Je le garde pourtant en main, battant en retraite jusqu'à Alejandra et son précieux prisonnier. Les autres en face parlent. Ils pensent pouvoir avoir accès à notre humanité, mais il n'en est rien. Ils devaient le savoir pourtant non ? Cela fait des semaines qu'ils nous observent, nous jaugent, nous font passer des batteries de tests. A quoi s'attendaient-ils aujourd'hui ?

Je les observe, aux côtés d'Alejandra. J'ai une conscience aigüe de la surveillance accrue que nous exerçons sur celui qui est par terre, le plus dangereux du lot. Il est momentanément écarté des menaces, mais nous savons qu'il peut vite en redevenir une et profiter d'un instant d'inattention. En face de nous, il reste Leon et Ruiling. La femme qui m'a échappé. Et m'a blessé. Quand sa voix transperce le silence devenu pesant, je lui jette un regard noir, de colère. Mais il y a aussi de la curiosité face à ses gestes et ses intonations. Et la jeune femme est ainsi jaugée par deux paires d'yeux, intensément.

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Putain, c'était quoi ça ? Frye reprenait doucement conscience, il avait comment qui dirait "court-circuité" d'une manière pas très cool. Ses yeux s'ouvraient de nouveau, certes avec une petite difficulté et presque chaque muscles de son corps lui faisait mal. De toute sa vie, il n'a pas reçu beaucoup de décharge électrique, mais c'est déjà arrivée. Vous savez, une toute petite alors qu'il réparait un objet ou des choses du genre, mais le courant reste en général concentrée dans une partie du corps. Quoi que étant ado, il a dû se prendre un coup de jus sur une barrière se trouvant autour d'un champ de vache. Celle là, il s'en souvient encore assez bien, il avait sauté tel une puce quand la décharge l'avait traversé. Ce n'était pas assez fort pour le mettre à terre, mais il avait été mal pendant plusieurs heures. Alors ce coup de taser prolongé... c'est loin d'être une partie de plaisir.

Tout ce qui se trouvait autour de lui était encore flou et les sons lui semblaient lointain, un bourdonnement était constant dans ses oreilles. Doucement, il bougea son bras pour toucher sa tête et son oreille droite, comme si la toucher pourrait tout réparer. Merde, il avait vraiment l'impression d'être dans une église. Les voix ne lui parvenaient pas clairement et il ne comprenait pas grand chose à la situation. Le militaire parvint à se mettre sur un coude, Vargas était toujours là avec Naël et l'otage. Merde, il s'était passé quoi déjà ? Son esprit était embrumé et il n'était pas prêt de tout comprendre, ni même de bouger. Quelques minutes devraient lui permettre de retrouver son état quasi normal. Vous pouvez être sûr, qu'il ne va surement plus jamais utiliser un taser de sa vie. Cette arme est à présent banni de son vocabulaire.

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Ils doivent venir. Je n'ai que faire de leurs hésitations et de leurs palabres. Je n'écoute même pas leurs tentatives de discuter et remarque seulement qu'ils ont d'autres projets en tête nous concernant. Un des médecins semble curieux et plutôt enclin à accepter l'offre. Celui qui était inconscient revient doucement à lui. Il est encore inoffensif pour le moment, mais cela ne durera probablement pas. C'est un militaire, il sait se battre. Ce n'est pas le cas des trois autres, même si ils montrent des ressources insoupçonnées.

Je regarde fixement la femme alors qu'elle refuse complètement de nous suivre. Décidément, elle pose bien des soucis celle là. Déjà qu'elle m'a échappé un peu plus tôt... Et voilà qu'elle refuse d'obtempérer. Ah non, elle accepte, mais selon SES conditions. Regrettable. Alors soit. Je laisse Alejandra passer devant avec son otage. Mon regard se pose tour à tour sur les personnes présentes... Et sur Ruiling. D'un pensée, sa seringue lui est arrachée des mains pour voler jusqu'à la mienne, alors que je m'approche d'elle en un éclair et l'attrape, non sans poser le bout de l'aiguille sur son cou. Cette fois, elle ne m'échappera pas.

Je ne lâche pas des yeux les deux hommes qui restent. Ils ont pu voir que je n'avais pas besoin de mes mains pour obtenir quelque chose, ajoutant la télékinésie à nos talents. Fermement, mais sans brutalité, je tire la femme vers la pièce que nous avons indiqué de la tête Alejandra et moi. Nous avons nos deux sujets. Je n'empêche pas les deux hommes de nous rejoindre, l'un aidant l'autre. Même si je suis tenté d'abandonner derrière celui qui est groggy. Qu'importe, leur présence ne change rien de toutes façons, nous avons ce que nous voulons après tout.

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Le Telepath était là. Bientôt, nous serons tous réunis… A condition que nos opposants se tiennent tranquilles. Naël et moi agissions comme un seul homme, ou plutôt comme un seul alien, ce qui nous rendait redoutables pour eux. Qu’ils soient sur la défensive n’était pas très étonnant. Ils réagissaient de cette façon face à une situation qu’ils ne maîtrisaient pas, qu’ils peinaient même à comprendre. Mais bientôt, tout s’éclairerait.

D’un même mouvement, Naël et moi leur faisions signe de nous suivre dans la pièce adjacente. Nous ne nous préoccupions pas du cri de détresse de la femme à l’intérieur, qui ne savait seulement pas à quoi elle avait affaire… Mais demander aux médecins de nous suivre sans difficulté était visiblement trop difficile. Le grand à la peau noire était peut-être le plus raisonnable des deux. Il était prêt à nous suivre, à condition qu’ils viennent tous. Ce n’était pas un problème en soi. Mais la petite, elle, voulait imposer davantage de conditions. Naël la fit taire en usant de ses pouvoirs devant eux pour la deuxième fois. Cet atout nous permettait aisément de prendre l’ascendant sur eux, car ces capacités leur semblaient étrangères, mais nous perdions peu à peu l’effet de surprise.

Tout ce qui importait, à l’heure actuelle, était de les emmener dans la salle adjacente où se trouvait l’origine de tout. Je n’avais pas desserré ma prise sur mon otage, alors que je m’engageai par la porte un peu avant Naël, pour l’amener à son tour. Le dernier médecin suivrait. Quant à celui qui était à terre ? Je ne doutais pas qu’il le ferait aussi. Alors nous serions tous réunis.

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Les retrouvailles pouvaient enfin avoir lieu. Ils avaient tous suivi, sans exception, poussés par la curiosité ou forcés à le faire. L’alien était juste là, devant nous, masse noire et ombrageuse qui éclipsait les étoiles. Nous n’étions plus séparés de lui que par une paroi de verre. La situation semblait curieusement inversée, alors qu’il nous détaillait depuis l’espace, là où sa liberté avait lieu. Maintenant c’étaient les médecins qui jouaient le rôle de sujet d’étude.

Je serrai encore Anatole avec force dans ma poigne, mais une impression désagréable et persistante m’empêchait de rester concentrée sur ce que je faisais. Cet inconfort ne faisait que croître, alors que les minutes s’égrenaient dans un silence angoissant. Ma prise, qui tout d’abord s’était raffermie au point de lui faire mal, se relâchait peu à peu. Un râle de douleur me crispa subitement, alors que mon crâne était pris dans un étau puissant. On était bien loin d’une simple migraine… Je lâchai subitement Anatole, alors que la douleur me pliait en deux. Du sang s’écoulait de mon nez et de mes oreilles.

J’ouvris la bouche, à plusieurs reprises, mais les mots ne voulaient pas sortir. Un gémissement de douleur m’échappa plutôt, alors que le supplice ne faisait que s’intensifier. J’avais l’impression que mon cerveau allait partir en bouillie, alors qu’on le sciait de l’intérieur… Je regardais les médecins tour à tour, épuisée et désemparée. Un sentiment de frustration me percuta de plein fouet, et les mots jaillirent d’eux-mêmes, sans cohérence aucune : « Une spirale… Autonome, qui s’inscrit dans une brique. Le sportif chante dans les transports. » Un puissant cri de douleur m’échappa, et je reprenais mon souffle, mes deux plaquées sur mon visage. Je n’allais plus tenir longtemps, s’il remettait ça.