Allo docteur j'ai quoi ? [pv Zhao Ruiling]

La vie à bord d’un vaisseau n’était pas toujours facile. Alec ne pensait pas à la vie sociale. Jusqu’ici il ne se plaignait de personne, chaque membre d’équipage rencontré fut apprécié par le linguiste. Le soucie fut plus physique. Au départ il tout n’était que bénin, quelques migraines passagères, des petites douleurs par ici et là… Comme son réveil était encore récent, on mettait le doigt sur ce détail, un probable effet secondaire. Ou bien le fait aussi d’apprendre tant de mauvaises nouvelles en si peu de temps, si ce n’était un ensemble. En tout cas, sous le conseil d’Hécate, Alec accepta se subir un bilan de santé. Il n’avait pas grand-chose selon lui, hormis ces symptômes déjà cité, mais il finissait par avoir des gros coups de fatigue qui n’arrangeaient rien.
Les couloirs du vaisseau commencèrent déjà à lui être familier. S’étant déjà promener plus d’une fois dans plusieurs secteurs du Voyageur, il se sentait déjà loin de l’époque où ces passages et les pièces qu’elles conduisaient, lui procuraient un vertige euphorisant. Encore quelques jours surement, et il se sentira pleinement intégrer dans cette communauté et ce sanctuaire. Pour l’heure, on avait beaucoup facilité son intégration, de quoi le rendre confiant en l’avenir.

Remontant donc les couloirs, l’allemand resta surpris encore de voir si peu de monde, voir personne. C’était à croire que le Straship Voyager était un vaisseau fantôme. Le silence des allées fit qu’on avait l’impression d’entendre les moteurs grondaient en-dessous de nos pieds. Un bâtiment fantôme en quelque sorte. Bon, Freiszmuth n’était pas idiot, il savait qu’Hécate réveillait petit à petit les gens sans doute selon les besoins. Mais il se demandait bien en quoi on pouvait avoir besoin de lui. Des petits mystères qui flottaient dans l’air du Voyager, mais qui n’alarma pas plus le linguiste que cela, prenant les choses comme elles venaient, et ayant la foi que tout viendrait à être révélée en son temps. Un principe qui lui fut enseignée par ses… Par ses parents quand ils enseignaient leur spiritualité, les plans célestes sont révélés à l’heure prévue.

Arrivant donc au secteur médical, Alec agita doucement son comlink à la lueur rouge devant le boitier. La porte coulissa donc devant lui, toujours à la manière des films de science-fiction ayant bercer notre enfance. D’un pas assuré, mais d’un regard enfantin, Alec entra directement, mais laissa ses yeux vagabonder pour découvrir une nouvelle pièce qu’il ne connaissait pas.
Si une salle devait bien représentait un univers S-F, c’était bien les salles de soins où la technologie fut la plus poussée et fascinante. Alec imagina donc des bras robotisés qui pouvaient vous ouvrir et vous ne recoudre ni vu ni connu. Des lasers qui pourrait supprimer une tumeur sans faire de trace ou vous percer la peau et les os. Et pourquoi pas, des rayons vous scannant pour faire une carte 3D de votre corps. Tout ceci, Alec risquait de le découvrir avec une pointe d’excitation, mais aussi d’hésitation.

Il y avait quelqu’un de déjà présent. La voyant de dos avec sa fine silhouette et ses longs cheveux noirs, Alec déduisait déjà qu’il s’agissait d’une femme, et vue la couleur de sa tenue qu’elle portait sur son dos, jaune, il pensa de suite qu’il s’agissait de celle qui allait prendre soin de lui. Tout sourire, il s’adressa à elle.

"Bonjour ! Je m'appelle Alec Freiszmuth. Je serais apparemment un des dernières sorties du réfrigérateur. Et comme vous devez vous douter, je viens vers vous car cela ne va pas très fort depuis peu de temps."

Assez formel, Alec voulu faire une bonne présentation pour cette nouvelle rencontre sur le vaisseau. Il ne savait s’il en faisait trop ou non, comme on pouvait le lui faire remarquer. Mais le quarantenaire croyait qu’en se montrant le plus honnête et fournis le plus d’informations dès le début aidait à faire avancer les choses. Et puis, il avait aussi ce petit trait d’être trop bavard. Enfin, il parlait peu en général, mais quand il l’ouvrait, c’était un peu comme s’il se rattrapait.
En tout cas, il pensait que tout ceci ne serait qu’une question de seconde. Vérifier son état, lui donner un cachet et puis voilà. Il était loin de se douter de ce que lui réservait cette journée.

Le corps se mit à raidir. Les yeux voulurent sortir de leur orbite, une sueur à la fois glacée mais douce, parcourait les membres du linguiste au moment même où le médecin dévoila son visage. Alec ne comprenait pas sur le moment, il cru allait bien plus mal qu’en entrant. Était-ce dû à l’odeur de désinfectant qui emplissait la pièce qui lui ferait tournée la tête ? Non c’était autre chose. Son regard resta focalisé sur la jeune femme. Complétement à l’inverse de la victime qui tombait sur l’affreuse Méduse, Freismuth lui, fut captivé et déstabilisé par ce visage rayonnant de douceur qui illuminait la pièce. Ses cheveux semblaient dansés au grès d’un souffle d’air enchanteur qui donnait une allure quasi céleste à celle qui occupait tout son champ de vision. Son cœur par contre, se prenait pour un batteur de Métal, tambourinant à se faire saigner.

Ce fut difficile pour lui, quand le médecin l’invita à entrer en premier dans la salle d’examen. Il fit peu cas de la nouvelle pièce et fut peu importuné par le dispositif de désinfection. Alec avançait donc, s’engouffrant dans ce bureau futuriste qui respectait l’ensemble donné au vaisseau. Zhao ! Voilà qui était son nom. Un bruit mélodieux, qui raisonnait dans les oreilles du linguiste qui lui, n’arrivait plus à prononcer un seul mot. Ses lèvres firent barrages à ses paroles, bloquant l’air. L’ayant invité à s’assoir sur la chaise d’examen, Alec cru la tâche serait aisée, mais tout retourner qu’il fut, il manqua son objectif, glissant sur le coup pour retomber parterre et devant retenter sa chance… Deux fois encore. Sa maladresse le perdre sans aucun doute.
En tout cas, face à cet embarra, l’allemand lâcha un rire sans doute nerveux, histoire de se moquer de sa maladresse, ne pensant pas à quel point il pouvait être ridicule.
Qu’avait-il alors ? Question bien difficile. Lui qui venait parler de ces quelques mots qu’il croyait passager, se vit prit d’un vertige qui l’empêchait de mettre ses idées en ordre, tellement la vision de la jeune femme le retournait encore. Prenant une bonne inspiration et priant pour avoir un petit coup de pouce, Alec se préparer à se lancer. Il eut néanmoins le temps de faire une rapide analyse de la personne se tenant devant lui. Grâce à son uniforme, Alec comprit qu’elle était originaire de Chine et fort heureux de ses voyages là-bas, réveilla le dialecte local qu’il eut apprit et dont il s’était pourtant si peu servit de façon si naturelle.

"Mandarin : Enchanté aussi ! Encore… De vous connaitre… J’ai un peu de mal à expliquer ce que j’ai… Ce n’est pas la grande forme, mais j’ai quelques douleurs, migraines depuis quelques jours et en de rares occasions des nausées."

Alec se félicitait pour sa mémoire, se souvenant encore de la langue et de sa grammaire. Cependant, racontant ce qui n’allait pas chez lui le dérangeait. Bien qu’un peu pudique, il avait le sentiment de donner une mauvaise image à la jeune femme. Sans doute stupide comme impression car elle était là pour l’aider, et encore il ne parlait pas de malade bien trop intime qui ferait rire n’importe qui à l’esprit mal tourné.
Freiszmuth cherchait à tout prit bien paraitre. Pour une raison qui lui échappait encore, il désirait plus que tout que le docteur Zhao dont il ferait bien une chanson sur ce nom, le voie sous son meilleur jour. Mais comme le linguiste était frappé de mal chance, trébucher, faire tomber les choses, se montrer trop direct, bafouiller ou qu’un événement important lui tombait dessus au mauvais moment, il avait peur que ce soit peine perdue. Alors, restant toujours aussi optimiste, il tenta de jouer chacune de ses cartes, ignorant encore ce qu’il pouvait gagner à la fin.

"Mandarin : Mais c’est sans doute rien ! Peut-être un manque de sommeil ou de repère. Je dois vous faire perdre votre temps."

Alec avait rebondi dessus dans l’espoir de montrer à quel point il était un « homme solide » et vaillant. Paradoxalement, il aurait souhaité qu’en retour, d’une voix douce Zhao lui réponde qu’il ne lui faisait pas perdre son temps et qu’au contraire, elle restait disponible pour l’écouter au cas-où. Bon sang ! Alec n’avait ressenti ce mal depuis si longtemps ! Une seule fille lui avait provoqué autant d’effet et cela c’était au final très mal terminé. Néanmoins Alec n’y pensait pas, ce souvenir bien que douloureux n’était pas invité pour l’heure.

Alec pensait avoir plu à la jeune femme du fait de s’être adresser à elle dans sa langue natale. Après tout, qui n’appréciait qu’on lui parle dans sa propre langue ? Freiszmuth aimerait lui rencontrer quelqu’un qui s’adresserait en allemand. Mais bon, là il se retrouvait dans l’incapacité de prononcer le moindre nouveau mot. On aurait dit que ce qu’il avait annoncé en mandarin avait vider sa réserve d’air et qu’il ne pouvait plus rien prononcer. Pour un linguiste, cela pouvait être un comble. En tout cas, il ne s’en montra point gêner. Il suivait les instructions du docteur Zhao Ruiling ou Ruiling Zhao sans broncher, devenant une bonne petite marionnette entre ses doigts. La jeune femme ne semblait se rendre compte de l’état réelle de l’allemand, en même temps ce dernier était incapable de comprendre ce qu’il ressentait à cet instant.

Il ne pouvait pas non plus quitter du regard cette créature aux allures angéliques qui lui donna quelques sueurs. Son rythme cardiaque s’accélérait, surtout au moment où il tendit son bras dévêtu et que son contact le fit frissonner. Ce n’était ni froid ni chaud. Le toucher avait quelque chose de surprenant. Il s’y attendait, mais fut paradoxalement surprit par cette caresse si douce qu’on croyait qu’on le frottait délicatement avec un tissu en soi. D’un coup, il lui devenait plus difficile de respirer. Son souffle devenait rare et même s’il était assis, il croyait qu’à tout instant, Alec allait vaciller pour s’effondrer parterre et ne plus jamais se relevé.
Décidément, il lui en arrivait des choses à notre linguiste depuis son réveil. Loin d’être ménager, il dut en une première journée, avalait tout un tas d’informations aussi fascinante que troublante. Puis, avec le temps, il découvrait sa vie à bord, sa nouvelle existence qu’il devra supporter sans doute pour toujours. Depuis, il voguait entre divers sentiments. Même s’il avait la fâcheuse tendance de tout refouler, Freiszmuth devait lutter contre des émotions qui semblaient le détruire. Et puis d’un coup, le voilà face à quelque chose qu’il ne pensait jamais revivre de son vivant.

Nous l’aurons déjà compris depuis le temps que l’allemand eut un coup de foudre pour le médecin. De toute son existence, Alec ne connu qu’une seule et unique histoire d’un véritable amour. Les années passées, il aurait cru ce genre d’expérience fini et enterrer, surtout depuis que la Terre fut transformée en un désert sans vie. Le quadragénaire voulu bien briser son silence. Dire quelque chose, tout et n’importe quoi. Il avait peur cependant de briser ce si beau tableau qui lui plaisait et surtout, de dire quelque chose pouvant le faire passer pour un idiot. Plus que d’habitude en réalité.
Mais s’il devait dire quelque chose, qu’est-ce que ce serait ? Plusieurs idées traversèrent sa tête, du genre « Vous êtes d’où ? Depuis combien de temps êtes-vous réveillée ? Etes-vous célibataire ? etc. »

Finalement, après quelques réflexions sur le sujet, il se lança sur la première phrase qui lui traversait l’esprit. Sans doute pousser par son instinct ou un calcul complexe dont il ignorait tout ;

"Mandarin : D’où réveillez-vous depuis prise ?"

Ok, mettons cela sur le compte du stress, de la panique même. Au moins, il se rendait compte assez rapidement de l’absurdité de ses propos et aurait bien voulu s’éclater le crâne contre un mur. Il tenta de rattraper le coup, mais un souffle sourd s’échappa uniquement de sa bouche. Avec un peu de chance, Ruiling pensera qu’il était fortement malade et ne lui en tiendra pas rigueur. Comme Alec aimerait à défaut de s’exploser la boite crânienne, se cacher dans un trou ou pourquoi pas, fuir la station en nageant dans l’espace avec une combinaison.

C’était une véritable tempête qui agitait notre pauvre linguiste. Ces symptômes ne semblèrent se calmer, pire, cela s’amplifiait. La tête qui tournait, le son autour qui diminuait alors que la voix de Ruiling devenait aussi claire que du cristal, les papillons dans l’estomac, le miel rose qu’on écrasait sur ses yeux pour tout rendre flou et guimauve… Nous aurons donc compris. Alec en avait des crampes, son souffle le boudait méchamment, lui interdisant de prononcer le moindre mot. Et quand il entendit Zhao Ruiling reparlait dans la langue commune, ni celle des hommes ou des elfes, mais de l’anglais pur et dur, Freizsmuth ressentit une profonde honte.
Il comprenait que son cafouillage l’avait quelque peu perdu aux yeux de ma ravissante médecin. Que pensait-elle de lui ? Avait-il gâché ses chances ? De terribles questions qui torturaient l’âme et l’esprit de notre expert. Non ! Il ne pouvait accepter de perdre aussi facilement la face, cela lui fut désormais interdit. Il fallait rebondir, que l’allemand trouve un subterfuge pour gravir ce mont titanesque et revenir atteindre le sommet, aux yeux du médecin et lui crier « Je suis là ! » Tout s’emballait tellement, il perdit ses moyens quand Ruiling parla de son pouls, l’examinant.

Oh oui, on pouvait dire que le rythme cardiaque d’Alec était aussi nerveux qu’un cheval de rodéo. Mais qu’attendait-elle par « votre âge ? » Oh non ! Cela voudrait-il dire qu’elle le trouvait trop vieux ? Il faisait à ce point vénérable grand-père pour une femme, dont le visage semblait prisonnier à ses vingt ans ? Quarante ans n’était pas énorme pourtant. Sans doute la barbe, ou la dégaine malade qui trompait. Sans nul doute ça. Allons, Freizsmuth respira un bon coup. La belle Ruilling Zhao venait de lui poser une question. D’ordre professionnel bien entendu, mais qui offrait au linguiste, une belle porte d’ouverture pour rattraper le coup.

"我头晕我的肌肉很紧。也有些恶心。似乎也很难说话。严重吗 ?." (J'ai des vertiges. Mes muscles sont tendus. Quelques nausées également. Des difficultés à parler on dirait aussi. C'est grave ?) En gros.

Ne se laissant donc pas décourager, Alec était revenu à la charge, parlant à nouveau en mandarin. Certes, il avait quelques difficultés, car comme il venait de le dire, il avait un peu de mal à parler, son souffle le taquinant encore un peu. Prononcer chaque mot fut donc un exploit, il croyait qu’il allait mourir étouffer à la fin, mais fut bien heureux d’être toujours debout. Sans doute que sa syntaxe n’était pas la meilleure, malgré cela Alec était convaincu de se faire comprendre. En tout cas, il était bien volontiers d’accord de finir cette consultation en mandarin.
De plus, il était bien fier de lui. Loin de s’être laissé déstabiliser, il sautillait de joie (intérieurement), d’avoir réussit son coup. L’allemand avait vue le visage de la chinoise rayonnait la première fois qu’il avait parler dans sa langue maternelle, tout ce qu’il désirait, c’était de revoir ces traits radieux, la face du médecin brillait comme un astre. Et convaincu de son coup, renouvela une fois de plus l’expérience, avec un peu plus d’assurance, même si ses tripes continuaient leur petite bataille.

"您认为这是醒来的副作用吗？" (Pensez-vous que c’est un effet secondaire du réveil ?)

Même Alec n’était pas totalement convaincu. Il avait bien compris que Zhao était liée à son nouvel état, remplaçant son mal par un autre, mais plus doux et enivrant. Comme tout se mélangeait dans sa tête, la linguiste ne savait pas trop ce qu’il recherchait. Briller devant le médecin très bien, mais accepterait-il ce sentiment chez lui après toutes ces années ? Voudra t’il le faire comprendre et tenter de séduire la belle asiatique au visage de porcelaine ? D’ailleurs, il se sentait d’humeur à écrire des poèmes à son sujet, la décrire de toutes les manières possibles afin de souligner la beauté qui la caractérisait tant. Serait-ce aussi un symptôme de son mal ?

A première vue, rien ne semblait bouloir s’arranger chez notre ami Munichois. Tout restait encore un bazar émotionnel et quand il avait l’impression que la pression baissait, un semblant de mieux, un nouveau vertige le prenait. Il était un peu comme stone, dans le vague, le linguiste se retrouva incapable de quitter des yeux cette ressortissante chinoise dont la vue évoquait ces fées où anges asiatiques, volant à travers un nuage floral et dont chaque geste provoquait une brise légère et douce. Si en plus elle avait une belle voix… D’ailleurs ! Alec l’imaginait chantant aussi divinement que les ondines qui envoutaient tout pauvre malheureux voyageur venant s’aventurer de trop près de leur étendue d’eau cristalline. Cette vision s’estompa un moment quand Ruiling lui posa des questions professionnelles sur son état. Freizsmuth secoua la tête pour chasser les beaux paillons devant ses yeux, se concentrant sur ce qu’on lui demandait.

"在早晨。 在下午。" (Le matin. L’après-midi)

Répondit-il tout simplement, ayant à nouveau du mal à trouver ses mots. Son esprit toujours aussi troubler, Alec avait l’impression que la difficulté de rassemblés ses idées et en faire quelque chose de clair, fut tout autant difficile que gravir l’Everest. Le visage impassible du médecin le troublait également. Comment savoir ce qu’elle pensait ? Lui qui s’inquiétait de savoir ce qu’elle pensait de lui en ce moment, n’avoir aucun indice lui provoquait plus qu’une gêne, mais une douleur qui courait entre sone estomac et son bras gauche.

"醒來後，我感到迷茫。我發現開始上班很困難。而且最近看起來更糟。" (Après le réveil, je me suis senti confus. J'ai du mal à commencer à travailler. Et cela semble pire récemment.)

Finissait-il par ajouter finalement. Pourvue que le médecin Zhao finissait par diagnostiquer son mal et qu’elle lui donne rapidement une pilule pour en finir. Ce paradoxe que vivait Alex était plus qu’insupportable. Hésité entre fuir ou rester, il y avait de quoi vouloir s’éclater la tête contre le mur. Mais voilà, il était encore totalement au pouvoir de Ruiling, le linguiste se sentait incapable de faire le moindre geste sans le consentement du médecin, et juste répondre à ses questions sans trouver plus de courage pour raconter autre chose. Pourtant, ce n’était pas les idées de sujets qui lui manquaient. Sa bouche était un barrage sous pression, qui retenait mille et une idée que l’allemand aimerait exposer à sa compagne de voyage. Mais il en était incapable.
Et dire que tout jeune, on lui racontait les histoires épiques de ses ancêtres, ces peuples germains, cousin des redoutables Vikings, qui conquéraient territoires sur territoires sans peur. Que diraient-ils, s’ils étaient encore en vie, voyant leur descendant ne pas arriver à parler à quelqu’un de la sorte. Idée complétement idiote, qui fit rire intérieurement l’allemand.

S’il voulait exprimer quelque chose, il devra ruser contre son propre corps et esprit. Si ces derniers restaient enchainer à une conduite incompréhensible, Alec devrait contourner cet obstacle mental. Et donc, quoi de mieux que de jouer avec ses propres règles ? S’il ne pouvait que répondre à Ruiling, alors il s’en servira pour parler davantage.

"但是我吃得很好！" (Mais je mange très bien !)

Mais des fois il valait mieux savoir se taire. Enfin bon, sans doute que le médecin trouvera cette information intéressante et utile, même si elle ne semblait pas apporter grand-chose. Cependant, considérons cela comme une première pierre pour l’immense édifice que comptait bâtir l’expert linguistique. Des petits efforts pour concevoir les plus grands projets comme on le disait.

L’allemand ne sentait son état s’améliorer. En même temps, il venait d’arriver il y a peu, et le médecin ne semblait mettre encore de nom sur son étrange maladie. Si nous avons depuis longtemps comprit l’origine du trouble que subissait le linguiste, ce dernier, bien qu’ayant quelques doutes, redoutait une bien mauvaise nouvelle. S’il faisait fausse route ? Et si on venait lui diagnostiquer une tumeur au cerveau ? Un cancer du cœur ou un parasite intestinal ? Tout ceci pouvait prêter à confusion à la fin non ? Et ayant entendue parler de ces passagers clandestins venus de l’espace… Et si pendant son sommeil, une de ces créatures était venu lui pondre quelque chose dans le corps et que ce qu’il ressentait, ce fut l’embryon qui s’agitait, ne demandant plus qu’à sortir pour éclabousser la belle jeune femme de sang et de morceaux d’entrailles ?

Bon, il devait sans doute aller un peu loin dans cette histoire. Se ressaisissant, il tortura son cerveau afin de trouver quoi dire. Bien qu’il fût toujours esclave de la volonté de la jeune femme, il avait envie de dire quelque chose, de quoi suscité l’intérêt de la chinoise et parait bien à ses yeux. Fort heureusement pour lui, cette occasion lui fut interdite quand Ruiling Zhao ou Zhao Ruiling selon le point de vue, demanda au linguiste de tirer la langue pour examiner sa gorge. Sans protester, Alec obéissait sur le champ, ouvrant bien grand la bouche, lâchant un long râle ressemblant au bruit d’un réacteur d’avion à faible niveau.

Le voilà donc incapable de dire quoi que ce soit, laissant donc le médecin faire ce qu’elle avait à faire. C’était incroyable de voir que tout le long, Ruiling demeurait aussi impassible du début à la fin. Il ne l’avait pas vue sourire une seule fois. Sauf si on comptait sa surprise quand il avait lâcher ses premiers mots mandarins. Cependant, elle ne perdait rien de l’aura lumineuse que lui prêtait le quarantenaire perturbé. Freizsmuth essaya de l’imaginer triste, ou bien en colère, ou rire comme une folle, il trouvait chacune de ses figures adorables et était curieuse de savoir comment elle était, en-dehors des heures de boulot. Etait-elle amusante ? Farceuse ? Douce ? Joueuse ? Artiste ? Courageuse ? Chaque seconde qui s’écoulait, il se faisait une représentation qu’on pouvait dire fantasmer. Un peu comme pour nos idoles, où on imaginait quasiment parfait ces stars qu’on adule.

Quand l’examen fut terminé, et qu’Alec retrouva usage de sa bouche, il se sentit comme un enfant gêner, honteux. Ou bien timide plutôt, le regard un peu bas, avant de réussir à briser en quelque sorte, la loi qu’il semblait s’infliger sur ses échanges avec Zhao, tout en restant proche du sujet initial, ce qui évitait ou minimiser toute parole étrange et malaisante.

"你的结论是什么？" (Quelle est votre conclusion ? )

Parlant de son pouls, Alec sentait le sien grimper subitement. Il redoutait quand même une mauvaise nouvelle, du moins, pas celle qui dirait que votre voyage sur le Voyager prendra fin subitement. Sauf en cas d’embryon alien. Et n’étant jamais à l’abris de tout danger, l’allemand s’attendait à tout. Sans doute qu’il faudrait un examen plus approfondi pour le médecin afin de mieux diagnostiquer son mal. Mais peut-être avait-elle déjà une petite idée en tête et qu’elle pourrait en faire part à son patient.

Dans d’autres circonstances, Alec n’aurait pas hésité à plaisanter avec son médecin. Comme par exemple « Est-ce grave docteur ? Je pourrais toujours jouer du violon ? Y’a-t-il besoin d’appeler le SAMU ? » et autres blagues du genre prêtant souvent à sourire. Malheureusement, Freizsmuth se sentait tellement troubler et prononcer un mot était déjà pas mal, qu’il fut dans l’incapacité de le faire. Et si par malheur il parvenait à en lâcher une, elle serait tellement mal placée et dire surtout, qu’on le prendrait pour quelqu’un frapper de délire.

Alec écoutait donc sans rien dire, se contentant d’hocher la tête en signe de compréhension, enfin plus ou moins, et d’acceptation. Effets secondaires du cryosommeil ? Le linguiste s’en doutait un peu avant d’arriver ici. Son corps n’étant pas habitué à pareille condition, il faudra du temps pour ce faire. Même vivre dans l’espace pouvait présenter quelques soucis. D’ailleurs, il avait déjà vue plusieurs reportages comme quoi, une personne vivant dans l’espace devait garder une activité physique régulière, manger ceci ou cela, au risque de voir son corps s’atrophier, ou quelque chose s’en rapprochant. Alec devra donc vite se ressaisir et s’assurer un meilleur régime de santé à partir de maintenant. D’ailleurs, il lui arrivait de fumer de temps en temps, mais depuis son réveil, l’allemand n’eut éprouver le besoin, sans doute un bon signe ?

Tout sourire nier qu’il pouvait faire, il remercia grandement Zhao Ruiling pour son aide. Il ne s’attendait pas par contre, à tant d’herbes et plantes à devoir inhaler. S’il pouvait ne plus être fumeur, voila qu’on risquait de penser qu’il était devenu addict de bien d’autres drogues. Mais là il fut stone et accroc à quelque chose de bien plus fort qui ferait rougir certains et certaines, et râler d’autres. Mais ceci était la nature humaine, on ne pouvait pas y faire autrement et encore heureux, car elle permettait à la survie de notre espèce.

"Merci beaucoup docteur. Je suis sûr que cela va m'aider."

Freiszmuth avait au moins retrouver l’usage de la parole. Un peu plus confiant, il devait être rassurer de savoir que la consultation touchait à sa fin. Et même s’il désirait encore profiter de la présence de la jeune femme, le quarantenaire se sentait comme un petit enfant intimidé, qui cherchait à se cacher dans le premier trou de souris qu’il trouverait. Son esprit était en même temps, en lutte contre lui-même justement, où une guerre civile opposait deux camps, le premier étant de partir maintenant, l’autre de rester encore un peu, pour faire simple. Et tout ce chaos en lui, l’encouragea à faire ces formalités typiques pour se dire aurevoir et se diriger vers la sortie.

Cependant, à peine le pied franchissait le seuil, qu’Alec se figea. Son pouls que Zhao disait irrégulier, se fit bien sentir, l’allemand pouvait l’entendre s’emballer, son corps fut comme parcourus par une décharge électrique violente. Il serra les poings pour supporter, mais chaque muscle lui faisait mal, sa poitrine se contracta, une fine sueur perla le long de son front, le dos et les épaules. Puis, après quelques secondes dans cet état, le linguiste se retourna, le visage d’une personne souriante, enfin plutôt l’air idiot avant tout, faisant penser aux personnages difformes dans les dessins animés qui essayais de sourire, tellement Alec se sentait nerveux. Puis, vivant comme une rechute, ce dernier tenta de dire quelque chose dont la parole semblait le boudée à nouveau.

"你吃嗎 ?" (Mangez-vous ?). Il fallut attendre encore quelques secondes à Alec pour se rendre compte de l’étrangeté de sa demande. Et si Ruiling y répondait, cela ne ferait que confirmer sa maladresse. Alors il tenta de se relancer, cherchant à être le plus clair possible. "晚飯" (Dîner). Vous savez ce qu’on dit, jamais deux sans trois. Il se racla la gorge avant. "你想一個晚上和我一起吃晚飯嗎？" (Voulez-vous dîner avec moi un soir ?)

Cela eut comme un effet de tonnerre pour Alec. Au moins, il sentait un poids en moins sur ses frêles épaules. Mais maintenant que la pierre était lancée, il avait l’impression d’entendre comme un orage grondait au loin, menaçant notre ami d’une funeste réponse risquant de le briser à jamais. Se sentant donc à la foi soulager, mais honteux, il chercha un moyen de mieux présenter la chose. Il perdait ses moyens et d’ordinaire lui qui agissait toujours selon une logique et une réflexion assez pousser, voilà qu’il naviguait dans une mer inconnue n’ayant que son instinct pour se guider.

"J’aimerais beaucoup apprendre à mieux vous connaitre, vous êtres une personne forte charmante. Tout comme le reste du vaisseau d’ailleurs dont j’apprends à connaitre aussi. Acceptez-vous ?"

Pour nous, les intentions d’Alec étaient claires, et lui voyait de mieux en mieux sa situation. Restait à voir ce qu’en pensait sa principale intéressée et surtout, si elle avait compris le langage si particulier du linguiste.