Un peu plus près des étoiles

Cieran éteint l'écran de son pad avec un soupir, avant de verrouiller l'appareil. Il apprécie vraiment ces moments avec Ronnie mais rien, jamais, ne remplacera la réalité. C'est même pire, limite, de la savoir si près et d'être incapable de la toucher, de sentir le souffle de son rire, de s’enivrer de son odeur. Mais il ne peut pas y faire grand chose, de toute façon. Au moins, communiquer avec elle rompt la solitude dans lequel le pilote se retrouve enfermé : après sa punition, se voir contraint à une période de quarantaine, cloîtré dans l'infirmerie, cela a tout d'une torture pour l'irlandais. Une brusque démangeaison le rappelle pourtant à l'ordre et, plus pour se distraire que pour tout autre chose, Cieran se force à rouvrir son pad pour travailler un peu.

Il a demandé à avoir les images tournées par la go-pro qu'il portait, rejouant le film de leur petite expédition. Il zoome surtout, l'irlandais, sur la partie où ils ont découvert le vaisseau extraterrestre, histoire de trouver quoi que ce soit qui expliquerait comment décoder les disques durs qu'il a ramené. Il n'a pas eu de chance, jusque là, aucun endroit sur la console de pilotage ne semble correspondre à un dispositif de lecture. Pas qu'ils puissent récupérer ledit dispositif s'il existait, de toute façon. Il se gratte presque distraitement la cheville tout en examinant la vidéo, les yeux rivés sur l'écran plutôt que sur son camarade de chambre qui vient d'arriver. Pas qu'il ne cherche à l'éviter, non, mais la cohabitation forcé n'est pas toujours extrêmement plaisante. Mais quand la caméra rejoue le moment où leur astronome lui demande de filmer les étranges dispositifs qu'elle a trouvé, l'irlandais saisit le moyen exact de se changer les idées.

Ils sont en quarantaine, sous surveillance bien trop constante au goût de Cieran, mais ils ont encore le droit de se déplacer dans l'espace très -trop - restreint qui leur a été alloué. Le pilote ne met pas longtemps à trouver Mackensie Duhamel et s'installe sans gène sur le lit à côté d'elle. Si le rouge sur ses joues et ses yeux un peu trop brillants sont une quelconque indication, la fièvre qui le tenaille depuis leur retour a repris du terrain mais l'irlandais ne laisse pas l'empoisonnement déstabiliser et offre son plus beau sourire à la jeune femme. "Hey. Comment ça va ?" Pas super, puisqu'il sont là, mais l'irlandais expédie bien vite les platitudes. "Je me demandais si vous aviez des nouvelles de ce que vous avez découvert sur le vaisseau ? Les pictogrammes de planètes ?" Précise-t-il, au cas où elle ne saurait pas de quoi il parle. Sait-on jamais.

Il n'a pas réellement eu l'occasion de discuter avec l'astronome, sorti des quelques mots échangés lors d'un repas au réfectoire, ou en la croisant à la salle de sport. Il sait comment elle s'appelle et ce qu'elle fait, mais ça s'arrête là, en vérité. Mais de toute façon, ce n'est pas comme s'ils avaient mieux à faire que faire connaissance, enfermés dans cette maudite infirmerie, loin de l'espèce de vie qu'ils ont réussis à construire à bord du Voyager. Et puis, réellement, Cieran a besoin de s'occuper l'esprit, sinon il va vite devenir invivable. Le staff est déjà réduit, inutile, en plus, de se mettre à dos les rares médecins du bord !

Je m'ennuie. Les yeux fixés au plafond, je laisse mon esprit vagabonder tandis que les minutes de notre quarantaine me semble interminables surtout avec ces démangeaisons gênantes, car elles perturbent mon sommeil et vont et viennent sans qu'on sache si elles disparaissent pour de bon ou non. Et puis se conformer au protocole médical alors qu'il y a des études à mener me laisser un peu amère. Cette expédition sur Amazone a été plutôt fructueuse même si elle a révélé que cette planète n'est pas accueillante pour les humains. Nous avions ramené des éléments qui semblaient prometteurs si nous parvenions à les faire parler. Nos découvertes ont été également confinées dans un coin à notre arrivée pour éviter toute contamination extra-terrestre mais il me reste mon pad et la possibilité de me connecter aux données d'observation, ce qui me permet tout de même d'avancer dans notre travail de synthèse.

Mais pour l'heure, je suis allongée, mains croisées derrière la tête alors quand Cieran pénètre dans ma chambre je me redresse quelque peu surprise et grimace quand je sens une démangeaison dans mon dos. Je me tortille pour atteindre la zone et je gratte pendant quelques secondes dans l'espoir de soulager la douleur. Puis je reporte mon attention sur le pilote qui s'est installé sans plus de cérémonie sur le lit adjacent. Il semble un peu fiévreux et je me demande si j'ai la même tête qui lui ou non.

- Couci-couça... Je dirai un peu comme vous... Puis il s'enquit de la découverte des pictogrammes que j'ai ramené. Je sais qu'ils ont été numérisé de nouveau à notre arrivée, juste pour s'assurer qu'on ne perde pas les infos. Par contre, l'enregistrement que vous avez effectué sur le vaisseau est précieux puisqu'il représente l'ensemble du schéma avant qu'on ne perde un morceau. Est-ce que je peux le récupérer ? Je ne sais pas s'il l'a mis sur le réseau de Voyager ou non, mais autant profiter de sa présence pour lui demander directement. De même, je ne connais pas son niveau de compréhension en astronomie donc je m'interroge sur les limites de mes explications. Il y a des informations intéressantes sur ces dessins qui me parlent nettement plus que les symboles autour. Je pense qu'on peut faire des suppositions sur leur signification avec les pictogrammes, mais pour l'instant, je n'ai fait que noter mes premières observations. Je peux vous montrer sur votre vidéo.  

Je viens m'installer aux côtés du pilote pour faciliter mes explications. Je m'arrête sur la première planète et je pointe un trait plein ceinturant un rond, précisant que cela devait représenter une ceinture d'anneaux. Je continue de transcrire les pictogrammes en termes scientifique avant de m'arrêter au milieu d'une phrase. Mon regard quitte les images pour se porter sur Cieran.

- Est-ce que je suis claire ? Vu que je ne connais pas son niveau en astronomie, je n'ai pas vraiment envie de le noyer avec mon jargon.

Elle ne lui demande pas de sortir, c'est déjà presque gagné. De toute façon, pour le bien-être de tout le monde, mieux vaut que Cieran, même malade, soit un peu occupé. La conversation s'engage et le pilote hoche la tête, sortant son propre pad pour lui montrer ce qu'il a filmé. "J'ai demandé à avoir une copie, oui, mais je pense que le film est trouvable dans les archives." Il n'en sait trop rien, Cieran, sur ce que deviennent les infos ramenés de leurs explorations après avoir été analysés. Logiquement, elles devraient aller dans la bibliothèque, non ? Pour être ramenées sur Terre, à l'origine, mais désormais... pour être conservées au cas où ? Il faudrait qu'il se renseigne, tiens, quand il sortira d'ici. S'il sort un jour. Une démangeaison lui rappelle brusquement que ce n'est pas demain la veille, et il se gratte presque distraitement, l'irlandais. Cela va laisser des marques, il en est sûr : parfois - c'est peut-être la fièvre - il a presque l'impression d'entendre sa mère rabrouer sa sœur aînée quand elle a attrapé la varicelle, et lui remémorer le risque que cela laisse des cicatrices. Il a un peu manqué les mots de la jeune femme, perdu dans ses pensées, mais il en saisit l'essentiel.

"Heu... oui. On peut faire ça." Pas très parlant, il le sait, mais il est concentré sur le fait de retrouver la vidéo et finit par mettre son pad au milieu d'eux, Mackenzie l'ayant rejoint sur le lit. Il avance rapidement à travers la vidéo le pilote, sachant à peu près où chercher, et met l'image en pause quand elle se fixe sur leurs trouvailles. La qualité n'est pas exceptionnelle, cela a probablement à voir avec le fait qu'il n'est, en rien, un cameraman émérite, mais elle semble bien suffisante pour associer les explications de la scientifiques avec les images qu'ils ont sous les yeux. Il écoute attentivement le pilote et quand Mack pose les yeux sur lui, il lui retourne son regard en y ôtant avec soin toute trace d'agacement. Poppy aussi lui a demandé s'il comprenait ce qu'elle racontait. Même Rhiannon a semblé penser qu'il était perdu dans ses explications.

"Je suis pilote, pas complètement stupide." Pour le côté absolument-pas-blessé-dans-son-amour-propre, il faudra sans doute repasser. Cieran se passe une main dans les cheveux avant de s'expliquer. "Excusez-moi, c'était stupide de ma part. Je suis..." Fatigué, malade, un peu sur les nerfs, les trois à la fois ? "Pas au mieux de ma forme. Continuez, je vous en prie, je n'hésiterai pas à vous interrompre si vous me perdez." Ou pas. Il avisera. Il a un peu peur de l'avoir refroidie, avec sa remarque pas des plus intelligentes, alors Cieran relance la conversation. " Selon vous, qu'est-ce que cela représente ? Une carte ?" Pourquoi représenter des pictogrammes si ce n'est pas pour guider d'éventuels voyageurs ?

Il pointe du doigt l'un des pictogramme, deux ronds à l’intérieur d'un autre, avant de reprendre. "Pas vraiment une carte, un itinéraire peut-être ?" Même si cela ne leur parlera probablement pas, vu qu'ils ne disposent pas des plans de tous les systèmes traversés par le Voyager, mais cela parlera peut-être à quelqu'un une fois qu'ils auront épluché les tonnes de données à leur disposition.

Cieran présume que la vidéo se trouve dans les archives, plutôt logique après tout, j’aurai pu y penser de moi-même. Le début de conversation est assez pauvre en dialogue mais une fois la vidéo trouvée, je me lance dans mes explications et lorsque je lui demande si je suis claire, il me répond sur la défensive. L’aurai-je piqué dans le vif ? Je fronce les sourcils devant sa réaction, prête à répliquer cependant il s’excuse rapidement ce qui a l’effet de retenir la pique que je voulais lui envoyer.

- Non pas que je présume de vos connaissances, mais parfois je perds mon auditoire avec des termes trop techniques. Les pilotes sont loin d’être stupides. Une manière d'apaiser la tension créée.

Après tout, ils sont censés pouvoir gérer des situations stressantes et dangereuses, savoir analyser correctement les paramètres et parvenir à une décision qui peut coûter la vie. Néanmoins il n’a pas mon niveau de connaissances en astronomie et sciences planétaires, à moins qu’il ne cache un diplôme dans ces domaines. Vu que je ne le connais pas plus que ça, c’est une possibilité envisageable. En même temps, cela m’agacerait bien d’être corrigée par un tiers qui n’est pas de ma spécialité, mais je m’égare. Cieran redirige la discussion vers notre découverte.

- Je pense que ça représente un pan de carte, un système planétaire, les chiffres correspondent certainement aux caractéristiques des planètes, peut-être que certains symboles font référence à leur composition… Ce sont encore des informations qu’il faut que je confirme, mais l’inconvénient c’est que je n’ai aucune idée de la localisation de ce système. Je ne sais pas si ça correspond à des planètes que Voyager a déjà croisées ou bien si on va les croiser sur notre route ou pas du tout.  

Je n’ai aucune idée de la trajectoire suivie par le vaisseau trouvé sur Amazone, ni si cela représente un système « passé » ou « futur ». Mais je compte bien décrypter le maximum d’informations.

- J’espère simplement que les dessins sont universels. De toute manière, je procède par élimination, écartant les incohérences. Si un linguiste est réveillé, je lui demanderai conseil également. Puis je reporte mon attention sur les deux ronds à l’intérieur d’un troisième désignés par Cieran. De prime abord, ça me fait penser à une orbite autour d’une étoile double. Mais il faut que je vois si c’est cohérent avec ce que je pourrais décrypter du reste. Je fais un geste de la main pour englober l’ensemble des dessins. Ainsi qu'avec nos connaissances en astronomie vu qu'il y a certaines configurations qui ne se rencontrent que dans des contextes particuliers.

Cette découverte va me prendre un certain temps à étudier mais je garde espoir d'y découvrir quelque chose qui nous aidera.

Ses excuses ont probablement arrêté un échange stérile : Cieran le sait, entre la pression, la fatigue, ces grattements incessants et l'enfermement, ils sont tous sur les nerfs. Il n'est pas plus à plaindre qu'un autre, évidemment, mais l'enchaînement des événements a été particulièrement malheureux et le pilote a désespérément besoin de souffler, au point de se montrer particulièrement désagréable. Il prend sur lui, mais son état d'esprit est bien loin de la perpétuelle bonne humeur et l'optimisme qu'il affichait avant tout ça. Mackenzie se fend elle-même d'une explication sans doute destinée à apaiser ses récriminations à être traité comme un crétin, et il finissent par changer de sujet. C'est peut-être plus prudent.

Tous les deux se concentrent sur la vidéo et les images que le pilote a mis en pause, la scientifique s'efforçant de répondre à ses questions. Cieran soupçonne qu'elle apprécie l’exercice autant que lui, histoire d'avoir à se concentrer sur quelque chose alors qu'ils sont enfermés dans l'infirmerie. L'irlandais se frotte le bras avec vigueur avant de poser le menton sur son point, regardant pensivement les symboles sur l'écran. Mackenzie a de nombreuses hypothèses, visiblement, et ce qu'a pu en déduire Cieran n'est sans doute pas totalement faux. "J'ai entendu dire que les enregistrements de nos déplacements pendant le cryosommeil ont été partiels, oui." Souligne l'irlandais. Le Voyageur est petit, les sujets de discussion ne sont pas infini et les gens parlent, oui. Il n'en sait pas plus que cela mais cela lui permets au moins d'appréhender les difficultés de l'astronome. Système déjà passé, ou qui les attend plus tard dans le futur ? Si c'est le cas, c'est assez incroyable de se dire qu'un vaisseau extra-terrestre a déjà visité le coin, et qu'un autre est, potentiellement, susceptible de le faire. En même temps qu'eux. Est-ce qu'ils auront un jour la chance - ou la malchance, il l'ignore - de croiser un vaisseau qui ne soit pas une épave ? De croiser d'autres civilisations, car on ne peut pas dire que la bestiole qui vit sur leur Arche se soit montré très avancé culturellement ? Il tait ces questions et se concentre sur les propos de l'astronome qui répond à sa question plus spécifique.

"Hécate ne pourrait pas vous aider ?" Demande le pilote, curieux, avant de s'expliquer. "Pas en ce qui concerne la localisation, j'ai bien compris que vous n'avez pas les données, mais j'imagine qu'elle peut calculer la probabilité des configurations que vous lui soumettez." Il n'est pas trop certain d'être clair : il est novice, dans le domaine, et s'il parle bien anglais, il ignore si c'est le cas de la canadienne en face de lui. Ils parlent aussi français, non ? "Par exemple, un système avec des étoiles doubles et, je ne sais pas moi, plusieurs planètes en orbites autour, il faut une configuration spécifique qui pourrait vous permettre de les repérer ? Même les étoiles sont tenus de respecter la gravité." Suppose Cieran, avant de lui adresser un sourire d'excuse. "Mon père était amateur de science-fiction et de space opéras, il se peut que quelques livres me soient tombés entre les mains." Il n'y connaît pas grand chose sur le sujet, il l'avoue bien volontiers, en dehors de la vulgarisation scientifique qu'il a pu lire et dont il se rappelle. Si ça se trouve, il raconte n'importe quoi : dans ce cas; il aura au moins l'excuse que la fièvre lui embrouille les pensées.

Lorsque Cieran mentionne les enregistrements de Voyager, je hoche la tête avec toujours cette pensée déçue car je ne peux m’empêcher de déplorer la perte des informations non enregistrées. D’une part, cela m’aurait facilité mon travail, d’autre part cela aurait permis d’alimenter un répertoire solide sur lequel nous aurions pu prospecter. Mais ce n’est pas le cas alors inutile de s’appesantir sur le sujet même si je complète sa remarque.

- Oui c’est exact. Au fil des années d’enregistrements nous avons perdu des données simplement dû au fait que les matériels se dégradent avec le temps. Certaines informations peuvent être retrouvées par recoupement mais c’est un travail de longue haleine et je dois dire que nos découvertes sur Amazone vont rallonger ce travail mais il sera fait avec un nouvel angle d’approche.

Puis Cieran émet une idée brillante et je me tape légèrement le front.

- Mais bien sûr, vous avez raison. Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ? J’ai presque envie de le prendre dans mes bras, il m’offre une nouvelle perspective dans mon étude alors que j'aurai dû envisager d'utiliser tous les moyens possibles à ma disposition. Pourquoi n’ai-je pas pensé à lancer Hécate sur ce type d’analyse ?... Comme quoi une discussion avec un interlocuteur d’un milieu différent peut ouvrir des pistes de réflexion. Je souris quand il me fait part de l’anecdote sur les lectures de son père, c’est souvent de cette manière que naissent les vocations. Je vais demander à Hécate de faire cette recherche, certains systèmes n’apparaissent que dans des configurations bien spécifiques. Ça m’aidera certainement d’avoir ce type d’informations. Puis je porte un regard pensif sur Cieran. Il faut être un minimum intéressé par l’espace et ce qu’il recèle pour se lancer dans ce genre d’aventure. Je fais un petit geste en direction du vaisseau qui nous entoure.Pourquoi être devenu pilote et avoir choisi de postuler pour Voyager ?

Je me rends compte que mes questions sont peut-être un peu trop personnelles, nous nous connaissons à peine même si le faible nombre d’éveillés conduit forcément à entendre parler les uns des autres. Et partager une exploration sur une planète étrangère incite à forger des liens. Parfois je me demande si des affinités se sont crées parmi les membres de l’équipage mais je n’ai pas creusé la question, préférant me concentrer sur mon travail, même si la solitude peut parfois être pesante.

Spoiler:

Mackenzie a bien davantage de précisions concernant le manque de données des systèmes traversées, et l'irlandais la remercie d'un sourire. Il a sur le sujet des informations partielles, glanées ici et là, mais elle est évidemment bien mieux renseignée que lui. Ce qui n'empêche absolument pas l'irlandais d'émettre quelques hypothèses concernant leurs découvertes : il est d'un naturel curieux, et les étoiles l'ont toujours intéressé. Son idée semble emballer Mackenzie, en tout cas, et tous deux partagent un sourire de connivence. Ils avancent, même si c'est à pas de tortue. C'est mieux que rien, de toute façon.

Il est heureux d'avoir pu lui donner de nouvelles idées. Il n'est pas persuadé que cela donne quoi que ce soit mais ça vaut le coup d'essayer, au minimum. Et avec un peu de chance, si cela ne donne rien, elle trouvera de nouvelles pistes de travail. L'irlandais se gratte distraitement la cheville quand la scientifique finit par l'interroger sur sa motivation, et lui offre un pâle sourire. Sa question, il sait y répondre, et n'a aucune difficulté à le faire, même avec la fièvre qui embrouille un peu ses idées. "Mon arrière-grand-père était pilote dans la RAF pendant la seconde guerre mondiale." Explique-t-il avant de marquer une pause, un peu perdu, cherchant à se souvenir de la nationalité de la jeune femme, histoire d'être sûr qu'elle comprenne ce qu'il raconte. Le renseignement trouvé, Cieran enchaîne. "Il a acheté un petit aérodrome quand il est revenu au pays, et c'est devenu une histoire de famille. D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours voulu être pilote."

Il a grandit sur l'aérodrome Cieran, passant des heures à contempler les avions, et son grand-père en train de travailler dessus. Ce sont de bons souvenirs, réellement, qu'il chérit d'autant plus qu'ils sont désormais la seule chose qui le relit à la Terre disparue. Il est un peu nostalgique, l'irlandais, mais il s'efforce de répondre à la question de la jeune femme. "Et puis j'ai grandi à l'époque de Star Wars, j'ai dévoré les BD de Lucky Luke, alors quel petit garçon ne rêverait pas d'aller voir ce qui se cache derrière l'horizon ?" Elude-t-il avec un vague haussement d'épaule. La réalité est autrement plus complexe, elle le devinera sûrement, mais il doute qu'elle l'interroge plus avant. Ils sont tous des rescapés de leur monde disparu, sur le Voyager, mais investir autant d'années dans un projet comme celui-là suppose, Cieran le pense sincèrement, plus que l'esprit d'aventure. Un quelque chose qu'ils ont fui, tous, un avenir meilleur qui les attendait dans les étoiles plutôt que sur Terre. Ca n'a pas pris la tournure escompté, clairement, mais cela reste difficile de l'évoquer et le pilote ne s'y risque pas. "Pourquoi être devenue astronome ?" Retourne l'irlandais, curieux.

Cieran me confirme son intérêt pour l’astronomie avec sobriété, indiquant que son père était amateur de science-fiction. Je le suis également même si parfois des approximations scientifiques me hérissent le poil pendant le visionnage de certains films. Sur Amazone, je m’étais demandé si les planètes que nous explorerons seront semblables à l’imaginaire développé par les humains. Mais je pense qu’on est bien loin d’avoir tout envisagé. Puis lorsque j’interroge le pilote sur ses motivations, il m’adresse un pâle sourire que je ne parviens pas à interpréter. Je l’écoute m’expliquer que son engouement pour les avions vient de son arrière-grand-père. Je hoche la tête quand il mentionne la seconde guerre mondiale, le Canada y a participé tout comme certains membres de ma famille. Une sombre époque que j’espère nous ne revivrons pas.

A la mention de l’aérodrome familial, je comprends mieux le choix de carrière de Cieran. Je souris quand il parle de Star Wars et Lucky Luke, même si ce dernier n’était pas mon aventurier préféré, j’allais emprunter certains tomes à mon frère. Ma bibliothèque contenait plutôt des livres du Scrameustache ou encore de Yoko Tsuno quand j’étais enfant. Puis Cieran me tire de mes pensées en me retournant la question.

- Et bien, mon père est… était enseignant-chercheur dans un domaine un peu particulier, l’archéoastronomie. Ça regroupe des études astronomiques et archéologiques, on cherche à expliquer des phénomènes stellaires passés qui peuvent être mentionnés dans des récits anciens et on peut voir leur influence dans certaines civilisations. Il me faisait part des récits qui entouraient les étoiles et constellations et je trouvais cela fascinant. Ça l’est toujours d’ailleurs.

D’où mon intérêt pour le astres bien que ma vision soit devenue nettement plus scientifique et se base sur des faits et des observations. Notre discussion a éveillé des souvenirs et je me demande si les banques de données d’Hécate contiennent les BD évoquées. Il faudrait que je regarde. Une idée me traverse l’esprit.

- C’est bien vous qui avez construit le simulateur ? Est-ce que ça vous intéresse que j’y implémente des scénarios ou des configurations astronomiques précises ?

Après tout, le simulateur est destiné à l’entrainement des pilotes alors autant qu’ils évoluent dans une simulation proche de la réalité, avec des configurations rencontrées sur notre passage ou à venir.  Et puis, j’aurai l’impression que mon travail contribue à quelque chose de plus concret, en plus de l’analyse des pictogrammes et des données d’Amazone.

C'est étrange, d'évoquer l'aérodrome sur lequel il a grandit dans un endroit aussi stérile que l'infirmerie, après avoir exploré une planète inconnue. C'est comme ci quelque chose ne collait pas, entre ses souvenirs et la vie telle qu'elle était maintenant. Cieran songe que c'est sûrement à cause de la fièvre, il a un peu de mal à se concentrer et à associer ses idées. Il retourne la question vers la jeune femme, ce qui ressemble à un changement de sujet plutôt judicieux, et cette dernière lui explique que son père était lui aussi dans le domaine de l'astronomie, quoique dans une branche un peu différente. L'irlandais écoute avec attention, sans se le cacher : c'est un domaine qu'il ne connaît pas, et dont il n'a jamais eu vent jusqu'ici. Ça se tient, pourtant, c'est même logique d'essayer de comprendre à quel point les phénomènes stellaires ont pu influencer les civilisations. Le pilote est d'ailleurs bien d'accord avec Mackenzie : c'est sûrement fascinant, et quand il aura un peu de temps, il ira sûrement fouiner un peu sur le sujet dans la bibliothèque.

Pas maintenant évidemment, puisqu'ils sont coincés ici, mais plus tard. La jeune femme change brusquement de sujet, et Cieran lui offre un grand sourire. "Bien sûr que ça m’intéresse !" La proposition est très généreuse, il en a conscience. "Vous pourriez ? Ca ne vous demandera pas trop de travail ?" S'enquiert l'irlandais avec enthousiasme. "Nous nous sommes servi de données spatiales tirés des connaissances d'Hécate, évidemment, mais si vous pouviez implémenter des scénarios bien plus précis, ce serait vraiment super." Acquiesce l'irlandais. Il lui est reconnaissant de sa proposition, réellement. Plus le simulateur sera précis, plus cela leur permettra de réagir en cas de situation complexe, et avec les connaissances astronomiques engrangées ces derniers mois, il y a sûrement de quoi faire. "Ce simulateur, c'est un travail en commun avec Dragonfly. Notre pilote jusqu'à Amazone." Précise-t-il, sans savoir si l'astronome associera Veronica à son callsign.

L'irlandais se gratte à nouveau la cheville avant de proposer. "Vous devriez venir l'essayer. Pas pour le côté pilotage, évidemment, à moins que vous n’ayez des talents cachés." Ce dont il doute, sans vouloir la vexer. "Mais pour le côté réalisme. Je suis sûr que nous pourrions bénéficier de vos conseils." Si elle peut mettre au point quelques programmes que l'IA du simulateur peut prendre en compte, réellement, il en serait enchanté, et il ne sera probablement pas le seul. "Ca vous donnera une idée de notre base de travail, et de comment l'améliorer avec de nouvelles configurations." Affirme-t-il avant de se passer une main dans les cheveux. Il est fier de ce travail accompli avec Veronica, réellement, et l'idée qu'il est le fruit de la collaboration entre plusieurs services est également une source de fierté sur leurs capacités à réagir et à rebondir, même loin de leur planète d'origine. C'est presque grisant, de voir à quel point l'être humain est capable, malgré les épreuves, de s'associer et d'en ressortir encore meilleur.

"Mais avant tout, il faut qu'on sorte d'ici." Soupire l'irlandais en se laisser tomber en arrière, le dos sur le matelas et les yeux sur le plafond. "Je commence à comprendre ce que peut ressentir un poisson dans son bocal." Il en a plus qu'assez, l'irlandais, d'être enfermé et sous surveillance. L'isolement suite à l'incident avec Tina et maintenant la quarantaine, réellement, cela lui donne envie de se claquer la tête contre les murs.

Ma proposition de contribuer aux scénarios plait à Cieran et j’en suis contente. Au moins mes connaissances serviront de manière plus concrète et elles seront bien utiles à nos pilotes. D’ailleurs mon visiteur s’enquiert de savoir si cela ne va pas me prendre trop de temps et il précise qu’ils se sont servis pour l’instant des données fournies par Hécate.

- Je peux et je ne pense pas que cela me prenne énormément de temps. En fait, ça sera dans la continuité des études que je mène, donc ce ne sera pas comme si je devais reprendre quelques chose de zéro. Et je peux même implémenter les données du système que nous traversons, comme ça vous pourrez évoluer dans cet univers et préparer vos explorations.

Puis il mentionne que le simulateur est le fruit d’un travail collaboratif avec Dragonfly. Sur le coup, je hausse un sourcil interrogatif, heureusement il précise qu’il fait référence à la pilote qui nous a accompagné sur Amazone et là, je fais le rapprochement.

- Vous vous appelez toujours par votre surnom ?

Je ne sais si c’est une habitude dans le milieu des pilotes mais c’est amusant. Puis il me propose d’essayer le simulateur, je penche la tête sur le côté tout en éclatant de rire en m’imaginant en train de piloter. Même si j’ai la tête dans les étoiles, je doute de m’en sortir avec un manche entre les mains, si je ne me trompe pas sur le terme utilisé.

- Oui je pourrai regarder le rendu. Quant à tester, je pense que je serai une pilote catastrophique, même dans un simulateur. Je ferai en sorte de vous conseiller sur les points à améliorer.  

Je peux voir la fierté qu’il affiche au sujet du simulateur et je trouve qu’ils ont fait du bon travail. La conversation dérive de nouveau sur notre quarantaine et je ne peux que le rejoindre sur ce point. Je prends une profonde inspiration à l’idée de passer encore plusieurs jours en confinement, mais il faut bien se conformer aux consignes médicales, sachant que nous ne savons pas de quoi nous sommes victimes exactement suite à notre escapade.

- J’espère qu’ils trouveront bientôt comment nous guérir car ces démangeaisons sont dérangeantes. D’ailleurs à leur évocation, je sens mon dos me gratter et je me contorsionne pour atteindre la zone concernée. Au moins on peut parler entre confinés et on a accès au réseau. Maigre consolation mais qui permet de tuer le temps. Je rejoins mon lit laissant Cieran profiter du sien. J’en profite pour noter sur mon pad les pistes à explorer pour mon étude des pictogrammes.

Mackenzie propose même d'implémenter dans leur système les données actuelles, que Cieran a du mal à se procurer, étant donné qu'elle sont encore, et il le comprend, en pleine analyse. La proposition de l'astronome tombe réellement à pic ! En effet, ce serait bien plus simple de se projeter dans les missions à venir s'ils peuvent disposer des données de l'espace qui les entoure. La question suivante de la jeune femme le fait rire, et il s'explique avec un sourire attendri. "C'est l'habitude." Il le reconnaît aisément Cieran, c'était plus simple sur Terre de dissocier ses camarades de vol à ses complices de sorties en tout genre, mais ce n'est le cas sur le Voyager et lorsqu'il discute boulot, c'est bien le callsign de ses camarades qui lui vient à l'esprit, plus que leur prénom parfois. Sa façon de dissocier, sans doute. "Mais d'ordinaire, j'essaye de faire attention. Surtout parce que personne ne sait de qui je parle sinon." Au contraire des autres pilotes, qui associent immédiatement la jeune femme à son callsign. C'est peut-être la fièvre qui lui embrouille un peu l'esprit, ou tout simplement le - trop - long confinement à l'infirmerie. Il donnerait beaucoup, l'irlandais, pour sortir de là.

La remarque de la jeune femme le fait rire, et il précise : "Je sais que vous ne serez guère utile aux commandes, mais je pense qu'il serait pratique de vous faire une idée de l'intérieur. Le rendu est aussi réaliste que possible." Oh oui, il est fier du travail abattu le pilote, immensément fier même. Mackenzie se lève après une dernière remarque sur leur isolation forcée et l'irlandais soupire. "Oui, au moins." Il se garde bien de dire que c'est bien mieux que son isolement forcée après l'incident avec Tina mais il lui tarde réellement de retrouver une vie normale, aussi normale qu'elle puisse l'être sur le voyager. Il lui tarde aussi de serrer enfin Ronnie dans ses bras, pour de vrai, sans que rien ne l'en empêche ou ne vienne interrompre leurs retrouvailles dûment méritées. Quant à l'accès au réseau... Il a accès a bien davantage, le pilote, mais il se garde bien de le divulguer, sachant les ennuis que cela peut lui créer.

"Dites." Demande-t-il avant qu'elle ne s'éloigne tout à fait pour rejoindre la couchette qui lui a été assigné durant leur temps de quarantaine, "vous n'y êtes absolument pas obligée, mais ça vous ennuierait de m'envoyer un mail avec le résultat de vos recherches sur les pictogrammes ? Si vous avez le temps ?" Il ne peut s'en défendre, l'irlandais, il est curieux et avide d'exploration, même malade, même l'esprit un peu cotonneux comme actuellement, avec ces démangeaisons qui le dérangent sans crier gare. Il sait bien que la jeune femme est occupée, mais si elle transmet le mail à d'autres personnes, peut-être peut-elle lui faire une faveur et envoyer également les infos sur son adresse ? Il ne veut pas être prétentieux, et ne lui propose pas de lui envoyer des idées, mais connaître les conclusions de la jeune femme sur les symboles l'intéresse et l'intrigue en même temps.

Une habitude. Je hoche la tête à la confirmation de Cieran, bien que je considère que cela doit être un peu plus qu’une simple habitude puisque cela doit créer une proximité entre les pilotes, un peu comme des surnoms qu’on s’attribuerait dans une famille.  Et je pense que le parallèle est plutôt bien trouvé car les pilotes travaillent ensembles et doivent se protéger en mission.

- Et c’est quoi le vôtre ?

Quoiqu’il en soit, il me rejoint sur ma capacité de pilotage bien que le terme incapacité collerait mieux. Mais il est tout à fait dans mes cordes de vérifier le rendu des données que j’injecterai dans leur système et voir si cela correspond à la réalité pour que leur entrainement soit le plus proche possible de ce qu’ils rencontreront durant leurs missions. Alors que je retourne sur ma couchette, Cieran m’interpelle et je porte mon attention sur lui. Sa question m’intrigue mais en y repensant elle est logique. Nous avons trouvé ces pictogrammes ensemble sur Amazone et nous en discutons présentement, alors sa curiosité est naturelle. Par contre je me demande si je peux communiquer sans restriction mes découvertes. Une moue fugitive étire mes lèvres tandis que je réfléchis mais je ne vois rien qui m’interdirait de le faire hormis un ordre de mes supérieurs.  

- Oui je peux vous envoyer un mail tant que vous me garantissez de ne pas diffuser l’information. Je ne voudrais pas  susciter des inquiétudes ou de faux espoirs sur une traduction théorique…

Je me montre prudente dans mes propos et sur les termes de cet accord de partage d’information. Vu notre situation actuelle, je ne voudrais pas être à l’origine de mouvements de panique ou d’espoirs déçus, ce qui serait certainement le pire entre les deux hypothèses. D’une certaine manière, j’accorde ma confiance au pilote et j’espère ne pas faire erreur d’autant que je ne le connais pas si bien que cela. Mais rien pour l’instant ne m’indique que je doive me méfier de lui. Il me fait bonne impression et puis un avis extérieur peut être bénéfique.

Mackenzie ne semble pas lui tenir rigueur de son utilisation du callsign de Veronica plutôt que du nom de la jeune femme, y voyant peut-être plus une lubie de pilote qu'une habitude, mais elle ne s'étend pas là-dessus. A la place, elle lui demande le sien et l'irlandais jette machinalement un œil sur sa bande patronymique, absente puisque toutes leurs affaires sont parties en décontamination après leur mésaventure. "Shamrock. L'emblème de l'irlande." Précise-t-il, bien qu'elle sache probablement de quoi il parle. Il ne peut pas le nier, cela lui convient parfaitement, et l'idée de porter en lui un peu de son Irlande natale lui réchauffe le cœur. "C'est eux qui ont choisi." Se sent-il obligé de préciser, sans pour autant mentionner ses deux collègues qui ne savent aucunement jouer à pierre-feuille-ciseaux sans tricher honteusement.

La conversation dérive sur le simulateur qui fait la fierté de l'irlandais et ils se préparent à se séparer quand le pilote soumet une dernière requête à la jeune femme. Elle n'a pas réellement l'obligation d’accepter, il le sait bien, et la brève moue qu'elle aborde lui fait penser qu'elle va refuser sa demande. C'est donc une agréable surprise quand elle accepte, sous condition. C'est tout à son honneur de veiller à ce que les rumeurs ne se répandent pas, donnant un espoir qui n'a pas lieu d'être et un instant, un bref instant, Cieran se demande si elle sait que le pilote a un penchant pas très sain pour les rumeurs en tout genre. Probablement pas. "Je ne dirai rien, scout's honor." Promet l'irlandais en levant la main dans un salut reconnaissable de tous les scouts du monde. Il est sincère, il ne dira rien si elle ne le veut pas, et ne diffusera pas l'information.

Il apprécie d'autant plus sa confiance qu'ils ne se connaissent pas très bien, tous les deux. Ils sont partis en mission ensemble, il ont partagé un bref moment de complicité professionnelle - vraiment professionnelle, Ronnie n'a pas d’inquiétude à avoir - sur le vaisseau extraterrestre, mais ce n'est pas grand-chose, et certainement pas assez pour qu'elle puisse le croire sur parole. C'est d'autant plus généreux de sa part d'accepter. "C'est juste par curiosité, rien de plus." Elle peut sans doute comprendre qu'il soit curieux, après leur discussion. De toute façon, ils sont amenés à se parler un peu plus, si Mackenzie désire étoffer le catalogue d’environnement spatial du simulateur. Une soudaine démangeaison à la cheville oblige l'irlandais à se redresser pour soulager l'agaçante sensation, et il soupire à nouveau. "Merci, en tout cas. J'apprécie. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas." Il sait se rendre utile, le pilote, et son habitude de se faire des contacts aux quatre coins du vaisseau est très certainement efficace pour pallier à toutes sortes de problèmes. Ils sont dans le même bateau - vaisseau - après tout, non ? Et l'entraide a toujours été une valeur première de son éducation, puis de sa vie d'adulte.

Shamrock, plutôt étonnant mais somme toute logique vu la nationalité de Cieran. Et ce dernier précise qu’on lui a attribué ce surnom, certainement les autres pilotes et je me demande quels sont les autres callsigns, comme il dit. Après je ne suis pas très proche des pilotes donc je ne sais pas si j’obtiendrai réponse à cette question. Puis quand il me demande de partager les informations que je pourrai découvrir, je finis par accepter. L’irlandais juge qu’il ne dira rien et il ajoute que c’est seulement de la curiosité. Ce que je peux comprendre tout à fait, après si quelque chose venait à fuiter, je saurai vers qui orienter mes soupçons. Pour le coup, il me retourne la pareille en m’indiquant que je peux le solliciter en cas de besoin.

- Ok je retiens.

Je lui adresse un sourire avant de m’allonger complètement sur mon lit. Le pilote me semble quelqu’un de confiance de prime abord, mais je ne pourrai conforter mon opinion à son sujet qu’à la longue. Du moins si nous voyons la fin de cette quarantaine pesante.