Après tout ils ne luttaient pas contre une épidémie déjà déclarée

La journée de congé a été absolument nécessaire.  Pour traiter les gens, il faut être soi-même en bon état et votre périple dans les conduits ne t’a pas laissé sans séquelles.  En même temps, il faudrait manquer d’humanité pour ne pas être secoué par ce qui vous est arrivé.  Le cadavre de Seth t’as mis directement en contact avec la mort et la situation actuelle à bord de la station.  L’entendre a déjà été bien pénible, mais il reste tout de même que tout cela te semblait plutôt éloigné, un peu irréel parfois.  Certes la vie à bord n’a rien de ce qu’elle devait être, il faut tout reprendre à zéro ou presque, mais une routine s’est installée pour toi.  La vie est presque normale.  Presque.  Mais faire l’autopsie d’un membre d’équipage décédé, l’intrusion d’un alien dans la zone sécurisée, tout ça vient changer la donne et te rappeler que la situation est précaire.  Vous n’avez plus de maison où retourner, votre unique espace de survie est finalement plus dangereux que vous ne le pensiez.  Il y a de quoi faire un choc nerveux et c’est pourquoi avant de retourner à l’infirmerie et de mettre en place des mesures pour réagir à l’invasion extraterrestre et les bactéries que la monstrueuse bestiole peut bien avoir emmenées avec elle, tu as pris la — sage — décision de prendre un jour de repos.  Heureusement, parce qu’épuisée tu te serais peut-être écroulée un peu sous la stupéfaction de recevoir le poste de directrice par intérim du personnel médical.  Tu n’es pas formée pour ça, tu ne te sens pas équipée pour assumer une telle responsabilité.  Plus les jours passent, plus les objectifs de cette mission te semblent lointains et il t’arrive de regretter de t’être embarquée dans ce projet dont le seul avantage actuel est d’être toujours en vie.  Mais pour combien de temps encore?

C’est un grand honneur certes pour toi d’avoir reçu cette nomination, une marque de confiance en tes capacités, aussi une réponse au besoin criant d’organiser votre maigre équipe médicale.  Heureusement sur ce point, il n’y a qu’Anatole et toi d’éveillés pour le moment ce qui te facilite la tâche puisque vos précédentes discussions pour planifier vos tours de garde se sont passées sans heurts.  Il aurait tout aussi bien pu que toi être directeur.  En vérité, le titre n’est réellement que nominal à tes yeux puisque tu ne prendras aucune décision par toi-même.  Pas par manque d’initiative, mais plutôt par désir de collaboration.  Tu ne sais pas si c’est ainsi que sont supposés procéder les différents autres directeurs, tu n’as pas la formation qui va avec le poste.  Néanmoins, tu es bien prête à faire des efforts.  Tous les efforts nécessaires.

Au départ, tu prévoyais passer la journée à examiner les gens, notamment les victimes du heurt de la navette Cygnus contre la verrière, mais changement de plan s’impose.  Vous ne traiterez que les cas graves aujourd’hui et reporterez le reste des examens qui peuvent attendre à demain.  Il faut que vous vous entendiez sur les mesures à prendre et sur la marche à suivre.   C’est pour cette raison qu’en début d’après-midi, tu attends Anatole dans un des bureaux réservés au personnel médical : tu n’oses pas t’approprier ceux du Docteur Lindtröm.  Ça serait un manque de respect à son égard.  Le chirurgien devrait bientôt arriver et comme de fait, on toque à la porte.

« Docteur Montgomery?  Entrez je vous prie, » l’invites-tu à te rejoindre.  Lorsque la porte s’ouvre pour laisser entrer le séduisant chirurgien, tu lui désignes une chaise en face de toi où il pourra s’installer confortablement.  Vous avez déjà suite à son réveil discuté de l’organisation de l’infirmerie dont vous vous partagez les responsabilités à deux, mais la conversation risque d’être longue et les mesures à prendre nombreuses.  Pour le moment, Hécate n’a pas détecté d’autres dangers que la présence de l’alien, pas d’épidémie inconnue en vue, mais il reste quand même que l’intelligence artificielle ne peut pas être infaillible. Que connaît-elle de cette vie extraterrestre?  Tu as déjà quelques idées, mais tu aimerais au préalable en parler avec lui, d’autant plus qu’il aura certainement ses idées à apporter et elles te seront précieuses.  Vous rencontrez en égaux et tu espères que le nouveau titre qu’on t’a attitré ne changera pas la relation de collègue que vous avez déjà commencé à bâtir.

C’est rassuré par l’état général de sa patiente qu’Anatole était sorti de la chambre de Veronica après une visite de contrôle. Pourtant, lorsqu’il l’avait récupéré à la suite du terrible accident qui était arrivé quelques jours plus tôt, ses pronostics vitaux avaient été engagés et il avait dû rapidement la prendre en charge, seul chirurgien à bord avec l’aide des quelques soignants qui étaient réveillés. Même le docteur Zhao, prise dans la destruction de l’Arboretum à ce même moment, n’avait pu lui venir en aide immédiatement en salle d’opération. Mais la jeune pilote était désormais hors de danger, bien qu’avec les moyens du bord, elle mettrait un certain temps à se remettre de ses blessures. Cependant, elle ne manquait ni de courage ni de volonté, ce qui avait encouragé Anatole à son sujet.

C’était donc de bonnes nouvelles que l’Australien allait rapporter à sa collègue qui désirait d’ailleurs le voir rapidement. Il se doutait quelque peu des sujets qu’elle souhaitait aborder avec lui, compte tenu de la situation générale de leur secteur, et de la récente nomination de Ruiling au poste de médecin en chef par intérim. Une promotion qu’Anatole lui avait un peu jalousé, il devait bien le reconnaître, considérant ses capacités peut-être un peu supérieures à celles d’un médecin généraliste… mais en même temps, il n’allait pas se plaindre de se retrouver avec moins de responsabilité à gérer. Et puis la chinoise était une excellente collègue avec qui il avait la chance de bien s’entendre. Il ne la voyait pas prendre la grosse tête par cette simple nomination.

Il n’était cependant pas entièrement détendu, lorsqu’il toqua à la porte du bureau que s’était attribué Ruiling. Non pas à cause de celle-ci, mais bien à cause de l’ambiance générale qui régnait désormais sur le vaisseau. Les rumeurs s’étaient vites propagées quant à l’infiltration d’un alien dans leur zone habitée. Cette maudite créature pouvait bien se cacher n’importe où… Et puis, il y avait les séquelles de tous ceux qui avaient vécu l’événement traumatisant de l’Arboretum et la collision de Cygnus avec la verrière. Qui sait ce qui allait se passer dans les prochains jours… Un sujet qu’il faudrait certainement aborder avec le docteur Zhao, elle qui avait vécu en direct tout cela.

« Bonjour docteur Zhao. » Il la salut poliment d’un geste de la tête, ne pouvant s’empêcher de l’observer d’un oeil de médecin, cherchant à déceler peut-être quelques problèmes qu’elle aurait pu cacher. Il n’y avait pas pire qu’un médecin malade après tout. « Mes félicitations pour votre nomination au poste de médecin chef. » S’il est sincère, il y a néanmoins toujours cette pointe de jalousie et d’envie dans le regard. Mais ce n’était pas la faute de Ruiling, alors il n’avait pas de raison de lui reprocher ni de lui mener la vie dure. Il ne l’aurait de toute façon pas fait.

Prenant la chaise que lui désigne la jeune femme, il s’assoie devant sa collègue non sans la quitter du regard : « Comment allez-vous ? » Ce n’est certainement pas pour elle qu’elle lui avait demandé de venir, mais ils n’avaient pas réellement pu discuter tous les deux de son état, jusqu’ici. Les choses s’étaient enchainé très (trop) vites pour se préparer véritablement. Et puis il devait reconnaître être curieux de savoir ce qu’elle avait vu, de l’autre côté de la zone protégée où ils vivaient actuellement. Curieux de savoir son avis et son regard sur les aliens qui étaient une menace. Curieux de beaucoup de choses, et sans aucun doute inquiet aussi.

Tu hoches la tête avec modestie lorsque le docteur Montgomery te félicite pour l’obtention du poste de directrice par intérim, même si tu ne sais pas très bien pourquoi on te l’a offert à toi et pas à lui, un chirurgien spécialisé en plus.  Peut-être justement pour cette même raison, parce que contrairement à lui, sans jamais aller vraiment en profondeur, tu mets ton nez un peu partout et tu vois de tous les cas?  Tu ne peux pas aller plus loin qu’un examen général, mais tu restes familière avec beaucoup de conditions et sais à qui référer un patient lorsque le mal va au-delà de tes compétences.  Tu ne crois pas que ce puisse être pour tes compétences en leadership, il ne te semble pas spécialement te distinguer dans le domaine. Ou alors par relations parce que comme la gouverneur Wang, tu es aussi chinoise?  Non, probablement pas, tu l’imagines très mal faire ce genre de discrimination bien que ce soit pratique courante de là où vous venez.  Pas parmi tous les étrangers à bord de la plateforme, pas quand en réalité tu ne la connais qu’à peine.  Parfois, il vous est arrivé d’échanger un peu.  Vous venez du même pays et parlez la même bien qu’avec un accent fort différent.  Mais l’une comme l’autre, vous avez beaucoup trop à penser et à songer pour réellement nouer quelque lien d’amitié que ce soit.

Tu es soulagée de savoir Anatole dans ton bureau, là maintenant.  Parce que s’il te félicite pour le poste, bien que c’est à toi qu’on l’ait confié, tu ne crois pouvoir t’en sortir complètement toute seule, sans aucun support.  Et c’est vers ton collègue que tu souhaite te tourner pour partager cette charge, tout en essayant de ne pas l’accabler non plus de plus de responsabilités qu’il n’en a déjà.  Tous deux les premiers effectifs du personnel médical à avoir pris les rennes de l’infirmerie, vous savez vous entendre et tu ne doutes pas un instant pouvoir réussir à prendre les bonnes décisions avec ses conseils. C’est pour cela que tu l’as invité, pas convoqué, à te rencontrer.

Peut-être son intérêt pour ton état a-t-il été l’élément déclencheur, mais les tensions se libèrent de ton corps et tu t’affaisses légèrement sur ta chaise.  Ta main droite vient pincer le bout de ton nez dans un geste de lassitude et fatigue, tes yeux restent fermés un instant, comme si tu étais sur le point de t’assoupir.  Inconsciemment, tu fais pivoter légèrement ta chaise.

« 累坏了*, souffles-tu avant de te reprendre, Pardon, les journées sont longues et je n’ai pas arrivé à vraiment bien dormir les deux dernières nuits. »

Rien d’étonnant.  Y a-t-il quelqu’un encore capable de s’abandonner complètement au sommeil désormais qu’un alien s’est introduit dans la zone sécurisée sans que vous ne soyez encore parvenu à le retrouver?  Après ce que tu as vu, difficile de trouver le repos sachant que la créature pourrait surgir à tout moment et de la façon qu’un de ses compatriotes s’est attaqué à Mar Ortega, tu doutes très fortement que cette vie extraterrestre ait des intentions amicales à votre égard.

Ta main glisse et tu te rassieds un peu plus droite dans ta chaise, les mains croisées sur ton bureau où ne repose que ton pad.  Heureusement.  Sans cet outil, tu serais ensevelie sous des tonnes de papier : les rapports ne manquent pas à rédiger, ni à lire.

« Mais vous aussi vous devez être fatigué.  La pilote aux commandes de Cygnus lorsque la navette a percuté la verrière est revenue en piètre état, sans vous peut-être aurions-nous encore eu une perte de plus…. Comment va-t-elle? »

Tu n’as pas pu aider, tu n’étais pas là quand ils l’avaient ramenée et qu’on avait dû passer à la salle d’opération.  Tu étais encore bloquée à l’extérieure.  Et même si tu étais revenue à temps, probablement aurais-tu été incapable d’être réellement utile à quelque chose.  Il en faut beaucoup pour te faire perdre ton sang-froid, toi qui es toujours calme et posée en toute situation, mais il faut admettre que la découverte du cadavre de Seth et l’attaque des aliens t’avaient tout de même joliment ébranlée.

*Je suis crevée...

Il l’aurait parié sans hésiter, Ruiling n’était pas au mieux de sa forme et à raison après ce qu’elle avait dû vivre hors des parties habitées du vaisseau. Elle était douée pour le cacher mais pas assez à lui, peut-être trop observateur et empathique vis-à-vis des gens. Surtout pour elle, sa seule collègue éveillée avec qui il travaillait depuis deux mois. Il aurait presque pu voir les tensions s’échapper des muscles de la jeune femme et le soupir de lassitude traverser ses lèvres. Et si la situation n’avait pas été aussi compliquée qu’en ce moment, avec trop peu d’effectif, Anatole l’aurait presque forcée à aller se reposer. L’envie de le faire lui chatouillait les lèvres, mais il s’attendait d’avance à un refus de sa part alors ça n’en valait pas la peine. Néanmoins il garda un air quelque peu grave et préoccupé en l’observant :

« Il faut vous ménager, Ruiling. Je sais que votre nouveau poste et… ce qu’il s’est passé là bas occupent vos pensées, mais nous avons besoin de vous en forme. »

Le conseil est simple, trop sans doute aux yeux du médecin mais il ne peut pas la forcer à écouter quand ils savent tous deux que le temps libre n’existerait pas tant qu’ils ne seraient que deux. Le surmenage n’était cependant pas envisageable, pas plus que les insomnies. Peu importe si une de ces fichues créatures aliens avait pénétrée le vaisseau. N’y avait-il pas tout un département alloué à la sécurité pour pallier ce problème justement ? Pour le secteur médical, il était déjà bien assez difficile comme ça d’être au maximum sans qu’ils aient besoin en plus de s’inquiéter de la menace extérieur, sauf pour soigner les blessures qu’elle provoquait.

La remarque en retour sur sa fatigue ne surprend guère Anatole. Au fond, il ne doit pas avoir plus l’air en forme qu’elle, surtout après la prise en charge et l’opération sur la pauvre Veronica. Un léger sourire passe néanmoins sur son visage, éclairant celui-ci d’un air rassurant et apaisé :

« Je vais bien rassurez-vous, je peux tenir encore longtemps. » Il lui sourit un peu encore, l’Australien, avant de reprendre plus sérieusement. « La pilote Salgueiro va s’en sortir. Je suis allé contrôler son état tout à l’heure et c’est très encourageant. Bien sûr il lui faudra un peu de temps pour s’en remettre, mais c’est une battante et nous avons eu de la chance. »

Enormément de chance… L’accident aurait pu être bien plus fracassant et les blessures de la jeune femme bien plus aggravées que ce qu’il avait dû soigner. Des heures après l’incident et elle avait dû continuer à marcher dans les parties verrouillées du vaisseau… oui, définitivement elle avait eu de la chance et finalement, dans la sombre situation qui était la leur, c’était très positif et encourageant.

« Je n’ai pas vraiment eu le temps de m’informer sur les autres passagers qui ont vécus l’accident. Des cas préoccupants ? Des pertes à déplorer ? »

Il en avait peut-être bien vaguement entendu parler, mais les deux derniers jours avaient été éreintant, si bien qu’il ne savait pas exactement s’il y avait bel et bien eu des morts. Mais du peu qu’il avait entendu sur l’accident et l’état de l’arboretum, il imaginait mal que Veronica soit la seule si gravement blessée.

Il a tout à fait raison et tu ne le sais que trop bien.  Pourtant, c’est plus fort que toi, même dans tes périodes de repos, malgré toi, tu ne fais que penser au travail.  La machine ne s’arrête jamais et à force, ce ne serait pas surprenant que tu te surmènes et là…  Les dommages seraient peut-être irréparables.  Par soucis de ton unique collègue, pour ne pas exploser et le laisser piéger seul à l’infirmerie, oui, il faudrait que tu suives son conseil.  Tu hoches la tête vaguement.  La force de l’habitude fait que tu ne montres pas facilement tes moments de faiblesse.  Tu espères qu’il n’arrive pas à te percer, à sentir que les deux derniers jours ont été épuisants.  Mais à vous côtoyer constamment au courant des deux derniers mois, à ne pouvoir compter que l’un sur l’autre, tu en doutes sincèrement.  Peut-être qu’à bord de ce vaisseau Anatole reste la personne la plus proche de toi, sûrement celle qui aurait le plus de chance de te percer à jour.  Vous dépendez beaucoup l’un de l’autre et vivez dans le même état de débordement.  Vivement qu’Hécate juge pertinent de réveiller un autre membre du personnel médical à bord.  Le nombres de passagers ne fait qu’augmenter et la pression sur le secteur médical aussi.  Encore plus maintenant.  Quoique… considérant ce que tu as vu dans la soute du vaisseau, tu doutes que vous serviez à quoi que ce soit suite à une attaque d’alien : ces créatures sont loin d’être inoffensives et tu as bien vu qu’une fois passée à l’attaque, leur victime a très peu de chances de s’en sortir.

Au moins, une bonne nouvelle.  Tu es soulagée de savoir la pilote hors de tout danger.  Vous avez déjà trop de pertes à déplorer.  Beaucoup trop à ton avis même, mais qu’auriez-vous pu faire de différent?  Vous ne pouvez pas ramener à la vie des corps aspirés hors de la verrière.  Vous n’auriez rien pu faire pour empêcher la dite verrière dans l’arboretum de ne pas éclater en mille miettes.  Et pourtant, tu t’en veux un peu, de ne pas pouvoir faire plus quand déjà tu fais tout ce qui est en ton pouvoir.

« Voilà qui est un soulagement, » souffles-tu avec reconnaissance.  Tu ne sais trop quels dieux invoquent la pilote, mais visiblement ils avaient l’oeil sur elle au moment de l’accident.  Pourvu que les tiens continuent de te protéger aussi, jusqu’à ce que ta part sur ce vaisseau soit accomplie au moins, jusqu’à ce qu’on n’ait plus besoin de tes services.

Tu secoues la tête de gauche à droite.  Pour le moment, Veronica est la seule patiente qui a demandé des soins urgents en revenant de cette expédition.  Curieusement, tous les autres s’en sont sortis sans trop de bobos.  Enfin, pour ceux qui ont survécu.

« Nous en sommes à un bilan de quinze morts désormais.  Dans la partie non sécurisée les cadavres de Seth Burgess et Ellias Jackman ont été retrouvés.  Monsieur Burgess est mort déshydraté quant à monsieur Jackman… son corps été emmené à la morgue, sans médecin légiste je doute que nous puissions arriver à déterminer les causes du décès. »

Tes sourcils se froncent, préoccupée par tout cela.   Mais ces quelques bribes d’informations sont le pire à annoncer.  Pas de blessés graves.  Par contre, tu ne peux que prévoir la psychose que va causer votre visiteur indésirable et tout le travail supplémentaire que cela va occasionner pour vous.

« Je n’ai pas eu le temps de rencontrer les passagers à bord de Cygnus, ni même en fait ceux qui étaient en session de sport.  Cependant, l’expérience a été… peut-être qu’éprouvante n’est pas assez fort pour la décrire.  Je crains des répercussions graves plutôt sur le plan mental et que la panique ne s’installe.  Pour le moment Hécate ne semble pas avoir détecté de menace en terme de virus ou maladie, mais je m’inquiète à ce sujet.  Mar Ortega a été attaquée par l’alien et il s’en est fallu de peu pour qu’elle en réchappe… On ne sait pas si cette chose est porteuse de souches de maladies dangereuses pour l’humain. »

Tu te masses les tempes de l’index en t’appuyant contre le dossier de ton siège.  Les prochains jours risquent d’être occupés.

« J’aimerais que nous rencontrions au moins tous les passagers qui ont été exposés au danger pour les évaluer.  Qu’en pensez-vous?  Le poste de directrice n’est pour moi que nominatif.  Jusqu’à présent nous avons travaillé de concert à faire fonctionner cette infirmerie et je n’ai pas l’intention de voir les choses changer.  Pour toute décision, j’espère avoir votre avis et votre appuis, pour arriver à un consensus. »

Tu ne sais pas si ton discours démontre suffisamment combien tu prends au sérieux les responsabilités qu’on t’a données, mais qu’aussi tu ne comptes pas prendre les décisions unilatéralement sans l’opinion de ton collègue.  Depuis deux mois déjà que vous tenez à deux ce rôle et tu ne veux pas qu’un titre administratif ne vienne entacher votre collaboration plutôt efficace jusqu’à présent.  Tu as besoin d’Anatole et de son savoir, mais aussi de son point de vue pour y voir un peu plus clair.  Parce que tu doutes encore très franchement d’être à la hauteur de ce qu’on attend de toi.