[INTRIGUE] Phase 1.2 D'un Sommeil sans Rêve ☾ Groupe 1 — 0-G

Les blessures du Voyager défilent calmement devant les yeux de Siya comme devant son objectif. Parfois, celui-ci vient échanger son regard avec les passagers à sa portée, lorsque l’artiste qui cohabite avec la reporter observe une émotion qui vaut le coup d’être capturée. Une main gantée qui s’agite à défaut d’avoir les regards émerveillés ou concentrés sous les visières… Profitant du calme suivant le décollage, l’Indienne changé la GoPro de support, la fixant cette fois sur sa main et son poignet afin de mieux l’orienter. Elle voudrait se détacher elle-même, son harnais gêne ses mouvements et elle est frustrée de ne pas être capable de se déplacer vers l’avant pour aller enregistrer un peu ce qui s’y passe. Un rapide coup d’œil à sa voisine si sage et sérieuse lui rappelle en quoi cette idée serait très peu appréciée mais rien ne peut l’empêcher de rêver. Si, en fait. La mission. Concentration, Siya. Elle renforce la prise qu’elle a sur sa caméra avec son autre main en même temps qu’elle focalise son esprit sur le plus important et s’applique pour avoir quelque chose de joli et d’intéressant à retransmettre. Avant qu’un gros mot en espagnol – dont elle a évidemment appris la signification à sa première leçon – ne retentisse dans son casque.

Puis le choc, la secousse, l’étreinte violente des sangles… La caméra ! Toujours fixée à sa main droite, toujours fermement soutenue par la main gauche de Siya. Soulagement. Avant de comprendre ce qu’il se passe, le matériel va bien, les images sont sauves. Puis la voix de l’officier Vargas… « 58 secondes avant impact ». La panique s’installe de nouveau, en elle comme autour. Plusieurs voix se font entendre mais elle n’arrive pas à les écouter. Combien de secondes encore ? Ils ne devraient pas avoir atteindre la verrière depuis le temps ? Oh la verrière ! Tout ce petit monde qui saluait joyeusement il y a quarante-douze ans il semble. Et Ronnie... et les autres qu'elle connaît moins. On va tous mourir. Les larmes coulent à flot sur les joues de la jeune femme, d’angoisse ? De tristesse ? Elle ne sait pas, elle n’y pense pas. « Sachez que j’ai été contente de faire ce voyage avec vous ! » entend-elle à présent bien distinctement. C’est beau. S’ils survivent, la cinéaste devra demander à Meghan de réenregistrer cette phrase dans une meilleure qualité, pour le montage. Elle se tourne vers elle et se rend compte qu’elle a fait de même. Siya fait disparaître la vue de sa voisine et essaie de maintenir ses paupières fermées car c’est pour très bientôt. Très très bientôt. Ca ne peut pas faire moins d’une minute encore.

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Un choc.
Le noir.

Puis, l’effroi quand le corps sans vie d’Yekaterina vient taper le hublot de la navette et fait sursauter Meghan qui ne s’y attend pas. Elle ne la connait pas personnellement, mais c’est encore une perte à déplorer.
 
Encore une.
Une de trop.

Elle regarde sa voisine Siya pour voir si tout va bien. Visiblement, ils ont survécu. Et ça va à peu près. Un peu secouée. Meghan ressent des douleurs dans le dos et les fesses surement d’avoir cogné son siège dans la collision, mais globalement ça va… surtout si on compare son état au corps de Veronica qui se balade dans l’air.

Meghan n’aime pas beaucoup recevoir des ordres ou des conseils  de personnes qui ne sont pas au-dessus d’elle dans la hiérarchie. Elle prend sur elle pour ne pas être désagréable surtout qu’elle se sait un peu impuissante dans cette situation. Elle n’est pas pilote, elle ne sait pas ce qu’il faut faire.  Mais, ce qu’elle voit c’est une coéquipière blessée qu’il faut aider.

Contre toute attente, elle se détache, sur le moment elle est un peu surprise par l’effet que cela lui fait de flotter comme ça dans l’air, mais elle se raccroche à ce qu’elle peut et à qui elle peut. Une goutte du sang vient se perdre sur son casque. Elle n’est pas pilote, par contre c’est une bonne élève et en tant que spécialiste exploration, elle s’est renseignée sur ce qu’il y a à savoir sur les équipements présents dans une navette. Elle savait que potentiellement elle allait devoir monter à leur bord en cas d’expédition ou autre et que cela serait utile.

Elle évite comme elle peut les objets qui flottent dans l’air et se dirige difficilement vers le siège de Pauline. Elle bataille un peu pour faire redescendre son corps, mais persévérante, elle ne lâche rien.  En effet, sous le siège se trouve la trousse de premier secours ainsi qu’une caisse identique à celles trouvées par Adrian dans la soute contenant quelques objets de première nécessité dont du scotch. Elle essaie de retenir les objets qui s’échappent de la caisse, malheureusement elle ne peut pas tout rattraper, elle se saisit néanmoins du scotch.

Ensuite, elle  rejoint, non sans mal,  le siège où est Cieran :
« Cieran, c’est ça ? Je vais colmater la combinaison de Veronica, elle ne peut pas rester comme ça.  Ça risque de faire un peu mal. » Il faut comprendre : tenez la bien. Ronnie a des entailles à la cuisse et peut-être d’autres blessures dissimulées.  

Meghan ouvre la trousse de secours et Frye, à côté d’elle, l’aide à maintenir les objets à l’intérieur de la valisette pour que rien ne leur échappe et flotte dans la navette. Tout peut être utile, Meghan tient à garder le contenu de la trousse de secours intact. Elle attrape des compresses, du désinfectant et des pansements.  Elle n’est pas médecin, mais pour mettre une compresse et désinfecter la plaie, ça elle est capable !  Elle appuie le désinfectant sur la compresse ce qui fait qu’aucune goutte ne s’échappe dans l’air et soigne du mieux qu’elle le peut Veronica. Puis, elle déroule le scotch et enroule sa jambe avec. Elle est obligée d’appuyer pour faire tenir le scotch autour de sa cuisse, elle suppose qu’elle est en train de lui faire mal, malheureusement… il n’y a pas trente-six solutions.

« Je vais m’en occuper, confiez-la-moi. Je crois qu’on a besoin de vous.  » Meghan montre avec un petit mouvement de tête l’avant de la navette. « Vous devriez aller voir si Alejandra va bien. » Elle est un peu inquiète pour son amie, mais elle ne se sent pas de naviguer en flottant dans la navette pour aller voir d’elle-même. Elle préfère s’occuper ici de Veronica, c’est plus dans ses cordes et ses compétences. « Ça va aller ! » assure Meghan à Cieran au sujet de Veronica. « Je vais veiller sur elle. »

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Ce fut un choc d'une violence extrême, mais peut-être moins intense que la fois où l'un des hélicoptères qu'il pilotait lors d'une mission avait été touché par un missile, nécessitant un atterrissage d'urgence, qui ressemblait plus à un crash semi-controlé. Là tout était différent, aucun secours ne viendra les sauver et surtout même en sortant de la carcasse de la navette, ils ne seront pas sauvés. Frye avait été rudement secoué, mais il s'en tirait très bien vu qu'il n'avait aucune blessure, il gardera seulement quelques bleus et hématome. On ne peut pas en dire autant pour la pilote qui d'une manière ou d'une autre avait été éjectée de son siège et flottait à présent dans la navette telle une balle de pind ball. Il avait essayé de l'attraper au passage pour éviter qu'elle continue de rebondir, mais elle n'était pas à portée. Puis son regard fut attiré par quelque chose qui avait touché l'avant de la navette, un corps sans vie. Merde, il y avait déjà un premier mort à déplorer, cette personne devait se trouver dans la verrière au moment du crash. Pendant un instant, il baissa les yeux, comme attristé par cette vision, mais il n'avait pas de temps à perdre.

Hécate ne tarda pas à faire son diagnostique et autant dire que tout le groupe était dans une belle merde. Le soldat se détacha et aida rapidement Meghan avec la trousse de soin dont les objets avaient décidé de visiter l'intérieur de ce tas de ferraille volant qui ne volerait plus désormais. La gravité zero faisait léviter tout le monde, se mouvoir était une épreuve, mais par chance tout le monde a reçu un entrainement qui l'aide un minimum. La combinaison de la pilote était trouée malgré les réparations qu'effectuait la jeune femme, ça ne sera jamais à 100% étanche. Une fois qu'elle eut terminée de réparer les dégâts", il récupéra le tout et conserva la trousse qui pourrait toujours s'avérer utile dans le futur.

Vakarian en était à faire des calculs, réfléchissant à une solution pour sauver tout le monde de ce merdier. La navette n'ira nulle part c'était une évidence et ils ne pourront pas non plus attendre 19h qu'on vienne les sauver. S'ils veulent survivre, ils vont devoir le faire par eux-mêmes. Reprenant sa tablette, il devait repartir de zéro, s'en voulant presque de ne pas avoir imaginé un scénario catastrophe comme celui-ci. L'unique solution est d'attendre le vaisseau en sortant dans l'espace et le tout sans un réel équipement adéquate pour le faire. Ah les cosmonautes en mousse ! S'adressant à tout le monde, Frye commença un début d'explication : "Si on veut survivre on va devoir sortir pour essayer de rejoindre le Voyager." Pendant un instant, il cessa de parler, son regard attiré parce que Adrian tenait dans les mains. Un pseudo jet-pack ou dans le genre. Si ce truc marche, il y a peut-être une chance pour qu'ils survivent tous. L'unique chose dont ils ont besoin pour se déplacer, c'est d'une sorte de moyen de propulsion. "Hey, est-ce que cet engin marche ?" lance t-il à Adrian avec espoir. "Si on arrive à se propulser, on pourra atteindre la brèche." C'était risqué, mais s'ils ne tentent rien c'est la mort qui les attend aussi. Il faudrait juste trouver de quoi attacher tout le monde pour qu'aucun ne dérive dans l'espace façon Sandra Bullock dans Gravity. Les soins étant terminés et la trousse de secours refermé, il les abandonna pour rejoindre Adrian et en voir plus sur ce drôle d'engin. Frye n'est pas ingénieur, ni même mécanicien, certes il a des notions, un peu comme tout le monde, mais ce n'est pas sûr qu'il puisse faire des miracles, surtout que ses connaissances mécaniques concernent les engins volants, les voitures et les motos, autant dire que c'est limité.

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Traduction espagnol:

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La collision est aussi violente que je l'avais imaginé. Je papillonne des paupières quand tout semble enfin immobile, ouvrant les yeux et tentant de faire le point. Le harnais a tenu bon, c'est déjà une bonne chose. Et nous avons bel et bien percuté l'arboretarium. Merde... J'ai mal un peu partout, surtout au cou et aux côtés, à cause des multiples chocs, mais je crois que je vais bien. J'entends que ça parle autour de moi. Ça parle même beaucoup et dans des langues que je ne comprends pas, ce qui a tendance à m'agacer prodigieusement. Cela sert à quoi qu'on nous demande de parler anglais pour intégrer Voyager si on communique chacun dans sa langue hum ? Il semble qu'il y ai une blessée... Elle n'est plus sur son siège, alors que le harnais a lâché, la projetant dans la carlingue avec force. Mais déjà, ils sont deux à s'occuper d'elle, dont Meghan. Je suis soulagé de la savoir saine et sauve.

Le plan d'évasion m'échappe un peu. J'aperçois un jet pack. On va devoir sortir dehors alors ? Sans ce qu'il faut ? Et bien... ça c'est de l'exploration peu banale. Et mortelle. Mais c'est dangereux ici aussi alors... Ah et ces commentaires dans une autre langue qui parasitent mon attention : "Dites, faut le dire si on dérange. Vous avez peut-être des mots de code entre vous, mais c'est agaçant de vous écouter parler sans comprendre. Et perturbant alors qu'on ne sait pas exactement de quoi il en retourne." Je grommelle quelque chose en arabe, puisque c'est la mode. Bon, je vais passer pour le râleur de service, mais je ne suis pas pilote, je ne parle pas espagnol et je n'ai aucune idée de ce qu'ils comptent faire. Je ne suis pas paniqué, mais je suis passablement agacé. La voix d'Alejandra raisonne finalement, prouvant qu'elle est en vie. "Affirmatif." Je répond à la question de la chef des pilotes.

Je me détache alors à mon tour, m'accrochant pour lutter contre l'apesanteur comme je peux. Ma combinaison a l'air encore bien étanche, c'est un exploit. J'aperçois Hassan un peu plus loin et entends le plan d'Alejandra. S'attacher entre nous et laisser un jet pack nous propulser vers l'intérieur... Misère... il y a tant de risques que cela dégénère dans ce plan si basique. Je décide de filer un coup de main à Hassan. C'est bien de pouvoir se concentrer sur une tâche, cela évite de penser à la merde intersidérale dans laquelle nous nous trouvons. Nous attacher tous ensemble. Je suppose que Meghan va rester avec Veronica et s'assurer qu'elle va bien. J'ignore à quel point cette dernière est blessée, ne comprenant pas un mot de ce qu'elle raconte. Je prend le parti de ne plus faire attention à ça et de me concentrer sur ces fichus harnais, attachant les gens entre eux en essayant d'être rapide mais efficace, quand bien même ce n'est vraiment pas pratique avec ces gants. Il faut se dépêcher de se tirer de là et faire le grand plongeon dans l'inconnu. Adrian est donc devant. Ensuite, j'incite chacun à se placer derrière lui, non sans m'attarder sur Meghan et Veronica : "Ça ira ?" Je vérifier que c'est solide au fur et à mesure, consciencieux. Quant à Siya, je l'invite à se positionner vers le milieu. Je ferme la marche. Normalement, en mission je suis censé l'ouvrir, mais ça, ce sera quand on sera rentré. Si on y parvient. "Normalement on est prêt, on peut ouvrir la passerelle... Et prier que ce plan fonctionne."

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L’impact arrive enfin et Siya encaisse le choc en se concentrant toujours sur ses paupières qu’elle veut garder fermées et sa caméra à laquelle elle se cramponne sans savoir pourquoi, comme un doudou pour l’accompagner dans ses derniers instants. Ca y est, je suis morte ? se demande-t-elle juste après la secousse, beaucoup plus violente qu’une minute plus tôt. Mais la voix d’Hécate dans sa combinaison a l’air bien trop réelle et pousse la jeune femme à ouvrir les yeux et se remettre en contexte. La caméra va bien, Meghan est toujours à ses côtés, et dehors… La situation est dramatique et son corps la lance à plusieurs endroits mais qu’importe, il y a de jolies prises de vues à faire, cette verrière brisée a un côté artistique qui donnera très bien à l’écran. C’est sans compter le cadavre qui passe devant. Siya sent son cœur bondir. Elle ne l’a pas reconnue, son esprit se perdait encore le long d’une fissure. Et à présent elle imagine l’horreur de mourir ainsi, projetée dans le vide depuis la station. Peu importe de qui il s’agit, ils ont perdu quelqu’un et ils ne sont pas encore sauvés.

Concentre-toi sur ce qui se passe dedans.

Dedans, la plus mal en point n’est pas une inconnue et en voyant son amie blessée flotter dans leur cabine, Siya en oublie le mort d’il y a quelques secondes. « Ronnie… » laisse-t-elle échapper d’une voix cassée, qui s’est engourdie à force de ne rien dire. Elle veut aller la voix, la rassurer même si elle-même est paniquée et souffre pour elle, mais l’autre pilote – Adrian, c’est ça – s’est déjà détaché et comme s’il avait lu dans ses pensées, leur donne spécifiquement l’ordre de ne rien faire de tel. Alors elle obéit, et se contente de diriger sa caméra vers là où les choses se passent. Ce seront des images dures à regarder de nouveau, mais s’ils s’en sortent, elles seront précieuses, c’est bien pour ça qu’on l’a envoyée au milieu de cette mission catastrophe. Elle se rappelle ses documentaires passés, lorsque dans une situation critique elle avait voulu intervenir, ce n’était pas rare, mais elle n’était pas là pour ça, elle devait simplement raconter. C’est toujours le cas, c’est tout ce qu’on lui demande. Mais c’est dur d’être impuissante. Et son regard ne peut pas se détacher de cette amie si mal en point.

Les autres élaborent une stratégie pour se sortir de là, ce qui rappelle à Siya que c’est bel et bien la priorité, il faudrait qu’elle vive oui. Suivant les consignes de l’officier Vargas, elle examine attentivement sa propre combinaison – en bon état – à défaut de pouvoir s’occuper de celle de Meghan qui est aux côtés de Veronica. Celle-ci s’adresse d’ailleurs à elle en espagnol, et sur le coup, Siya ne se souvient plus du tout de ses leçons. Todo…bien, oui ça lui revient. Son amie veut la rassurer, bien sûr, mais ça semble un peu compliqué. Malgré tout, elle lui répond maladroitement « Yo… sé. ». Elle ne sait rien du tout, mais elle aussi se veut rassurante.

Certains militaires de s’attacher ensemble, de sortir et même avec tout ce qui vient de se passer, l’Indienne ne peut pas s’empêcher de ressentir un soupçon d’excitation à l’idée de se promener dans l’espace. C’est ça, ou la panique. Peut-être. Cependant, Alejandra a l’air optimiste, ils vont rentrer, ce qui est une idée à laquelle Siya veut bien croire. Suivant le mouvement lorsque Naël commence à placer les gens, elle finit par se détacher et se mettre vers le milieu lorsqu’il le lui suggère. L’apesanteur la surprend un peu et elle attrape quelque chose pour ne pas se laisser balader, même si elle est bien accrochée aux autres. Puis elle se lâche lorsqu’il est temps de partir, Adrian mène la marche et les fait avancer à petits coups de jetpack. L’expérience est très étrange mais Siya ne s’attarde pas sur ses sensations, elle a une mission et elle redirige tout ce qui la préoccupe vers sa caméra qu’elle oriente de manière à rendre compte le plus possible de ce qu’ils vivent et de ce qui les entoure.

Et en fin de compte, le temps passe très vite. Ils arrivent. Ils ont réussi.  

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Les choses se sont faits rapidement, le groupe n'avait pas le droit de trainer, car leur réserve d'oxygène était limité. L'important était de ne pas céder à la panique et pour le moment malgré le choc et le fait que tout le monde ait été secoué, chacun parvenait à rester calme, à moins que ce ne soit qu'une apparence. Les soldats étaient quoi qu'il en soit entrainé pour travailler sous pression et dans des situations critiques, ceci pouvait peut-être rassurer les autres. Adrian avait terminé de bricoler le jet pack, Veronica était soigné et le reste avait confectionné une sorte de corde pour tous pouvoir s'attaquer et suivre les déplacements du "jet pack" à travers l'espace. La mission ne s'annonçait pas évidente pour le soldat qui allait s'occuper de les "piloter", mais il fallait qu'une personne s'y colle de toute manière.

La traversée était une nouvelle expérience pour tout le monde et la tension était quelque peu palpable. Chaque déplacement était un risque de dériver ou que les harnais cassent et cause une catastrophe de plus. Mais ceci n'arriva pas ! Hécate transmit un message à leur arrivée, quelque chose de pas très rassurant. Des signes de vie anormaux... Serait-ce les créatures déjà rencontrées par l'autre équipe ? Que ce soit ça où autre chose, ça n'indiquait rien qui vaille. Leur déplacement serait en plus de ça, plus lent et moins contrôlé à cause du manque de pesanteur. L'I.A avait envoyé un chemin tout tracé, Frye l'étudia, le temps que tout le monde reprenne ses esprits. C'était le parcours le plus logique, pas forcément le plus direct ou plus facile à son goût. Est-ce qu'il devait choisir de prendre un autre passage ? Autant voir ce que ça donne par là, malgré les objets flottants et encombrant. "A partir de maintenant, je prends la tête et vous suivrez chacune de mes directives. On va rester encordé pour ne perdre personne. L'environnement nous est hostile, il va falloir toucher le moins possible les objets qui vous entoure. Aidez vous des murs, on prendra le temps qu'il faut, mais on n'en a pas non plus énormément devant nous." Frye n'avait rien de démotivant ou défaitiste, au contraire, il préfère dire la vérité pour que tout le monde y soit confronté et connaisse les enjeux qui pèsent sur eux. "Je prends la tête. Je veux un soldat à l'arrière pour clôturer notre avancée. Veronica ira au milieu, pour recevoir aussi bien de l'aide de l'avant que de derrière. Maintenant, si c'est ok pour tout le monde, on se met en route." Vakarian se fichait qu'on lui reproche de prendre les commandes. Sur ce coup là, il est l'un des plus expérimenté avec une expérience du terrain importante, certes sur zone terrestre et aérienne et non dans "l'espace" mais au final est-ce que ça change beaucoup ? C'est un fin tacticien et son plus grande priorité est et a toujours été la survie des autres. "Je veux qu'on m'informe du moindre problème !" ajoute-t-il avant de se tourner. Le mot problème englobait tout, même la présence d'un être inconnu, une ombre qui passe... Avec prudence, il s'élança, ceci devant aider les autres encordés derrière lui à suivre le mouvement. Le tout était d'esquiver les objets et suivre la "route" indiquait par Hécate.

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Faut croire que quelque part, il y a quand même quelqu'un ou quelque chose, qui veille sur nous. Nous avons échappé à la destruction de la terre et voilà que nous arrivons à rejoindre l’intérieur du vaisseau avec un pauvre jet pack et aucun filin de sécurité alors que toutes les probabilités sont contre nous. Finalement, je ne me détends que quand nous sommes entrés. Malgré la scène de guerre à l'intérieur. Même si le décor est différent, cela n'est pas sans me rappeler d'autres scènes, m'envoyant dans des souvenirs qui ne sont pas agréables. Mais ici, il n'y a aucun cadavre de civils. Tout a juste été totalement dévasté. Nous n'avons pas le temps de nous attarder. Le fait de devoir dépendre de l'oxygène fourni par nos combinaisons nous donne une sorte de timer stressant. Manquerait plus que la petite musique stressante de jeu vidéo qui s'accélère et te hurle dans les dernières secondes : tu vas crever, tu vas crever, tu vas crever.

Pourtant, je me raidis quand la voix d'Hécate résonne de nouveau. Des signes de vie anormaux ? Comme ces espèces d'horreur qu'on a vu il y a plusieurs semaines ? Les ordres tombent, très clairement. Cela me convient tandis que je murmure simplement "Bien reçu." Ouvrir l’œil donc. Et comme je regrette, encore une fois, que nous n'ayons pas d'armes. Je commence à avoir des difficultés à comprendre cette manie de nous envoyer en expédition sans rien. Surtout alors qu'on sait qu'il y a quelque chose et qu'importe ce qu'on a envisagé. Mieux vaut être trop armé, que totalement démuni... Surtout alors qu'on nous avoue qu'on a percuté une chose non identifiée et potentiellement hostile. Si ce n'est pas un morceau de caillou flottant, alors c'est de très mauvais augure.

Sauf que se déplacer en silence dans cet environnement n'a rien à voir avec tout ce que j'ai pu connaître... L'apesanteur ne me permet pas d'être totalement maître de mes mouvements. Alors je serre les dents et je fais au mieux. Une insulte dans une langue inconnue résonne et j'esquisse un mince sourire amusé. Je suis le premier à jurer dans la langue natale. C'est beaucoup trop naturel. Le fait d'être tous harnachés ainsi ne me plaît guère, m'empêchant de me livrer à ma propre exploration, mais je ronge mon frein. C'est alors que j'entends quelqu'un m'appeler. Veronica. Je ne répond rien, attendant la suite... Qui me glace le sang. Un truc... "On dirait que ce qu'on a percuté est toujours dans le coin." Alejandra a parlé d'une chose faite d'ombre. Veronica d'un truc gros et noir. Naturellement, mon regard se porte vers la direction indiquée, essayant de détecter quelque chose de plus. Les informations ne sont clairement pas suffisantes. Malgré tout, notre chance de salut réside dans le couloir à dépressuriser. Pour le moment, nous sommes des ballons livrés au gré du vent, ou peu s'en faut. La première chose à faire est de se déplacer en silence et sans rien déranger... rester... invisibles.

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Meghan n’avait pas compris. Soit elle avait loupé quelque chose, car elle était trop occupée à s’occuper de Veronica, soit… elle ne savait pas trop quelle mouche avait piqué à Frye en fait qui prenait un peu trop son rôle à cœur. Elle était certaine qu’il n’avait pas pensé à mal et qu’il avait fait cela dans l’unique but d’aider, mais Alejandra ne manqua pas de le remettre à sa place.

Coincée entre Meghan et Siya, Veronica était bien harnachée. « Bien reçu ! J’aimerais m’occuper de Veronica si cela est possible ! Je resterai vigilante malgré tout ! » Elle ne voulait pas critiquer les choix de son amie, loin de là, mais Meghan voyait plutôt mal Hassan jouait les baby sitter et Siya devait filmer… Meghan se sentait terriblement coupable depuis la disparition d’Ellias et de Seth alors Veronica, c’était une affaire personnelle désormais.

« Si vous pouvez prendre des images de la verrière, on ne voit pas grand-chose, mais cela pourrait peut-être servir pour les réparations… On ne sait jamais ! Tout est bon à prendre ! » dit-elle en s’adressant à Siya. En vrai, Meghan n’en savait trop rien, mais la destruction même partielle de la verrière était à garder dans l’histoire du Starship Voyager donc au pire les images iraient alimenter les archives et au mieux les techniciens pourraient s’en servir. Dans une telle situation, il valait mieux avoir trop d’informations que pas assez.

Cette sortie en navette serait inoubliable. C’était certain. D’abord le coucou aux autres passagers dans l’Arboretum, puis une ballade dans l’espace – littéralement dans l’espace en train de flotter dans l’immensité de l’obscurité. Puis, un spectacle digne d’un champ de bataille où le chaos ambiant règne avec du mobilier dans tous les sens en train de flotter, des sièges, du matériel… Un champ de mines où le but était d’éviter les projectiles coûte que coûte.

Le sang de Meghan se glaça quand elle entendit les paroles de Veronica. Elle avait raison, il y avait quelque chose au loin. Machinalement, Meghan se mit devant la blessée de manière à la protéger en cas d’attaque. La masse noire était plus grosse que l’alien aperçu dans la salle de contrôle auxiliaire, lui était semblable à celui qui avait dû tuer Ellias et Seth. Donc les aliens pouvaient librement se balader en apesanteur… Et Alena n’était pas là pour voir ça…

« Que tout le monde garde son calme. » Voix basse. Murmure. Elle fit un signe de tête pour Veronica lui demandant silencieusement si ça allait en bougeant seulement les lèvres. Si jamais, il fallait se mouvoir plus rapidement en flottant, ça serait peut-être un petit peu compliqué. Meghan prit un instant pour regarder autour d’elle si d’autres aliens étaient là, mais tout était sombre et elle ne remarqua rien de plus… Mouvement lent, elle ne voulait pas que l’alien la remarque. Elle n’osait presque plus bouger, il faudrait bien pour rejoindre le couloir qui était juste là… Meghan avait pleinement confiance en Frye que le groupe suivait.

Ils allaient y arriver ! Meghan respira profondément, elle avait vu cette chose à l’œuvre et n’était pas réellement rassurée surtout dans ces conditions…

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Passant de l’esthétisme géométrique de la verrière brisée – ou bien comme dit Meghan par pur pragmatisme des images des dégâts pour aiguiller les futures réparations – au tableau de désolation flottante de la passerelle, Siya ne se sent pas ancrée dans la réalité. Il faut dire qu’elle flotte, aussi. Mais ce n’est pas parce qu’elle n’a pas les pieds sur terre qu’elle est dans la Lune, elle est spectatrice d’ambiances dont elle n’aurait jamais cru faire partie. Sa vie, maintenant, c’est un film, un bon film de science-fiction, ou d’horreur, ou de catastrophe, tragédie, action… tout cela à la fois. Bon sang, Siya, concentre-toi ! Ce que tu fais ne raconte pas une histoire mais votre histoire. Elle peine à se mouvoir et alors que les gradés de l’armée se chamaillent sur celui qui donnera des ordres, le cerveau de la scénariste part dans tous les sens.

Il va se passer quelque chose. Alejandra devra le sauver. Puis Frye s’excusera, elle avait raison. Ils vont prendre un verre, il a une réserve cachée dans sa cabine. Elle n’approuvera pas, mais elle aura bien besoin de se détendre après cette mission. Ils se retrouveront seule, il lui dira qu’il l’admire. En chanson. Elle trouvera ça ridicule, mais elle lui donnera une chance. En chanson aussi. Ils s’embrasseront. Elle lui dira que sa boisson est dégueulasse, mais lui moins qu’elle ne le pensait. Et là une « chose » faite d’ombre… Une « chose » faite d’ombre ?! … Des signes de vie anormaux ? C’est bien ce qu’elle a dit, Hécate, tout à l’heure ? Concentre-toi.

Son esprit se replace dans le présent et le réel – oui, c’est bien réel, toujours aussi difficile à concevoir, mais réel – mais son corps n’a jamais cessé de suivre le mouvement et sa caméra s’oriente vers les recoins importants. Elle devait garder un œil sur Veronica, mais c’est vers leur environnement que son regard s’attarde. Et lorsque son amie remarque un nouveau « truc », Siya cherche à récupérer les images de ce que c’est. A observer aussi, même si c’est perturbant. L’angoisse la saisit, enchaîne son imagination qu’elle voudrait pourtant laisser s’étirer, pour pouvoir s’évader pendant que leur sort se décide. Pour être absente, ailleurs… Pour abandonner la mission sans en avoir l’air. Retourner chez elle. Où est chez elle ? Elle n’en voit pas les images. Elle ne voit que l’ombre qui la menace.

Garder son calme, ce n’est pas possible. La seule raison pour laquelle elle n’explose pas, c’est qu’elle est entourée et qu’on la guide. Tant que les autres savent quoi faire, elle saura, elle n’a pas la force, pas la confiance nécessaire pour faire autre chose que de suivre. Alors elle reste discrète, continue à tourner sans vraiment savoir si c'est toujours utile. Elle n’arrive plus à être optimiste, elle espère juste que quelqu’un réceptionne son film quelque part. Qu’elle ne soit pas morte dévorée par les aliens en vain.

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