[INTRIGUE 1.5] Dans les dédales de l'esprit

Nous avons réussi. Cela n'a pas été aisé, les médecins et scientifiques se montrant moins coopératifs et plus vindicatifs qu'escompté, mais ils sont enfin tous réunis dans la pièce. Je maintiens ma prise sur Ruiling, solidement, d'une main, tandis que l'autre tient toujours la seringue qui nous était initialement destinée. Et mon regard accroche cette énorme masse noire qui semble ramper le long de la vitre. Maintenant, reste à savoir pourquoi nous avons fait tout cela... Et je comprend encore moins les intentions de l'alien, alors qu'un étau semble compresser mon cerveau dans le but de le faire exploser. La sensation est de plus en plus désagréable, jusqu'à devenir douloureuse. J'ignore combien de temps s'écoule ainsi... Quelques secondes ? Quelques minutes ? Je ferme les yeux, perd ma concentration et la douleur finit par me transpercer le crâne alors que je lâche la seringue qui tombe dans un bruit net sur le sol et que je relâche le médecin, ne pouvant que me prendre la tête entre les mains dans l'espoir futile que cela puisse soulager quoique ce soit.

Je recule, mon dos heurtant la paroi d'un mur. Je sais qu'Alejandra subit le même supplice. J'entends sa voix alors que rien n'a de sens et je vois avec horreur le sang qui s'échappe de son nez... puis de ses oreilles. Et pourtant, j'ouvre la bouche, dans le but de réussir là où elle a échoué, sauf que je ne parviens même pas à formuler un mot alors que ce n'est qu'une onomatopée plaintive qui m'échappe. Mais qu'est-ce qu'il se passe ? N'avons-nous pas fait ce qu'on nous a demandé ? La communication verbale échoue mais l'alien s'entête et je finis par m'asseoir au sol, le dos contre le mur, les mains sur les oreilles pour m'apercevoir avec horreur en les enlevant qu'elles sont tâchées de sang... je suis dans le même état d'Alejandra... Et je regarde les scientifiques que nous avons embarqué là dedans tour à tour, avec détresse et incompréhension.

Si la pression ne cesse pas, je vais mourir, j'en suis convaincu. Je saigne, davantage encore qu'Alejandra. Je me dis que ce serait salutaire de pouvoir m'évanouir, mais l'alien ne semble pas d'accord avec ça et ne me laisse pas cette... chance. Pourvu que les médecins comprennent ce qu'il veut... Qu'ils devinent, qu'ils testent... Bref, qu'ils fassent n'importe quoi qui fasse cesser cette torture effroyable.

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Frye avait du mal à suivre tout ce qu'il se passait. Les minutes qui s'étaient écoulées avait été difficile et étant toujours dans une sorte d'état second, il s'était simplement laissé porter par la situation, le temps que son esprit revienne à la normal. On l'avait déplacé et il s'était plus ou moins levé, mais ses jambes étaient encore fragile, ses muscles commençant à se relâcher après avoir été totalement tendu et tétanisé par le choc électrique. Malgré ça, une fois dans l'autre pièce, il ne resta pas debout et se retrouva assit sur le sol, c'était plus simple. Son esprit devenait plus clair et il regarda son environnement et tenta de comprendre. Anatole était un otage du duo contrôlé par l'alien, merde s'était mauvais ça. On dirait bien que Frye a totalement foiré son rôle. Il était censé protéger les docteurs et voilà que l'un d'eux pourrait risquer gros. En tournant la tête, il vit de l'autre côté de la vitre, la créature, elle était là, les observant et cela ne lui disait rien qui vaille.

Alejandra et Naël eurent l'air d'aller mal, ils tentaient de communiquer mais soit aucun son ne sortait de leurs bouches, soient ça n'avait ni queue, ni tête. Pire encore, du sang commencer à couler du nez et des oreilles des deux. Même s'il n'est pas docteur, il voyait très bien qu'il avait l'air de souffrir. Si ça continue, ça va finir par les tuer. Non sans peine, le militaire se releva et s'approcha un peu deux des autres. "Arrêtez... n'essayez pas de parler ça va vous tuer." demande t-il en sachant très bien que ça ne marchera pas. Il posa ses mains sur les épaules de Yasin, espérant que ce contact pourrait lui apporter du soutient ou quelque chose dans le genre. Les deux n'étaient plus agressif ou dangereux vu leur état actuel et il ne leur voulait pas de mal. "Essaie de briser le lien. Écoute ma voix, bats toi Naël, sinon ce truc risque de tuer !" Cette situation était tout simplement hors norme et aussi hors de contrôle. Qu'est-ce qu'il peut faire pour les aider ? Ceci est hors de son domaine et même les médecins n'avaient pas l'air de savoir quoi faire.

Finalement, il lâcha le jeune homme pour se trainer vers la vitre et faire face au monstre. Peut-être que s'il lui accorde de l'attention, il va cesser de leur faire du mal. "Stop ! Vous allez les tuer ! C'est pas comme ça que vous allez réussir à communiquer avec nous. Vous voyez pas qu'ils ne peuvent pas tenir le choc. Stop !" Frye tourna la tête pour observer ses deux collègues qui étaient mal en point et ça ne semblait pas s'arranger. Le visage alors devenu plus dur, les sourcils froncé, il regarda de nouveau la créature à travers la fenêtre. "Je vous jure que si vous les tuez... je vous tuerais moi même de mes propres mains ! Et je ferais de même avec tout ceux de votre espèce si vous êtes plusieurs ! Si vous êtes capable de lire dans nos esprits, je suis certain que vous savez de quoi son capable les humains !" Vakarian était déterminé, il était hors de question que des personnes meurt de manière inutile et si ça doit arriver, alors ceci n'est rien d'autre qu'une déclaration de guerre.

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Note pour Hécate:

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J’entendis, au fond, les interrogations de la chinoise, les cris alarmés de mon camarade… Ma propre douleur qui faisait écho chez Naël. Tout tournait, autour de moi. Je ne comprenais pas ce que Léon cherchait à me dire, mais son regard croisa rapidement le mien dans ma détresse immédiate. Sa main contre ma joue, dans un geste apaisant, acheva de me convaincre. Je ne sentis même pas la piqure traverser ma peau. Puis… Ce fut le noir, abyssal. Je m’effondrai. Les ténèbres m’accueillirent, comme une ultime libération.

Lorsque je rouvris enfin les yeux, je sentis que quelque chose n’allait pas, sans trop savoir encore quoi exactement. Je n’avais pourtant pas quitté ma couche, dans la zone de quarantaine. C’était comme si… Je me réveillais d’une longue nuit, avec quelques vertiges passers en plus. Le corps médical s’affairait autour de moi, m’interrogeant sur mes absences, avec plus d’insistance qu’habituellement. Ca avait dû recommencer. Ils avaient guetté mon réveil avec beaucoup plus d’attention. Je n’avais pourtant aucun souvenir de ce qui venait de se produire, et c’était plus à moi de leur demander ce qu’il savait. J’espérais qu’ils m’en apprennent plus. Qu’avions-nous encore fait, Naël et moi, sans même en avoir conscience ? Est-ce qu’ils voudraient bien nous le dire ?

L’éclaireur était toujours là, de l’autre côté de la baie vitrée. Il était encore inconscient quand je m’étais réveillée, son état un peu plus inquiétant que le mien. Il saignait régulièrement du nez, avant de se tordre subitement sous le coup d’une migraine fulgurante, mais… Il avait l’air normal en dehors de ça. Il avait l’air d’être toujours… Lui-même. J’en avais la certitude. Parfois, quand ces vertiges me prenaient et qu’il était nécessaire de m’asseoir pour ne pas chuter bêtement, j’avais même l’impression de le ressentir intimement, comme si nos consciences étaient de nouveau reliées.

Quand les derniers tests se révélèrent concluants, l’idée fut évoquée de nous laisser enfin ressortir. Les absences avaient cessées, d’après les médecins. Notre état n’était plus alarmant. Quand on me demanda si j’avais quoique ce soit à signaler, j’indiquais que non. Je ne leur parlais pas de mes vertiges passagers, ni même des impressions diffuses qui me restaient après ceux-là. Je n’avais pas l’impression de pouvoir me confier à eux là-dessus… Ils m’auraient gardée plus longtemps, alors que les absences ne se produisaient plus. Je voulais reprendre mes fonctions et certainement pas rester ici en rat de laboratoire. Si nous n’étions plus en danger pour l’équipage, c’était tout ce qui comptait à mes yeux. Quant à l’alien ? Je restais intimement convaincue qu’il n’en avait pas fini avec nous.

Je ne saisis pas trop ce qu'il se passe, hormis que j'ai l'impression que la douleur peut me tuer. La communication refuse de s'établir. Les autres parlent, établissent des hypothèses, mais ne trouvent pas ce qui ne va pas. Et subitement, sans que je comprenne pourquoi, ni comment, la douleur se retire. J'ai à peine le temps d'en profiter que je m'effondre, alors qu'un voile noir s'abat sur ma conscience et m'offre enfin un peu de répit.

Répit de courte durée. Retour à la case départ. Je me réveille dans cette chambre d'observation douloureusement familière. Je me sens vaseux. Qu'est-ce qu'il s'est passé au juste ? Je me sens moi-même pour la première fois depuis des semaines. C'est étrange. Et en même temps, j'ai l'impression d'être différent. Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Le ballet des médecins reprend. les examens médicaux aussi. Me revoilà cobaye. Alejandra est là aussi. Nous avons été manipulés par cet alien, voilà la vérité. Mais il nous a finalement lâché. Je n'ai aucun souvenir de ces moments où il a pu prendre le contrôle, de ce qu'il a pu me faire faire. Un frisson de dégoût et de peur me secoue à chaque fois que j'y pense. J'ai l'impression d'avoir été souillé. Et je ne suis pas sorti indemme de cette aventure, alors que les maux de tête sont devenus monnaie courante. Bien plus qu'en toute une vie. Je suppose que jouer avec mon cerveau n'a pas été sans dommages. Jusqu'à quel point, je l'ignore.

Les jours se suivent et se ressemblent. Mornes et sans saveur. Inquiétants aussi alors que nous sommes épiés, alors que mon nez saigne sans raison, et que dles migraines me foudroient sans prévenir. On m'administre des antalgiques. On me fait des examens. On ne trouve rien de médical à tout ça. J'espère qu'on ne va pas se taper une entrevue avec un psy en plus.

Et finalement, on nous offre notre liberté. Enfin ! En dehors des migraines, ça va. Je n'ai pas envie de me confier à eux. Ils ont été prévenants et attentifs, mais j'ai besoin de sortir d'ici et de retrouver une vie normale. Et je sens l'intérêt scientifique derrière leur prévenance. Je ne suis pas un rat de laboratoire. Alors je ne mentionne pas vraiment le pad qui a tremblé seul, non loin de moi, ou le crayon qui est tombé de la table sans que je ne le touche. Si je dois comprendre ce qui m'arrive, je le ferais seul, au calme, sans être observé. Et bien souvent, j'ai croisé le regard d'Alejandra et j'y ai lu nombre de questions et beaucoup de compréhension. Si je dois parler à quelqu'un de tout ça, ce sera à elle.