Les Dossiers Secrets de Voyager • Apollo 11

That's one small step

for a man

One giant leap for mankind

1 • La vérité sur Apollo 11 !
2 • Journal du 21 juillet 1969
3 • Conquérir la Lune
4 • Interview de Clifford E. Charlesworth
5 • Rapport 2047 – 25 juillet 1969
6 • Moon skeleton
7 • The first lady
8 • L'Aigle a atterri
9 • Confidence d'un opérateur de la NASA

Américains, américaines, on vous ment !

Vous connaissez le nom Michael Armstrong ? Probablement pas. Mais vous connaissez bien son homonyme, Neil Armstrong. Michael Armstrong était un pilote raté, honte de sa promotion de l’université de Purdue. Incapable de valider sa licence, il s’est lancé par dépit dans une carrière de réalisateur.

Vous voyez où je veux en venir ? Passionné par l’exploration spatiale, et ayant le bras long, il a rapidement entendu des rumeurs sur le projet fou de la NASA, de mettre le pied sur la lune. Ni une ni deux, il s’est approprié cette mission, recréant un décor de lune en studios, et créant un personnage à qui il prêtera son nom de famille, pour être le premier homme à poser le pied sur la lune ! Neil Armstrong n’existe pas, ce n’est que pure création pour un homme en mal de reconnaissance.

Et je ne parle pas de son acolyte, Michael Collins ! Vous pensez que c’est une coïncidence, qu’il partage le prénom de ce réalisateur ? Que nenni ! Il ne lui suffisait pas de donner son patronyme à un des personnages, il en voulait plus, toujours plus !

Ce n’est ni plus ni moins que cela. Quant à Buzz Aldrin… Son collègue, passionné de récits de science fiction dans l’espace, qui a joint ses talents à ceux de Michael Armstrong, pour créer ce film.

L’erreur constatée du drapeau qui flotte ? Un stagiaire qui a laissé un ventilateur allumé. (Spoiler alert : il a été viré !) Les ombres qui ne correspondent pas aux ombres naturelles ? Une mauvaise gestion des lumières sur le plateau.

Inutile de chercher quoi que ce soit pour vérifier ces informations : le gouvernement américain les a enterrés, avec le corps de Michael Armstrong, pour conserver le secret de cette imposture. Croyez-moi, les Américains ne sont pas les premiers à avoir mis le pied sur la lune : l’Union soviétique a gagné cette compétition.

Votre dévoué,
Piotr Romanov

PS : la semaine prochaine, je vous dévoilerai la vérité sur la vie et mort de ma famille, les Romanov.

Cela faisait des mois que nous préparions ce moment. Autour de nous, des dizaines d'écrans étaient alignés et des données en temps réel s'y succédaient à toute vitesse. Derrière la vitre, à quelques centaines de mètres, nous pouvions voir notre appareil, fierté de la nation, prêt à décoller, encerclé par des tours de métal. C'était toujours un moment difficile, nous avions connu des échecs et ce vol n'était pas sans risque.

Après les dernières préparations, le décompte commença et au moment fatidique, quand le moteur vrombit au rythme des explosions de son carburant, les gouttes de sueurs coulaient dans le dos de chacun des témoins. Il s'éloigna du sol, laissant derrière lui un lourd nuage de gaz et s'éleva dans le ciel. Pourtant, la tension ne retomba pas. De l'extérieur, les missions semblaient en grande partie réussies si le décollage était un succès mais en réalité, il fallait encore suivre la sortie de l'atmosphère, le placement dans l'orbite lunaire et, cette fois, l'alunissage.

Nous avions tant investi de temps et d'énergie que cet engin représentait notre vie et la réussite de notre pays, celui qui montrait notre suprématie aux autres. Les images qui nous furent envoyées, de la terre et de la lune, tirèrent des larmes à certains. Bien que ce ne fut pas les premières, c'était toujours un grand moment d'accomplissement.

Ensuite, tout changea : suite à des problèmes, nous ne pouvions nous poser et nous vîmes notre appareil faire cinquante-deux fois le tour en orbite de la Lune. Cinquante-deux fois, cela signifie presque trois jours à espérer, à refaire les calculs et à imaginer le pire. Finalement, il fut décidé de se poser, la manœuvre était complexe et tout le monde retint son souffle.

Sur nos écrans, nous pouvions voir le sol lunaire qui se rapprochait et notre concentration était à son paroxysme. Ensuite, tout devint noir. Pendant de longues minutes, personnes ne parla. Nous n'entendions que les bips réguliers de certains moniteurs au sol et les voix enthousiastes de la télévision. L'appareil venait de s'écraser brutalement sur le sol lunaire.

Nous n'avions aucun mort à déplorer, le vol n'était pas habité mais la honte nous submergeait tous. Nous avions échoué. Nous allions être les absents de l'Histoire et ce, malgré le temps et l'argent investi, malgré le dévouement des chercheurs. Nous n'étions pas à la hauteur et symboliquement, cette destruction était celle de notre nation.

Sur le téléviseur à notre droite, grâce à la Mondovision, nous pouvions contempler l'étendue de notre échec : Apollo 11 avait atterri depuis trois heures et l'homme avait fait ses premiers pas sur la Lune. L'écran diffusait en grésillant :

- « That's one small step for man; one giant leap for mankind »

Nous ne serions jamais ces hommes.

Valentin Glouchko , Directeur des opérations, missionné par le Comité central du Parti Communiste de l'Union Soviétique

Interview de Clifford E. Charlesworth – directeur de vol et des activités extra-véhiculaires de la mission Apollo 11 – reportage du New-York Times pour les 10 ans de l’alunissage.

Chemise blanche retroussée jusqu’aux coudes, sa cravate à moitié dénouée, Clifford fume une cigarette, le regard rivé en direction du ciel. La nuit est tombée depuis un moment déjà et la lune brille déjà haut dans le ciel. Jamais il ne se lassera de la regarder et une part de lui regrettera toujours de ne pas avoir pu être un de ceux qui ont posé le pied dessus.

Il se tourne alors vers le jeune homme qui l’observe, carnet de notes en main et qui repousse nerveusement ses grosses lunettes sur son nez. Elles ne font que glisser mais, au vu des températures à Houston, rien d’étonnant. Ou alors, c’est la nervosité. Même si, au final, ce n’est qu’un énième reportage sur ce qui s’est passé le 20 juillet 1969. Qui permettra de savoir, dans quelques années, quelques décennies, comment ce qui aurait pu être le plus gros fiasco de l’histoire s’est transformé en victoire américaine dans la course aux étoiles. Il a un sourire alors qu’il finit par croiser les bras.

« Il fait chaud vous ne trouvez pas ? Je boirais bien une bière, pas vous ? »

Il a quel âge ? 20 ans ? 25 ? Pour un peu, il se dit que du lait pourrait sortir de son nez s’il le pressait un peu fort. Lui-même arrive au bel âge de 50 ans. Dans quelques mois. En espérant que Dieu lui donne encore l’occasion de vivre bien des années.

Sans même attendre de réponse de la part du jeune homme, il quitte la terrasse pour filer dans la cuisine et ramener deux bières qu’il décapsule et tend à … quel est son nom déjà ? Alfie ? Oui quelque chose dans le genre.

« Détendez-vous, vous allez me rendre nerveux. Et... »

Il s’arrête alors que la radio, qu’il avait oublié d’éteindre, se met à jouer un air très familier. Et il a un sourire alors qu’il désigne l’intérieur d’un mouvement de tête, laissant la voix des Beatles résonner dans le salon.

« Cette chanson passait à longueur de journée il y a dix ans. Obla-di-obla-da. Un titre totalement improbable si vous voulez mon avis. Mais entraînant. Et, au final, quand on y pense, ce qu’on a fait aussi est totalement improbable. »

Et magique. Ou peu s’en faut. Des années de préparation minutieuse, d’angoisse et cette espèce d’exaltation qu’aucun mot ne saurait traduire. Allumant une nouvelle cigarette, Clifford souffle, la mine songeuse.

« Il faut que vous compreniez. Plus qu’un témoignage, plus que des éléments qui permettront de mettre des mots sur cette journée et de la graver un peu plus dans l’histoire, c’est un sentiment général qu’il vous faudra traduire. Nous avons vécu quelque chose de grand, d’unique. Nous savions que nous allions entrer dans l’histoire. Pour avoir tué trois braves astronautes ou pour avoir posé le pied sur un terre où la température peut varier de plus de 250 degrés entre le jour et la nuit. L’idée-même de faire ça, d’y participer, était totalement… improbable. »

Il a un sourire alors que le jeune Alfie l’écoute, les yeux ronds.

« Il faisait chaud ce jour-là. Très chaud. Le 20 juillet 1969 donc. Encore plus qu’aujourd’hui, c’est dire. Je suais à grosses gouttes dans ma chemise mais, à la réflexion, je ne sais même plus si c’était à cause du temps ou de la nervosité. Parce qu’on y était, pour de vrai. L’alunissage était proche et … la suite allait arriver. Je ne suis pas un gars du pays vous savez. Je viens du Minnesota. Red Wing exactement. Autant dire que la météo n’est pas vraiment la même et que tout le monde s’amusait à me voir souffrir de la chaleur. Je changeais de chemise plusieurs fois par jour et je rendais ma femme totalement folle. »

Il a un temps avant de secouer la tête, non sans un rire.

« … désolé, je sais que vous n’êtes pas là pour m’entendre parler météo. Et que ça ne servira à rien dans la retranscription. Mais j’ai remarqué ça par le passé. Quand on repense à une journée importante, marquante, ce sont les détails qui reviennent en premier. Comme l’odeur du café qui flottait dans la salle de contrôle. Le gilet de Gene... Kranz… d’un bleu électrique à en brûler les rétines. Et cette électricité dans l’air. Je pense qu’aucun de nous n’avait bien dormi depuis le départ de la mission le 16 juillet. Il y avait déjà eu des petits soucis, mais quelle mission n’en a pas n’est-ce pas ? Rien que nos gars ne soient pas capables de gérer de toute façon. Et ça y est. On y était. »

Son regard se perd un instant dans le vide et il boit quelques gorgées de sa bière avant de souffler, d’une voix moins assurée.

« Il y a des choses qu’on ne peut pas oublier dans la vie. J’ai passé des heures les yeux rivés sur ma console, guettant la moindre anomalie qui empêcherait le bon déroulement de la mission. Parce que c’était moi qui finirais par donner le feu vert tôt ou tard. Vous imaginez la pression ? »

Un regard en direction d’Alfie, ses cheveux roux partant dans tous les sens et son regard bleu un peu hagard. Evidemment qu’il ne sait pas. Et puis, Clifford savait qu’il ne serait pas la vedette de ce reportage, que s’il était cité, ce serait déjà une bonne chose. Mais être un homme de l’ombre ne le dérangeait pas. Après tout, il n’aurait échangé sa placé pour rien au monde, même si ce jour-là il avait dû prendre la décision la plus complexe de toute son existence.

« Je vous explique… cette partie n’a pas été diffusée ce jour-là, c’était uniquement entre les astronautes et nous. Armstrong attendait. Je me souviens encore qu’il a répété en boucle, durant ce qui m’a semblé une éternité, ces mots exacts « CAPCOM, je demande confirmation pour la sortie extra-véhiculaire. A vous. » Tous les regards étaient rivés sur moi. Je pouvais tuer deux personnes ou être celui qui aurait autorisé les premiers pas sur la lune. Je me souviens avoir renversé mon café au sol tant que je tremblais, tant j’étais nerveux. Ces quelques secondes ont duré une éternité pour moi. Et au final, j’ai jeté un dernier regard à ma console avant de lever la tête vers Charlie Duke. Je lui ai souri en hochant la tête. Il a fait de même avant de rallumer son micro et de souffler, d’une voix assurée. « La sortie est confirmée Apollo 11. Vous pouvez effectuer la première sortie. » Mes poings se sont serrés alors que j’entendais la confirmation d’Armstrong. Et puis, le silence qui a suivi les derniers préparatifs. »

Ces interminables secondes de silence, dans l’attente des premières impressions, des premiers mots de ces deux hommes. Clifford se souvient encore d’avoir pensé avoir commis l’erreur du siècle en autorisant la sortie, qu’il aurait leur mort sur la conscience. Et puis, ces quelques mots, qu’il répète avec un sourire à l’attention du jeune journaliste.

« C’est un petit pas pour l’homme mais un bond de géant pour l’Humanité…. Vous vous en souvenez n’est-ce pas ? »

Alfie hoche évidemment la tête. Il devait avoir dans les 10 ans quand c’est arrivé et ça devait être quelque chose de magique pour lui.

« J’ai entendu Neil parler, décrire ce qu’il voyait. Et, je ne vais pas mentir, j’ai pleuré. Comme bien des hommes autour de moi. Toute une vie à regarder le ciel, à admirer la lune, les étoiles. Et voilà qu’on y était pour de vrai. Que l’empreinte des hommes allait marquer ce sol pour toujours. Grâce à nous, grâce à une équipe qui avait oeuvré sans relâche. Le rêve était devenu réalité. »

Clifford laisse alors filer un silence, attendant de voir si Alfie a des questions. Mais rien ne vient. Il a un sourire amusé à le regarder et s’appuie à la rambarde du balcon en le regardant avec bienveillance.

« Tu ne trouveras jamais les mots pour retranscrire tout ça gamin. Parce que même moi qui l’ait vécu, j’en suis tout simplement incapable. Vous pourrez faire des centaines, des milliers de reportages mais ce qui compte, c’est d’avoir été là. Que ce soit à Houston ou ailleurs. D’avoir vu Neil poser le pied sur la lune, de savoir que l’homme, quand il le veut, est capable de tout. Et malgré tout ce qui se passe dans le monde, il ne faut pas l’oublier. A chaque fois que je lève les yeux en direction du ciel, c’est ce que je vois. Et toi ? »

En fait, ça valait bien une autre bière tout ça. Et au final, le journal ferait un reportage sur les hommes de l’ombre qui avaient façonné l’histoire d’Apollo 11. Le premier grand article du petit Alfie qui ferait une grande carrière. Parce que les mots, il avait réussi à les trouver.

/!\ DOSSIER CLASSÉ SECRET DÉFENSE /!\

Rapport 2047 – 25 juillet 1969

Personnes interrogées :
- Neil Alden Armstrong, né le 25 août 1930.
- Edwin Eugene Aldrin junior, né le 20 janvier 1930.
- Michael Collins, né le 31 octobre 1930.

Date de l’incident : 20 juillet 1969.

Lieu de l’incident : surface lunaire – au niveau du site initial d’alunissage.

Nature de l’incident : code alarme 1201 – présence d’êtres non identifiés sur le site.

Description de l’incident : les trois astronautes sont unanimes. Ils ont aperçu des silhouettes grouillant sur le sol du site d’alunissage. Michael Collins a parlé d’araignées géantes. Neil Armstrong en a dénombré une vingtaine. Tous les témoins sont unanimes, ces êtres n’ont rien d’humains et il est difficile de voir s’ils ont même l’air « vivants. »

De nombreuses photographies sont prises. La plupart montrent des tâches difficilement reconnaissables mais sur la PJ 43, on distingue clairement une créature arachnéenne.

Ces êtres semblent être sortis de nulle part à l’approche du vaisseau. Edwin Aldrin évoque la possibilité de fortes vibrations au sol qui les auraient délogés. Il est demandé à CAPCOM la marche à suivre et si la mission doit être annulée à cause de ce nouveau paramètre.

Ordre est donné de continuer la mission coûte que coûte. En cas de rencontre en direct avec ces êtres, essayer d’en capturer. S’ils se montrent hostiles, les abattre avec les armes « spéciales » accessibles via le code d’urgence fourni au commandant de la mission, Neil Armstrong.

Conclusions de l’incident : le code alarme 1201 est corrigé en code 1202 « surcharge d’ordinateur. ». Le site initial de l’alunissage est déplacé de plusieurs kilomètres et un incident de navigation permettra de justifier cette erreur.

Les astronautes ont pour ordre de ne jamais parler de ce qu’ils ont vu.

Les prises de vue effectuées par Michael Collins sont archivées dans ce dossier avec les témoignages détaillés de chacun des témoins et le rapport d’incident informatique.

Il sera joint au rapport 2048, relatant les témoignages de l’équipe au sol.

L’incident est classé.

Faisant tourner le bourbon dans le verre qu’il tient, l’homme fixe avec un sourire ceux qui lui font face. Evidemment qu’ils vont le choisir lui quoi qu’ils peuvent dire, ils ne savent que trop bien qu’il est le candidat parfait pour cela, il l’a déjà prouvé après tout. Il se gratte la mâchoire, faisant crisser sa barbe, avant de leur tendre quelques feuillets, un exemplaire à chacun des trois hommes au regard dur qui lui font face. Il s’adosse, croise les jambes et bois une gorgée en les fixant alors qu’ils commencent à lire les quelques dizaines de lignes. Son regard se porte sur la caméra poser derrière eux, avant de rapidement le reporter sur ces hommes, il en détaille la posture, les médailles, l’attitude. Ces quelques lignes qu’ils semblent lire et relire, il les connait par cœur, un squelette, une base de scénario, le nécessaire pour poser les éléments de l’histoire et vérifier que tout tient la route.

Squelette:

« Je ne comprends pas. » L’homme du milieu relève la tête et fixe durement le barbu. « Ironies dramatiques ? Qu’est-ce ? Et pourquoi autant de difficultés ? La mission DOIT se dérouler correctement et être une réussite incontestable. »

Le barbu esquisse un sourire en coin et retient un soupir. Ils sont tellement prévisibles ces militaires, prévisibles et étriqués. Il se penche en avant et pose ses coudes sur ses genoux.

« De nombreuses personnes ne croient pas en vos prouesses. Un nombre incalculable de pseudo-mathématiciens, théoriciens et autres adeptes du complot n’auront de cesse de démonter cet exploit… Et à raison. »

« Justement ! Vous leur donnez des erreurs de débutants, ce sera du pain béni pour eux ! »

Il hausse le sourcil et tourne la tête vers l’homme de droite.

« Nous leur donnons ce qu’ils attendent. Je leur offre des ouvertures dans lesquelles ils vont s’empresser de s’engouffrer pour démontrer à tout le monde le mensonge le plus grand de l’histoire. Quoique vous fassiez, il y aura des détracteurs et des sceptiques. Mais je vous offre la plus belle de toutes les opportunités. Toutes ces ‘erreurs’ sont explicables, elles seront toutes justifiables scientifiquement. Le drapeau flotte, ne bouge pas, car il n’y a pas d’atmosphère. La poussière de la Lune retombe aussi vite qu’elle est montée, avant que les pieds ne se posent réellement. Le moteur ne s’entend pas, car il ne peut y avoir de son dans l’espace. L’éclairage est plus fort, dû à la réflexion de la lumière solaire à l'intérieur du système de lentilles… Vous souhaitez que je continue ? » Il a un geste de la main et se redresse. « Je ne suis pas un débutant, j’ai étudié chacune des difficultés qui sera soulevée. Je sais comment rendre le tout crédible et possible. Une mission ne se déroule jamais bien, il y a toujours des erreurs, des problèmes. Vous souhaitez réellement que tout se passe bien, sans rebondissement ou complication ? La vie n’est pas ainsi, la vie est dure et réserve toujours des surprises. Le public a BESOIN de ces problèmes. Vous voulez qu’ils le vivent, qu’ils le ressentent, que les battements de leur cœur s’accélèrent et qu’ils pleurent de joie ?  Vous voulez que vos hommes marchent sur la Lune et marquent un nouveau tournant dans l’Histoire de l’Humanité ? Alors laissez-moi faire mon travail. Vous n’avez qu’à vous assurez que vos astronautes soient capables de jouer le jeu, et les Etats Unis auront démontré à tous leur suprématie. »

Le Général lève la main pour empêcher son confrère de répondre et dévisage un long moment le petit homme qui lui fait face.

« Ne prenez surtout pas à la légère les documents que vous avez signés. Nous ne permettrons pas le moindre débordement, ni la plus petite fuite. J’espère que vous vous rendez compte de l’importance de cet entretien. » Il l’observe encore un long moment, puis pose ses larges mains à plat sur le bureau, sans quitter le petit homme barbu des yeux.  « Vous aurez tous les moyens nécessaires pour la réussite de cette mission. Aucun retard ne sera évidemment accepté. Mais vous avez déjà démontré vos talents avec votre dernier film… » Il se lève et le rejoint, passant devant la caméra, pour lui serrer la main, non sans qu’un dernier avertissement filtre dans son regard. « Bienvenue dans la mission Apollo 11 Monsieur Kubricks. »

« Lors des premiers grandes missions spatiale, dans les années 1960, il y avait une nette différence entre les hommes, les ingénieurs, et les femmes, qualifiées alors d’ordinateurs humain, qui avaient pour rôle essentiel de calculer, de créer les codes et algorithmes permettant le bon déroulé des missions spatiales. On se rend compte aujourd’hui de leur valeur et de leur importance, ce qu’elles ont apporté est inestimable. Je pourrais citer Katherine Johnson ou encore Margaret Hamilton, qui sont sorties de l’ombre il y a peu, et qui ont pourtant changé la face du monde, tant par leur aide lors de missions telles qu’Apollo 11, ou par leur apport incroyable dans la conception de logiciel ou de programmation.

J’étais âgée de 23 ans quand j’ai été embauché à la NASA. J’ai été la première femme à travailler en tant qu’ingénieur en aérospatiale. C’était à la fois un immense honneur et une responsabilité démesurée. Chacune de mes décisions, chacun de mes actes avaient à la fois moins de poids et plus de retombées, pour les négatives du moins, que celui d’un homme. Mais je n’aurais échangé ma place pour rien au monde. C’était excitant et de nouveaux défis apparaissaient sans cesse, le voyage spatial ne cessait de progresser et nous voulions toujours aller plus loin. Jusqu’à ce jour-là. En 1969.
Quand la mission Apollo 11 a été annoncée et préparée, cela faisait 5 ans que j’étais à mon poste. J’ai travaillé dessus, aidé à améliorer les systèmes de propulsion et de commandes, ainsi que le comportement dynamique des éléments structuraux… Nous savons que cette mission serait déterminante et qu’elle aurait des retombées phénoménales. Après tout, poser un pied sur la Lune, marcher sur une surface non terrestre, représentait une prouesse inimaginable, c’était une nouvelle étape dans l’évolution de l’Humanité.

Je voulais en faire partie, c’était mon souhait le plus cher, mais j’étais la seule femme, je ne me leurrais pas. Pourtant, j’ai eu un coup de fil. Je me souviens lui avoir demandé de répéter. Et je sais maintenant à quel point mon directeur a dû batailler pour que je puisse y assister. Mais comme il me l’a dit, j’étais la meilleure.
Et j’ai été la seule femme présente dans la salle de tir lors du lancement d'Apollo 11 le 16 juillet 1969. Mais j’avais l’habitude d’être entouré d’hommes, et puis surtout, quelle importance ? Seule la mission comptait. L’agitation était à son comble et la tension a été palpable du début à la fin. J’étais en charge du contrôle des commandes. En résumé, j’avais le mauvais rôle, mais le mauvais rôle essentiel. Je devais prévenir l'équipe si quelque chose se passe mal.  Ce que je n’ai pas eu à faire heureusement.

Je n’étais plus dans l’équipe en charge, le 20 juillet, j’étais là en spectatrice en quelque sorte, mon travail était fait, tout s’était bien passé. Mais cela ne change rien. Je… J’aimerais pouvoir décrire l’atmosphère qu’il régnait ce soir-là. L’appréhension quand le module s’est détaché pour se rapprocher de la Lune. L’inquiétude durant la phase d’approche et l’alunissage même. Ces secondes interminables… pendant lesquelles nous attendions des nouvelles des deux astronautes. L’impression d’avoir le cœur rongé par l’angoisse et que chaque inspiration allait être la dernière. Et puis… La voix de Neil Armstrong qui s’élève par les hauts parleurs. L’aigle avait atterri avec succès ! C’était plus que du soulagement. Ça a été de la joie et des cris. *On entend un rire* Ils étaient sur la Lune !

… Et il y eu cette demande. Cette attente. Ce souhait. Je suis sûre que l’on pouvait entendre les battements de mon cœur de l’autre côté de la pièce quand leur a été donné l’autorisation de sortie.
Vous n’imaginez pas… Vous n’imaginez pas ce que c’était. Après ces jours d’angoisse, ces jours d’attente… Ces journées que l’on passait les yeux rivés sur notre console, à vérifier pour la millième fois les données, ces centaines d’heures sans dormir, à suivre leur avancée et à contrôler chacune des étapes, à confirmer l’absence d’anomalie… Cette frayeur de devoir les prévenir en cas d’incident, ou pire de devoir prévenir leur famille si quelque chose tournait mal, de devoir en informer le monde entier. Cet espoir insensé de savoir que tout avait fonctionné.

*Un nouveau rire* J’avais cru que la première attente, celle de la confirmation que le module s’était posé sans incident, était la pire. Mais je me trompais. Les secondes qui ont suivi la sortie d’Armstrong…  Il ne restait rien de cette agitation survenue quelques minutes seulement plus tôt. Un silence de plomb régnait dans la salle, dans tout le bâtiment je pense. Nous avions tous les yeux rivés sur les moniteurs, je me souviens avoir dû croiser les bras pour ne pas trembler. Je ne sais pas s’il avait réfléchi avant, si on lui avait soufflé ou s’il a improvisé. Mais les mots qu’il a prononcés sont devenus immortels.
J’ai pleuré évidemment, tout le monde a pleuré. Je crois… L’euphorie à pris le pas sur le reste. Je me souviens avoir retenu ma respiration alors qu’ils sortaient et décrivaient ce qui les entourait.
Ça a été tellement magique. Prendre conscience que ça y est, on a réussi, ils marchent sur la Lune ! Tout ce travail, tous ces efforts… tous ces sacrifices… L’Homme a été dans l’espace et a marché sur la Lune.

J’ai continué de travailler dans la mission Apollo. J’ai participé à de nombreux lancements, et tous ont été aussi prenants et angoissants. Et aussi exultant. J’ai aidé à envoyé 12 personnes sur la Lune. Ce n’est pas rien. Mais cette mission-là a tout changée. Cette mission a montré jusqu’où peuvent être repoussées les limites de l’intelligence, de la science et du courage. Les rêves sont devenus réalités, et j’ai pris conscience que je voulais plus. Je ne voulais plus être spectatrice, j’ai voulu agir et pouvoir réaliser d’autres prouesses. Ce que j’ai réussi… Mais pourtant, rien n’a jamais égalé l’émotion de cette nuit-là. »

JoAnn Morgan, pour Life, Juillet 2019

« L’Aigle a atterri !

Hier soir, ils ont réalisé l’impossible.
Hier soir, l’un des plus immenses événements de l’Histoire de l’Humanité a eu lieu !

Tout est parti de ce que l’on qualifierait de pari stupide s’il avait lieu entre deux amis. Mais c’est loin d’être le cas. Dans le contexte de cette guerre froide qui oppose les deux grandes puissances mondiales,  cette course effrénée aux étoiles avait bien plus de valeur qu’un simple défi. Reprendre l’ascendant et prouver sa supériorité en parvenant à mettre pied sur la Lune en premier est devenu un enjeu de premier ordre.
Le Programme Apollo a été lancé il y a maintenant plus de 8 ans, par le président John Kennedy, dans le but affiché de reconquérir le prestige et l’influence américains, fort mis à mal par l’avance non négligeable de l’U.R.S.S. à ce niveau.

Hors, hier soir, cette course a pris fin. Hier soir, les Etats-Unis ont prouvé au monde entier que la place de première superpuissance mondiale leur est acquis !

Ils sont partis il y a cinq jours. Cinq jours d’épreuves et d’attente presque insoutenable, durant lesquels les difficultés se sont multipliées, mais ont toutes été surmontées avec brio par l’impressionnante équipe de la célèbre agence spatiale. Il aura fallu des milliers d’heures de travail et d’analyse, des millions de dollars et quelques tragiques accidents pour y arriver, mais le 21 juillet 1969 restera dans l’Histoire comme le Jour où l’Homme a marché sur la Lune !

Ce dimanche 20 juillet 1969, à 20h17 UTC, deux des astronautes sélectionnés par la NASA ont réussi leur descente vers le sol lunaire dans le module lunaire Eagle, Michael Collins étant resté à bord du CSM en orbite. Et dans la nuit, à à précisément 02h56 UTC, ils ont ouvert l’écoutille et sont sortis du module.
Neil A. Armstrong, chef de la mission, a posé le pied sur le sol lunaire, pour la première fois de l’Humanité. Rejoint rapidement par son coéquipier, Edwin E. Aldryn, ils ont effectué de nombreuses tâches qui leur avaient été attribuées, sous l’œil attentif d’une caméra de télévision, qui a retranscrit en direct leur évolution. Ils ont ainsi démontré la facilité avec laquelle il est possible de se déplacer sur la Lune, faisant d’impressionnants bonds malgré leur combinaison de plus de 70kg. Ils ont pris de nombreuses photos, après avoir planté le drapeau américain, sur le site appelé Mer de la Tranquillité, et ont pu réalisés de nombreux prélèvements et mis en place de nombreux instruments scientifiques.

Cette sortie historique, de deux heures trente-deux minutes, est une victoire indiscutable pour les Etats-Unis.  

Mais ce n’est pas seulement un triomphe pour les américains, c’est un triomphe pour le monde entier, pour tous les habitants de la Terre. Car cette démonstration prouve on ne peut mieux que tout est possible et que la volonté et le courage permettent de dépasser toutes les difficultés.
Comme l’a si bien dit Neil A. Armstrong : « C'est un petit pas pour un homme, mais un bond de géant pour l'humanité ».

Et ce bon de géant n’est que le premier d’une longue série soyez-en sûrs ! »

The New York Times, 21 juillet 1969

23 juillet 1969

"Je crois que je n'ai jamais vécu un moment aussi intense dans ma vie. C'était hyper stressant, nous n'avions pas le droit à la moindre petite erreur et quand les réacteurs se sont allumés et que le lanceur s'est élancé dans le ciel, cela n'a pas apaisé la tension. Pas tout de suite du moins. Jusqu'à présent, tous nos décollages ont été suivi de congratulations, de hourras, mais pas cette fois. Cette fois, on regardait les chiffres et on priait pour que tout se passe bien. C'était iréel, pesant et cela a duré cinq bonnes minutes, jusqu'à ce que Bill, l'un des coordinateurs du projet, finisse par lancer à haute voix. "Ca y est les gars. On l'a fait."

Ca a été un vrai soulagement collectif, mais il restait tout le reste. Absolument tout le reste. Durant toutes les phases, personne ne s'est absenté, personne n'a mangé, personne, presque, n'a osé respirer. Et à chaque phase réussie, à chaque détail qui collait parfaitement, chacun d'entre nous se murmurait : "On l'a fait. On y est presque."

Et puis le module lunaire s'est détaché. L'atterrissage - l'alunissage, plutôt - a été amorcé, sous les alarmes de l'ordinateur de bord. Nous étions là, tous, à scruter nos chiffres quand quelqu'un a murmuré : "God save them all." Cette phrase m'a glacé, parce que c'est là que j'ai réalisé que nous ne pouvions plus rien faire pour eux. Ils étaient seuls là-haut, à des miliers de kilomètres, dans quelques choses que nous avions fabriqués et dont même avec la meilleure volonté du monde, nous ne pourrions reprendre le contrôle. Ils étaient seuls, seulement relié par une radio.

Armstrong a posé le module. Loin du point prévu, avec quelques bosses et soubresauts, mais il l'a posé. Et à ce moment-là.... il n'y avait plus un bruit. Plus personne ne respirait, les bips d'alarme se sont éteints, tout à été occulté. Ils y étaient. Ils l'ont fait. Le silence était assourdissant, et plus personne ne regardait son écran. Nous regardions tous l'écran principal, qui diffusait l'image de la lune. A des milliers de kilomètres dans l'espace. Et nous allions poser un pied dessus.

"Un petit pas pour l'homme..." Tout a explosé en cet instant. Ce moment, je ne l'oublierai jamais : cette communion, cet engouement collectif, cette joie immense qui nous a tous envahi. Les larmes sont montées, les gorges se sont serrées, et nous ne pouvions que nous serrer dans les bras les uns des autres à hocher la tête, un sourire immense sur le visage. Ils l'ont fait. Nous l'avons fait. L'homme a marché sur la lune."