[INTRIGUE] Phase 1.2 D'un Sommeil sans Rêve ☾ Groupe 2 — ATP-ATZ

Si Alexander pensait prendre toutes les précautions afin qu’ils restent en contact, au cas où ils se retrouvaient séparés, il ne s’était pas attendu à une coupure d’électricité. Et c’était bien pire que les légères blessures survenues jusqu’à présent – problématiques, mais pas excessivement inquiétantes, et qui pourraient donc être gérées plus tard. Il s’était tout de même enquis de l’état des trois blessés, ne serait-ce que pour qu’ils ne se paniquent pas outre mesure en se disant que tout le monde s’en foutait. Mais tout cela avait été bien vite écarté par les bruits qu’il était impossible de ne pas entendre, et par cette voix, qui lui semblait familière, mais qu’il ne parvenait pas à rattacher à quelqu’un. Qui pouvait bien parler leur langue ?

Il poursuivait, aussi lentement que les autres, quand il sentit brusquement son corps s’envoler, et manquer de cogner des objets soudainement présents dans les airs à leur côté. Le petit air halluciné qui se peignait sur son visage fut vite chassé, alors qu’il observait la situation, évitant habilement une louche qui lui fonçait dessus – d’où pouvait bien venir une louche ? Il n’aurait pas su le dire. Mais il y avait plus important. Et surtout, se faire entendre de tout le monde. Tant pis pour le silence : ils devaient être parés.

« Il faut que l’on reste, à tout moment, par deux. Au cas où… Nous ne pouvons pas nous retrouver seuls. Et… Nos comlinks et nos pads vont peut-être rapidement perdre de la batterie, nous devrions garder un des deux, par binôme, éteint. Au cas où. Saisissez ce que vous pouvez, pour vous lier à un binôme. Que vous soyez physiquement attachés : ça compliquera la progression, mais vous pourrez veiller l’un sur l’autre. »

Alexander, quant à lui, saisit la personne la plus proche, et lui montra la cravate qu’il avait glissée dans sa poche – contrairement à bien des gens, il aimait en porter, et était aussi trop désorganisé pour l’avoir rangée. Une aubaine. Ils pourraient s’attacher facilement, sans trop entraver leurs mouvements, avec ça. Gardant son pad allumé, plus facile pour consulter le plan qu’Hécate leur avait donné, il éteignit le comlink. Il ne voulait pas se retrouver sans la moindre possibilité de savoir où il allait.

Spoiler:

« Aïe » Un petit cri de douleur t’échappe alors que tu dérapes le long d’une échelle. Poignet foulé. Déjà que tu batailles sévère dans ces conduits, à escalader et grimper dans des passages où tu as du mal à passer… Que maintenant, tu te retrouves avec un handicap. Tu prends ton mal en patience, mais ton poignet est douloureux et tu te retrouves avec ta main droite que tu peines à utiliser sans avoir mal à chaque fois. Heureusement Mackenzie vient à ton secours et t’aide comme elle peut ainsi que Ruiling qui te soigne.

 la vue de la trappe, tu soupires. Tu es à la fois rassurée et très très très inquiète. Vous avez certes atteint le Pont, donc vous ne vous êtes pas perdus dans les multiples conduits de la station, il y a une porte de sortie, mais de l’autre côté qu’allez-vous trouver ? Et ça, ça t’effraie vraiment. Parce que les aliens, tu n’es pas prête à les affronter et tu ne le seras jamais. Tu n’as ni les compétences pour, ni le sang-froid, ni rien du tout en fait. Ta connaissance de l’Arche t’aide à te rassurer, mais face à des ennemis tu sais que tu ne feras pas le poids, certes pour t’échapper tu auras peut-être une chance et encore… Le Pont doit être infesté de ces trucs-là si Hécate a scellé la zone, c’est que le danger est bien présent. Trop présent.

Au premier bruit, tu sursautes. C’est quoi ça ? T’écris-tu à toi-même. Du bruit de l’autre côté des parois. Malheureusement, oui Vassili on a entendu. Tu aurais préféré ne pas entendre. Quelqu’un qui parle ? Pourvu que ce soit une équipe venue vous sauver. Ils vous ont vu par les caméras de surveillance de l’Arboretum et ils vous ont rejoint. En vrai, ça tu n’y crois pas un seul instant, mais que les aliens puissent parler tu n’y crois pas non plus en fait. Alors qui est-ce qui parle de l’autre côté ? Tu te figes quand tu entends la phrase compréhensible celle-ci, une phrase qui aurait très bien pu être prononcée par un zombie… Autant le dire, tu n’avais pas du tout signé pour le côté survival.

Là de suite, psychologiquement, tu ne te sens pas bien DU TOUT. Tu es couverte de trucs… poussière, insectes morts, tu secoues tes mains, ton poignet te fait souffrir, mais mais mais tu ne peux pas rester comme ça… Toi, la maniaque. Rien ne va plus là. De la poussière partout, par réflexe tu as passé tes mains sur ton uniforme et maintenant tu ne veux plus rien toucher parce qu’elles sont dans un état déplorable. Tous les conduits, les échelles, TOUT est dans un état atroce. Certes, tu préfères être en vie et sales que propre et morte, mais ça ne t’empêche pas de détester être dans cet état de saleté avancée.

Tu sens tes pieds qui quittent le sol d’un coup. La pesanteur artificielle vient de se couper, tu pestes intérieurement contre le système qui est visiblement votre ennemi. A partir de là, tu peines réellement à avancer. Déjà que ce n’était pas fameux jusqu’à présent, car tu montres des signes de fatigue. Ca se voit clairement que tu n’es pas au meilleur de ta forme. Tu n’es pas endurante et crapahuter pendant plusieurs heures dans les conduits t’a considérablement ralentie et affaiblie. Tu en as marre. En plus de ton poignet, tu commences à avoir mal au pied. Non, en fait, tu as déjà mal aux pieds. Et aux jambes. Et dans des muscles dont tu ne connaissais même pas l’existence. Tu réponds par un signe de tête très distinct qui veut dire « non » pour Ruiling. Non, tu ne vas pas y arriver. Tu n’en peux plus. Tu es à deux doigts de t’arrêter là. Tu secoues ta main gauche pour essayer de te calmer, mais là pour toi, tu le crains, c’est trop. Tu as juste envie de pleurer. Tu es fatiguée.

Maintenant, il faut flotter… dans d’étroits conduits… avec sur le chemin des trappes ouvertes… et le danger dans chacune d’entre elles… et pour couronner le tout il n’y a plus Hécate, ni de lumière. Tu aperçois par hasard une poêle qui flotte dans les airs. C’est un peu la goutte d’eau, que font une poêle et une louche ici au juste ? Tu traînes la patte et sursautes à chaque trappe croisée et à chaque objet insolite que tu peux voir.

« CHUUUTTT ! » C’est un chut insistant et paniqué. Depuis tout à l’heure, tu te retiens de crier, hurler, taper, pleurer.

Tu veux juste que cela s’arrête.

Maintenant.  

Spoiler:

Est-ce que ça va s’arrêter, un jour ? Est-ce que tu vas pouvoir organiser ta vie à bord de Voyager sans avoir à craindre le moindre danger qui te guette au tournant du couloir ? Ta main crispée dans celle de Theodore, tu avances prudemment, tentant de juguler la peur qui te prend aux tripes et y enfonce les crocs, refusant de te lâcher. Le sas de sortie est bloqué ? Aucun problème, il n’y a qu’à passer par la section remplie d’aliens hostiles qui n’attendent que de te dévorer toute crue ! Un rire silencieux te secoue, juste un instant, annonciateur d’une crise d’hystérie imminente, lorsque la gravité revient et qu’une… louche… te tombe sur le crâne. Machinalement, tu t’en saisis tandis que le cortège se reforme, et tu suis le groupe. Un frémissement choqué lorsque tu frôles le cadavre, un relent de pourriture… et te voilà à genoux dans le coin le plus éloigné de la salle, secouée de haut-le-cœur violents, cramponnée à ta louche, à vomir une bile amère – il y a bien longtemps que ton estomac est vide, cela fait des heures que vous rampez dans les conduits.

Tout ton corps te fait mal. Tu as l’impression d’avoir été rouée de coups, et la tête te tourne (un cadavre humain, un membre de l’équipage, quelqu’un que tu as connu pendant l’entraînement) – appuyée d’une main contre le mur, tu essaies de reprendre ton souffle. Ta nausée s’est calmée, à distance du corps et de ses effluves désagréables, et tu luttes pour garder le contrôle de tes nerfs à vif – dans ton groupe, il y a des gens intelligents, des personnes utiles, qui savent ce qu’il faut faire pour vous sortir de là ; hors de question que tu les déranges en pleine réflexion avec l’étalage de ton angoisse. Tu entends des voix parler, dans la pièce mal éclairée, mais tu ne prêtes pas attention à ce qui se dit – tes lèvres énoncent une énième supplique silencieuse, pour te donner du courage, et tu fermes les yeux, toute emportée dans la ferveur de ta prière, à genoux dans la poussière et les débris.

Une main, sur ton épaule – on te relève avec douceur, et tu perçois une intonation prévenante, comme une question. Tu n’y vois pas très bien dans la pénombre ; mais ta résistance nerveuse arrive à son terme et tu t’accroches à l’homme d’une main (l’autre tient toujours ta louche), enfonçant le nez contre son torse, laissant tes larmes tremper sa combinaison. Pas de sanglot, aucun bruit ni hoquet ; juste le flot de ton angoisse qui déborde et qui s’échappe, tandis que tu respires de grandes bouffées d’air pour garder ta prise sur tes bribes de courage. « Perdoe-me », demandes-tu dans un chuchotement presque pas tremblant. Qu’il te pardonne, oui – tu as juste besoin d’un peu de réconfort.

C’en est presque risible.
Tu as juste besoin d’un câlin – qu’on te promette que tout ira bien, et que tu ne vas pas mourir, là, seule et abandonnée.

Spoiler:

Ah la gravité… voilà bien quelque chose de merveilleux.

Non pas que l’absence de pesanteur ne soit pas quelque chose de follement amusant mais, quand on en est réduits à ramper dans des tuyaux et à espérer qu’on ne finira par dans l’estomac d’un alien, si tant est que ces créatures ont un système digestif, autant dire que la gravité et son retour au beau milieu de notre périple est un soulagement. Soulagement certes douloureux, surtout quand je me retrouve l’appendice nasal collé au sol à quelques centimètres à peine d’un canard qui me regarde avec une intense perplexité, tout du moins c’est l’impression que j’en ai.

En tout cas, je préfère de loin me focaliser sur ce point de détail que sur les bruits autour de nous, sur cette claustrophobie croissante qui a fini par s’entremêler avec la panique et qui me grignote de l’intérieur petit à petit. Il me semble bien loin le temps où je trouvais mon t-shirt peu pratique pour faire du sport. J’essaie de ne pas montrer de signe d’inquiétude quand il nous faut faire demi-tour, même si l’idée doit me plaire à peu autant qu’aux autres, mais au final, le chemin finit par se dégager… si on omet bien évidemment le dernier petit obstacle qui s’offre à nous.

Un bras, que je me garde bien de regarder trop en face. J’avoue, je détourne les yeux, me focalisant sur ce qu’il y a autour de nous et plissant les yeux en voyant les barricades. J’aide à refermer la grille derrière nous, soulagé de voir que nous sommes seuls. « Bon. Si on omet le fait qu’on est pris au piège, on est plutôt en sécurité non ? » C’est sans compter les bruits qui nous cernent encore et toujours. J’ai du mal à situer où on est et j’ai un temps alors que mon attention est captée par le cadavre.

Je lève un sourcil à entendre Leontina vomir et je jette un regard écarquillé aux autres, que je dois aveugler de temps à autre avec ma lampe frontale. « Heureusement que la gravité est revenue, sinon ça aurait fait des petites billes dans les airs et… peu importe. » Je secoue la tête avant de réaliser vraiment ce que j’ai devant moi. Et je fronce les sourcils, me figeant un instant avant de souffler, la mine incrédule. « C’est impossible qu’il soit dans cet état, je l’ai entendu tout à l’heure, quand nous étions dans les tuyaux. C’est… quelque chose de m’échappe. » Ne pas se focaliser sur le bras détaché du reste du corps, surtout, ne pas se focaliser dessus. Et ne pas regarder le trou béant à la place.

Trop tard.

Je sens la nausée me gagner à mon tour et je dois prendre de longues inspirations alors que je m’assois par terre, pas loin du cadavre de Seth. J’en oublie presque la notion du temps alors que je le fixe sans rien dire et je sursaute à l’ouverture de la grille, songeant vaguement qu’au moins on aura pas le temps de finir comme lui. Mais c’est autre chose qu’on a sous les yeux. Et j’ai un sourire sans même m’en rendre compte quand la lampe frontale que j’avais toujours en main me permet de voir le nom de l’opérateur. « Content de te voir Robinson. Je crois qu’on en doit une à Rhiannon. »

Spoiler:

Ne pas paniquer devient un peu compliqué quand même. Non pas que je sois claustrophobe – ou tout du moins, je ne l’étais pas avant tout ça – mais progresser ainsi n’aide pas vraiment à garder tout son sang-froid. Et pourtant, je ne suis pas vraiment du genre à le perdre, je suis plutôt fière de moi à ce niveau-là. Mais j’avoue que dernièrement, il a un peu trop été mis à l’épreuve. Autant j’avais été volontaire pour l’expédition la dernière fois, autant là, je n’ai rien demandé à personne.
Et si l’adrénaline redescend, légèrement, ce n’est que pour laisser un peu de place aux sensations guère agréables. La peur du moment se transforme en une angoisse plus profonde et plus malaisante, alors que les bruits qui nous entourent, chuchotements et autres bruissements, se multiplient. Ou en donnent l’impression. Le pire étant sans doute de se demander de qui il s’agit, ou tout bêtement de savoir si on hallucine ou pas à force. Bon, visiblement pas étant donné que tout le monde à la même réaction quand la voix se fait plus distincte. Bien. Ça n’en est pas moins flippant, bien au contraire. Parce que ce n’est pas vraiment humain, si ? Je ne sais pas trop, j’ai un peu de mal à faire le tri dans mes pensées dans l’immédiat. Je sais juste que mon cœur bat trop rapidement et que j’ai la tête qui tourne un peu.

Respire. Avance. Si je n’ai pas pu retenir un cri en glissant le long du tuyau, de peur plus que de douleur sur le moment, je m’en suis suffisamment voulu, me mordant la lèvre au sang, pour ne pas laisser une plainte franchir à nouveau mes lèvres. Même si je boite maintenant visiblement et que chaque pas, ou rampement, suivant a été douloureux. Je risque d’être la première à se faire manger s’il est question de courir de nouveau, autant faire en sorte qu’ils veuillent m’aider sait-on jamais. Je laisse échapper un juron dans un souffle quand tout s’éteint. Tout, absolument tout, gravité artificielle en prime. Le bon côté, c’est que je n’ai pas besoin de poser ma cheville pour avancer. Le mauvais, c’est qu’elle devrait se remettre en route à un moment ou à un autre, aussi brutalement qu’elle s’est arrêtée. On ressemblera un peu à des crêpes, ce serait moche.

J’ai froid, je commence vraiment à fatiguer et à avoir faim. En même temps, on est là depuis des heures et des heures et des heures, au moins. Tout ça pourquoi ? Pour s’apercevoir que la sortie est bloquée. Fantastique. Comme prédis, la gravité reprend ses droits et je m’écrase plus ou moins à terre, me retenant tant bien que mal aux conduits autour de moi. Ma tête rebondit un peu trop fortement sur l’un d’eux, me renvoyant des vagues de douleurs dans le crane, mais dans l’ensemble, ça va. Tout devient vachement relatif à force. Mais on a une nouvelle sortie, encore, pas loin. Je regarde d’un air un peu désespéré la nouvelle trappe, trop haute, essayant de monter sans appuyer sur mon pied douloureux, ce qui en temps normal devrait être plutôt amusant à regarder. Mais ce n’est pas drôle, pas du tout même, surtout pour voir un nouveau cadavre. Je m’en serais bien passée, d’autant que celui-là a suivi le processus normal de putréfaction. En plus, lui, on le connaît, ça n’aide pas vraiment. Les battements de mon cœur reprennent leurs courses folles et j’essaie de respirer calmement… sans trop inspirer. Tout un challenge.

« C’est… Vu qu’on a un docteur ce coup-ci… Il est mort de quoi ? Déshydratation ? Ou il a été blessé ?  »

Hé, ma voix est presque normale, on y détecte qu’une petite pointe de stress et de panique, je suis hyper fière de moi. Mon regard est un peu moins zen alors que je regarde autour de nous comme pour trouver le corps de l’autre disparu, mais comme il fait sombre, personne ne le voit.
L’enjeu à ce stade est de ne pas vomir, ça ferait désordre et ça gâcherait un peu les multiples efforts que je fais depuis une éternité pour avoir l’air sereine et sûre de moi. Sans doute pour ça que je m’en éloigne, ignorant autant que possible l’odeur, ce qu’il reste du cadavre, les bruits de l’autre côté de la barricade que Seth avait construit pour se protéger. On va finir comme lui ? Non. Au pire on tente une percée… Et je meurs parce que je ne peux pas courir. Super.
Je fais le tour de la pièce, farfouillant ici et là sur les bureaux, sans rien trouver d’intéressant. Je me rapproche d’une des consoles, reconnaissant sans trop de mal les diverses indications.

« Si on pouvait remettre ça en route… Passer par les conduits n’est pas l’idéal, mais si tout ça marchait, ça pourrait en valoir le coup. » Je regarde Mackenzie. « On pourrait essayer de savoir où on est. Et surtout trouver quelque chose, une planète ou un satellite habitable. »

Ce sont des évidences, je m’en rends compte, mais cela me permet de reprendre un peu pied, de ne pas juste me rouler en boule pour pleurer en chouinant dans un coin. Non, d’accord, ce n’est pas mon genre, mais c’est l’idée.

« Tout à l’heure, comment ça tout à l’heure ? »

Je fixe Peter, ma gorge se serrant, sentant les hauts le cœur revenir, sachant très bien de quoi il parle. En même temps, on a pas entendu beaucoup de voix… Non. Non, non et non. Réfléchis, trouve un truc à faire.  J’avance un peu, récupérant des documents ici et là, jusqu’à un coin de la pièce, où je me laisse malgré tout glisser à terre pour soulager ma cheville qui pulse de plus belle maintenant que j’ai cessé de crapahuter. Et je fronce les sourcils en fixant le sol. Oh. Des gants, il me faudrait des gants et un récipient, et…

Je me fige, écarquillant les yeux, mon cœur s’arrêtant alors que la trappe elle s’ouvre. Oh merde…

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Alec soupira, à l’injonction de Magdalena de se taire. Comme s’il parlait pour le plaisir, plutôt que pour essayer d’assurer leur sécurité ! Il ne rajouta rien, pour ne pas envenimer une situation déjà pas glorieuse. Elle s’envenimait d’ailleurs d’elle-même, alors qu’ils se retrouvaient bloqués et devaient faire demi-tour. Si seulement ça s’était arrêté là… Il ne put s’empêcher de prier pour leur salut, en sentant puis voyant le cadavre de Seth. Il le connaissait peu, mais un mort, quelqu’un qu’il avait fréquenté – même brièvement – il y a quelques semaines, aurait suffit à choquer n’importe qui. Surtout quand cela pouvait leur arriver, à eux aussi. À n’importe lequel d’entre eux, à n’importe quel moment. Ou à chacun d’entre eux. Il ne put s’empêcher de rire nerveusement, entendant Peter disserter sur le retour de la gravité. Il a raison, malgré tout.

Et d’autant plus raison, concernant la voix de Seth. Il l’avait entendue, même s’il ne l’avait pas reconnue et que les paroles de Peter lui permettaient de l’identifier. « Ce n’est… rien. Il est facile de reproduire les voix, pour peu que l’on possède un enregistrement et que l’on s’y connaisse un minimum. On peut les réutiliser et leur faire dire autre chose. Ce n’est pas totalement la même voix, mais elle est suffisamment similaire, pour leurrer les gens. Même quelqu’un qui le fréquente au quotidien.* » Ça n’était pas très efficace, mais Alec essayait de se rassurer en rationnalisant les choses. C’était bien plus facile que de se laisser assaillir par les émotions, envahir par l’effroi et la peur. Il le ferait plus tard.

Est-ce qu’il pourrait seulement continuer à rester placide bien longtemps ? C’était mal barré, alors que son niveau de peur triplait, en même temps qu’un bras métallique franchissait la trappe normalement fermée. Et qu’elle diminuait d’un seul coup, alors qu’il reconnaissait l’écrire sur le papier – et sur les nombreuses feuilles qui se trouvaient sur lui. Il reconnaissait l’écriture de Poppy – merveilleuse Poppy qui travaillait sous ses ordres ! Et aussi, peut-être, celle de Rhiannon, bien qu’il ne soit pas aussi certain de cela. Ils travaillaient conjointement, mais pas aussi étroitement qu’avec Poppy. Et leurs échanges se faisaient principalement par comlinks ou par pads, il n’avait pas pris le temps d’étudier son écriture. Alors qu’il avait pris l’habitude de laisser des messages aux roboticiens sur les différents projets en cours grâce à des posts-its, et qu’eux aussi, de fait. Riant nerveusement, il se promit de le faire, avant de secouer la tête en se rendant compte de l’idiotie de la chose.

Un poids s’était ôté de sa poitrine, sans qu’il n’ait même remarqué à quel point il se sentait oppressé, grâce à l’opérateur. Il savait ce qu’il devait faire. Ou du moins, il l’avait compris en voyant le bric à brac jeté au pied de celui qui avait rétabli, une première fois, le contact avec Hecate. Même s’il était étrange qu’il se tourne vers Allan. C’était à Alec d’agir, maintenant. Il se souvenait parfaitement d’une des conversations qu’il avait eu avec les roboticiens – qu’aussi difficile que ce soit de désosser le travail de ses coéquipiers, l’urgence de la situation l’exigeait. C’était une urgence totalement différente – rendre le Voyager fonctionnel à nouveau n’avait rien à voir avec le fait de leur sauver la vie comme il devait le faire actuellement – mais une urgence tout de même. Avait-il discuté de cela avec Poppy ? Avait-elle surpris cette conversation ? Il n’en avait aucune idée. Mais il savait ce qu’il devait faire, et ces outils ne pouvaient se trouver là par hasard.

« Le plus urgent est de rétablir le relais. La console est presque foutue. On va devoir l’utiliser, lui. » Il pointe du doigt Robinson Crusoé. Ce serait presque cruel, de devoir réemployer les parts d’un opérateur conscient et à qui l’on a donné une personnalité, mais il n’était pas temps de tergiverser. Murmurant, plus pour lui-même que pour qui que ce soit, il poursuivit. « Il est doué pour la survie, il va permettre la nôtre… » Que les personnes proches de lui l’entendent l’indifféraient un peu, mais il semblait convaincu de pouvoir se sortir de là grâce à ça.

Sauf qu’il ne s’attendait pas à une rebuffade de la part de Robinson, quand il essaya de l’approcher. Sa main métallique s’agita tellement qu’elle vint le gifler –pas violemment, mais suffisamment pour le convaincre de reculer. Soupirant, il se tourna vers Allan. « Allan, c’est vers vous qu’il s’est tourné. Vous devez… le convaincre de ne pas se rebeller. D’obéir. Peut-être qu’il suffit de le lui demander gentiment. Soyez son Vendredi, et amadouez-le. » Ce n’était pas une demande, mais plutôt un ordre. Il ne pouvait se rapprocher sans subir les gestes mécontents de l’opérateur, qui l’avait très certainement entendu, et donc sans risquer d’endommager les pièces qui le composaient.

Il crut attendre une éternité, avant de pouvoir approcher réellement l’opérateur, et le démonter – avec les outils qu’il avait lui-même amenés, pour signifier sa fin. Mais sa… conscience devait exister quelque part dans les ordinateurs utilisés par Poppy et Rhiannon, Alec ne doutait pas de le revoir prochainement. Ses gestes étaient précis et assurés, malgré la pression : il avait beau adopter une attitude nonchalante très souvent, presque tout le temps, il était plus sérieux et plus appliqué que jamais, montrant le réel investissement qu’il mettait dans son travail. On pouvait l’entendre jurer, souvent en anglais, parfois en français ou en espagnol, mais c’était plus pour extérioriser, alors qu’il sentait des regards peser sur lui, que parce qu’il était en réelle difficulté – malgré quelques boulons récalcitrants, quelques pièces qui ne s’emboitaient pas comme il fallait. Il reprit la parole, d’une voix nerveuse accompagnée d’un rire jaune, continuant son affaire. « Peut-être que le visseur fou aurait pu m’aider, pour ces boulons… » Laissant tomber la clé qu’il avait finalement saisie, il regarda anxieusement la console sur laquelle il travaillait, attendant encore plus anxieusement une réaction. Quelque chose. Un signe qu’Hécate était reliée à eux.

Spoiler:

Spoiler:

Chaque chose en son temps. Se poser un peu et reprendre son souffle, avant de devoir trouver une énième solution pour se sortir de ce pétrin. Attendre n’est pas forcément une bonne chose non plus c’est certain, on est tous déjà beaucoup trop fatigués et à bout de nerfs pour pouvoir se permettre ce genre de luxe. Et malheureusement, le cadavre de Seth ne fait qu’appuyer cet état de fait. Se barricader et attendre ne nous sauvera pas, mais nous permet tout du moins d’essayer de nous calmer et de nous reposer un minimum.

Et pour le coup, de recevoir une aide un peu inespérée. Si mon cœur menace de s’arrêter une dixième fois aujourd’hui, le rire nerveux que je retenais finit par m’échapper en voyant l’opérateur s’extirper du trou pour répandre son offrande à nos pieds. Mon attention est donc momentanément détournée de ma découverte par l’arrivée de sauveur inattendu. Et de ce qu’il ramène avec lui. Je me relève et me rapproche, récupérant un cachet… deux cachets de paracétamol, tout en comptant rapidement les bouteilles d’eau et les trucs à manger sans goût. Un chacun, guère plus. Le bon côté, c’est qu’il y en a assez pour tout le monde. Je fixe un instant la coach, qui semble tellement silencieuse que je me demande quand la crise de nerfs va arriver, avant de hausser un sourcil un poil narquois. « Vous devriez prendre à boire et à manger. Il y en a assez pour tout le monde et si on doit sortir précipitamment, ce serait dommage de ne pas avoir mangé quand vous en aviez l’occasion. » Récupérant quelques trucs, je clopine jusqu’au directeur Minaïev qui console tant bien que mal Leontina Tavarez. Je tente de capter le regard de la femme et j’esquisse un sourire en lui tendant de quoi manger et boire. « On est tous fatigués, nerveusement et physiquement. Mangez, ça vous fera du bien. Le directeur Minaïev a raison, tout ira bien. » Et puis, sinon, dans le pire des cas… Non, je préfère malgré tout ne pas penser au pire des scénarios catastrophes… D’autant qu’on est déjà pas mal sur ce point je trouve. Je leur fourre donc bouteilles et poches de bouillie dans les mains avec un mince sourire encourageant.

Après avoir pris les cachets avec un peu d’eau, je me rapproche du docteur en désignant sa trousse. «  À tout hasard, vous n’auriez pas des gants là-dedans ? J'ai trouvé quelque chose que… Qu'il faudrait prélever. Ça peut être important. » J’attends sagement qu’elle me réponde et j’attrape avec un sourire reconnaissant la paire de gants stériles qu’elle me tend en haussant un sourcil. J’ai vu des flacons dans le bazar que Robinson à apporter, tant pis si eux ne doivent guère être stériles… Fourrant un truc de bouillie dans une de mes poches, calant la bouteille d’eau dans l’autre, je récupère deux flacons et une lampe avant de retourner près du bureau ou je m’étais écroulée. Enfilant les gants, la lampe dans la bouche, je finis par retrouver ce que je cherchais.

L’espèce de flaque noirâtre non identifiée. Mais qui semble vivante… Enfin, non, pas vivante au sens propre, mais organique du moins. Je ne suis pas spécialiste, et puis surtout, on ne voit pas grand-chose, même avec une lampe entre les dents, mais… Ce n’est ni du sang coagulé, ni... Ni rien qui me vienne à l’esprit en fait. Ni du vomi, au cas où des doutes seraient soulevés… Je lance un regard vers Alec qui ronchonne comme toujours quand il bosse et lève les yeux au ciel. « Et pendant que certains s’amusent aux Lego, d’autres triturent des amas somatiques d’origine inconnue. Le monde est injuste… » Je remplis les flacons tant bien que mal en grimaçant, me demandant vaguement si mes gants ne vont pas se mettre à fumer et à fondre sur ma peau… Ou à ramper sur ma peau… Je réprime un frisson. Il faut que j’arrête de regarder n’importe quoi comme films.

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Tu manques de vomir à la vue du corps de Seth, Tina, elle ne peut pas se retenir. Tu n’es vraiment pas habituée à voir des corps en décomposition, abîmée par les passages de coupure de la gravité et les flottements dans les airs. En plus, l’odeur ambiante est insoutenable. Une pensée néanmoins te rassure celle de pouvoir activer le radar planétaire afin de détecter de nouvelles planètes et essayer de comprendre où nous sommes. Une heure passe et cela te semble être une éternité. Vous êtes là, vous ne pouvez rien faire avec le peu d’outils que vous avez pour réparer la console, le radar planétaire et le relais d’Hecate. À cet instant, tu penses réellement que tu vas mourir là, comme Seth, mourir de soif. Personne ne viendra vous chercher et impossible de rétablir le contact.

Heureusement Robinson Crusoë arrive ! Un petit peu de vie non hostile finalement dans ses conduits, ses sas et cette zone peu hospitalière. Voir tous les petits post-its te rassure, tu n’étais pas totalement à côté de la plaque quand tu espérais que quelqu’un allait venir vous chercher. Tu t’assures qu’il y a assez de bouillie protéinée pour tout le monde avant d’en prendre une, de l’ouvrir et de la manger. Pour te rassurer et reprendre des forces, il n’y a que ça de vrai : le grignotage. Tu t’assois aux côtés de Vassilli et Leontina, Mar étant venue vous apporter ce qu’il faut. Vassilli ayant eu la gentillesse d’ouvrir ta bouillie puisqu’avec ton poignet, tu n’y arrives pas et puis les ouvertures faciles tu sais que ce n’est jamais facile à ouvrir et que les fabricants se moquent de vous à chaque fois…

Tu laisses Alexander regardait le relais, il n’a pas l’air d’avoir besoin d’aide ou de vouloir de l’aide. Et tu ne sais pas si tu es en état de toute manière. Au risque de faire une bêtise, tu ne veux pas prendre le risque. Tu préfères prendre les pads et les mettre en charge avec les batteries externes, normalement le temps qu’Alexander répare le relais, les pads devraient aisément gagner quelques pourcentages.

Après avoir pris quelques minutes de repos, tu te mets en quête d’une bâche ou quelque chose comme ça qui pourra faire l’affaire pour envelopper Seth, tu ne sais pas ce que les autres veulent faire de lui, mais déjà l’envelopper dans quelque chose pour éviter d’avoir un cadavre comme ça qui jonche le sol, serait peut-être mieux. Munie d’une mini lampe-torche et du taser, tu cherches dans la pièce quelque chose qui peut servir avant de te diriger vers les conduits de maintenance. Tu restes sur tes gardes et tu fais très attention, parce que tu sais que les aliens ne sont pas très loin et que ça craint vraiment.

Au bout d'un moment, tu finis par trouver une vieille bâche que tu ramènes dans la salle du radar planétaire. Cela sera mieux que rien. « Si quelqu'un avec le coeur bien accroché veut envelopper Seth avec ça ? » Tu montres la bâche que tu as trouvé. On ne peut pas laisser Seth là, même si tu ne le connais pas, un peu d'humanité...

« D'ailleurs, ne faudrait-il pas commencer à démanteler la barricade faite par Seth afin de sortir...? » de cet enfer... mais ça tu ne le dis pas.

Spoiler:

Oh mon dieu.
OH MON DIEU.

Tu la vois cette chose hideuse sortir  de cette trappe. LA trappe que TU as laissée ouverte. Tu t’en veux un peu, mais tu n’as pas trop le temps là de suite de te lamenter sur ton sort. Cette chose attaque Mar, tu cries de frayeur avant de te rendre compte que TU as le taser. Toi. Mon Dieu, Magda, mais quelle idée d’avoir pris le taser. Dans la panique, tu ne sais même plus comment cela fonctionne. Est-ce que ça marche à piles ? Tu ne sais plus quoi faire, tu restes là pendant quoi trois secondes peut-être plus, peut-être moins et tu ne sais pas quoi faire de ce taser. Tu es comme pétrifiée avec ce truc dans tes mains, telle une enfant qui ne sait pas quoi faire de son jouet.

Telle une bombe entre tes mains prête à exploser. Comme si le taser brûle dans tes mains, tu le jettes (presque) à Vassili qui est tout proche de toi. Lui, il saura surement s’en servir dans le stress et saura comment réagir. Toi, tu ne peux pas. Tu sens tes mains qui tremblent, tu as peur. Peur que cet alien tue Mar. Peur que cet alien te tue toi. Peur que cet alien tue tout le monde. Peur de taser quelqu’un par erreur. Sans compter tout le reste.

« Prenez, je ne…je… ne peux pas l’utiliser !! » Ta voix tremblante traduit ta détresse et ton stress. TU NE PEUX PAS.

Au moins, tu es honnête.
Et pendant ce temps-là ce truc est en train de bouffer Mar.
Oh là là.
OH LA LA.

C’est sur et certain que là vous allez tous mourir. Il n’y a plus de doute là-dessus. La fin est plus que proche. Tu te réfugies avec Tina ; au moins dans la panique vous vous comprenez et vous êtes jumelles. Vous pourrez paniquer à deux comme ça, c’est toujours mieux.

…. Mais qu’allons-nous devenir.. ?

Spoiler:

Je suis sûr de moi. Je sais qu’il s’agissait bien de Seth tout à l’heure et ce, malgré les doutes de mes joyeux petits camarades. Pour autant, je me dis que le moment n’est pas vraiment au débat. Outre le fait qu’il est possible que je passe pour un fou, ce qui n’est pas une hypothèse que j’exclus totalement, les convaincre que j’ai raison serait, en cet instant précis, probablement encore pire. Alors je préfère mettre ça de côté dans l’immédiat, même si je sais que cette voix va me hanter longtemps, tout comme ce corps dans un état de décomposition effrayant. Je me contente de lever un sourcil aux explications d’Alec qui au moins, me donnent l’impression de pouvoir me raccrocher à quelque chose de cohérent mais je me fige tout de même aux propos de Ruiling – ou alors c’est Zhao, je sais jamais - et je la fixe longuement, laissant filer un soupir alors qu’un cauchemar se rajoute aux précédents.

Je finis tout de même par reporter mon attention sur les opérateurs, soulagé de les voir à l’œuvre et de me dire qu’on va bientôt pouvoir sortir de là en un seul morceau. A peu de choses près. Mon regard se porte alors sur Mar qui est en train de ramasser une espèce de blob gélatineux pour le moins dégueulasse et je souffle, songeur. « T’es sûre de ton coup-là ? Non pas par que ça me fasse penser à du slime mais un peu… » Et si j’ai la vague impression que tout va s’arranger, les quelques bruits étranges cumulés à cette foutue voix métallique désincarnée me rappellent à la dure réalité. Si on s’en sort, il faudra que je dise à Rhiannon de trouver un truc plus festif pour ces voix. Après tout, quitte à apprendre des mauvaises nouvelles, autant que ce soit dans la joie et la bonne humeur non ?

Et je me tourne juste pour voir Mar se faire attaquer par une de ces créatures. Mon cri meurt dans ma gorge avant même que j’ai le temps de quoi que ce soit et j’ai l’impression de voir la scène comme au ralenti. De voir l’alien se faire taser par je ne sais pas qui et fuir je ne sais où. Et je me vois moi-même, comme si j’étais spectateur de la scène, attraper le bras de la jeune femme pour la tirer loin de là. Je m’entends même souffler, d’une voix pas du tout teinté de panique. « Tirons-nous d’ici ! » J’ai à peine le temps de voir… de me voir en train d’apercevoir un de ces aliens. Des espèces d’araignées sur pattes passablement dégueulasses qui me filent des haut-le-cœur. Mais c’est pas le moment de tergiverser. Je garde fermement la main de la jeune femme dans la mienne alors que je suis les opérateurs, sans même demander mon reste, même si je regarde autour de moi pour m’assurer que les autres suivent le mouvement. Ce serait pas le moment d’en perdre un en cours de route quand même. On verra bien pour le reste. Plus tard. Et qu’on me demande plus jamais de faire de sport.

Spoiler:

Je remercie d’un signe de tête Jerry quand elle m’aide à éclairer un peu mieux la zone, finissant par poser ma lampe à terre à côté de l’amas. « Aucune idée. En dehors du fait que ce n’est pas humain… à première vue. » Ce qui veut bien dire ce que ça veut dire oui. Je remplis plusieurs petits flacons, les refermant soigneusement, et je jette un regard à Peter en grimaçant un sourire. « C’est toujours mieux que l’image du sang corrosif d’Alien que j’ai eu. On lui mettra de la musique pour voir s’il danse. » Tout en parlant, je retire mes gants et y glisse les flacons, comme si l’épaisseur de latex allait changer quelque chose… Mais ça me rassure un peu, aussi superficiel que ce soit. Je les range et m’éloigne un peu, observant d’un œil distrait Alec remettre en état la console. Je m’en rapproche quand elle bipe en se rallumant, jetant sans y penser un coup d’œil sur ce que programme Mackenzie. Des données régulières. Ça c’est plus qu’espéré, et j’ai un sourire, en commençant à envisager les possibilités que cela va nous ouvrir.

Affairée avec les autres à tout rassembler et à retirer la barricade improvisée, je me fige en voyant un mouvement au sol. Mon cœur s’arrête et je recule quand la créature s’approche et attaque, jusqu’à être bloquée contre un des bureaux. Mais tout va bien, pas vrai ? Les opérateurs sortent et prennent la situation en main. Ou pas. Je bénis réellement toutes ces années d’entraînement, l’insistance des différents enseignants à toujours vouloir rependre les mêmes gestes, les centaines d’heures à répéter les mêmes mouvements, pour en faire des réflexes, automatiques et instinctifs. Mon cerveau n’a même pas le temps d’enregistrer le saut de l’extra-terrestre que déjà mon bras est levé pour parer l’attaque. Je bascule à moitié sur le bureau, repoussant tant bien que mal la créature, mon cri étouffé dans ma gorge, gorge qu’il essaie d’atteindre. Et je sais que je ne tiendrais pas longtemps, toute entraînée que je sois, ce truc a bien trop de force, et je sens déjà mon bras trembler sous l’effort. Sauf que ça dure des heures. Pas vraiment, je le sais bien quelque part, mais pour le coup, j’ai juste envie de hurler en pleurant. Ce que je ne fais pas, trop focalisée que je suis par la tension et la terreur qui font tambouriner mon cœur à une vitesse folle.

Et tout s’arrête. Façon de parler, je ne suis pas morte. Mais la créature me relâche aussi vite qu’elle m’a attrapé, sans que je ne comprenne pourquoi. Incapable de bouger ou de réfléchir, je cille et cligne des yeux plusieurs fois, me contentant de hocher la tête quand les autres parlent. Je ne réagis et ne m’active que quand on m’attrape la main, serrant celle de Peter à lui faire mal sans doute, mais je serais incapable de faire autrement. Et mes neurones se reconnectent enfin, même si j’ai toujours le mode survie automatique enclenché. Trop de bruit, on a fait bien trop de bruit. Il va y en avoir d’autres. Rien qu’à cette pensée, je frissonne et accélère encore le pas, non s’en jeter des coups d’œil autour de nous, tant pour voir les autres que pour être certaine de ne pas avoir d’autre rencontre du genre. Sortir. Après, je me roulerais en boule pour hurler en pleurant, quand les nerfs lâcheront pour de bon. Ou j’irai m’épuiser dans la salle de sport. Ouais, ça c’est bien comme plan…

Spoiler:

Spoiler:

Spoiler:

Tu avais été tout simplement inutile, sauf durant un instant, pour cette aventure. Et à l'apparition de l'alien, tu t'étais senti comme si tu jouais à nouveau pour la première fois à Until Dawn, mais, en cent fois pire. Mille fois pire. Un MILLION DE FOIS PIRE. Tu crus bien mourir, sautant pratiquement en l'air en voyant ce monstre sauter au visage de Mar. Tu ressentis presque ses tentacules horribles sur ton propre visage, tu étais bon pour une thérapie jusqu'à la fin de tes jours - et plus jamais de jeu vidéo d'horreur, tu te contenteras désormais de My Little Pony. Pour sûr. Tu ne fis rien, absolument figé, pour aider à retirer la barricade, tout au plus parvins-tu à faire quelques pas, ne parvenant pas à quitter des yeux l'endroit d'où l'alien avait disparu.

Tu ne fus sorti de ta terreur que par la main du médecin, de Ruiling, qui te fit sursauter encore une fois, mais t'attira dans son élan. Tu courus donc, de ta façon absolument pas virile, essayant de reprendre ton souffle tout en le perdant à nouveau. Quand est-ce que ça allait être fini ?! Tu avais la sensation d'être dans un jeu vidéo, chaque étape apportant une mission, une chose à faire avec des compétences heureusement présente dans l'équipe en danger. Tu avais fait ta part. Ton rare moment de courage il fallait dire... Mais tu ne pouvais pas rester enfermé là. Juste, tu avais besoin de sa main pour courir. Alors tu la serras, fort, très fort. Et tu suivis, juste, comme le petit suiveur que tu étais en situation désastreuse.

Spoiler: