[INTRIGUE] Phase 1.2 D'un Sommeil sans Rêve ☾ Groupe 2 — ATP-ATZ

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Tu as l’impression d’être totalement impuissante face à la situation.

En fait, ce n’est pas juste une impression, c’est la réalité. Ton arche est attaquée et tu ne peux rien y faire. Tu n’as même pas été foutue de taser l’alien qui attaquait Mar. Tu espères qu’elle ne t’en voudra pas. Tu as eu vraiment peur, de la toucher, de lui faire encore plus de mal. Tu iras t’excuser plus tard et s’enquérir de sa santé. La pauvre.

Vassili s’empare de ton bras valide, tu le remercies intérieurement d’avoir fait attention. Tout le monde n’aurait pas eu cette bienveillance… S’arrêter ? Mais quelle idée ! Mon dieu, non ! Nous n’allions pas nous arrêter.  Dans la panique des derniers instants, tu es un peu bousculée et par, tu ne sais pas quel miracle, tu franchis le sas. Surement Vassili qui t’a donnée et permit d’avoir cette dernière impulsion, malgré le fait que tu as mal partout et qu’il va te falloir peut-être une semaine ou deux pour récupérer.  Demain, tu ne pourras certainement plus bouger.

Ouf ! Tu es en sécurité. Enfin en théorie. .. Vassili vient de franchir les portes lui aussi. Non loin de Leontina, Theodore te tend Daisy que tu attrapes comme tu peux. A travers son plumage, tu sens son petit cœur battre à toute vitesse, pauvre petite canne, elle aussi elle a dû avoir la peur de sa vie. Tu essaies de la rassurer comme tu peux, toi-même tu es affolée et tu crains qu’elle le ressente.  Jerry lâche le cadavre de Seth, c’était bien la peine de se donner tant de mal... Sur le moment, tu es un peu déçue de la part de Jerry, elle, si courageuse depuis le début, ne craignant rien ni personne, elle abandonne sur les derniers mètres ?

« Allez, allez, allez ! » cries-tu tout en ayant une main sur les ailes de Daisy que tu tiens bien fermement. Tu t’apprêtes à réceptionner Leontina quand elle sera sortie du sas. Comme la ronron thérapie, tu te doutes que la caneton thérapie aura des effets salvateurs sur les passagers traumatisés de cette sortie dans les conduits de maintenance…

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Il n’avait pas réellement suivi tout ce qu’il se passait, absorbé par ses réparations et l’urgence de la chose, aussi sursauta-t-il, quand Mar se fit attaquer. Fort heureusement, le directeur Minaïev réagit sans plus attendre, et la sortit de là. Aurait-elle des séquelles ? Il aurait bien été incapable de le dire, surtout considérant le fait qu’ils avaient dû partir en courant tout de suite. Reprenant sa position en arrière, suivi par Jerry et le cadavre de Seth, il essayait de cavaler aussi vite que possible, non sans jeter des regards un peu partout. On était jamais trop prudent – visiblement, ces aliens avaient plus d’un tour dans leur sac, et leur taille leur permettait de s’infiltrer partout. Absolument partout. Une goutte de sueur froide lui sembla couler dans son dos, alors qu’il réalisait cela, mais la voix de Seth la chasse aussitôt, pour la remplacer par une terreur plus puissante.

S’il mourrait d’envie de s’arrêter, de crier à Jerry de lâcher le corps, il n’en fit rien. Partant à toutes jambes, courant comme s’il avait la mort aux trousses – mais c’était le cas, n’est-ce pas ? Au risque de perdre son souffle et d’être moins rapide, il cria à la coach derrière lui. « Laissez le corps derrière vous. Ils essayent de nous perturber, avec Seth, et si ça se trouve, ça n’est qu’un leurre ! Un cheval de Troie alien. Nous ne pouvons prendre ce risque. S’il est piégé et que vous l’introduisez dans les parties sécurisées du Voyager… » S’il ne finissait pas sa phrase, le sous-entendu était clair : ce serait sa faute. Et il s’assurerait qu’elle le sache.

Il ne put retenir un soupir de soulagement, en la voyant le lâcher – même si c’était dû à l’intervention de Théodore, plutôt qu’à la sienne. Il n’en fallut pas plus pour qu’il se remette à courir, et bien plus vite.

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« Cale a boca, E CORRA ! »

Tu ne peux pas hurler quoi que ce soir d’autre à Alexander, tu es à bout de souffle et tu dois encore courir – comment arrive-t-il à débiter un tel flot de paroles alors qu’un alien essaie de vous bouffer, tu n’en as aucune idée – et la sortie se rapproche. Tu n’en peux plus, Tina, tu voudrais juste que ça s’arrête. Tu es fatiguée de craindre pour ta vie, épuisée de ces heures passées à crapahuter dans la pénombre et le danger, éreintée au-delà de ce que les mots peuvent décrire. Pour l’instant, l’instinct de survie te pousse en avant, et la poussée d’adrénaline qui a initié ta fuite te fournit l’énergie nécessaire ; mais ton courage s’érode, et une part de toi se demande si tu n’aurais pas mieux fait de rester prostrée contre Magda, à simplement attendre la mort.

Pour l’instant, tu refoules cette voix étrange si proche, tu bloques la sensation des autres autour de toi, et ta perception finit par se limiter à l’étroite trappe de sortie sur laquelle se focalise toute ton attention. Tes poumons te brûlent, tu as un point de côté, tes jambes sont si douloureuses que tu pourrais les croire plongées dans l’acide, et malgré ton acharnement, tu sens tes forces décliner. L’énergie commence à te manquer, mais tu y es presque – tu t’effondres à moitié par la trappe, soutenue par Magda qui te tire de là, et tu t’effondres en petit tas dans le couloir – de l’autre côté.

Il faudrait te relever, te tenir prête à repartir, si jamais la trappe ne se verrouille pas – tu le sais, tous tes instincts te hurlent de te préparer, mais tu es juste trop fatiguée. Tu ne feras pas un pas de plus, et tu t’accroches à Magda, notant distraitement la présence de la cane dans cette étreinte désespérée. Quand tu auras soufflé un peu, tu feras l’inventaire des vivants – pour l’instant, deux larmes jumelles dévalent le long de tes joues, laissant leur trace dans la poussière dont tu es couverte, et tu fermes les yeux une minute, tant pour empêcher les suivantes de s’échapper que pour bloquer le trop-plein de stimuli autour de toi.

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Tout s’enchaine, se bouscule, une de fois de plus.

Je me demande à quel moment ce sera la fois de trop, à quel moment nous serons tellement bousculés qu’au final, c’est ce qui nous tuera. Mais il semblerait que ce ne soit pas pour cette fois en tout cas.

Je garde la main de Mar dans la mienne, sans me soucier qu’elle la serre de toutes ses forces. Si c’est ce qui lui permet de rester debout après ce qu’elle vient de vivre, ma foi, c’est un tout petit mal pour un bien. Et ce qui compte, c’est de sortir de là. J’ai une petite pensée pour Seth et l’horreur que sa présence implique pour chacun de nous, que ce soit à cause de cette fois que tout le monde a entendu cette fois ou parce qu’on ne saura jamais vraiment ce qui lui est arrivé. Ou, tout du moins, j’espère qu’on ne saura jamais.

Et, alors que je commence à me dire qu’au final, on s’en sort pas si mal, j’entends le claquement de la porte suivi des paroles de Théodore. Avant de voir l’ombre qui s’éloigne je ne sais où. « … et merde, merde, merde. » Je sais, je pourrais probablement être bien plus prolixe. Mais l’idée de savoir cette chose n’importe où dans le vaisseau a quelque chose de passablement effrayant. Et mon esprit, qui a enfin décidé de se remettre en route, commence à cogiter dans tous les sens. « Il faut qu’on consigne tout ce qu’on a vu. Tout ce qu’on a entendu. Dans les moindres détails. Sur ces choses. Sur Seth. Et Sara. Tout ce qui nous permettra d’arrêter cette créature avant qu’elle ne nous tombe dessus. Et prévenir l’armée… euh les militaires… euh… bref. » Tout le monde a compris je suppose. Si tant est que quelqu’un m’écoute vraiment, ce dont je doute un peu, mine de rien. Je ne me rends même pas compte que je tremble, trop occupé que je suis à essayer de tout mémoriser aussi bien que possible. Et pourtant, Dieu sait que je n’ai pas la moindre envie de me souvenir de cet épisode. Mais c’est nécessaire si on veut survivre à tout ça.

Je finis par relâcher la main de Mar et par la fixer, la mine interrogative. « Je te ferais pas l’affront de te demander si ça va. » A aucun de nous d’ailleurs. A voir nos mines, autant dire que chacun de nous va être passablement traumatisé. Et mon regard se pose sur Daisy, alors que je me sens brusquement envahi d’un fou-rire nerveux. Avant que je ne souffle, d’un ton plus léger que je l’aurais cru. « Si elle a réussi à survivre à ça. On devrait pouvoir le faire non ? » Ou alors, on peut vraiment songer à en faire notre nouvelle divinité.

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C’est un cauchemar. C’est un délire de ton cerveau malade, c’est le signe que la folie te guette – rien de ça n’est réel, et tu es simplement en train de dormir, dans ton penthouse de Rio, après avoir un peu trop abusé de la sangria. Rien de cela n’est réel. Et sûrement pas la répugnante créature arachnéenne qui se faufile de justesse hors du sas, juste avant que Hécate ne le verrouille, avant de filer droit dans un couloir sombre. La section sécurisée de l’Arche est à présent contaminée, et c’en est trop pour toi – un rire nerveux t’échappe, caquetant et irrépressible, déchiré et chaotique, reflet de l’hystérie qui t’envahit et menace de déborder.

« Todos nós vamos morrer ! » parviens-tu à éructer, comme une bonne blague, le cœur au bord des lèvres. Les larmes ruissellent sur tes joues, et tes épaules tressautent – sous le coup des sanglots ou des hoquets compulsifs qui te déchirent la poitrine, tu ne saurais le dire, et au final tu t’en fiches pas mal. L’intense fatigue qui enserre tes membres échoue à terrasser ton esprit encore enfiévré, et ce sont finalement les calmants des quelques membres du peloton médical réveillés qui finissent par avoir raison de toi.
Et tu sombres, Tina – tu sombres dans les ténèbres et un bienheureux oubli tandis que l’on t’emporte vers le secteur médical, l’espace de quelques heures, le temps que tes traumatismes commencent à guérir.
La route sera longue.

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Tu es fatiguée.
Non, tu es au bout de ta vie là...
Tu as mal partout. PARTOUT.

Et puis, là c'est le drame.
Un alien bondit par l'ouverture de la trappe pas encore refermée. Ton coeur ne fait qu'un bond quand tu comprends qu’il est en liberté dans la station. Sur ton Arche.
« OH » Tu retiens ton souffle, c'est vraiment une très mauvaise nouvelle. Une très très très mauvaise nouvelle. Un alien quelque part. La paranoïa risque d'envahir l'équipage...

Ca craint.
Tu es mortifiée.

Tu sens tout ton intérieur qui tremble, tu aimerais juste aller te coucher là maintenant et pourtant non ! Tu vas aller dans le réfectoire, prendre quelque chose de vitaminé et t'empresser d'aller voir les dégâts de l'Arboretum. Peut-être une douche avant, parce que tu es dans un état... Lamentable... Puis, aller à l'infirmerie voir Ruiling pour ce poignet qui te fait mal. Mais elle risque d'être débordée entre les blessures et le bloc psychologique sur les passagers.

Le truc c'est que tu pourrais devenir violente envers les choses qui détruisent l'Arche. Telle une mère poule, tu ne tolères pas qu'on détruise ce que vous avez mis plusieurs années à créer. Ce que tu as conçu.

« Peut-être pourriez-vous vous occuper de compiler toutes les informations Monsieur Rosewood ? » Tu l'as entendue, l'historien, faire une suggestion fort pertinente. « Vous êtes la mémoire de ce vaisseau ! » Tu souris à sa dernière phrase, il n'a pas tort si Daisy resiste, nous aussi. Tu n'as pas le choix de façon, tu n'as pas fait tout ce chemin pour abandonner à la première épreuve. Cet alien, on l'aura.

Pendant que tu écoutes Peter et Vassili, tu ne vois pas Tina qui sombre dans l'hystérie pourtant accrochée à toi depuis plusieurs minutes. « LEONTINA ! Est-ce que je peux avoir un peu d'aide par ici ? Leontina, tenez bon ! » Tu n'es pas la personne avec le plus de sang-froid, ça on l'a bien compris, mais généralement tu es attentive et à l'écoute et tu sais reconnaître quand quelqu'un va mal. Là, c'est le cas. C'est trop pour elle et tu le comprends... Tu restes avec Tina que tu n'abandonneras pas jusqu'à l'infirmerie.

Visiblement, Daisy se montre plus forte qu’elle..

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Alec regarda Leontina, circonspect. Il supposait avoir compris ce qu’elle disait – mais peut-être avait-il totalement tort, peut-être était-ce des faux amis, inspirés de l’espagnol. Il n’en avait, de toute façon, strictement rien à faire. Après tout, il disait des choses sensées, contrairement à elle. Il comprenait qu’on puisse paniquer, mais qu’elle l’envoie chier, alors qu’il réfléchissait à leur survie… Secouant la tête, il l’ignora totalement, continuant à courir.

L’ouverture qui se présentait à lui avait soudainement bien plus d’intérêt que tout le reste, et il soupira de soulagement, en passant par elle. Soulagement qui ne dura pas longtemps, quand il vit l’alien passer derrière eux, juste avant la fermeture. Il rit nerveusement, en se disant qu’il aurait préféré qu’il soit écrasé par la trappe, plutôt que de réussir à passer là. Malgré le traumatisme que ça aurait causé, de voir l’alien exploser et se répandre en morceaux partout sur eux. Si c’était seulement le cas… Il se posait beaucoup trop de questions, parfois pragmatiques, parfois ridicules, mais c’était la meilleure façon pour lui de ne pas sombrer dans le désespoir. Pas blessé physiquement, il aida à amener les plus vulnérables à l’infirmerie, avant d’aller s’enfermer dans sa cabine.

Il ne tenait que grâce à ses questions et à son canard robotique, sur lequel il concentrait tout son temps, pour essayer de se changer les idées. Et surtout, il établissait mentalement un état des lieux du matériel disponible, parmi les vieux stocks amenés avant qu’ils ne partent en orbite. Ils allaient avoir besoin, de plus en plus, de les remettre à neuf, de les rendre utilisables.

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Courir. Courir assez vite pour sortir de là. J’en oublie le reste, seul compte le trajet et la sortie qu’Hécate nous promet. Et la main que je serre, qui m’a tiré de là, qui me rappelle que je suis vivante et qu’on ne m’a pas abandonné. En même temps, comment pourrait-on abandonner quelqu’un après avoir vu le cadavre de Seth, après avoir vu cette chose, après avoir affronté tout ça ? Mes pensées s’entrechoquent et n’aboutissent pas vraiment, mais j’aurais tout le loisir d’y penser plus tard. Durant les heures interminables qui vont venir, sachant pertinemment que le sommeil va me quitter un peu plus encore.

Je me retourne, le soulagement me gagnant quand je vois la porte se fermer. Avant de disparaître à nouveau, remplacé par la peur, quand l’ombre d’un extra-terrestre se faufile et déguerpit dans l’ombre. De ce côté de la porte. Avec nous. Un gémissement se fait entendre, et il me faut quelques secondes pour m’apercevoir qu’il provient de mes lèvres. Je me mords la lèvre, essayant de canaliser la peur qui menace de submerger le reste. Je sais faire pourtant, j’ai appris. Je suis simplement trop fatiguée, trop à bout, pour le moment pour réussir à distinguer le reste. Plus tard, plus tard il y aura la colère... Peut-être. Je l’espère. Pour le moment, je hoche vaguement la tête aux paroles des autres, heureuse que le directeur Minaïev prévienne Hécate et semble avoir bien plus gardé son calme que je n’arrive à le faire.

« Je vais noter tout ce que j’ai... vu. » J’inspire profondément et tâte fébrilement mes poches, soupirant en sentant les fioles. « Et j’ai les prélèvements, je ferais les examens et on trouvera quelque chose, sur eux. C’est obligé. »

Je cille un peu quand Peter me relâche et je le fixe, le regard trop écarquillé. Mais les autres sont peu ou prou dans le même état, tous perdus, essoufflés, effrayés et tremblants. Je regarde le docteur s’occuper de Leontina, trop épuisée pour vraiment réussir a m’inquiéter pour elle. Et si je songe que je n’ai qu’une envie - retrouver ma chambre et prendre une douche - elle est rapidement balayée par le fait que cet alien pourrait être n’importe où. Mais m’éloigner d’ici est quand même plus que tentant. Ça se fait de les laisser finir de déblatérer et de partir avant de craquer pour de bon ?

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