Un battement d'aile

Leontina Tavares & Diego De Leon & Alejandro Escobar

• Date : 8 Aout 2920
  • Statut du RP : Privé
  • Résumé : Il est l'heure pour un nouveau membre du groupe Sunrise de se rendre compte à quel point le projet "Rendez-vous dans 20 ans" était une "bonne idée". Découvrant le fiasco de ce voyage spatial, Alejandro a bien du mal à encaisser moralement ces 9 siècles d'histoire qu'il n'a pas vécu. Effrayé par l'idée de rejoindre les autres, il va pourtant bien falloir qu'il se décide à s'intégrer aux restes du vaisseau s'il veut survivre à son tour mais avant, il ira de surprise en surprise car il ne sera pas le seul caisson qui s'ouvrira ce jour, il sera rapidement suivi par le réveil de Diego.
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• [b]Mettre la date ici :[/b] 8 aout 2920 [url=http://starship-voyager.forumactif.com/t755-un-battement-d-aile#20737]Un battement d'aile[/url] - [i]Leontina Tavares & Diego De Leon & Alejandro Escobar[/i]
    Il est l'heure pour un nouveau membre du groupe Sunrise de se rendre compte à quel point le projet "Rendez-vous dans 20 ans" était une "bonne idée". Découvrant le fiasco de ce voyage spatial, Alejandro a bien du mal à encaisser moralement ces 9 siècles d'histoire qu'il n'a pas vécu. Effrayé par l'idée de rejoindre les autres, il va pourtant bien falloir qu'il se décide à s'intégrer aux restes du vaisseau s'il veut survivre à son tour mais avant, il ira de surprise en surprise car il ne sera pas le seul caisson qui s'ouvrira ce jour, il sera rapidement suivi par le réveil de Diego.

   

De légères secousses musculaires, mouvement rapide oculaire, les signes sont formel. En ce mois d'août, un nouveau membre du SSV s’éveille. Pourtant, lorsqu’il ouvre enfin les yeux, le jeune homme semble encore absent. Il a du mal à vraiment émerger, tout ceci semble être comme un rêve et c’est à peine s’il est capable de se sentir respirer ou de sentir son propre corps. Son cœur s’emballait naturellement alors que la conscience semblait se réveiller plus vite que le corps. Impossible de bouger, impossible de parler, respirait-il ? Il s’obligea à garder son sang-froid lorsqu’il sentit son cœur dans sa poitrine. Observant ce qu’il pouvait, fouillant dans sa mémoire.

Le projet "Rendez-vous dans 20 ans", y avait-il un problème pour qu’il soit réveillé aussi vite qu’il avait été endormi ? Car oui, il avait l’impression que cela n’avait duré qu’une minute, encore si loin de la réalité. Son corps répondait lentement à son cerveau, il pouvait enfin bouger et le caisson le libérait. Il ne se releva pourtant pas de suite, restant allongé. S’attendant à recevoir les consignes d’un médecin ou d’un scientifique. Il osa un mouvement de tête à droite, un autre à gauche. Il était seul, entouré d’autres caissons et de gens endormis. Une nausée le barbouillait légèrement alors qu’il se redressait lentement, regardant toujours autour de lui, son regard fut attiré par cet hologramme.

Et le message qu’il délivrait.

Cette façon de rappeler les fait... Devait... Avait... Le choix des mots de la gouverneure ne présageait rien de bon et Alejandro ne put s’empêcher de froncer les sourcils. Censé... Regrette…

Son cœur manqua un battement lorsqu’il encaissa le choc de cette première nouvelle : 9 siècles.
Il eut un haut-le-cœur à la seconde nouvelle, toute vie sur terre avait disparu... Ses pensées se tournèrent immédiatement vers son beau-frère avant que son cerveau ne lui rappelle que peut-être... Il était ici également.

Il avait la "chance" d’avoir quitté la Terre sans avoir réellement laissé quelque chose derrière lui. Le groupe était avec lui dans cette aventure et il espérait que son beau-frère y était aussi, mais il n’osait pas imaginer l’état dans lequel devait être ses amis face à cette nouvelle. Il les chercha du regard, remarquant surtout l’arrivée d’un étrange robot qui s’occupait déjà de démonter son caisson. Le forçant à se mettre debout.

L’hologramme ne lui laissa nullement le temps d’encaisser les nouvelles, ajoutant d’autres parmi les premières déjà mauvaises. Le commandant était mort. Il y avait des aliens. Le silence revient, ponctué seulement par la vie artificielle. Il resta là, en état de sidération, tentant d’accumuler toutes ces nouvelles. Ses entrailles se tordaient légèrement en lui, mais le calme du moment fut de courte durée, une voix synthétique s’éleva à nouveau.

"Bonjour Monsieur Escobar. Votre réveil est dû à un dysfonctionnement de notre vaisseau. Au vu de la situation actuelle à bord et de l’analyse de votre dossier, vous serez rattaché à l’équipe médicale du Voyager en tant que secouriste. Veuillez, s’il vous plaît, évacuer les lieux pour rejoindre au plus vite vos quartiers et vous intégrer rapidement aux équipes."

"M-ma-m-mai-m-mai"

Son bégaiement... Voilà une chose qu’il aurait aimé être capable de laisser derrière lui. Cette pensée l’émouvait, cessant immédiatement de parler. Il ne supportait pas de s’entendre trébucher sur chaque syllabe, comme si sa bouche se refusait à obéir à ses pensées.
Il s’imagina gueulé un "putain" tout droit sorti de son cœur à défaut de pouvoir le faire sans être complètement ridicule. Maintenant qu’il était là debout, il hésita pourtant à regarder la carte du vaisseau et à rejoindre un coin peuplé. Craignant d’apprendre que ses amis ou son beau-frère étaient également mort. Craignant également de devoir communiqué avec quelqu’un qu’il ne connaissait pas.

C’est pour cette raison bien précise qu’il prit son temps, observant son pad, il l’alluma et préféra dans un premier temps se plonger dans les informations qu’il y trouverait avant de sortir de cette pièce étrange, mais néanmoins calme.


   

Diego bailla bruyamment et voulu s'étirer avant de se rappeler qu'il était dans un caisson de cryogénisation. Quand s'était-il endormi ? Il avait le vague lointain souvenir d'avoir voulu se souvenir de cette expérience particulière pour le podcast mais maintenant, pas moyen de se souvenir. Le caisson n'était pas le lit le plus confortable dans lequel il avait dormi mais c'était sûrement celui dans lequel il avait dormit le plus longtemps. 20 ans hein... Il souffla du nez en s'imaginant la tête ridée de son frère. Cheh hermano.

Il n'écouta qu'à moitié le discours préenregistré qu'on lui passa au réveil. Blah blah, probablement encore des consignes de sécurité, la date stellaire et la température extérieure. Ce n'était pas la première fois qui se réveillait après un long vol pour ne pas connaitre le topo. Ne détachez pas votre ceinture avant l'extinction du voyant lumineux. Oui bien sûr, c'était différent cette fois, mais les procédures étaient toujours les mêmes. Il bailla à nouveau en se redressant. Drôlement long comme topo.

Il avait envie d'une bonne clope et d'un café et il était à moitié surprit qu'il n'y ait pas d'assistante prête à les lui servir ou au moins là pour s'assurer qu'il n'était pas mort en cryo. Il fronça à nouveau les sourcils et se massa l'arrête du nez. Il essayait de trouver les mots pour décrire comment il se sentait, pour pouvoir en parler plus tard, mais rien ne lui venait à part cette terrible envie de café et de clope. On lui avait demandé d'arrêter et il avait dit que ce n'était pas un problème. Ce n'était pas un mensonge s'il n'y avait de toute manière pas de clope sur le vaisseau, non ?

Il n'était pas pressé de se lever de peur de vomir. Il pouvait sentir une légère nausée lui prendre l'estomac et il avait prit assez de cuite pour savoir qu'une légère nausée assis n'était plus si légère une fois debout. Comme personne ne venait vérifier que tout allait bien pour lui, il fut finalement obligé d'écouter un peu la voix de la femme qui n'avait pas cessé de parler depuis tout ce temps. Il se reconnecta juste à temps pour le plus important.

900 ans.

La suite sembla lui passer au dessus de la tête pendant qu'il accusait le coup. Ou alors c'état le fait que la Terre ait étée détruite ne changeait pas grand chose à la situation. Si 900 ans étaient passés, tout ceux qu'il connaissait étaient morts. Si 900 ans étaient passés, le plan avait sacrément foiré. Et toutes les délicieuses petites informations que la voix continua d'écouler n'étaient que des détails. C'était la merde. C'est tout ce qu'il retenait de ça.

Il haussa lentement un sourcil, encore moins capable de mettre les mots sur comment il se sentait. Une part de lui savait qu'il était sensé être dévasté et il l'était probablement, mais une autre était avant tout surprise qu'il soit tout simplement encore en vie. 900 ans bordel. Quel âge ça lui faisait ? Et si tout le monde était mort... Il ne su pas si c'était dû au réveil du cryosommeil ou à cause du choc mais il avait l'impression que son cerveau tournait dans le vide comme un moteur qui accélère dans le vide sans avoir embrayé de vitesse. Il n'allait pas avoir plus de réponses en restant ici.

Soudainement bien réveillé, il sauta en dehors de sa capsule et prit une profonde inspiration. Pas étonnant qu'il n'y ai personne finalement. A moins que ?
Son regard s'arrêta sur Alejandro qui faisait conscienscieusement ses devoirs et pendant un instant, il cru que tout ça avait été une erreur. Que tout s'était déroulé comme prévu, qu'ils allaient pouvoir vivre leur aventure spatiale et rentrer dans une dizaine d'années, accueuillis par leurs fans et le reste de l'humanité. La simple vue de son camarade lui arrâcha un petit rire qui cachait un profond soulagement.
Menos mal que estás vivo. salua-t-il d'un ton sarcastique, agacé même. Il se demanda si tout ça n'avait été qu'une sale farce en guise de bizutage au réveil. Il aurait aimé pouvoir y croire, mais il savait au fond de lui que les gens de la NASA n'avaient pas ce genre d'humour cruel. Ou un quelconque autre sens de l'humour d'ailleurs.  

C’était tellement d’information à encaisser, tant d’information qu’il n’avait même pas remarqué qu’il n’était pas le seul à s’être éveillé. Les yeux rivés sur le petit écran, il essaya de se rappeler comment il fonctionnait, où trouver quelle information. Le visage concentré, ça lui permettait de garder son esprit sur quelque chose de moins effrayant que cette idée qu’il avait été endormi durant 900 ans et que l’humanité se résumait à ceux qui se trouvaient sur ce vaisseau. Il était à la fois surpris qu’il n’y ait personne pour l’accueillir maintenant qu’il était réveillé et en même temps au vu des informations qu’il pouvait lire, c’était normal.
Cela faisait que quelques minutes qu’il était éveillé lorsqu’il remarqué à quel point sa gorge pouvait être sec. Cette découverte coïncidant avec ce qu’il venait de lire : l’eau manquait dans la station. La situation semblait plus catastrophique que ce que le message holographique disait, il voulut continuer sa lecture lorsqu’il sursauta en entendant rire. Levant le nez de sa tablette, ses yeux tombèrent sur Diego.

Son cœur manqua un battement, surpris de ne pas être le seul à s’être réveillé dans un premier temps et ensuite reconnaissant qu’il s’agisse de Diego. Le destin semblait presque sympa avec lui et pourtant, ne venait-il pas de lire que l’eau manquait dans la station ? Reposant sa tablette, il ria également, soulagé de ne pas être seul même s’il se demandait encore si la présence de Diego était une bonne chose ou une mauvaise blague du destin. Amorçant un geste pour aller prendre dans ses bras le claviériste dans une étreinte fraternelle, il fut interrompu par le cri de souffrance d’une porte qui s’ouvrait.

Lorsqu’il se retourna, son regard croisa celui de Tina. Il ne lui fallu qu’une seconde pour que ses yeux s’illuminent d’une nouvelle lueur de joie avant de s’éteindre instantanément en remarquant les yeux brillants de tristesse de son amie, mais également la crasse qui teintait sa peau. Il ouvrit la bouche en voulant lui répondre qu’ils étaient là maintenant, mais les mots trouvaient toujours difficilement le chemin de sa tête à ses lèvres et la suite de la phrase de la chanteuse le coupa dans son élan. L’incompréhension était d’autant plus lisible sur son visage, il avait commencé à lire des rapports inquiétant sur le manque d’eau, mais à en croire le visage, la saleté et l’odeur, c’était encore très loin de ce qu’il imaginait.

"T-t-Ti" l’angoisse et les émotions de sa meilleure amie venant étrangler ses mots "Ti-t-t-tina ?" Interrogeant celle-ci bien plus du regard que par les mots qu’il n’arrivait pas à prononcer.

Dans sa détresse, il jeta un coup d’oeil à Diego, demandant muettement de l’aide pour essayer d’exprimer ses propres inquiétudes.

"C...C-c-c’est...s-si...Mmm-m-moche que çççça ?"
   

Malgré les circonstances, le réveil étrange et la pluie de mauvaises nouvelles à laquelle Diego n'avait vraiment prêté attention qu'à la première, il laissa son air sarcastique être balayé par un grand sourire chaleureux. Il ouvrit les bras pour acceuillir son camarade mais leurs émouvantes retrouvailles furent interrompu par le bruit d'une porte. Ah ben pas trop tôt.

Mais la personne qui venait de débarquer ne ressemblait pas à une assistante et ne tenait dans la main, ni café ni clope. En fait elle ressemblait beaucoup à Tina, la chanteuse de leur groupe et membre malaimée de Diego, mais une version plus flétrie et poussiéreuse. Ses cheveux n'étaient pas aussi parfaits qu'à son habitude, sa peau était plus grisâtre et surtout elle n'arborait pas son arrogance habituelle. Il aurait dû le cacher mais l'arrivée dramatique de Leontina fit recourber le coin de ses lèvres.

Il ne put s'empêcher d'éclater de rire devant l'air consterné de Tina qui ne cachait aucunement son désarroi de les voir réveillés. Il était un peu troublé de l'entendre dire qu'elle s'était réveillée il y a de ça plusieurs mois déjà, mais l'occasion de se moquer de la tragédienne pris le dessus sur les inquiétudes.
On t'a tant manqué que ça ? railla-t-il joyeusement avec son sourire le plus insolent.
Il aurait probablement dû s'excuser auprès d'Alejandro. Sans aucun doute, l'acceuil navrant que leur offrait Tina était surtout adressée à Diego, mais c'était ainsi. En bien ou en mal, on remarquait toujours plus le claviériste grande gueule que le saxophoniste discret, et bègue.

Malgré tout, en sachant que tout ce qui lui venait à la bouche étaient des railleries à l'attention de Tina et de son allure déplorable, il laissa le champ libre à son camarade de réveil pour s'exprimer -laborieusement- et poser sa question plus constructive.

"Moche ?" Il n'était pas parvenu à se retenir très longtemps. Voyons cerote où sont tes manières ? Je suis sûr qu'un petit shampoing règlerait le problème. Bonjour Tina, ravi de te revoir également. Tu as dû faire carrière solo pendant tout ce temps hein ? Ca ne te réussi pas du tout, tu as l'air... affreuse. Visuellement cette fois, je veux dire.

Aah il en faisait probablement encore trop mais c'était plus fort que lui quand il se trouvait devant Tina et son petit air de diva. Bien qu'il était maintenant conscient qu'il avait tendance à mal se comporter, il n'avait pas encore réussi à trouver de manière plus appropriée d'interragir avec elle. C'était de bonne guerre, du moins de son point de vue et il avait hâte de l'entendre pester contre lui comme à son habitude plutôt que de continuer à les fixer avec ses yeux de biches larmoyants. 

Pire ? Et il savait que Tina tenterait probablement de mesurer ses propos pour lui alors il pouvait facilement imaginer à quel point, effectivement, ça devait être bien pire que ce qu’il pensait. Il regrettait de ne plus avoir son pad entre les mains, car si la situation était vraiment aussi catastrophique, il se sentait mal à l’idée d’infliger à Tina le devoir de tout leur expliquer. Pourtant, elle s’apprêtait à le faire avant d’être interrompu par le claviériste. En réalité, ça avait quelque chose de rassurant de l’entendre railler ainsi leur chanteuse parce que ça le ramenait, un bref moment, à leur vie, leur groupe... Les trois mots de la jeune femme mirent un terme direct à cet échange.

Et là aussi, ça venait appuyer le fait que la situation devait vraiment être sérieuse pour qu’elle ne se laisse pas aller à une joute verbale dont les deux membres de Sunrise avaient le secret.

Peu importait l’odeur et la saleté, à la seconde où elle contourna Diego pour venir l’enlacer, il l’accueillit comme si cela faisait plusieurs siècles qu’il ne l’avait pas vu. Ce qui techniquement était vrai même s’il avait toujours l’étrange impression que leur dernier restaurant s’était passée hier. Il aurait aimé que l’étreinte dure plus longtemps, redoutant le moment où elle s’éloignerait pour tout leur expliquer. Acquiesçant au départ, oui, ils avaient entendu le message du gouverneur. Plus de planète, il avait encore du mal à y croire, même en l’entendant le lui répéter.

Un an qu’elle était réveillée, des problèmes sur la station, des aliens. Plus d’eau, presque plus d’oxygène. Elle venait de littéralement lui dire qu’ils s’étaient réveillés pour probablement mourir d’ici peu de temps. C’était un choc énorme, peut-être même trop grand pour le sensible qu’il était. Son regard dans le vide, il prit quelques secondes pour encaisser, des secondes durant lesquelles il ne fit plus vraiment attention à ce qui se passait autour lui. C’était comme s’il venait de quitter son propre corps et surtout l’afflux d’émotion.

Apathique, visuellement, la situation lui semblait tellement grave qu’il préféra mettre un barrage à ses propres émotions pour ne pas céder de suite au désespoir. Son regard reprenait doucement vie alors qu’il leva enfin les yeux vers ses amis. Il eut un regard pour Diego, s’inquiétant pour lui et du comment il gérerait cette situation et ensuite, il posa ses iris clairs sur son amie.

“Co-comment t-t-tu vas ?"

C’était probablement la dernière question logique à poser quand on venait de vous annoncer qu’ils allaient soit mourir de soif, soit mourir asphyxié, mais tout ce que sa tête et son cœur avait préféré retenir à ces sombres nouvelles, c’étaient que Tina avait vécue seule pendant plus d’un an. La difficulté qu’il avait de parler trahissait malgré tout le stress et l’angoisse qu’il tentait de contenir.

"Et...L-les aut-autres ?"

Oui se concentrer sur sa famille, sur les siens, ça semblait une bonne façon pour pouvoir digérer dans un premier temps l'annonce de leur mort prochaine. Mais il avait beau vouloir faire tout son possible pour ne pas craquer, ses yeux devenaient plus brillant des larmes qu’il tenait de retenir.
   

La petite pique n'eut pas l'effet escompté, ou plutôt avait-elle trop bien marché ? En tout cas Diego ne s'attendit pas à recevoir une telle douche froide là où il avait espérer voir Tina s'echauffer. C'était probablement réellement à cet instant que le claviériste compris la vrai mesure de la situation. Ils étaient vraiment dans la merde.
Les explications de la chanteuse n'étaient que détails à côté de son attitude grave. Diego pris le temps de l'observer correctement et avec un regard plus sérieux, il commença doucement à s'inquiéter. Elle n'avait vraiment pas l'air en forme.

Pourquoi te réveiller en premier? Pourquoi pas moi ou David, on aurait pu aider! Et pourquoi nous réveiller maintenant? Pas d'eau, pas d'oxygène, on ne fera qu'épuiser un peu plus vos ressources!

Qu’il déteste entendre sa voix trembler et trébucher sur certaine syllabe mais il est difficile de se calmer dans cette situation. Leontina a beau être devant lui, Diego être à côté, il n’en reste pas moins qu’il vient d’apprendre qu’il allait probablement mourir dans peu de temps. Le plus triste c’est qu’il semble bien plus inquiet pour son amie que pour lui-même. Une façon pour lui de se protéger, d’encaisser la nouvelle. En l’écoutant lui dire qu’elle s’est plutôt bien intégrée à l’équipage, il n’est pas surpris et il ne peut s’empêcher de sourire, plutôt content de l’entendre. Une maigre bonne nouvelle n’en restait pas moins une bonne nouvelle. Tout était bon à prendre de toute façon.

Naturellement, Alejandro posa le regard sur les autres caissons. Les autres membres du groupes étaient toujours dedans, paisible, ignorant la gravité de la situation. Il se sentait triste mais également soulagé. Ce que Diego et lui vivaient en cet instant précis, il ne le leur souhaitait pas. Sans le vouloir, le violoncelliste ne put s’empêcher de rire nerveusement. Ils avaient probablement été réveillé pour ne pas mourir dans leur caisson. L’ironie de cette situation, couplé à ses nerfs fragilisées, lui donnait l’impression d’une vaste blague.

Il se frotta le bout du nez lorsque son amie admit simplement qu’elle était contente de les voir, malgré la situation. Malgré le fait qu’elle avait du mal à se rappeler qui elle était avant.

"En même temps, on a p-p-plus de 900 ans, q-qui se sou-souviendrait de q-qui il était a-a-avant ?" tenta-t-il de plaisanter un peu maladroitement dans l’espoir d’alléger l’atmosphère devenue trop lourde pour son petit coeur.

Il poussa un long soupire, ne sachant pas vraiment comment encaisser tout ceci. Son regard se portant sur les opérateurs qui démontaient son caisson et celui de Diego avant de poser son regard sur Diego pour essayer de voir comment lui se sentait face à ça. Au moins, Al’ avait la chance d’être entouré de deux fortes personnalités qui lui permettait de ne pas s’effondrer tout de suite.

"Je crois qu-qu’on m’a af-a-affect-té à l’inf-infirmerie...En tant que sec-se-secouriste" dit-il pour éviter que le silence ne revienne remettre du poids sur leur retrouvaille. "Et toi Diego ? Tu p-passe du p-pi-piano à qu-quoi ? T’as p-pas un p-passé de p-p-pomp-pi-pier ?" se souvint-il en regardant l’homme.
   

Une nouvelle douche froide. Apprendre qu'il serait mort s'il ne s'était pas réveillé le frappa comme un coup de marteau sur la tête qui le laissa complètement sonné. Non. Ils n'étaient pas sensés mourir, pas comme ça, pas maintenant. Pas avant d'avoir même pu expériencer ne serait-ce qu'un jour la vie dans l'espace.

- Qué mierda.

Il était complètement sidéré et ce fut seulement alors que les mots de Tina trouvèrent leur chemin à travers cette brèche dans la psychée du clavieriste. Qui elle était avant... Elle s'exprimait vraiment comme si 900 ans c'étaient passés, comme si elle avait passé tant de temps que eux n'avaient pas eu la chance de vivre. C'était impensable.

Il la regarda s'installer sur le caisson de Rosy comme s'il n'avait s'agit que d'un meuble, comme si elle avait l'habitude ou comme si ça faisait longtemps qu'elle avait oublié que des personnes vivantes, des amis et collègues, dormaient dans ces caissons. C'était surréaliste, révoltant. Où étaient passées toutes ces années qu'on leur avait volé ?!

Entendre Alejandro s'adresser à lui le sortit de son état de choc mais pas de la manière la plus douce.

- Et alors c'est tout ?! aboya-t-il violemment en les regardant d'un air complètement excédé. Tu vas reprendre ton poste comme si de rien était ?! Suivre le plan ? Y a plus de plan coño ! Cette expédition est foutue ! Tout est foutu !
Il s'emporta comme il avait l'art de le faire parfois quand il estimait que le service qu'on leur donnait dans les hôtels ou les restaurants, n'était pas à la hauteur de leur renommée. Mais cette fois à l'orgeuil et la colère se mêlait de la véritable peur.
- Je savais que c'était une mauvaise idée ! Des musiciens ! Dans l'espace ! Qué idea de MIERDA !

C’est un sursaut qui accueil les paroles de Diego, son coeur s’emballe presque immédiatement alors qu’il a l’impression d’avoir dit ou fait quelque chose pour mettre son ami dans cet état. Il essayait au contraire de se montrer le plus digne possible alors qu’au fond de lui, il est mort de peur, qu’il a envie de s’enfermer dans un placard pour pleurer. Devant la colère et l’insulte du claviériste, Alejandro baisse simplement les yeux et la tête pour regarder leurs pieds. Qu’avait-il à répondre à cela ? La tête baissée, il regard le caisson sur lequel Tina s’est installée, c’était l’idée de la femme qui y dort encore et pourtant, elle n’est même pas éveillée pour assumer la conséquence de ces choix...Mais ils avaient bien fini par tous accepter non ?

Incapable de parler, la chanteuse prend le relais et c’est rare de l’entendre compatissante avec Diego, il esquisse même l’ombre d’un sourire en percevant quelque chose de profondément sincère dans la voix de celle-ci mais il n’a toujours pas lever les yeux du caisson de Rosy. Il ressent tellement de colère et en même temps...Une part de lui est reconnaissant. Une part infime peut-être mais elle est bien là.

"On...On s-s-serait m-m-mort s-si on ét-était pas p-pa-parti" Murmura Alejandro, timide. Il releva la tête vers Diego parce qu’au fond, c’est bien à lui qui s’adresse. Blessé d’avoir du subir sa colère alors qu’il n’y est strictement pour rien et que comme lui, il essaie d’encaisser au mieux l'uppercut que la vie vient de leur foutre.  

"T-t-t-tu serais mort ! et m-moi au-aussi ! et t-t-t-tout le grou-p-p-pe !" c’est peut-être parce qu’il n’a pas vraiment de famille qu’il est si facile pour lui de s’accrocher à ça. Sa famille, celle qu’il a choisi, elle est ici, avec lui, une partie endormie, une autre éveillée, mais tous bien vivant.

"On est vivant...P-p-peut-être p-p-as longt-t-t-temps, p-peut-être plus long-t-temps qu’on le c-c-croit, mais as-s-sez vi-vi-vant pour es-s-ssayer que ça d-dure enc-c-core..."


Ses poings se serraient de frustration à s’entendre encore et encore aussi nerveux mais il soutenait le regard de Diego, le défiant presque de le contredire ou d’encore se mettre en colère contre lui. Son regard brillant d’une émotion qu’il tentait désespérément de garder pour lui.

"On est vivant" conclua-t-il, "Ensemble"